Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 octobre 2007 1 29 /10 /octobre /2007 07:36
Un jour il faudra bien que la société se penche sur la place qu’elle accorde globalement à l’enfant. Elle en fait souvent un cœur de cible économique ou un objet de désir jetable. Ces visions prennent de plus en plus de place sans pour autant véritablement sensibiliser les adultes. Ils pensent tous que leur progéniture échappe à ces tristes réalités qui seraient réservées aux pays émergeants ou sous-développés. Or le mal ronge lentement les esprits comme le démontre deux " affaires " exemplaires du comportement global qui règne en France ou ailleurs. Dans un cas il s’agit simplement de l’exploitation de l’enfant par l’homme et dans l’autre la mis en œuvre d’une activité présumée humanitaire de ravitaillement des filières d’adoption. Impossible de ne pas imaginer que ces faits connus ne mettent en lumière que des centaines de situations plus discrètes.
D’abord il est vain d’espérer que dans une période où le culte de la concurrence constitue la sacro-sainte règle de vie commune, les consommateurs songent un seul instant à vérifier que ce qu’ils achètent à bas prix puisse être le fruit du travail d’enfants esclaves. Or, le quotidien britannique The Observer accuse la chaîne de magasins de prêt à porter, " Gap ", de faire travailler des enfants d'un atelier de New Delhi en Inde pour fabriquer ses vêtements pour Noël. Le journal affirme avoir découvert des enfants dont certains sont à peine âgés dix ans dans l'atelier lors d'une enquête sur place.
Les enfants déclarent avoir été vendus par leurs familles dans des Etats indiens et ne pas être autorisés à rentrer chez eux tant qu'ils n'auront pas remboursés leur prix de vente. Certains d'entre eux, qui travaillent 16 heures par jour pour coudre à la main des vêtements vendus par la marque, affirment ne pas être rémunérés par le fournisseur de Gap, qui n'a pas été identifié. Ils expliquent que leur employeur les présente toujours comme des stagiaires. Selon un jeune garçon, cité par le quotidien, les jeunes employés qui pleurent ou ne travaillent pas suffisamment, sont frappés ou forcés de garder dans la bouche des tissus gras. Ce triste constat révèle que derrière chaque étiquette se cache une méthode extrêmement critiquable. Les propositions de la commission Attali ne feront que renforcer cette destruction complète des méthodes de production et iront à l’encontre de toutes les affirmations officielles.
TOUJOURS A L’INSU DE LEUR PLEIN GRE
The Observer rapporte que l'atelier est " recouvert de saletés ", avec des " couloirs où dégoulinent les excréments d'un toilette bouché ". Une photographie d'un des enfants accompagne l'article, alors que la BBC a diffusé un enregistrement vidéo réalisé par une équipe de télévision allemande, sur lequel on voit les jeunes dans l'atelier. Un porte-parole de Gap, précise qu'il est " inacceptable " pour la compagnie de faire travailler des enfants. " Il est clair qu'un de nos fournisseurs a violé cet accord et une enquête approfondie est actuellement en cours. Après avoir été informés de la situation, nous avons immédiatement pris des mesures pour mettre fin à la commande et empêcher que les produits (fabriqués dans cet atelier) ne soient vendus dans nos magasins ", a ajouté le porte-parole. " Nous avons également convoqué une réunion de nos fournisseurs au cours de laquelle nous renforcerons notre interdiction sur le travail des enfants ". L’enfer de la concurrence n’est pavé que de bonnes intentions mais on peut se demander si les contrôles promis auraient été organisés sans la dénonciation de ce scandale. Et ce n’est pas en France que pareil problème serait mis à jour.
Selon le rapport du BIT (2001), dans le groupe des enfants de 5 à 17 ans, un sur six - soit 246 millions - est astreint au travail. Plus préoccupant encore, un sur huit - soit 179 millions d'enfants - est encore assujetti aux pires formes de travail, celles qui mettent en danger sa santé physique ou mentale ou sa moralité.
Par ailleurs environ 111 millions d'enfants de moins de 15 ans sont astreints à des travaux dangereux et devraient y être immédiatement soustraits; 59 millions de jeunes de 15 à 17 ans eux aussi affectés à un travail dangereux devraient bénéficier de toute urgence d'une protection ou être soustraits à ce travail; 8,4 millions d'enfants sont assujettis à des travaux relevant des pires formes de travail des enfants, car il s'agit d'activités intrinsèquement condamnables: esclavage, traite, servitude pour dettes et autres formes de travail forcé comme le recrutement forcé en vue de la participation à des conflits armés, la prostitution, la pornographie et autres activités illicites.
DES MILLIONS D’ENFANTS EXPLOITES
Le travail des enfants reste un phénomène mondial, auquel aucun pays ni aucune région n'échappe. Les crises de toutes sortes - catastrophes naturelles, chocs économiques, pandémie du VIH/SIDA, conflits armés - ont notamment pour effet de pousser un nombre croissant de jeunes vers des formes de travail débilitantes, parfois illégales et clandestines comme la prostitution, le trafic de drogue, la pornographie et d'autres activités illicites. Ces statistiques sont extrêmement affolantes mais nous posons nous véritablement la question en achetant un vêtement, un jouet, un objet de décoration, un outil… de savoir s’il n’est pas la résultante de l’activité de l’un de ces ateliers découvert par The Observer ? La seule chose qui nous passionne dans ce monde du profit c’est le prix… d’achat alors que le distributeur ne regarde que sa marge.
D'un bout à l'autre de la Terre, on retrouve donc des enfants dans les champs, dans les mines, les ateliers ou dans les cuisines. L'agriculture est encore la plus grande utilisatrice d'enfants. 
Ce travail est souvent organisé de telle manière que les enfants doivent travailler aussi longtemps et durement que leur parents qui ne peuvent pas faire autrement. La mortalité, la malnutrition et l'analphabétisme sont presque partout plus élevés dans les campagnes que dans les villes. Ce aussi le cas des petites entreprises ou des petits ateliers non déclarés qui utilisent abusivement cette main-d'œuvre très économique. On trouve des enfants qui fondent des tôles d'acier, tissent des tapis ou fabriquent des allumettes. Les locaux sont souvent sans air et sans lumière : on les appelle les "ateliers à sueur". Les enfants qui travaillent comme domestiques sont en général loués ou même vendus à des familles plus riches. Dans l'immense majorité, il s'agit de fillette, souvent de moins de 13 ans, qui habitent chez l'employeur. Ce sont peut-être, de tous les enfants au travail, ceux qui sont le plus exploités et qui peuvent le moins se défendre car ils vivent totalement isolés. 
Et puis il y a tous les enfants des rues : certains jeunes chassés de chez eux par la misère, ou orphelin, vivent entièrement dans la rue. Ils survivent en vendant des cigarettes ou des chewing-gums, cirent des chaussures, lavent des voitures, chantent sur les trottoirs ou bien mendient. On en trouve parfois chez nous…de manière moins provocante mais bien réelle !
DES ENFANTS INADOPTABLES
L’enfant devient aussi un " besoin " psychologique pour certains couples prêts à tout pour en adopter. Le système français extrêmement drastique conduit à rechercher des solutions " exotiques " moins regardantes et plus rapides. Le caractère pour le moins confus de l’action de l’Arche de Zoé au Tchad illustre ce que Bernard Kouchner a défendu avec fougue durant des années, le droit d’ingérence. Il semble, pour peu que l’on puisse y voir clair, dans ce déplacement surréaliste, que le résultat final soit un fiasco total… pour plus de 110 enfants en bas âge " déportés " de leurs villages d’origine dans un but que l’on ne saisit pas encore très bien.
D’abord on assiste à un mépris total de la culture d’origine de ces enfants auquel on promettait le bonheur occidental. En effet le Coran rejette l'adoption plénière. Dans la région du Tchad concernée, les règles d'autorité sur les enfants qui ont perdu leurs parents naturels sont régies par la "kafala", un système comparable à la tutelle ou à la délégation d'autorité parentale. Ce principe n'est pas du tout comparable au système de l'adoption, qui créé un vrai lien de filiation entre l'enfant et l'adoptant, ce qui est proscrit par la Charia. " Le Tchad comme le Soudan, dont ces enfants pourraient être originaires, sont des Etats souverains qui n'autorisent pas l'adoption. Il est aujourd'hui impossible pour une famille française de lancer une procédure d'adoption d'un enfant tchadien ou soudanais", a déclaré officiellement le Quai d'Orsay ce qui confirme que les responsables de cette opération n’avaient pas une connaissance parfaite des conséquences de leurs actes.
Une adoption d'enfants de ce pays est donc impossible, mais l'ONG l'Arche de Zoé, mise en cause par les autorités tchadiennes, a expliqué cette opération " d’évacuation présentée comme sanitaire " des enfants par la nécessité de " les sauver d'une mort certaine " dans une région soudanaise du Darfour ravagée par la guerre. Le problème c’est que la frontière n’est pas très nette quand on constate le désespoir des familles qui attendaient cette arrivée massive de gosses sur notre territoire.
Des sources diplomatiques tchadiennes et françaises convergent en effet pour affirmer que le but de l'association était bien de faire adopter ces enfants par des familles françaises, qui avaient déboursé entre 2 800 et 6 000 €, selon des sources diplomatiques. Une somme destinée à couvrir les frais de l'opération, selon l'association. "Le moins qu'on puisse dire c'est que les gens d'Arche de Zoé étaient très loin de ne pas savoir que ce qu'ils envisageaient était d'abord fortement déconseillé, et éventuellement, s'il s'agissait d'adoption, illégal", ajoutait la source diplomatique… sur le site du JDD.
Il faut donc se rendre à l’évidence, dans tous le cas du travail forcé ou du départ forcé les enfants n’ont jamais leur mot à dire : un peu comme si en voulant faire leur bonheur malgré eux les adultes finissaient par les plonger dans le plus grand des malheurs pour un profit ou un autre.
Mais je déblogue… 
Partager cet article
Repost0

commentaires

G
A quand un "Grenelle" du PS ?Quand on ne sait plus très bien quoi dire, il vaut mieux se taire. C'est visiblement la ligne de conduite que s'est fixée le Parti socialiste, conscient qu'il est préférable de masquer des incohérences doctrinales plutôt que de les exposer au grand jour. Il en va de sa crédibilité, déjà mise à mal par la campagne présidentielle, et qui ne s'est guère renforcée depuis. La défaite date de six mois, mais le mal vient de loin. Sur les trois sujets qui ont dominé l'actualité des derniers jours, les socialistes se sont aventurés avec pusillanimité, comme si toute réflexion devenait pour eux périlleuse. Quand on est socialiste, que dire, par exemple, du « Grenelle de l'environnement » ? Pas énormément de choses. Les socialistes sont « dubitatifs » sur la volonté de Nicolas Sarkozy de mettre en oeuvre les mesures promises. C'est tout. Si l'écologie fut jadis une idée de droite, elle était passée à gauche depuis près de quarante ans. Mais personne n'a su se l'approprier avec assez de conviction : les Verts ne l'étaient pas tant que ça, les communistes, attachés au « productivisme », étaient trop rouges pour aimer le vert. Et les socialistes naviguaient entre des impératifs contradictoires : la défense de l'emploi ou bien celle de la nature ? Alors, la belle idée a attendu qu'on se penche sur son sort avec un peu plus d'attention, et elle a trouvé un Jacques Chirac, puis un Nicolas Sarkozy, pour renaître et s'épanouir. Dès lors, mieux vaut pour les socialistes se lamenter en silence sur l'occasion perdue. Sur l'Europe aussi, la retenue est de mise. Commenter le traité simplifié, c'est prendre le risque de relancer une guerre de chiffonniers au sein du PS. C'est pourquoi ce parti de gouvernement, qui a géré le pays pendant quinze ans au cours des vingt-six dernières années, s'apprête à choisir une attitude qui n'est pas très éloignée de la poltronnerie politique : l'abstention. Mieux vaut ne pas trancher, cela évite de mettre le feu à la maison, qui n'en a pas besoin. Et tant pis pour Jacques Delors et pour François Mitterrand. Quant à la réforme des institutions, elle est délicate aussi. D'autant plus que le comité Balladur a accueilli en son sein des socialistes « décomplexés », dont l'indestructible Jack Lang. Et comme on compte au PS des partisans d'une « démocratie parlementaire renforcée » et des tenants d'une VIe République, mieux vaut faire diversion. Et éviter le débat de fond, en s'offusquant par exemple de la possibilité offerte au chef de l'État de s'exprimer devant le Parlement, une mesure certes spectaculaire mais qui n'est pas au coeur de la réforme. Tout cela n'est pas fameux. Le PS vivote, recroquevillé, hésitant et versatile, comme s'il avait peur de son ombre. Il fait ses délices de petits arrangements avec lui-même, repoussant toujours à plus tard l'heure redoutée de l'aggiornamento. On comprend pourquoi Nicolas Sarkozy use et abuse de la situation : le président s'amuse avec les socialistes comme autrefois François Mitterrand s'amusait avec « la droite la plus bête du monde ». Les temps ont changé, les rôles aussi.
Répondre