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2 juillet 2007 1 02 /07 /juillet /2007 07:23
Je Ne sais si vous l’avez bien compris, mais Sarkozy ne tardera pas à vous le répéter lors d’une escapade sur le terrain : si nous ne conservons pas en France les personnes les plus riches et qu’elles filent ailleurs, notre puissance financière s’en trouvera menacée. Imaginez un instant qu’environ 1 % des gens considérés comme riches soit une part infinitésimale de la population française se plaignent de leur sort et soient miraculeusement entendus au parlement cette semaine, sans manifester, sans descendre dans la rue, sans signer une pétition, la démocratie s’en trouverait renforcées. Il est vrai que ces gens là n’ont pas trop tendance à se plaindre publiquement et restent discrets sur leurs… revenus, causes de tous leurs soucis. Ils n’aiment d’ailleurs jamais que l’on se penche ouvertement sur leur triste sort !
Il ne faut cependant pas être grand clerc pour deviner que les riches se portaient plutôt bien en France, ce pays que la droite aime caricaturer comme le dernier îlot d’Europe continentale conduisant nos plus belles fortunes à s’exiler vers des paradis supposés plus cléments.
Grâce au travail de l’économiste Camille Landais (1) de l’Ecole d’économie de Paris, on sait désormais que les riches Français n’ont pas grand-chose à envier à leurs homologues anglo-saxons. Plus ils sont riches et plus ils s’enrichissent. Et dans des proportions inédites dans l’histoire sociale française selon un papier publié par Libération vendredi dernier.
Cet universitaire a pris soin de scruter l’évolution des revenus de la minuscule population française considérée comme la plus fortunée (allant même jusqu’au 0,01 % des plus riches). Il a vite constaté un fort " accroissement des inégalités de revenus depuis huit ans ". Ça n’a l’air de rien, mais c’est la première fois qu’un économiste peut établir un tel diagnostic, sachant que les travaux de l’Insee avaient jusqu’à présent conclu à… une réduction des inégalités. François Fillon, lui va devoir expliquer aux députés l’impérieuse nécessité de voter des cadeaux fiscaux pour une population qui s’est déjà considérablement enrichie.
+ 19 % OU + 32 % OU + 42,6 %
Les très, très riches Français (disons les 1 % les plus riches, soit un bataillon de 350 000 foyers) ont vu, selon cette étude, leurs revenus croître de 19 % entre 1998 et 2005. Et ce chiffre explose littéralement quand on monte encore plus haut dans la hiérarchie sociale : + 32 % pour les 0,1 % les plus riches (35 000 foyers), et carrément + 42,6 % pour le petit club des 0,01 % les plus fortunés (3 500 foyers). Il semble que les riches Français vivent sur une autre planète économique, dans une autre France. Car, pendant la même période, le revenu moyen par foyer a connu lui une hausse modeste de 5,9 %, soit une croissance moyenne annuelle de 0,82 %. Soit moins que la croissance du PIB ou même du PIB par habitant.
Salaires, revenus du capital. tout augmente en permanence parmi cette caste. Assez classiquement, plus on est riche, plus la part de son patrimoine placé en valeurs mobilières (actions et autres produits financiers) est importante. Pour les 3 500 des plus riches, la part du revenu du patrimoine peut ainsi représenter jusqu’à 40 % de leur revenu total. "L’évolution de la Bourse n’y est pour rien. Cela s’explique par le fait que les entreprises versent des dividendes de plus en plus importants à leurs actionnaires", assure Camille Landais.
En sus, les très riches ont vu leurs salaires exploser sur la période : entre + 13,6 % et + 51 % pour le top du top de ces happy few. Deux explications justifient ce feu d’artifice. D’abord, les modes de rémunération de cette population intègrent de plus en plus de bonus de fin d’année, stock-options, actions gratuites et autres joyeusetés indexées sur le cours de Bourse. L’autre élément d’explication est sectoriel : le versement des primes faramineuses de fin d’année dans le secteur financier et bancaire a dopé la moyenne des plus riches. "Avec cette hausse des salaires, on est en train de rompre avec trente années de stabilité dans la hiérarchie des salaires en France, estime l’universitaire. " Notre modèle est en train de glisser vers le modèle anglo-saxon." Certes, on est loin des inégalités de revenus de la France des rentiers du début du siècle. Mais, si on regarde ce qui a pu se passer aux Etats-Unis, estime l’économiste, il faudrait peu de temps pour retrouver de tels écarts de revenus et de patrimoine.
D’ailleurs, les mesures fiscales que veut faire voter début juillet le gouvernement ne devraient pas contrarier cette course en avant des plus riches contribuables français. Mais qui va les contrarier au sein de l’UMP ? Qui osera disséquer cette étude sur un chaîne de télévision grand public ? Qui se soucie véritablement ce matin de ce qui s’est passé hier pour le quotidien de la vie de chacune et chacun d’entre nous ? Les 3 500 plus gros revenus savent que toutes les décisions prises ou annoncées ne feront en fait que les enrichir encore plus. Les autres ne cherchent même plus à compter.
+ 2,1 % OU + 4,8 % OU + 0 %
D’abord leurs actions dans diverses entreprises se trouveront valorisées par le fait que le gouvernement a décidé de ne pas toucher aux dividendes puisque le Smic n’ a augmenté que de 2,1% avec un tarif horaire brut passant de 8,27 à 8,44 €, le brut mensuel (pour 35 heures hebdomadaires) à 1.279 € et le net mensuel à légèrement plus de 1.000 €. C’est bon pour le moral des troupes d’autant que l’on prévoit 30 000 suppressions dans la Fonction publique dont le traitement minimum mensuel est porté, imaginez un peu l’hérésie économique, à 1.283,2 € mensuels.
Il faut par contre rapprocher ces augmentations de celles des médecins généralistes qui, on le sait fort bien ne contribueront pas au déficit de la Sécurité sociale. Le tarif de la consultation a augmenté encore d'un euro, passant ainsi de 21 à 22 € soit 4,8 % de hausse grâce à un seul coup de pouce du destin ! Le tarif de la visite à domicile est passé lui de 31 à 32 €. Les allocations chômage ont été grassement revalorisées de 1,95%. Cela s'applique sur les allocations de juillet, payables début août. Bonne vacances pour les demandeurs d’emplois que l’ANPE n’a pas encore réussi à chasser de ses listes officielles !
Comme il ne faut pas gaspiller les deniers publics le complément de ressources des bénéficiaires de l'Allocation aux adultes handicapés (AAH) ne sera pas revalorisé, comme c'était le cas depuis deux ans, au même taux que le Smic. Depuis 2005, ce complément est pourtant censé garantir 80% du Smic aux personnes handicapées qui ne peuvent pas ou plus travailler. Le montant maximum de l'AAH reste donc fixé, jusqu'au 31 décembre, à 621,27 € par mois pour une personne handicapée. Les minima sociaux, revalorisés au 1er janvier, n’ont pas bougé eux aussi hier. Idem pour le montant du Revenu minimum d'insertion (RMI) qui est resté, pour une personne seule sans enfant, à 440,86 € net, à 661,29 € pour une personne seule avec un enfant ou pour un couple sans enfant, et à 793,55 € pour une personne seule avec deux enfants ou pour un couple avec un enfant. Je vous l’ai dit que des bonnes nouvelles pour celles et ceux qui craignent de voir dilapider l’argent de leurs impôts.
ON VERRA PLUS TARD OU DE SUITE
Pour l’énergie les 3 500 personnes qui se saignent aux quatre veines pour payer leurs factures sont réconfortées puisque le libéralisme marque l'ouverture complète du marché européen de l'énergie, déjà ouvert aux entreprises depuis le 1er juillet 2004. Les Français pourront choisir leur fournisseur de gaz et d'électricité en optant soit pour une offre aux tarifs réglementés, fixés par les pouvoirs publics et uniquement délivrés par EDF et Gaz de France, soit pour une offre aux "prix du marché", proposée par plusieurs fournisseurs (Poweo, Direct Energie, etc.), mais aussi par EDF et GDF. En ce qui concerne les tarifs réglementés, le gouvernement a promis que ceux du gaz n'augmenteraient pas " dans les prochains mois " (ce sera le cadeau du nouvel an !). Pour l'électricité, aucune hausse n'est prévue à ce jour le 1er juillet. Le contrat d'EDF avec l'Etat pour la période 2006-2010 stipule que ces tarifs n'augmenteront pas plus vite que l'inflation.
Eux qui ne prennent jamais le TER pour aller bosser s’en tirent bien . Peu importe pour leurs revenus que le prix de base des billets sur les lignes hors TGV progresse de 10 centimes à 2,90 € suivant les destinations pour un plein tarif en seconde classe. A titre d'exemple, le prix du parcours Paris-Caen va augmenter de 70 centimes d'€, passant à 29,10 €, un trajet Paris-Clermont Ferrand de 1,2 €, à 49,30 €, ou encore un Bordeaux-Montpellier de 1,4 €, à 56,70 €. Mais ils ne vont jamais par le train de Bordeaux à Montpellier. C’est tout juste bon pour les étudiants et encore pas n'importe lesquels! Comme les retraites n’augmentent pas et que les 1 % des gens les plus riches ne l’utilisent pas, la carte Senior SNCF passe de 53 à 55 € et comme ils n’habitent pas dans la région parisienne la carte orange augmente elle aussi de 1,8% depuis hier.
En revanche ils téléphonent beaucoup et ils vont certainement protester contre le fait que le prix de l'abonnement à France Télécom prendra demain un euro supplémentaire dans le cornet, passant de 15 à 16 € mensuels. Les économes des communications ou celles et ceux qui ont fait jouer la concurrence sur les seules communications en seront pour leurs frais. Les tarifs des autres opérateurs évoluent en fonction du marché. De plus en plus de Français choisissent de se désabonner de France Télécom (3 millions au total fin mars) en faveur d'un opérateur alternatif fixe ou mobile ce qui va détruire des emplois et donner du punch à l'action France Télécom. Alors de toutes les manières ces 3500 personnes probablement détentrices d’actions de ces opérateurs privés récupèreront les bénéfices du départ de France Télécom de son marché initial. Les profits ne vont pas se tarir!
S’il est un secteur où ces malheureux contribuables prêts à l’exil et qu’il faut absolument protéger n’ont bien rien à faire c’est celui du... logement social. Eux ils n’en veulent surtout près de chez eux et en plus ils n’y mettront jamais les pieds. Heureusement d’ailleurs car les loyers HLM seront révisés en juillet. Chaque organisme HLM étant libre de ses choix dans la limite d'un loyer plafond, dont le relèvement dépend de l'indice des loyers qui sert de référence à la révision annuelle (+3,23% au quatrième trimestre 2006). Les 2,1 % du SMIG ne seront même pas suffisants pour combler le loyer et els charges!
Et dire que le SMIG à 1500 € n’avait aucun sens. Au fait au cours de la seule semaine écoulée il est arrivé en Mairie de Créon par fax d’EDF 3 réductions minimum d’électricité pour factures impayées et… une expulsion d’une mère seule avec 2 enfants. Ces gens là écouteront avec intérêt le débat parlementaire sur le… " paquet fiscal " ou sur " le bouclier fiscal ". Ils souffrent en silence de voir que 3 500 autres Français vont, les malheureux voir leurs vacacnces sur un yacht ou à Saint Tropez gâchées par toutes ces hausses. Pourvu que Johnny ne décide pas de rester en Suisse : les congés de ceux qui peuvent encore en prendre seraient gâchées ! Heureusement il reste l'été sur TF 1 avec Secret Story pour sauver la société.  
Mais je déblogue…
 (1) http://www.jourdan.ens.fr/~clandais/
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commentaires

E
@ Jean-Luc<br /> Oui mais bon, il faut le faire exprès aussi pour habiter dans un "trou" ! ;-)
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J
Et je rajouterai concernant l'abonnement à France Télécom l'injustice de la fracture numérique : pour pouvoir se passer de l'opérateur historique, il faut habiter dans une zone "dégroupée"; or, chez nous à la campagne, ce n'est pas et ce ne sera jamais le cas, car ce n'est pas assez rentable pour les opérateurs. Donc à Bordeaux centre, on peut ne plus payer d'abonnement France Telecom et pour 29,90 €/mois avoir téléphone, Internet trés haut débit et télévision numérique. Alors qu'à Cours de Monségur il faudra rajouter 16€ d'abonnement France Télécom, Internet sera à 512 Mo en petite ADSL, et on n'aura pas la télévision dans la freebox ou la livebox. Et encore, à Monségur, on a l'ADSL...
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E
Attention Jean-Marie, tu es beaucoup trop à gauche avec de tels discours... Même les pauvres ne le sont plus ! Tu n'es qu'un archaïque qui a du... bon sens ! ;-) Tu n'as vraiment aucune chance de plaire aux fantomes de la structure "Désir D'avenir" !
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J
Il paraît qu'être socialiste c'est garder intacte sa capacité de révolte?... je puis vous dire que si le moindre socialiste qui va sur internet vient perdre 5 minutes ici, sa capacité de révolte s'en verra sérieusement remobilisée! et pour celles et ceux qui doutent des propositions qu'ils font dans un débat présidentiel, je dis il ne reste qu'à arrêter la politique car au lieu de la "rénover" ils ou elles la décrédibilisent!<br /> j'avais écrit ici même me semble-t-il que même en n'ayant pas l'âme révolutionnaire, on peut parfois avoir envie de jeter quelques pavés... il y a des fois où il vaut mieux le faire, même au risque d'une petite sanction, ça soulage et ça nous rappelle qu'on appartient pas à la catégorie des gens qui renoncent! ils en faut bien qui ne renoncent pas, ne soyons pas fâché(e)s à l'égard des autres, ils suivront, après comme l'immense majorité des français... les "Bons" (au sens des gens qui sont bien) ne doivent jamais renoncer, sinon l'humanité n'aurait plus d'espoir, leur parcours est rude c'est sûr, ils sont programmés pour en chier plus encore que les autres mais ils n'ont pas le droit de renoncer! Allons jeter quelques pavés!<br /> mais je déblogue...
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