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26 août 2007 7 26 /08 /août /2007 09:25

La Grèce c’est, actuellement, la France près de 60 ans en arrière. Une période dont de moins en moins de personnes se souviennent, mais qui marqua les esprits avec des incendies d’une violence absolue en Gironde et notamment sur la commune de Cestas. Avec 81 morts et 140 000 ha détruits, ils ont constitué une véritable catastrophe nationale dont les témoins créonnais rappellent que le ciel en fut obscurcit durant de longues heures. Avec quinze millions d'hectares de zones boisées, la France est régulièrement soumise à des incendies de forêt, plus particulièrement en région méditerranéenne, en Corse, les Landes et la Gironde. Face à ce constat, les collectivités locales mènent une politique de prévention active, dont la priorité est l'information du public et des usagers de la forêt.

On parle d'incendie de forêt lorsqu'un feu concerne une surface minimale d'un hectare d'un seul tenant, et qu'une partie au moins des étages arbustifs ou arborés (parties hautes) est détruite. En plus des forêts au sens strict, les incendies concernent des formations subforestières de petite taille : le maquis, formation fermée et dense sur sol siliceux, la garrigue, formation plutôt ouverte sur sol calcaire. Généralement, la période de l'année la plus propice aux feux de forêt est l'été, car aux effets conjugués de la sécheresse et d'une faible teneur en eau des sols, viennent s'ajouter les travaux en forêt. Il faut noter que cheque zone a son type d’incendie ce qui complique parfois considérablement la lutte organisée contre ces phénomènes, dont on sait que, dans la majorité des cas, ils sont liés à une intervention (volontaire ou involontaire) humaine.
Les feux de sol brûlent par exemple la matière organique contenue dans la litière, l'humus ou les tourbières. Alimentés par incandescence avec combustion, leur vitesse de propagation est faible mais leur durée peut être relativement longue. Les feux de surface brûlent les strates basses de la végétation, c'est-à-dire la partie supérieure de la litière, la strate herbacée et les ligneux bas. Ils se propagent en général par rayonnement et affectent la garrigue ou les landes. On trouve aussi les feux de cimes qui brûlent la partie supérieure des arbres (ligneux hauts) et forment une couronne de feu. Ils libèrent en général de grandes quantités d'énergie et leur vitesse de propagation est très élevée. Ils sont d'autant plus intenses et difficiles à contrôler que le vent est fort et le combustible sec.
LA GRECE APPELLE AU SECOURS
Il se trouve que les incendies deviennent de plus en plus violents et surtout de plus en plus fréquents. L’an passé, l’Espagne et le Portugal avaient souffert de ce fléau parfois extrêmement dévastateur mais aussi difficilement maîtrisable. Le Premier ministre grec Costas Caramanlis a décrété, hier, l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire national, en raison des feux qui ravagent le pays et dont le bilan s'élève à au moins 49 morts, dont plusieurs enfants.
"L'état d'urgence est déclaré dans toutes les régions du pays (...) afin de stopper ce fléau et de commencer à réparer ce qui a été détruit dès que possible", a déclaré Costas Caramanlis au cours d'une intervention télévisée. C’est dire si la conjonction de la sécheresse, du manque d’entretien des espaces forestiers et une température caniculaire pénalisent un pays qui ne parvient plus à enrayer la progression, dans le Péloponèse, des flammes attisées par des vents violents.
Plusieurs villages ont été évacués en toute hâte et d’autres ont été entièrement ravagé par les incendies, tuant des familles entières. Le problème, c’est qu’il n’y a pas un seul front à contenir mais de nombreuses zones touchées, éparpillées sur le territoire. Vingt-cinq nouveaux départs de feu avaient été recensés après la tombée de la nuit vendredi, portant le nombre total de foyers à 170 dans tout le pays, des îles Ioniennes (ouest) à Ionnina (nord-ouest), selon le porte-parole des pompiers. Les enquêteurs évoquaient, dans certains cas, la piste criminelle, ce qui vient accentuer le désarroi.
De nombreux habitants et maires, encerclés par les flammes, téléphonaient aux chaînes de télévision, appelant au secours, paniqués. "Nous pouvons voir les flammes devant nous. Elles sont à nos pieds. Nous n'arrivons pas à respirer à cause de la fumée", expliquait par exemple une femme du village de Rodina à la chaîne Antenna, précisant qu'environ 20 personnes étaient prises au piège. De partout affluent des messages affolés, réclamant des secours inexistants ou partis sur d’autres lieux. Cette situation a conduit le Premier Ministre grec à réclamer le soutien solidaire des autres pays de l’Union Européenne, mettant en évidence l’absence d’une force d’intervention communautaire en matière de catastrophe naturelle, alors que la réactivité d’une telle structure se révèlerait fondamentale dans le contexte climatique actuel.
ACCEPTE THEORIQUEMENT CRITIQUE PRATIQUEMENT
Si le rôle du centre de suivi et d'information du mécanisme de la protection civile (MIC) à Bruxelles est salué de manière unanime par les États membres, certains souhaiteraient en effet qu'il puisse disposer de moyens supplémentaires pour assurer une véritable veille opérationnelle.
La Grèce, par exemple, souhaitait que le MIC endosse des fonctions opérationnelles, en dehors de son rôle d'information. La Grande-Bretagne insiste pour que le MIC gère les crises internes et externes à l'Union européenne et elle a proposé la mise en place d'un groupe directeur de crise rassemblant la présidence, la Commission, le secrétariat général du Conseil et les États membres qui pourra recourir aux moyens de la Commission autant qu'aux capacités militaires des États membres. Le mécanisme communautaire de protection civile est à la fois bien accepté, et critiqué pour certaines de ses insuffisances, qui se sont révélées lors de la gestion de crises externes à l'Union (tsunami, tremblement de terre au Pakistan). Lors de ces crises, la réponse européenne est en effet apparue morcelée, peu visible, avec un manque de coordination dans le déploiement sur le terrain et l'acheminement des secours, même si chaque État membre a répondu de manière significative aux besoins sur place. Des propositions précises ont donc été faites par les États membres, et en premier lieu la France, qui souhaite donner une plus grande visibilité à l'action européenne. Mais on traîne. On palabre. On se crispe. On se sépare en se promettant de se voir bientôt. Et durant ce temps la planète brûle ! En dépit des initiatives françaises, de nombreux États membres mettent l'accent sur la coordination des moyens et le retour d'expérience, et non sur la " communautarisation " des moyens. La création d'une véritable force de protection civile européenne est largement soutenue par les pays méditerranéens soumis à de nombreux risques communs (Espagne, Italie, Portugal, Slovénie, Chypre et Malte) mais aussi par la Belgique et le Luxembourg. En revanche, un groupe de pays souhaite restreindre les initiatives de l'Union européenne en matière de protection civile, au profit d'un réseau d'experts qui seraient mis à la disposition des Nations unies sans réelle visibilité européenne. Les pays nordiques (Danemark, Suède) préfèrent en effet inscrire leur action dans le cadre des Nations unies, organisation avec laquelle ils travaillent parfaitement. Les Pays-Bas, et à un degré moindre la Grande-Bretagne, privilégient le cadre de l'OTAN. Le Royaume-Uni plaide davantage pour la responsabilité des États membres. En effet, si le Portugal va jusqu'à souhaiter une mise en commun (une mutualisation) des moyens de lutte contre les catastrophes naturelles, en particulier les incendies, cette position est loin d'être partagée. De nombreux pays souhaitent que les États membres restent maîtres de leurs propres ressources et de leur compétence nationale. Par ailleurs, pour les crises de nature régionale en Europe (feux de forêt en Europe méridionale, inondations en Europe centrale), la question est plutôt celle du renforcement des efforts d'investissement des États membres concernés.
DES CLIVAGES PARALYSANTS
Un clivage réel existe donc entre la France, la Belgique, le Luxembourg et les pays méditerranéens qui souhaitent donner une véritable visibilité à l'Union européenne et d'autres pays, dont principalement les Pays-Bas qui souhaitent mettre en valeur leur action dans le cadre de l'OTAN. En conclusion, de nombreux pays accepteraient sans doute une plus forte assistance communautaire dans le domaine des transports pour faciliter l'acheminement jusqu'au théâtre d'opérations. Il pourrait être question de renforcer l'aide communautaire pour l'emploi de moyens spécialisés (pompes de grande capacité, hôpital de campagne) mais le financement communautaire devrait être marginal (la responsabilité des transports restant de la compétence des États membres). Autant dire que la nature continuera à brûler, que les villages seront encore inondés, que les population européennes seront appelées à devenir solidaires quand le péril sera tellement fort que le refus de mutualisation ressemblerait à de la non assistance à pays en danger.
L’Europe ne se construira que sur des actions concrètes et visibles par les peuples. Elle est née de la volonté concrète des certains décideurs de ne plus la voir se déchirer dans des conflits meurtriers. Rassemblant désormais des pays de tous les niveaux et de toutes les cultures, elle a du mal à conserver le principe de l’unanimité, dévastatrice pour le progrès, tant les égoïsmes sont omniprésents, à tous les niveaux, en politique. La Grève brûle et chacun envoie des moyens disparates et dispersés avec un temps de réaction de plusieurs jours, alors qu’il aurait fallu une réponse forte, cohérente, solide en quelques heures. Il en va ainsi dans de nombreux domaines du quotidien, où l’Europe n’est vécue que comme un conglomérat d’intérêts divergents, mais pas comme un territoire solidaire prêt à rassurer les peuple sur leur avenir et surtout leurs difficultés. Et ce n’est pas l’exemple des incendies de Grèce qui va renforcer dans ce pays comme dans d’autres une vision efficace des traités et autres textes abscons qui sont censés faire le bonheur des gens malgré eux.
Mais je déblogue…

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