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25 janvier 2008 5 25 /01 /janvier /2008 12:10
Lorsqu’il y a eu le vif débat sur la privatisation par la gauche et la droite des banques publiques d’antan, on a eu droit aux cris perçants des adeptes de la loi du marché et du profit. « On vous le garantit, la gestion totalement privée de ces entités sera infiniment plus sérieuse, plus efficace, plus utile que celle de l4Etat dont ce n’est pas le rôle ! ». C’est une réalité, on constate en effet que la Caisse des Dépôts après le Crédit Lyonnais a effectué des placements hasardeux et des erreurs graves de gestion. Que ce soit pour la première dans l’affaire des actions EADS ou pour l’autre dans ses aventures américaines, les contribuables ont été obligés de mettre largement la main à la poche (directement ou indirectement) pour compenser des disparitions massives d’actifs.
Le Crédit Lyonnais fut la banque la plus puissante d’Europe. Elle avait le pouvoir de dire oui. Le fleuron de tout le système bancaire français, elle faisait des envieux à n’en plus finir : l’opulence était son image de marque, sa générosité en faisait le dernier salon où trouver un financement, et surtout pour une affaire douteuse.
Et quelques 100 milliards de francs de pertes plus tard, une nouvelle banque privatisée a fait son entrée à la bourse de Paris. Voilà l’histoire du Lyonnais vite résumée à un trou abyssal. Mais derrière, des milliers de salariés meurtris, des contribuables contraints de passer à la caisse par la faute de quelques dirigeants inconséquents, des millions de clients apeurés par la fuite en avant, voyant filer leur argent au grès de la découverte vertigineuse des scandales, jusqu’à l’incendie dévastateur du siège central.
De la Libération où la banque est nationalisée, au début des années quatre-vingt, le Crédit lyonnais joue un rôle majeur dans l’économie. Au point même de devenir une référence sur le plan social. La convention collective qui réglemente les rapports sociaux internes est un modèle pour beaucoup.
Le grand tournant s’amorce à la fin de ces années quatre-vingt. Une dérive s’installe, le Lyonnais se tourne et intègre les critères des marchés financiers. C’est plus qu’une mode à l’époque, un véritable credo. Les critères changent, en douceur certes mais sûrement. Une banque publique au service d’intérêts privés, sans contrôle. L’Etat est encore le principal actionnaire. Il fixe les grandes orientations. Les PDG de la banque appliquent, avec ferveur. Petit à petit rien ne les arrêtera. Le scandale peut alors commencer.
Au premier rang quelques hommes : des hauts fonctionnaires, imbus d’eux mêmes, pensant détenir La vérité. Et voilà, Jean Yves Haberer, nommé à la tête du Crédit lyonnais par Michel Rocard, premier ministre, qui va mener l’établissement aux limites de sa perte. Avec la bénédiction des ministères des Finances et de Pierre Bérégovoy en particulier. Quand Jean Yves Haberer arrive à la direction de la banque, il vient de passer deux ans sans fonction, après avoir été directeur du Trésor puis de Paribas. Le chômage parfois, ça peut vous donner des envies… C’est à corps perdu qu’il se jette dans la banque. Comme s’il voulait rattraper un retard. La catastrophe guette !
DES PROFITS A TOUS PRIX
Un seul objectif : une politique de croissance, essentiellement à l’international. La banque achète alors à tour de bras en Europe. Non content d’être à la tête d’un réseau immense de banques de détail, le Lyonnais devient aussi une puissance immobilière. Diversification oblige. Les prix flambent, les mètres carrés de bureaux parisiens sont d’un très bon rapport. Alors pourquoi se priver d’une accumulation de ce qui demain fera des plus-values immobilière immenses. Le lyonnais veut faire mieux que tout le monde. Et ce n’est même pas suffisant pour la folie des grandeurs. Alors, il faut devenir le financier des nouveaux capitalistes, les aider, les soutenir, les suivre même les yeux fermés. Jean Luc Lagardère a une télévision, La Cinq, sur les bras. Elle est mal en point, elle vient de faire faillite. Qu’importe, Jean Yves Haberer le sauvera. Bernard Arnault, PDG de LVMH, a lui crédit ouvert. Et comme il faut savoir raison garder, ce ne sera pas plus de 8 milliards de francs.
Le patron du luxe en profite pour augmenter sa participation dans le britanique Guiness qu’il revendra, bien plus cher quelques années plus tard au Crédit lyonnais. Son futur concurrent François Pinault n’est pas en reste : il rachète le Printemps, grâce à la banque.
Et que dire de l’arrivée en piste de Bernard Tapie : en juillet 1990, la banque lui prête un… demi milliard pour acheter Adidas (une paille par rapport à ce qui vient soit-disant de se passer à la Société générale) qu’il revendra lui aussi au Crédit lyonnais et à d’autres banques en empochant quelques 2 milliards de francs de plus value. Entre gens bien, on sait se comprendre. Tapie est en vogue. Il surfe sur des sondages positifs. Il entre en politique ; Il est intouchable grâce à ses amis ! Il fait des émules au delà des frontières transalpines. L’italien Parretti, clone de l’homme d’affaire français conseille Jean Yves Haberer : banco, tope là, on rachète la Metro Goldwin Mayer. L’homme d’affaires est en fuite mais a laissé une ardoise de productions Hollywoodiennes qui s’élève à 20 milliards de francs. Ce n’est pas de la science fiction quand tombent les premiers chiffres en 1991. C’est la crise. L’immobilier s’effondre, les plans tournent au cauchemar. C’est la débâcle, les pertes s’accumulent. Un désastre dont plusieurs années d’investigations auront du mal à évaluer l’ampleur…. Ce n’est pas à une belle banque privatisée que serait arrivés pareils malheurs ! Le jeune trader de la Société générale est loin du compte.
LES EMPLOYES TRINQUENT
Il lance un premier plan de recapitalisation en 1994 : 4,9 milliards sont mis dans la banque (tiens donc, le montant de la somme perdue par la Société Générale). Une goutte d’eau. De nouveau un chèque, de 6 milliards cette fois. Puis en 1995, on transfère la dette à une nouvelle structure : le consortium de réalisation (CDR) qui écope de 125 milliards de francs d’actifs, qu’il devra revendre au meilleur prix. Ce qui n’est pas chose aisée quand il s’agit d’affaires douteuses ou d’immobilier.
La commission de Bruxelles entre alors, en scène : d’accord pour le CDR mais à condition que le Lyonnais cède 35 % de son activité hors de France. En 1994 le bilan de la banque doit passer après les cessions de 1 500 milliards à 1 000 milliards de francs. Qui trinque ? Le personne puisqu’en quinze ans, le Crédit lyonnais perd 15 000 emplois. On verra qui paiera à la Société Générale dans quelques mois !
La banque est, en fait, montée sur les rails de la privatisation. Jean Peyrelevade est à pied d’ouvre. Et en mission. Il veut réussir la privatisation. Les salariés restant doivent redorer l’image de leur banque : opération vérité, et explications avant réconciliation. La banque ouvre ses portes jusque tard le soir pour rencontrer les clients, els câliner, les bichonner pour qu’ils fassent encore des rêves dorés ! Ca marche car dans leur majorité les 6 millions de clients resteront. Il faut dire que l’on ne change pas encore de banque comme de chemise. Le reste de la banque, avec ses objectifs de suppressions d’emplois réaffirmés (1 000 pendant les trois ans à venir), est mis en vente. Et pour faire bonne figure, les chiffres du bilan sont glorifiés : « le Lyonnais est aujourd’hui une banque restructurée et rénovée, avec un potentiel bénéficiaire élevé et un fonds de commerce d’une grande solidité », clame Jean Peyrelevade quelques jours avant le jour de privatisation. Les chiffres parlent en effet d’eux mêmes : le chiffre d’affaire de la banque a certes baissé entre 1997 et 1998, mais c’est pour mieux servir les intérêts des actionnaires : le bénéfice net part du groupe s’est envolé dans la même période de 54 à 165 millions d’euros grâce certainement à la chute de frais généraux… Pas d’inquiétude du moment qu’en tapant sur l’emploi on a réussi à dégager des sommes convenables. Personne ne moufte dans la vie politique au prétexte que la privatisation inéluctable va sauver les apparences.
UN COUP MONTE
De nombreux analystes qui ont de la mémoire s’avouent très sceptiques sur la réalité de la Société Générale devant les explications de la Société Générales, selon lesquelles un seul homme serait responsable de 4,9 milliards d'euros de pertes. « Le sentiment des salles de marchés, c'est qu'il n'est pas possible qu'un individu seul ait pu faire cela. La Société Générale aurait chargé la barque sur le thème de la fraude pour faire passer plusieurs mauvaises opérations de marché », avance Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS.
 « La Société Générale nous dit qu'un courtier senior a spéculé sur des actions, notamment des indices d'actions, sans se couvrir. Il aurait dissimulé des pertes devenues rapidement colossales. Il semble qu'il ait agi pendant toute l'année 2007 », a-t-il rappelé. « Cela semble un peu gros que pendant toute une année on puisse dissimuler » une telle perte.
La Société Générale dit que « le courtier connaissait tellement bien les opérations de contrôle interne » qu'il a réussi à dissimuler ses pertes, poursuit Elie Cohen, ce qui signifie que
« les procédures de contrôle interne qui normalement constituent le coeur de métier des banques se sont révélées dramatiquement insuffisantes ».
De son côté, Marc Touati, économiste chez Global Equities, affirme que « tous les gens qui travaillent dans les banques savent que, quand les pertes atteignent un certain niveau, on coupe les positions. Des pertes peuvent atteindre 100-200 millions d'euros, mais 5 milliards, c'est impossible. Soit ce que la banque dit est vrai. Dans ce cas, il y a un problème de contrôle des risques et cela peut jeter le discrédit sur la Société Générale, d'autant que son avantage comparatif, c'est d'être championne des activités de marché. Soit on ne sait pas tout », argumente-t-il.
La Société Générale est peut-être en train de « charger un pauvre bougre pour faire passer des pertes qui se sont accumulées" au cours de la crise des "subprimes", renchérit un analyste d'une société de gestion. « Une personne seule ne peut provoquer une telle catastrophe. Si un courtier agit pour le compte d'un client, au moins trois personnes entrent en jeu pour donner l'ordre, le transmettre et l'exécuter », estime un autre spécialiste. La seule certitude c’est que… nous puissions un jour connaître la vérité comme pour le Crédit Lyonnais ! Vous pouvez y compter !
Mais je déblogue…
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