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17 octobre 2005 1 17 /10 /octobre /2005 00:00

Samedi, fin de matinée. Le téléphone portable vibre. Sur l’écran s’affiche " Pompiers ". L’information n’est jamais annonciatrice d’une bonne nouvelle. " Monsieur le Maire ?.. Un piéton a été renversé, route de La Sauve. Pouvez-vous vous rendre sur les lieux ? ". Abandon immédiat des affaires en cours, pour constater qu’une brave dame a traversé une route à grande circulation et a été heurtée par un véhicule n’ayant pu l’éviter. Les blessures ne paraissent pas trop graves. Départ vers les urgences.

Samedi, début de nuit. " Monsieur le Maire ?.. Nous intervenons sur un malaise sérieux à domicile, route de Régano. Votre présence est souhaitée … ". Impossible, je suis à 80 km de là. Téléphone portable. Appel à un adjoint tiré de son domicile pour aller constater la gravité de la situation. Difficultés pour trouver un médecin (nous en reparlerons dans ce blog) et envoi au CHR.

Dimanche, 6 h 30.. ; " Alerte à la Résidence pour personnes âgées… les poubelles extérieures brûlent ". Comme ça c’est déjà produit à la maternelle cet été, les sapeurs-pompiers sont réveillés, rassemblés en quelques minutes, pour se déplacer en urgence absolue. Pour rien ! Un débile a cru malin de téléphoner uniquement pour… faire sortir les " soldats du feu ". Il ne leur reste plus qu’à se recoucher et à tirer un trait sur la grasse matinée des autres !

Dimanche. Tout début de matinée. " Monsieur le Maire ?.. Rue Geynet, un malaise à domicile. Nous avons des difficultés pour évacuer le malade qui refuse d’aller à l’hôpital... ". Je connais le contexte " quart monde " de ce cas, pour lequel j’ai déjà été appelé à de nombreuses reprises. Passage sur place pour sermonner le fils et lui rappeler que nous serions responsables de non-assistance à personne en danger si son père venait à décéder (coma diabétique) et que personne n’ait décidé d’une hospitalisation indispensable, compte tenu de son état de santé catastrophique. Cette fois, les pompiers de Targon (l’ambulance de Créon est déjà partie ailleurs) vont réussir à transporter le moribond, très gravement malade, vers le CHR.

Dimanche, quelques minutes avant que l’OM affronte le PSG. " Monsieur le Maire ?.. Accident de la circulation mettant en cause 2 VL avec un blessé. " Le veston, les chaussures et départ sur les lieux pour retrouver l’un des bénévoles ayant géré tout le week-end de Vélo Passion dans le VSAB. Il est fortement commotionné, après un violent choc arrière de son véhicule l’ayant expédié sur un poteau électrique en béton situé juste en face. Deux jeunes, pourtant habitués des lieux, sont responsables de ce carambolage.

Cette réalité vérifiable d’un week-end constitue un volet de la fonction de Maire, dont peu de candidats au poste honorable de premier magistrat ont conscience. Elle est exigeante et cause bien des malaises si l’on n’a pas le recul indispensable en pareilles circonstances. Le Maire d’une commune de la taille de Créon, sans police municipale structurée, sans services de permanence, doit s’attendre à tout, à tout moment et se préparer quand le téléphone sonne à partir vers une situation nécessitant obligatoirement une forte dose de solidarité active. Un week-end avec les sapeurs pompiers volontaires vous forge le moral. Il faut, en effet, apprendre, sur le tas, à affronter toutes les formes du malheur. Vous comprenez alors, très vite, l’importance du rôle de ces femmes et de ces hommes, très jeunes pour la plupart, devant être disponibles en permanence pour répondre aux maux de leurs concitoyens.

Durant l’été ils sont, sans cesse, sur le devant de la scène des incendies de forêts. La population, rameutée par les images saisissantes des journaux télévisés, leur accorde un capital de sympathie débordant. Ensuite arrive le " quotidien ", moins télégénique et en apparence moins glorieux. Il ne s’étale plus à la une de l’actualité. Peu de monde imagine la catastrophe que serait une diminution, sur Créon, du nombre de volontaires. Pour faire face à une demande croissante (accidents de bricolage, querelles intra-familiales, tentatives de suicide, accidents de la route, secours à personne…) une cinquantaine de sapeurs-pompiers est indispensable pour compléter la demi-douzaine de professionnels maintenant affectée au Centre de secours créonnais.

La sécurité " civile " repose en Gironde sur ce réseau " citoyen " incomparable. Départementalisé, il sera financé en 2008, en totalité, par le Conseil général. L’assemblée départementale va devoir déjà, en 2006, sortir plus de 60 millions d’€ (plus de 52 % du fonctionnement) de son escarcelle déjà vidée par tous les transferts de charges d’un Etat faisant des promesses avec… l’argent des autres !

Jusqu’où pourra-t-on aller dans le mythe d’une réponse rapide, performante, efficace, irréprochable des secours en tous lieux et en toutes circonstances ? La France, grand pays de l’embrouille totale, a réussi l’exploit de bâtir un système tellement complexe pour la prise en charge des secours, que, désormais, il faut décoder les temps de réaction et les responsabilités pour juger des faits. Ainsi, en cas d’urgence au domicile, seul le médecin régulateur du SAMU a le pouvoir de mobiliser soit les ambulances privées, soit les pompiers en cas de carence de ces derniers, soit le SAMU en cas d’urgence absolue… Ce micmac a déjà fait des dégâts. Or il n’est pas inutile de savoir qu’il est le fruit indirect du déficit de la Sécurité sociale, puisque maintenant (décentralisation oblige), les hôpitaux doivent régler la note de la mobilisation des pompiers… sur leur propre budget déjà exsangue. Il est récemment arrivé que l’on n’envoie pas des secours, pourtant à moins de dix minutes du lieu d’intervention, pour attendre, durant demi-heure, de trouver une réponse du secteur privé qui n’arrive pas… Les pompiers se voient alors mobilisés, trois quart d’heure après l’appel initial. Inutile de préciser que le blessé ou le malade, ainsi que sa famille, apprécient ce " retard " dont les arrivants ne sont en rien responsables, mais ils prennent les critiques de plein fouet. Leur motivation en prend alors un coup…

Heureusement, la Sécu va aller mieux (dixit le Ministère de la santé) et ces problèmes vont disparaître…Parole de Ministre!

Mais je déblogue…

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commentaires

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Réponse à Max<br /> Aujourd’hui avoir un engagement citoyen, ce n’est pas s’exempter de critique ; En politique, à la tête d’une association, chef de service, quant il y a un petit grain de sable dans les rouages, c’est la faute du maire, du président, du chef. Notre société moderne souhaite des résultats à l’Américaine soit du 100% de réussite et il faut des responsables dés que sa s’ébruite. On est opportuniste quant on est pas concerné, mais dés que la chose vous touche alors là il faut faire une révolution, c’est le paradoxe Français. Sur l’ensemble des missions d’urgence dans notre pays combien il y a-t-il de loupés. Un infime pourcentage que les médias s’empressent de jeter sur la place publique. Et puis derrière les services de secours il y a avant tout des hommes des femmes, avec leurs bonnes volontés, leur disponibilité, leur savoir faire et tout le monde n’est pas parfait. En matière de secours notre pays est à la pointe. On peut toujours mieux faire. Il y a peu de temps un de mes amis en voyage en Afrique m’a compté une anecdote pour un accident de la circulation avec véhicule en feu, les sapeurs pompiers locaux sont arrivés 1h 15 mn après l’accident, les sapeurs pompiers avaient 60 km à faire avant de se rendre sur les lieux avec du matériel Français réformé depuis une bonne trentaine d’années !!! Quant à rendre les secours payants attention il en sera peut-être question les siècles prochains Les camion des sapeurs pompiers ne seront plus rouge mais peut-être vert orange ou bleu. Avec des logos de compagnies d’assurances mais là je deblogue.<br /> Aujourd’hui le contribuable ne paie pas il apporte sa contribution.<br /> Demain il se pourrait que l’on paie le juste prix pour les secours sollicités, et la somme en bas à droite ne sera sûrement pas le même.<br /> Bonne soirée Max.<br /> Monsieur le Maire merci pour votre témoignage de sympathie.<br />
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M
Bonjour Jean-Marie,<br /> Comme c'est curieux. Comme chaque jour, je me précipite sur les nouvelles nouveautés de ton blog et je tombe sur tes remarques concernant la pagaille des service de secours. C'est curieux car justement, madame la Rédactrice en Chef du Résistant nous à fait savoir qu'elle souhaitait faire un dossier sur la «permanence des soins» dans le Libournais.<br /> <br /> Je l'ai alerté sur la question des secours d'urgence et lui ai alors raconté l'aventure arrivée à ma Mamie d'épouse l'été dernier à Biscarrosse où elle est restée en panne, par terre, avec la rotule éclatée en 2 morceaux. Au bout d'une heure, un toubib est enfin arrivé et lui a administré de la morphine en attendant une ambulance qui est arrivée une heures trente plus tard. Il s'est donc passé plus de trois heures entre le premier appel au 18 (qui te renvoie au 15, etc.) et son admission à l'hosto. Faut-il en rajouter une couche en précisant que, depuis «ses» deux cancers et chimio multiples, elle n'est pas trop costaude et, de surcroît, diabétique sous insuline? Débile, non?<br /> <br /> Et on va encore parler de manque de moyens. J'ai été témoin d'un «fait divers» qui tend à me prouver que ce n'est peu-être pas forcément «les moyens» qui sont en cause mais l'idiotie de l'organisation : Un jeune voisin habitant seul, s'est suicidé en avalant des cachets... Vers 13h, son père vient le voir et le découvre gisant, inanimé, dans la cuisine. Il appelle les pompiers. L'ambulance arrive au bout d'un quart d'heure. Puis c'est au tour d'un véhicule de gendarmerie, puis à celui du chef du centre de secours, puis encore d'un autre véhicule de gendarmerie. Ensuite, c'est au tour du maire. Tout ce personnel reste bloqué jusqu'à 18h30 en attendant la venue d'un médecin pour constater le décès.<br /> Ensuite de quoi on fait venir «groupe 33» et ce n'est qu'un fois le cadavre embarqué que tout ce petit monde peut quitter les lieux vers 19h30. Résultat, 6h30 de perdu pour 4 pompiers, 4 gendarmes, le maire et 4 véhicules... D'autant plus idiot que, si les pompiers ne peuvent transporter un cadavre, il faut néanmoins attendre la venue d'un médecin pour s'assurer qu'il est bien mort! Et si le pauvre gars n'était pas mort? C'est ubuesque, inefficace (imagine l'état du père pendant tout ce temps), et extrêmement coûteux..., et d'une manière ou d'une autre, c'est quand même le contribuable qui paye.<br /> <br /> Amicalement,<br />
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