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19 janvier 2008 6 19 /01 /janvier /2008 07:32
La vérité libérale vient depuis l’autre coté de l’Atlantique. Elle inspire même dit-on les croyants en la puissance de la loi du marché. On sait aussi que les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy ressemblent étrangement à celles de son ami de quelques mois, George W. Bush. Alors il faut s’attendre plus ou moins à voir déclinées les propositions récentes de celui qui a conduit les Etats-Unis vers une récession causée par l’appât du profit. Nous sommes dans une situation étrange : les signes avant-coureurs d'une crise mettant en cause l'équilibre général de l'économie s'amoncellent et pourtant les "opérateurs" restent silencieux. Ils ne disent rien alors que pour la première fois, depuis deux cents ans, le capitalisme est combattu non par ses vaincus, ses pauvres ou par les intellectuels, porte-parole des vaincus, comme Marx ou Engels, mais par des économistes objectifs.
Aujourd'hui, la critique vient du coeur du système. L'avant-dernier livre de Patrick Artus, un des économistes français les plus respectés, était intitulé : " Le capitalisme est en train de s'autodétruire ". Son dernier livre porte un titre prémonitoire : " les Incendiaires ". Les " incendiaires " en question sont les banquiers centraux. Il doit vraiment y avoir quelque chose de pourri dans notre système pour que Joseph Stiglitz, prix Nobel américain d'économie, ose, lui, titrer son dernier un ouvrage " Quand le capitalisme perd la tête ". Ces constats de Michel Rocard sont d’un autre niveau que les incantations du Chef de l’Etat français et plus encore les déclarations d’ajustements conjoncturelles sur la croissance de son Ministre de l’Economie et des Finances.
Son analyse est encore plus pessimiste quand il évoque l’immensité de la dette fédérale américaine qu’il accuse d’être au cœur du problème. Ce passage d'un équilibre à un déséquilibre massif, généralisé, tient au changement de la répartition du produit national brut, entre les " salaires " (salaires et revenus de protection versés par la Sécurité sociale) et les " profits " (bénéfices industriels, honoraires des professions libérales, rémunérations "directes" sur le marché). Ce mouvement est très sensible en France mais on l'observe aussi aux Etats-Unis et dans l'ensemble des pays européens, y compris les pays de l'Est rejoints à toute allure par le capitalisme. En gros, les salaires sont passés de 71% du PIB en 1981, selon Michel Rocard, à seulement 60% en 2005. Près de 11 points de chute !
Aujourd'hui, en France, si le produit intérieur brut avait conservé le même partage qu'en 1981, les ménages, selon Rocard, auraient dépensé en salaires et revenus de Sécurité sociale 130 milliards d'euros de plus. Affectés à la consommation, ces 130 milliards auraient donné au moins 1 point de plus de croissance chaque année. Et nous aurions eu en France un demi million de chômeurs de moins. Le capitalisme a perdu la tête en cherchant par n’importe quel moyen à accroître ses profits sans se soucier qu’il détruisait les salariés productifs et surtout consommateurs des biens et services qu’il faut vendre pour justement survivre. C’est le serpent qui se mord la queue ! A partir du moment où l’on ne prend en compte que la satisfaction de l’actionnaire on tue celles et ceux qui lui permettent de l’obtenir. Ainsi s’engage une course sans fin pour diminuer la part des " salaires " dans les charges des entreprises… en allant chercher ailleurs la même productivité dans un contexte social non contrôlé !
TRANSFORMER LES IMPOTS DIRECTS EN IMPOTS INDIRECTS
Les conseillers de George Bush ont bien eu conscience (contrairement à ceux de Sarkozy) que sans un apport direct d’argent dans la poche des plus défavorisés ils accentueraient la récession qui menace. Il a donc annoncé, hier , un plan de relance économique représentant " environ 1% du PIB " américain  ce qui représenterait donc 140 milliards de dollars environ. Ce plan se fonderait sur des baisses d'impôts… mais aussi une amélioration du pouvoir d’achat des chômeurs et des plus démunis. président américain. Il a ainsi indiqué vouloir lancer un plan de relance économique fondé sur des baisses d'impôts pour les ménages, sans pour autant détailler les mesures envisagées. "Notre économie a une base solide mais (...) certains secteurs suscitent de réelles inquiétudes", a-t-il déclaré dans un discours prononcé à la Maison Blanche. " Mes conseillers et de nombreux autres experts s'attendent à ce que notre économie continue à croître au cours de l'année qui vient, mais à un rythme moindre que celui que nous avons connu ces dernières années ", a-t-il ajouté. " Et il y a un risque de retournement de l’activité ", a-t-il reconnu.
" Pour permettre à notre économie de continuer à croître et créer des emplois, le Congrès et l'administration doivent travailler ensemble pour faire passer un plan de stimulation économique aussi vite que possible "
LES FAMEUX FONDS D’INVESTISSEMENT
La mode arrive chez nous. Il faut absolument taper dans les dépenses en accordant des ristournes sur la fiscalité. Diminuer, par tous les moyens ce qui coûte dans la vie collective, pour pouvoir ensuite diminuer les impôts. Le problème c’est qu’aux USA on ne revendique pas : on subit ! Les Françaises et les Français n’ont pas du tout les mêmes repères ce qui les conduit à ne pas accepter encore complètement la fatalité du profit. L'actionnaire est désormais organisé et, s'agissant de sa retraite, a exigé un retour sur investissement de plus en plus élevé avec comme dégât collatéral une pression de plus en plus forte sur les salaires qui ont cessé de progresser au rythme d'antan avant de décroître en valeur absolue.
Les fameux fonds d'investissement - moins du quart des fonds de pension mais plus agressifs - ont intensifié la tendance. Et les fonds d'arbitrage jouent le même jeu. Pour garantir aux actionnaires une rémunération élevée, tous n'hésitent pas à démanteler leur proie et à vendre par " appartements ". ils ont devenus des dépeceurs et plus du tout des créateurs. Au grand dam des salariés réduits à la dimension de variable d'ajustement. Le nouveau système se résume facilement : tout pour les actionnaires, le moins possible pour les salariés. L'ensemble de ces fonds sont présents désormais dans toutes les entreprises du monde occidental de plus de 2 000 salariés. Leur pression s'est d'abord exercée sur les PDG qui ne distribuaient pas assez de dividendes : ils ont très vite valsé. Elle s'est traduite ensuite par l'externalisation des toutes les fonctions des entreprises (entretien, maintenance, services sociaux internes) , dont les salariés étaient indexés sur les personnels qualifiés qui faisaient le renom de l'entreprise.
PAUVRES TRAVAILLEURS ET TRAVAILLEURS PAUVRES
Tous ces gens-là ont été chassés et recasés dans des PME désyndicalisées, soumises à des contraintes salariales énormes parce que les fabricants, les donneurs d'ordre, peuvent changer de sous-traitants sans préavis.  C'est comme ça que s'est instituée la précarisation du marché du travail (16% des salariés français aujourd'hui) avec, comme conséquence de cette réduction " contrainte " des heures travaillées, un gel ou un recul des salaires, l'apparition de " pauvres travailleurs " et de vrais " pauvres sans travail ".
Avec une pauvreté de masse évaluée à 10 millions de personnes en Grande-Bretagne et entre 5 et 6 millions en France, la part des salaires dans le PIB a évidemment reculé par rapport au "profit" réinvesti de manière spéculative. D'où, faute d'une demande suffisante, une croissance anémiée, incapable de contenir l'hémorragie des déficits et une dette de plus en plus difficile à rembourser. 
Rocard est parfaitement lucide quand il analyse le contexte français dont on sait bien qu’il est lié à celui de chez Bush ! Il l’est encore plus pour moi quand il incite à explorer cette fameuse troisième voie qui me tient tant à cœur car elle a ses racines dans mon attirance ancienne pour ce que fut le PSU. " Je crois enfin à l'économie sociale. J'ai milité depuis quarante ans pour lui donner son statut, son cadre. Je crois que la clé du problème, c'est le changement du statut juridique de l'entreprise. Au lieu d'appartenir à des apporteurs extérieurs de capitaux, elle doit être faite de la communauté des hommes et des femmes qui gagnent leur vie en partageant un même projet économique ". Je vous avoue que ça me fait du bien car là je suis très loin, très loin de l’Amérique ! Bien évidemment personne ne peut croire que le gouvernement actuel consacrera la moindre minute à examiner pour examiner cette piste. Et ce n’est surtout pas les Américains qui cèderont sur la nécessaire domination, pour eux, du capital sur l’Homme.
En attendant les bourses s’effondrent . A Tokyo, l'indice Nikkei perdait 2.8%, en recul de près de 400 points, cotant 13.395,78 points. A Hong Kong, le principal indice boursier de l'île chutait de 3,7%, en recul de 812 points, cotant 24.302,65 points à la mi-séance. La Bourse de New York a terminé en forte baisse jeudi une troisième séance consécutive de repli, après le plongeon d'un indice économique régional et l'appel du président de la Fed à agir vite face au risque de récession: le Dow Jones a lâché 2,46% et le Nasdaq 1,99%. La Bourse de Paris est restée orientée à la baisse puisque le CAC 40 abandonnait 1,31% au terme d'une séance nerveuse. La corbeille n’aime pas que l’on vienne lui mettre le doute en tête sur ses certitudes politiques !
Mais je déblogue…

, a-t-il déclaré. Ce plan de relance doit être "assez important pour faire une différence dans l'économie " et il devrait représenter "environ 1 % du PIB", a-t-il ajouté. M. Bush a indiqué que le plan devrait s'articuler sur deux axes. " Un plan de relance doit comprendre des baisses d'impôt sur le revenu directes et rapides pour les Américains ", pour les aider notamment à payer leur facture énergétique. Et " laisser plus d'argent aux ménages devrait augmenter les dépenses de consommation ", a-t-il assuré. Selon la presse américaine, l'une des mesures phares serait une remise d'impôts pouvant aller jusqu'à 800 dollars par personne. 
On connaît la musique qui consiste à penser que moins de contribution à la solidarité collective enrichit l’individu sans que l’on sache s’il ne perd pas d’un coté, ce qu’il croît gagner de l’autre. S’il a moins de couverture sociale, moins des structures collectives accessibles, moins de services publics… le contribuable devra " payer " autrement pour obtenir les mêmes avantages. Tant qu’il en aura les moyens !
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