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19 avril 2008 6 19 /04 /avril /2008 15:45
La tendance mondiale actuelle reste de se préoccuper des grands principes en oubliant un peu les comportements concrets des pays. On nom de la nécessité économique, les ventes d'armes n'ont, par exemple, jamais été aussi discrètement réalisées. Les dépenses militaires mondiales avaient augmenté de 3 ,5% par rapport à 2005 et de 37% depuis 1997, confirmant une tendance décennale à la hausse que les budgets annoncés pour 2008 aux Etats-Unis comme en France ne vont pas infléchir. Les Etats-Unis sont toujours bons premiers de la classe avec 46 % des dépenses militaires mondiales. Le chiffre va encore gonfler en 2007 et 2008 puisqu'au budget spécifique de la Défense s'ajoute une centaine de milliards de dollars supplémentaires au titre de la « guerre contre le terrorisme ». La France est 3° juste derrière le Royaume Uni devant la Chine et le Japon et il n'y a pas beaucoup de citoyens pour s'en offusquer en cette période de disette budgétaire. Eduquer coûte trop cher... investir dans des armes constitue une nécessité pour la Rpéublique. Pour la dépense par tête d'habitant nous nous situons au 4° rang derrière les Etats-Unis imbattables, l'Arabie Saoudite (qui dépense plus que l'Inde pour sa défense) et le Royaume-Uni. Dans ce classement la Chine... pourtant présentée comme très militarisée dépense aujourd'hui 23 fois moins que la France et 47 fois moins que les Etats-Unis.
Dans la liste des 20 premiers « marchands de canons » qui suit les firmes US tiennent évidemment le haut du pavé : 15 sur 20. La France où l'industrie de l'armement occupe une place déterminante apparaît 3 fois et une quatrième fois indirectement via EADS . Dans ce classement elle occupe la deuxième place mondiale.
Si les Etats-Unis sont là encore en tête du classement ils ne sont pas en position dominante et sur la période 2002-2006 couverte par le rapport ils ne fournissent que 30% des exportations juste devant la Russie .L'Allemagne et la France sont au 3° et 4° rang pour un volume de l'ordre du 1/4 des deux premiers. Enfin un secteur de nos exportations qui va pour le mieux ! On vend beaucoup aux pays émergeants puisque la Chine et l'Inde sont en tête des acheteurs mondiaux mais sont suivis par une série de pays petits ou tout petits qui dépensent beaucoup pour l'armement tels que la Grèce, les Emirats Arabes Unis et bien entendu Israël qui pour une population égale à un 1/2000° de la population chinoise importe des armements pour une somme égale au quart des importations chinoises. Par tête d'habitant Israël achète 500 fois plus d'armement que la Chine sur le marché mondial... Effarant !
LES BOMBES INVISIBLES
Le nombre total des armes nucléaires opérationnelles - sans compter les réserves et les armes à démanteler ou en cours de démantèlement - s'élève à 11530. A eux deux les Etats-Unis et la Russie en possèdent 10659. La France, loin derrière est bon troisième avec 348 armes nucléaires en état de marche, deux fois plus que la Chine et le Royaume-Uni. Le SIPRI, organisme suédois qui produit tous ces statistiques fiables n'accorde qu'une centaine d'armes nucléaires à Israël, chiffre inférieur à d'autres estimations mais dont l'Etat d'Israël niait de toute façon l'existence jusqu'à ce que Ehud Olmert finisse par l'admettre en 2006. Un autre secret d'importance demeure pour le nucléaire israélien qui est la réponse à la question suivante (formulée dans la langue de tout le monde) : « Y a-t-il un seul bouton rouge à Tel Aviv ou une double commande à Washington et à Tel-Aviv ? »
Le SIPRI estime que les quantités aujourd'hui disponibles dans le monde d'uranium très enrichi - donc à usage militaire - soit 1700 tonnes et de plutonium : 500 tonnes permettraient de construire 100 000 armes nucléaires supplémentaires. Le véritable danger de prolifération est là, mais il est plus à la mode de fantasmer sur le nucléaire militaire iranien qui, selon l'AIEA, n'existe pas... Du moins on peut encore l'espérer. Dans ce contexte affolant on ne peut que se souvenir des accusations américains vis à vis de l'Irak quelques mois avant l'invasion.
En fait en dehors de ce coté spectaculaire il existe aussi la facette la plus dure, celle qui touche les populations longtemps après que les armées en campagne aient abandonné un territoire.
LES BOMBES A RETARDEMENT
C'est une première : une quarantaine de pays organisent une journée de mobilisation contre les bombes à sous-munitions (BASM), quarante-huit heures après le décès d'un reporter de Reuters à Gaza tué par une munition de ce type laissée par les israéliens. La coalition internationale contre ces armes entend faire adopter en mai à Dublin le traité d'Oslo visant à bannir leur utilisation. L'ONG Handicap International appelle Paris à ne pas affaiblir cette négociation. Une BASM est une arme constituée d'un conteneur qui libère, selon le modèle (obus, missile, roquette), une dizaine ou plusieurs centaines de sous-munitions lors de son largage. Environ 440 millions de ces armes instables auraient été largués depuis les années 1960 dans une trentaine de pays, notamment le Laos, l'ex-Yougoslavie, l'Irak, l'Afghanistan. Selon Handicap International, 100 000 personnes en auraient été victimes depuis 1975. 98 % d'entre elles sont des civils... et souvent des enfants qui se hasardent dans des terrains qui n'ont (et ne seront jamais déminés) pour simplement jouer. Les femmes qui vont chercher de l'eau ou du bois figurent aussi souvent au rang des mutilées. Cette réalité affligeante ne semble pas mobiliser outre mesure dans les pays producteurs car il existe bien des usines de fabrication de telles armes.
D'après Handicap International, 98% des victimes connues d'armes à sous-munitions sont des civils. En plus d'être extrêmement imprécises, une proportion importante (jusqu'à 70%) de sous-munitions n'explosent pas à l'impact, constituant alors un danger durable pour les populations locales et ce jusqu'à plusieurs décennies après les conflits. Il y aurait en 2006 plusieurs milliards de sous-munitions en stock à travers le monde, représentant une menace de prolifération colossale. L'ONU estime qu'au Kossovo, en Afghanistan, en Irak et au sud Liban il reste près d'un million de ces sous-munitions sur le terrain, responsables chaque jour de 3 à 4 blessés ou décès depuis le cessez-le-feu.
L'HYPOCRISE AMBIANTE
C'est une guerre lente et oubliée dont on parle beaucoup moins que celle menée avec des moyens plus spectaculaires. Une négociation internationale, qui rassemble une centaine de pays, doit aboutir en mai à la signature d'un traité visant à interdire les BASM détenues par 77 états. Promu à l'initiative de la Norvège après la guerre au Sud-Liban, où, d'après l'ONU, 2,8 millions de sous-munitions ont été disséminés à l'été 2006, le texte serait « applicable dès 2009 », avance Handicap International. Mais il ne s'agira pas d'un traité de désarmement, précise Paris : il n'y aura donc pas d'inspection des stocks après ratification et donc on pourra solder les stocks chez des dictateurs peu regardants. L'ONG pointe l'« ambiguïté » de la France qui « participe au processus d'Oslo, sans renoncer dans les faits à protéger ses stocks, à demander une période de transition pour la destruction de certaines armes et à faire pression sur des Etats francophones ».
En présentant une proposition de loi visant à l'élimination des BASM, le député PS Armand Jung a rappelé que la France ne se contente pas de « stocker des BASM : au moins quatre entreprises françaises fabriquent et commercialisent ces armes ». En décembre 2006, deux sénateurs dans un rapport d'information du 20 décembre 2006 demandent à l'armée française d'abandonner et de détruire 22 000 roquettes M-26 achetés aux États-Unis pour ses lance-roquettes multiples qui envoient des munitions contenant 644 sous-munitions de la taille d'une grenade, avec un taux de ratés de 30% dans certaines conditions. Ce rapport a été dénoncé par comme totalement insuffisant.Paris assure que son armée, «à la différence de ses alliés», n'a plus utilisé de BASM depuis 1991, et que la «plupart des armes problématiques ont été retirées».
La France produit encore l'obus antichar Bonus dont elle aurait «quelques milliers d'exemplaires» en stock aux côtés de «quelques dizaines» de missiles Apache, une «dizaine de milliers» d'obus OGR et la roquette M-26 «en cours de retrait». Autre point de friction, l'«interopérabilité» : la France voudrait ajouter au futur traité d'Oslo une clause de coopération avec des Etats non-signataires du texte. Epineux débat avec la multiplication d'opérations internationales. Bernard Kouchner avait une fois encore lancé un vibrant «stop aux BASM». Il reste à attendre s'il sera aussi efficace qu'il l'a été sur tous les dossiers humanitaires depuis qu'il a commis un déni d'ouverture. On le jugera aux actes pas nécessairement sur paroles fussent-elles explosives !
Mais je débogue...
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commentaires

A
Depuis ces derniers mois nous n'avons guère de raisons de nous réjouir. Mais je crois que tu as décidé, Jean-Marie, de nous faire sombrer dans la déprime la plus totale.... Qu'y a-t-il de plus déprimant, en effet, que de s'entendre répéter que notre pays est au bord du gouffre financier, et de constater par ailleurs que nous figurona dans le peleton de tête des pays producteurs de matériels de mort! Bien sûr, là encore , c'est la loi du profit qui l'emporte sur toutes les autres. Mais depuis le temps qu'on nous parle de "désarmement", nous pourrions espérer qu'il deviendra un jour effectif!!!Alors, s'il te plaît, essaie de trouver, de temps en temps, un thème de chronique un peu plus souriant, et de nature à nous redonner un peu le moral, et le sourire.Annie
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