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13 octobre 2007 6 13 /10 /octobre /2007 08:53
Le gouvernement bis qui siège autoour du Président-Premier Ministre a adopté la technique du boomerang comme principe de la nouvelle gouvernance. Elle est simple : il laisse un membre de l’équipe Fillon se lancer avec un zèle effréné pour ne pas être accusé de tiédeur sur un sujet cher à Nicolas Sarkozy pour attendre l’effet produit. Un examen rapide des dégâts collatéraux mesurés par un sondage ou deux commandés à Laurence Parisot permettra ensuite d’ajuster et de renvoyer l’initiative dans la tronche de celui qui l’a lancée. Le scénario se répète inlassablement sauf que maintenant certains ministres du culte Sarkozyste se murent dans un silence bienfaisant et préfèrent attendre pour suivre. Bizarrement le phénomène du boomerang touche les plus exposés d’entre eux. Ils sont couverts de plaies et de bosses après seulement quelques lancers. Il semble qu’actuellement il veuille débarquer quelques grosses pointures de l’équipe de son collaborateur de moins en moins fidèle et que le jeu consiste à les mettre en pore à faux. Une sorte de jeu de pousse au crime qui ne va pas sans conséquence pour la crédibilité globale de la politique de ce qui ne ressemble guère à une majorité présidentielle.
Celui qui semble le plus visé par la technique des aborigènes australiens n’est autre que Jean louis Borloo. Il a pris la place d’Alain Juppé qui a abandonné le champ de tir à l’insu de son plein gré mais il y est arrivé sur la base d’une fausse promotion. Face à un Fabius sûr de lui l’ex-maire de Valenciennes a craché le morceau sur le montant de la TVA sociale. Cette bourde a valu à quelques dizaine de prétendants UMP au palis Bourbon de rester sur leurs terres. Il était impossible pour Nicolas Sarkozy de le sanctionner sauf à créer un schisme rapide avec le seul homme pouvant symboliser le premier étage de l’ouverture. Ministre d’Etat, ministre de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables il a récupéré le premier et probablement le plus difficile à manier des boomerangs sarkozystes. On lui a refilé le Grenelle de l’Environnement dont on sait que ce sera une montagne qui accouchera d’uns souris dans la mesure où personne ne sait comment financer les propositions qui en découleront. Borloo tente de concilier des points de vue inconciliables et surtout il s’escrime à déminer un terrain extrêmement dangereux. Il vient d’obtenir que la FNSEA, principal syndicat agricole, se déclare prête à accepter un gel " provisoire " de la commercialisation des semences OGM jusqu’au vote d’une loi alors qu’elle était auparavant radicalement opposée à cette idée de gel, ayant même menacé de se retirer définitivement du Grenelle de l’environnement à la suite d’informations de presse parues dans le Monde fin septembre évoquant un possible moratoire.
Une avancée qui reste cependant à confronter aux autres propositions. Les lobbies ont tenu une place très importante au cours des dernières semaines ce n'est pas une surprise. La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) a plaidé par exemple pour le développement des agrocarburants et obtiendra probablement satisfaction alors que le Medef et EDF défendent le nucléaire… Jean Louis Borloo doit donc d’une main présenter un accord aux uns et de l’autre proposer un pacte aux autres. Un grand écart qui n’est plus de son âge d’autant que Sarkozy a décidé de lui savonner le sol !
LE CHAUD ET LE FROID
En plein Grenelle de l'environnement, il a défendu hier " l'avenir " de la filière nucléaire française lors d'une visite de la centrale de Penly (Seine-Maritime). " La filière nucléaire française a beaucoup d'avenir, ça restera le cœur de la production électrique de notre pays (...) Il faut développer les nouvelles générations de centrales ", a déclaré le gourou de l’effet de serre. Il est vrai qu’il venait d’apprendre que Al Gore avait décroché le Nobel de la Paix pour sa croisade en faveur et que ça peut vous donner envie d’être au goût du jour.  "Si la France produit deux fois moins de gaz à effet de serre par habitant que les autres pays d'Europe, c'est parce qu'on a le nucléaire, cela ne veut pas dire que les énergies renouvelables n'ont pas d'avenir ", a prudemment ajouté le Président histoire de ne aps totalement ture le Grenelle de Borloo. " On va mettre le paquet sur le renouvelable, mais quels que soient les efforts sur le renouvelable, ça ne viendra jamais compenser ce que représente le nucléaire dans la production électrique française ", a ajouté celui qui prépare le seconde phase du retour du boomerang vers son Ministre favori. Le nucléaire constitue en effet l'un des points les plus conflictuels à l'ordre du jour du Grenelle de l'environnement, qui se réunira dans quinze jours pour adopter des mesures pour lutter contre… le réchauffement climatique. 
L'Alliance pour la planète, qui regroupe 80 associations écologistes, demande fermement l'abandon du Réacteur pressurisé européen (EPR) de nouvelle génération, jugé peu sûr par les associations écologistes. Les associations veulent également baisser la part du nucléaire dans la production d'électricité en France, l'arrêt du retraitement des combustibles usés et l'abandon de l'enfouissement des déchets. Les écologistes réclament aussi un moratoire sur la prolongation de vie des réacteurs. Il s’agit de positions fermes face auxquelles Borloo ne sait pas trop comment réagir. Nicolas Sarkozy a jeté un peu d’uranium enrichi dans la piscine pour faire exploser le Grenelle !
a remarqué Sarkozy. Une affirmation immédiatement contredite par Greenpeace. " En réalité, la France se situe dans la moyenne européenne: un Français émet 9,3 tonnes de CO2 par an et la moyenne européenne s'élève à 10,9 tonnes ", indique l'association en citant les chiffres 2004 de l'Agence européenne pour l'Environnement.
UN SARKOZY NUCLEAIRE
En ajoutant que " le nucléaire représente 80% de la production d'électricité en France " Nicolas Sarkozy a estimé à " 10.000 le nombre d'emplois qui seront créés dans la branche production d'EDF les cinq prochaines années ". Le signe est fort le lobby nucléaire a pris le dessus sur tout le reste. Comme il avait menti en affirmant devant Poutine qu’il avait été enchanté de se réveiller sur la Place rouge alors que de son hôtel on en voyait même pas un m² il a lancé des nombres approximatifs ou faux. Pour Greenpeace, le président " confond " par exemple les chiffres. Ce sont les économies d'énergies et les renouvelables " qui constituent un formidable gisement d'emplois. La rénovation thermique de l'habitat ancien permettra de créer à elle seule entre 100 et 150.000 emplois sur 40 ans. Au niveau de l'Union européenne, les renouvelables pourraient créer un million d'emplois à l'horizon 2010. Pour la France, ce secteur, qui fait aujourd'hui travailler 40.000 personnes, pourrait créer 115.000 emplois en 2010 ", dit Greenpeace en citant le Syndicat des énergies renouvelables. 
Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du Nucléaire a parfaitement résumé la situation : " A priori, pour ce qui est du nucléaire, les lobbys industriels et patronaux sont assez peu investis dans le Grenelle de l'environnement. Ils connaissent les positions de l'Etat français. Ils savent que le Grenelle n'a pas été organisé pour empêcher leur activité polluante. La société Areva doit être suffisamment rassurée par les positions de Nicolas Sarkozy pour ne pas avoir besoin de venir ". Il avait raison et ce qu’il avait annoncé s’est produit. Le Président de la République lui-même a annihilé la discussion en cours et condamnant l’énorme machine du Grenelle à ne produire que des confettis décisionnels. Déjà que dans un pays en faillite il sera quasiment impossible d’imposer de nouvelles normes, de nouvelles techniques, de nouvelles études forcément coûteuses et inapplicables sans aides publiques, on peut se demander si le chemin de l’avenir ne sera pas pavé que de bonnes intentions et si Borloo n’en sortira pas fâché et vilipendé par tout le monde !
DES DESACCORDS ET PAS DE CREDITS
Le Grenelle de l'Environnement doit déboucher sur des propositions "concrètes, financées et à la hauteur de la crise écologique", ce qui n'est pas le cas pour le moment, estime l'Alliance pour la planète qui rassemblent 80 associations, dont Greenpeace et le WWF. Les blocages, selon la coalition, persistent sur des dossiers comme le nucléaire, les OGM ou l'agriculture.
"Il y a deux sujets sur lesquels il y a un vrai constat de désaccord c'est le nucléaire et les agro ou bio-carburants", a annoncé la secrétaire d'Etat en déplacement, peu après la publication des propositions des six groupes de travail sur le Grenelle de l'environnement. Et quand on est d’accord personne ne sait comment on financera l’accord. 
Le Grenelle de l’Environnement fixe ainsi dans un autre domaine des objectifs ambitieux pour le secteur du bâtiment, en privilégiant un scénario de rupture : diviser la consommation énergétique du parc résidentiel par plus de 4 en 40 ans. Les artisans du bâtiment, sont mobilisés et se tiennent, selon eux, prêts à accompagner cette " révolution ", mais s’interrogent sur les difficultés pratiques pour atteindre un tel objectif. Au-delà, c’est le coût de rénovation des 31 millions de logements existants qui est pointé : 600 milliards d’€, soit en moyenne 15 000 à 20 000 € par foyer (par comparaison, soit 3 fois la dépense actuelle des travaux effectués par les ménages). Excusez du peu dans une période où le pouvoir d’achat s’effrite et où les taux d’intérêt s’envolent. A l’origine de 46 % de la consommation d’énergie finale, le bâtiment est le secteur le plus " énergivore " et a fait à ce titre l’objet d’une attention particulière des groupes de travail du Grenelle. 
Le consensus a été général pour reconnaître que le principal défi à relever est l’amélioration du parc résidentiel existant : sur 31,3 millions de logements, les 2/3 datent d’avant 1975. L’objectif affiché est de diviser la consommation énergétique de ces logements par plus de 4, pour atteindre 50 kWh ep/m2.an d’ici 2050, contre 250 kWh ep/m2.an aujourd’hui. Le boomerang est lancé… il va parcourir durant quelques temps l’espace des informations et revenir inévitablement dans la figure de celui qui l’aura lancé sans savoir qu’il n’existe pas dans la pratique de ce sport une issue : l’idée revient en principe toujours au point de départ. Quels moyens matériels mettra-t-on en face des ambitions ? 
Dans l'immédiat Borloo a été chargé de lancer le programme... mais il ne sait absolument pas comment il sera mis en oeuvre, par qui il sera mis en oeuvre et qui le récupèrera. D'ici là, il ne sera peut-être même plus dans l'aire de lancement pour assurer la récupération de ce qu'il aura expédié dans l'air du temps !
Mais je déblogue...
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commentaires

N
c'est bien vrai, moi j'aurai confié ce ministère à Killcow de loin plus capable.
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K
Le fait que ce ministère ait été confié à Borloo est révélateur de l'intérêt qu'y porte notre gouvernement : Borloo, depuis 2002 voire plus, est l'éternel cocu du gouvernement : Ministre des affaires sociales du gouvernement Chirac, il s'est totalement décrédibilisé en croyant réellement au social et en passant 5 ans à demander à Chirac un budget qu'il n'obtiendra pas. Et bien pour l'environnement, c'est exactement ça. On lui donne une grosse responsabilité qui nécessite un gros budget..... mais sans le gros budget. Du coup, ce "Grenelle de l'environnement" ne va déboucher sur rien, à part certainement à une radicalisation des positions sur les OGM, le nucléaire et les énergies renouvelables. Et on va maintenir le statu quo.
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