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25 août 2007 6 25 /08 /août /2007 08:40
Que se passe-t-il depuis quelques jours ? Il souffle un vent bizarre sur la Gauche. Une sorte de mistral gagnant que l’on n’attendait plus et des bruits que l’on n’entendait plus. Une brise vivifiante que l’on ne connaissait pas depuis belle lurette. Les déclarations se succèdent et elles changent brutalement de tonalité. On a même l’impression qu’elles sont faites pour influencer les discours qui vont venir dans les prochains jours lors des universités d’été ou les journées parlementaires. Il faut même envisager qu’elles soient provocatrices, afin justement d’obliger un certain nombre de caciques à sortir de l’ombre dans laquelle ils se sont réfugiés. Impossible de ne pas lier ces "tribunes libres " à l’outrance des déclarations et des comportements de Nicolas Sarkozy. Dans le fond, il en oblige les plus " timorés " à durcir le ton et les " ralliés " potentiels à faire profil bas. Son allégeance à la politique de Bush, sa bévue sur les exonérations rétroactives oubliées sur les emprunts immobiliers, son choix vers la France des propriétaires qui n’a pas un rond pour faire face à la hausse des prix et à celle des… taux d’intérêt que va décider la BCE, les procès démagogiques pour les coupables jugés médicalement irresponsables, la franchise médicale que Sud-Ouest évaluait hier à 100 € vont bien contraindre un certain nombre de " sociaux-opportunistes " à se démarquer plus fortement des propositions présidentielles. Et on peut imaginer qu’il y aura bientôt des gens qui deviendront par miracle encore plus à gauche que ceux qui le furent en étant méprisés pour leur archaïsme.
En effet, certaines et certains socialistes anticipent, car le pire est à venir et il vaudra mieux se distinguer vite pour ne pas apparaître comme étant un résistant de la dernière heure. Cette attitude très répandue dans notre pays consiste à se déclarer encore plus anti libéral que les anti-libéraux originels, quand on sent que le vent tourne. Et il commence à tourner. On voit un frémissement : aucune refondation de la Gauche ne passerait par la tendance " chamalo ", car elle se terminerait par un " tous pareils ", qui depuis plusieurs années détruit la crédibilité des progressistes qui ne s’assument pas. L’influence des éditorialistes et commentateurs qui ne cessent de répéter que les idéaux historiques de la gauche sont condamnés, car peu " lisibles ", peu " sérieux ", peu " réalistes ", va finir par s’atténuer sous l’influence de la réalité.
Hier matin, dans un article du quotidien régional Sud-Ouest consacré, par exemple, à un triste fait divers ayant vu un huissier violemment agressé dans l’exercice de sa fonction, il était étonnant de retenir des propos tenus par une responsable de la Banque de France ( ?). Ils avaient matière à faire réfléchir, les fans du Président d’un République pris dans la foule enthousiaste des vacanciers retraités d’Arcachon, et qui a pris aux plus pauvres pour gaver les plus riches. Cet dame là, que l’on ne suspectera pas d’être une Trotskiste attardée, déclarait avec lucidité que " les cas de surendettement sont en constante augmentation en France depuis 1978, selon une étude de la Banque de France datée de juillet dernier. En Gironde, nous traitons 4 000 dossiers de surendettement par an ", déclare Mme Viala qui sait de quoi elle parle car elle vit quotidiennement cette réalité !
La responsable du service surendettement à la succursale bordelaise de la Banque de France assure que " la recrudescence des dossiers coïncide avec la mise en application de la procédure Borloo de rétablissement personnel qui vise l'effacement des dettes sous certaines conditions. " Tous les dossiers ne font pas l'objet d'une procédure de saisie. Mais le président de la chambre syndicale des Huissiers avoue être en contact avec des personnes dans des situations de plus en plus difficiles : " Il y a un phénomène net de paupérisation. Des personnes qui ne s'auto-restreignent pas, qui ne savent pas prendre les précautions nécessaires. Hier, je traitais de petites affaires de crédit à la consommation. Aujourd'hui, ce sont des affaires plus conséquentes. Les saisies ne représentent cependant que 3 à 5 % de mon activité. " Un constat déjà fait dans ces chroniques, mais qui ne semblent pas toucher le comportement électoral des gens ayant voté pour celui qui les ignore ostensiblement. Le réel socialiste ou de gauche est là. Il n’est plus dans les querelles byzantines sur le sexe de l’ange salvateur qui conduira le combat.
SE MONTRER PERCUTANT
Dans une tribune du journal Le Monde (elle a eu la décence de ne pas opter pour " Pravda-Match " comme d’autres) Martine Aubry met les pieds dans le plat, où tout le monde veut manger. Pour la Maire de Lille, le PS doit renoncer aux " querelles de chapelles ou de générations " et se montrer " percutant " dans ses propositions pour contrer " la politique dure, inefficace et injuste " de Nicolas Sarkozy. Tiens donc, on commencerait à parler des vrais problèmes et ne pas se soucier de savoir si les éléphants doivent mourir sous les attaques des lionceaux et si les querelles de ménage ont influencé le vote du peuple !
La maire socialiste de Lille a résumé, dans une tribune datée d’aujourd’hui, les 100 jours du chef de l'Etat: "Ouverture dans le style, la communication et les symboles. Fermeture dans les faits, quand la démocratie est fragilisée par une personnalisation excessive du pouvoir au détriment de la transparence (...), fermeture quand les valeurs de la République sont oubliées par la partialité et l'injustice des décisions ". Je suis certain que les habitués de L’AUTRE QUOTIDIEN qui ont la fidélité des lectrices et des lecteurs curieux retrouveront des dizaines de pages écrites sur ce thème sans avoir soulevé un autre intérêt que celui des " mouchards " garants de la doctrine du temple. Il faut, plus que jamais, ne pas avoir raison avant les chefs.
" Malgré l'habileté et l'assurance de notre président, une telle politique ne peut conduire qu'à des lendemains qui déchantent", estime-t-elle. Bien dit mais… déjà écrit ! Face à cela, Martine Aubry appelle le Parti socialiste à " affirmer une gauche solide sur ses valeurs et percutante sur ses propositions ". C’est à rêver debout. Elle devrait l’expliquer à Jack Lang, Bernard Kouchner, DSK, Rebsamen, Sapin et bien d’autres, convaincus que le salut est dans l’indulgence, au prétexte que " l’on n’aurait pas fait mieux "
"Ne perdons pas notre temps dans des querelles de chapelles et de générations (...) La renaissance de la gauche est possible si nous cessons de parler chacun pour soi ou de nous interroger sur le nom de notre représentant à la prochaine élection présidentielle, et si nous nous mettons au travail pour dire aux Français ce que proposent les socialistes et la gauche", poursuit l'ancienne ministre. Puisse-t-elle  être entendue ! Je n’ose y croire. Martine Aubry plaide pour une " renaissance " des " valeurs " de la gauche (je croyais que ce concept était préhistorique !) : "liberté égalité, fraternité, justice, solidarité, laïcité. Nous devons convaincre les Français que l'aspiration à l'épanouissement individuel va de pair avec le progrès collectif", écrit-elle.
DES DEBATS NON TRANCHES
Quand on rapproche ces propos de ceux de Philippe Martin, Député PS du Gers, dans Libération, on se pince. Reviendrait-on aux fondamentaux ? Il est encore bien trop tôt pour savoir si la peopolisation socialiste ne reprendra pas le dessus, mais c’est encourageant. Le président du Conseil Général du Gers n’y va pas par quatre chemins en parlant du PS : " Comprendre pourquoi ses dirigeants, à force de querelles recuites, de débats non tranchés et d’un goût parfois immodéré pour les plans de carrière à court terme sont devenus, à leur corps défendant, les acteurs de nos déconvenues. Cette approche suppose que nous admettions, par principe, qu’une critique n’est pas un procès et qu’un tabou qu’on  n'a pas le courage d’aborder, demeure un frein dans cette quête de vérité. Le discrédit collectif qui nous frappe est injuste pour ces centaines d’élus locaux socialistes qui font leur travail dans la fidélité à leur engagement de jeunesse, et inventent au quotidien un socialisme de proximité. Seulement voilà, l’addition de nos expériences locales, fussent-elles régionales, ne saurait constituer le grand projet que les Français nous réclament ! " Impossible que L’AUTRE QUOTIDIEN n’apprécie pas cette analyse, car c’est le fondement de son existence !
" Nos compatriotes veulent un horizon et des propositions concrètes pour améliorer leur vie quotidienne. Ils veulent aussi les mots pour comprendre où nous allons. Nicolas Sarkozy a gagné la bataille idéologique, il a aussi remporté la bataille sémantique, en rendant intelligibles ses propositions quand les Français en étaient à se demander si nous croyions aux nôtres. Ordres, contre ordres, difficile d’y voir clair et d’avancer droit dans ces conditions. Voilà le premier défi à relever, celui de la clarification. Clarification des priorités, clarification du discours, lesquelles conduiront naturellement à une clarification des alliances "
AYONS LE COURAGE
" Pour y parvenir, il nous faut d’abord dresser la liste des obstacles supposés à cette entreprise (…) s’ interroger sur la composition sociologique du Parti socialiste et se demander quelles sont les catégories sociales que nous voulons, en priorité, représenter et défendre. Exercice délicat, tant l’hétérogénéité de notre " corps militant " s’est accrue avec les années et le rythme soutenu des alternances pouvoir opposition. Les militants des quartiers populaires ou des territoires ruraux, dont l’adhésion remonte aux débuts des années 70 et qui restent souvent très attachés à l’union de la gauche, cohabitent désormais avec des adhérents plus récents qui nous apportent un regard neuf et des idées utiles, mais qui bouleversent aussi - ayons le courage de le dire - nos habitudes, en subordonnant la marche des affaires aux circonstances,, qu’il s’agisse de la ligne politique, de l’ordre de nos priorités ou des alliances futures (…)
" Les divergences idéologiques sont importantes au Parti socialiste. Sont-elles surmontables ? Pas sûr. En tout cas, pas à n’importe quel prix ! Entre ceux qui continuent de penser que les écarts entre classes sociales grandissent et justifient la poursuite de l’esprit de lutte, et ceux qui se résignent à n’avoir pour seul objectif que d’atténuer les effets de la mondialisation, le claquage idéologique nous guette à chaque congrès (…) Une société où l’on célèbre chaque jour davantage la réussite individuelle, au détriment de l’engagement collectif, des citoyens résignés par un discours mondial déniant aux hommes politiques la capacité de peser vraiment sur le cours des choses et la vie des gens, sont plus propices au renoncement et à la capitulation qu’à la renaissance et au combat. Raison de plus pour le mener ! "
Cet homme-là est d'une lucidité rafraîchissante. Il apporte le bonheur dans le pré de mes idées. Je ne changerai pas un iota à sa contribution, même si je dois y gagner la réputation de n'être qu'un archaïque invétéré ! Aucun militant sincère ne peut nier l'authenticité de cette analyse, qui constitue en fait le problème clé de la refondation du PS. Car beaucoup plus que d'une refondation, le PS a surtout besoin d'une clarification de sa situation. Le reste découlera de cette volonté d'appeler socialiste ce qui l'est, et de ne pas adapter le concept aux circonstances propices à l'élection d'une telle ou d'un tel !
D’autant qu’un certain Olivier Besancenot estime à son tour, dans une interview au Parisien de hier, que son parti, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), doit céder la place à une nouvelle organisation plus fédératrice. "La LCR n'a plus vocation à exister", déclare-t-il. "Nous voulons rassembler tous les anti-capitalistes et les partisans d'un changement de société dans une nouvelle formation. (...) Ce n'est pas un énième cartel d'organisations mais une opportunité pour la gauche radicale d'écrire une nouvelle page de son histoire", dit-il. Attention, le facteur ne sonnera pas deux fois. Il  sait que c’est maintenant où jamais, que le temps est venu de se refaire… la cerise grâce à Nicolas Sarkozy et aux errements de celles et de ceux qui, au lieu de le combattre, se contente de ferrailler comme des d’Artagnan d’opérette.
Mais je déblogue…
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M
Près de deux tiers des Français ne font pas confiance au gouvernement pour augmenter leur pouvoir d'achat, selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest France rendu public samedi 25 août.Au total, 31% des personnes interrogées ne lui font pas confiance et 32% "pas du tout confiance" sur ce point. Plus d'un sondé sur deux (55%) ne croit pas aux baisses d'impôts. La même proportion ne s'attend pas à un succès du gouvernement dans la lutte contre la pauvreté et l'exclusion.En revanche, 78% des Français lui font confiance dans le domaine de la lutte contre l'insécurité, et 63% d'entre eux le créditent d'une action positive à venir pour protéger l'environnement. (Reuters)
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