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2 février 2007 5 02 /02 /février /2007 07:53
La porcelaine la plus raffinée et la plus originale, n’a jamais aimé les éléphants. Il paraît même qu’il vaut mieux les éloigner des magasins où l’on cherche à attirer la clientèle. Survivants d’une époque révolue, ces pachydermes feraient fuir les personnes potentiellement intéressées par un soutien à la patronne qui attend le bon moment pour lancer son action commerciale. Il est vrai que certains d’entre eux ont véritablement mauvaise réputation, tant ils ont causé de ravages dans la réserve des idéaux disparus. Alors, il paraît qu’il faut faire du nouveau, de l’inédit, et oublier celles et ceux qui souvent, à la base, ont déjà à de nombreuses reprises, obtenu la confiance majoritaire du peuple. Trop vieux, trop dogmatiques, trop obtus, trop marqués, trop présents, trop autoritaires, trop sourds, il ont été volontairement exclus depuis des mois, afin qu’ils ne perturbent pas outre mesure une soif supposée de renouvellement.
Le troupeau, conduit par quelques vieux chefs chenus, rompus au combat et aux cheminements délicats sur des espaces " minés ", se prélasse paisiblement dans les vertes prairies de l’indifférence. Ils attendent la saison des pluies de promesses, pour faire demi-tour sur la route du cimetière auquel on les voyait, avec un sourire narquois, condamnés. Des appels directs ou indirects sollicitent un geste de la part de ces éléphants honnis ou raillés. On s’aperçoit que, quand le mauvais temps menace, il vaut mieux exposer quelques valeurs sûres pour mener des combats devenus plus ardus que prévus. Ils ont le cuir tanné par les affrontements. Ils savent aussi donner de la voix dans une cacophonie incompréhensible. L’éléphant va redevenir à la mode !
Depuis quelques jours, au plus haut niveau, on cherche justement, après avoir mené une chasse forcenée à tout ce qui pouvait symboliser un attachement au système antérieur, à revenir vers quelques fondamentaux. A la base, on n’y croit pas encore, car on espère que dans la jungle actuelle, il suffira d’exprimer des bons sentiments pour survivre. On cherche la direction à prendre. On attend que la décision arrive. Malheureusement, tout le monde sait que ce qui manque le plus dans notre monde impitoyable et confus, ce sont les repères. Les habitués des lieux aiment bien savoir où ils vont aller, et surtout ils adorent recevoir des mots d’ordre concrets pour progresser vers l’objectif à atteindre.
REDECOUVERTE DE L'AUTOGESTION IDEOLOGIQUE
Comme diraient celles et ceux qui redécouvrent l’autogestion idéologique, c’est lamentable d’attendre pareilles affirmations, alors que rien ne doit être proposé à l’ancienne. Mais ils ignorent encore que la société n’a pas toujours envie de se prendre la tête, mais attend encore majoritairement que l’on fasse le boulot pour elle, et qu’on  ne lui propose pas nécessairement de moudre le grain,  mais qu'on lui offre tout cuit le pain prometteur des idées. Et si on laisse trop d’avance aux autres, il faut ensuite courir après eux pour refaire son handicap. Ils s’installent sur les marchés, sur les grandes avenues médiatiques et s’emparent, faute de concurrence, de la " clientèle " en mal de certitudes sur des lendemains qu’elle espère chantants. Il va donc falloir rapidement retrouver l’esprit de groupe, et rappeler ces pelés, ces galeux, ces moribonds pachydermiques, incapables d’écouter, de dialoguer, de proposer, mais qui, malgré tout, représentent un potentiel qu' Hannibal lui-même avait su utiliser pour franchir les sommets.
Les chemins de la campagne présidentielle ne sont pavés que de mauvaises intentions. Pour s’installer sur celui qui conduit à l’Elysée, il ne suffit pas d’attendre trop longtemps que l’on vous ouvre la voie, mais il urge de la tracer. Les bons éléphants peuvent jouer dans ce domaine le rôle de défricheurs. L’affrontement ne leur déplait pas. Le face à face a plutôt tendance à tourner à leur avantage, car il n’ont jamais été sans défense. Ils possèdent des arguments convaincants, pour peu qu’on sache les utiliser. Le problème réside dans la manière de les remettre en tête de la longue marche, ces " bêtes pour plateaux de télé ou estrades ", qui ont usé leur énergie sur des terrains parfois ingrats. Plus les jours passent et plus leur rôle deviendra essentiel. C’est désormais une certitude.
INFLUENCE REELLE SUR UNE OPINION FLUCTUANTE
Personne, dans quinze jours, ne pourra se passer de leur influence réelle sur une opinion fluctuante, de plus en plus plus sensible à la solidité des leaders, plutôt qu’à leur apparence. La confiance n’a jamais reposé sur le vide. L’angoisse est telle dans les tréfonds de cette société des incertitudes que l’effet miroir fascine toujours. Le désarroi existe. Le besoin de se raccrocher à quelques idées clés, portées par des figures connues, ne l’atténuera pas totalement mais… ne le renforcera pas. Il y a chez certains un flagrant besoin de combats clairs, reposant certes sur de vieux concepts, mais que personne ne saurait ignorer.
L’arrivée dans la jungle d’un baroudeur comme José Bové va même nécessiter, dans ce contexte, une réaction rapide. Car l’Astérix de Millau ne va pas faire dans le détail. Il va décocher des ruades qui vont blesser les gencives sensibles. Il va rappeler que, lui, n’a jamais hésité à mener des luttes collectives délicates, que la rébellion a son chantre, que lui, il tape fort et vite. Il va mettre le feu sur la gauche du terrain, et vite occuper un système médiatique qu’il connaît encore plus précisément que beaucoup d’autres.
Il peut même mieux faire que Le Pen, car il aura le 7 février l’occasion de se retrouver dans la peau de Jacquou le Croquant puisque la cour de Cassation peut, l'expédier, lui, le candidat à l’Elysée, derrière les barreaux d’où il pourrait effectuer la plus sensationnelle des campagnes électorales susceptible de mobiliser les médias du monde entier ! Drôle de situation que celle qui verrait Chirac pérorer sur les raisons de son renoncement, dans les lambris de l’Elysée, alors que José Bové vendrait son programme depuis une prison… pour avoir fauché quelques plants de maïs transgéniques. Impossible de faire mieux pour saborder une démocratie.


REVEILLER LES ELEPHANTS SUR LA POINTE DES PIEDS
Dans ce tohu-bohu potentiel, on ira rapidement réveiller les éléphants solitaires, sur la pointe des pieds, et surtout sans clamer qu’on leur a demandé de reprendre du service, car ce serait une démarche trop humiliante. Sans appels répétés de leur part, sans invitation mobilisatrice pour d’autres catégories, sans ratissage du terrain pour ramener les citoyens égarés ou hésitants, il n’y aura pas maintenant de remise réelle dans la course. C’est désormais une certitude, que personne n’ose aborder publiquement.
Dans tous les camps, il reste encore de fortes inconnues qui modifieront considérablement la donne prévue. Il manque encore, par exemple, à Nicolas Sarkozy une poignée de Gaullistes réputés du canal historique pour donner les derniers repères qui manquent à une droite pratiquant la guérilla d’affaiblissement. Et on attend toujours la position du Chirac déchu et déçu ! Telle une grenade quadrillée, la gauche antilibérale vient d’éclater et nul n’aura désormais le pouvoir réel de s’imposer dans la bande des quatre. José l’écolo altermondialiste va débouler dans le magasin de faïence. Une rivalité farouche va naître jusqu’à la fin de la quête des 500 signatures dans de nombreux camps. Elle fait rage sur l’extrême droite, car il est à peu près certain que Le Pen arrivera à ses fins, mais que, par contre, De Villiers restera sur le tapis vendéen.
SERRER LES DENTS ET AVALER LEUR SALIVE
Il faut être lucide et il va falloir recoller rapidement les morceaux socialistes, sous peine d’apparaître comme aussi peu crédibles que les autres. Les éléphants seront alors probablement les bienvenus dans les salles, et il n’est pas certain qu’ils soient tous adulés. Il leur faudra serrer les dents et avaler leur salive, car ils entendront certainement des propositions de leur cru rejetées avec dédain, et remises en toute hâte au goût du jour. La chasse sera suspendue pour quelques temps, avant que ne débute la grande période des amours, celle qui devra redonner confiance au plus grand nombre.
Ce revirement inavouable se produira dans le courant de la semaine prochaine de part et d’autre. Il reposera sur des coups de fil discrets, sur des " je t’aime moi non plus " largement distribués, sur des " tout sauf l’autre " réunificateurs, sur la démolition de tous les murs de Berlin idéologiques, sur des corps à corps sanglants… La campagne sera lancée pour deux petits mois, et on oubliera tout ce qui a précédé, pour régler éventuellement, le 7 mai au matin leur sort à tous ces éléphants forcément responsables de l’échec, ou inutiles dans la victoire, mais qui devront pourtant encore recoller la fragile porcelaine des idées.
Mais je déblogue…

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commentaires

J
remarquable article! et tellement plaisant à lire, tellement bien écrit que l'on y voit les dorures de la république...bananière!... des conciliabules de palais... les capsules de poison saupoudrant les mets en apparence les plus onctueux... les tappes amicales dans le dos avant le baiser de la mort... et aussi les "si on avait su"!!!!!
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L
Les éléphants,certes, mais les militants socialistes aussi...ils ont pris un risque sans précédent en mettant au devant de la scène madame ségo...d'ailleurs un blog d'une rare qualité et d'un humour sans faille prédis son effondrement depuis décembre dans une série d'article " Quand la baudruche se dégonflera"...ça vaut le détour...fxgg.over-blog.com !
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E
Excellent !
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