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17 juin 2008 2 17 /06 /juin /2008 07:31
La recette est simple. Elle s'inspire des déclarations des bravaches qui, après avoir pris un mauvais coup pour avoir cherché des noises aux autres, s'exclame « même pas mal ! » alors qu'il sont au bord de la défaillance. Tous les partisans, de droite... comme de gauche, de l'Europe de la libre concurrence s'évertuent à minimiser la claque qu'ils ont reçue. « Même pas mal ! » déclinent-ils tous quand ils sentent les regards braqués sur eux. Un bal des faux-culs tellement ridicule qu'il en devient dramatique. Depuis que cette bande de têtus idiots que sont devenus les Irlandais pour la majorité des dirigeants de notre Sainte Europe ont refusé de cautionner le remarquable traité constitutionnel génétiquement modifié à Lisbonne, on sent bien que le doute s'est installé. Les discours des défenseurs acharnés d'un texte totalement illisible tiennent du funambulisme. Ils expliquent avec une docte assurance que, dans le fond, ce qui arrive n'est que le résultat d'une incompréhension simple : le peuple ne doit jamais avoir raison face à ses dirigeants au prétexte qu'il est ignare et versatile. Rien ne vaut des femmes et des hommes politiques bien formatés et capables de comprendre, eux, le bien-fondé d'un pensum écrit dans un langage dont seuls les technocrates détiennent le secret.
Comment résoudre l'incident irlandais et éviter la paralysie sans isoler un Etat-membre et ses électeurs? Telle est porutant la question au cœur de toutes les rencontres officielles et officieuses. Comment ne pas en vouloir à ces Irlandais qui ont mis en évidence que si, dans bien d'autres pays on avait consulté le peuple plutôt que de choisir la voie parlementaire, on aurait eu... le même résultat ? Comment résoudre ce qui est devenu un casse-tête institutionnel absolument sans rapport avec les préoccupations essentielles de tous les habitants du continent ? En fait il n'y en a qu'un qui se prend pour le Bat Man de l'UE . Avec ses petits bras musclés et ses « 7 cerveaux » et le Kérosène de la République Française il va jouer au redresseur de torts... répétant partout « même pas mal ! Na ! »
Pendant que hier les ministres des Affaires étrangères planchaient sur le sujet à Luxembourg, à Prague, Nicolas Sarkozy donnait dans la langage diplomatique : « Il faut gérer le non irlandais avec calme, sang-froid, ne pas dramatiser, ne pas minimiser », a expliqué celui qui prendra dans un contexte épouvantable dans quinze jours la présidence de l'Union européenne.
Il annonce simplement qu'il va tenter d'arrêter l'hémorragie comme si le plus pressé était de ne pas donner de mauvaises idées aux autres. La contagion populaire pourrait en effet contaminer l'eurocratie installée. « Ce qui compte, donc, c'est que nous évitions d'accroître les conséquences de la décision irlandaise pour éviter absolument une crise européenne et, en même temps, que nous ne condamnions pas l'Europe à l'immobilisme. Personne ne le comprendrait », a-t-il insisté après des entretiens avec les Premiers ministres tchèque, polonais, hongrois et slovaque, le groupe de Visegrad. On peut décoder de manière plus directe : "déconnez pas les gars, quand il y a le feu à la boutique, on ne joue pas avec les allumettes ! " En effet il risque d'y avoir du nouveau à l'Est avec la position slovaque plutôt inquiétante.
VICTOIRE DE LA LIBERTE ET DE LA RAISON
Dès l'annonce des résultats du référendum irlandais, vendredi, Paris et Berlin avaient appelé ensemble à la poursuite de la ratification du traité de Lisbonne. Le président français avait renouvelé samedi son appel pour que « l'incident » ne devienne pas « une crise ». Un bon uppercut peut vous mettre KO si vous ne prenez pas le temps de récupérer. La République tchèque, l'un des huit pays dont les Parlements doivent encore ratifier le texte, a réclamé un peu de temps après le choc du « non ».
« Je crois que ce temps-là, il faut leur donner », a répondu Nicolas Sarkozy hier. « Personne ne doit se sentir acculé, de façon à ce que les positions ne se rigidifient pas ». Encore une fois il faut décoder car ces propos se veulent aseptisés car la crise couve en Slovaquie. Le plus eurosceptique de tous, le président Vaclav Klaus, considère ainsi que le processus de ratification du traité a pris fin avec le « non » irlandais, « victoire de la liberté et de la raison, sur les projets élitistes artificiels et la bureaucratie européenne ». Le pire scénario pour les partisans du Traité serait en effet qu'après l'Irlande, la République tchèque qui doit prendre la présidence européenne après la France, au premier semestre 2009, rejette à son tour le texte. Or les propos de son président ne laisse pas planer le doute : il a bien compris que son peuple aurait aussi repoussé cette Europe lointaine, abstraire, frigide, normalisée, obsédée par le profit lié à une effroyable concurrence affaiblissant des règles sociales.
Il faut « trouver une solution qui ne cache pas les problèmes existants et n'introduise pas dans l'UE un nouveau débat fondamental sur la réforme institutionnelle », a affirmé de son côté le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, en jugeant « très grave » la situation. En fait le président français ne veut surtout pas que l'on suive ce conseil car il sait que si l'on remet sur la table les « problèmes existants » on n'arrivera jamais à régler le différend fondamental entre la vision élitiste qu'ont les « eurocroyants » et les besoins concrets émis par les « eurosceptiques ».
L'EUROPE TOUJOURS NEGATIVE
Ils n'arriveront plus à estomper la méfiance qui existe à l'égard d'une organisation politique qui devait protéger et qui inquiète, qui devait améliorer le sort des plus démunis et qui les condamnent, qui devait garantir l'avenir commun alors qu'il le détruit. Certes ce sentiment relève du même genre que celui de l'insécurité en France avant une élection présidentielle. Nicolas Srakozy l'a entretenu en allant sans cesse sur le terrain promettre des mesures ponctuelles dont il est certain... que ce n'est pas lui qui les refusera mais l'Europe ! Les marins pêcheurs, les agriculteurs, les restaurateurs, les routiers, les employés de tous les services publics... sont devenus anti-européens grâce aux promesses impossibles de Sarkozy. Les Irlandais l'ont senti et ils ont exprimé simplement leur angoisse.
Après avoir présenté leurs condoléances à leur malheureux collègue irlandais, les ministres des affaires étrangères réunis hier à Luxembourg n'ont pas trouvé la clé d'une situation préoccupante. Encore sous le choc du résultat de ce référendum, Michael Martin n'a pas pu dévoiler lundi les intentions de Dublin à ce stade. « Il est beaucoup trop tôt pour parler de solutions ou de propositions », a-t-il dit. « Il n'y a pas de remède à court terme, nous sommes dans une situation difficile ». Il est donc selon l'avis général urgent...d'attendre. « Ce serait risqué de dire que nous allons redonner vie au traité alors que nous sommes devant un blocage », a de son côté reconnu le ministre slovène des affaires étrangères, dont le pays préside l'UE jusqu'au 1er juillet. « C'est le moment de réfléchir et d'analyser un peu » la situation, a-t-il ajouté. Il est donc exclu d'envisager l'entrée en vigueur du traité pour... le 1er janvier 2009, comme prévu en plein euphorie eurocratique. Il existe pourtant une analyse claire qui découle d'une comparaison entre les campagnes française et irlandaise.
LE ROLE DE LA FRANCE
Tout d'abord, la campagne des partisans du "oui" a été très mal orchestrée comme elle l'avait été en France par Chirac et ses alliés de gauche. Elle n'a débuté qu'en mai, lorsque celle du "non" avait commencé dès décembre. Les affiches et les tracts du "oui" étaient très mauvais, ils ne faisaient qu'essayer de faire peur aux Irlandais en les culpabilisant de voter "non" sans donner réellement d'arguments en faveur du "oui". Les partisans du "non" de leur côté ont très bien mené leur barque, avec de vrais arguments concernant le niveau de vie des Irlandais par exemple. Les électeurs ont également eu l'impression que leur souveraineté nationale et les particularismes irlandais étaient en danger face à l'harmonisation européenne. Il est vrai qu'en ce moment les identités nationales en prennent uns secouée avec une commission européenne qui refuse tout aménagement, qui Le fait qu'on les menace implicitement de les faire revoter une seconde fois a été très mal interprété car en 2001, ils avaient rejeté le Traité de Nice lors d'un premier référendum et on leur avait imposé un second tour après leur avoir distillé une leçon de morale européenne. Beaucoup se sont dit qu'on n'aurait jamais demandé à un grand pays comme la France ou l'Allemagne de revoter alors qu'eux on pouvait se permettre de les humilier en méprisant le résultat de leur vote. Or, on le sait l'Irlandais aime bien jouer au ras de la mêlée et distribuer des pignes à ceux qui le prennent pour un dégonflé ! Il avait également un gros doute sur les conséquences de la présidence française. Et ce d'autant que Bernard Kouchner les avait conforté dans le sentiment qu'une fois encore, dans ce tournoi des nations européennes la France sarkozyste les prenait pour des « pipes ».
Lundi dernier, en écoutant la matinale de RTL, on pouvait entendre Kouchner déclarer « qu'il serait très très troublant... "qu'on ne puisse pas s'appuyer sur les Irlandais qui ont tant compté sur l'argent de l'Europe ". Il a ajouté pour faire bonne mesure « qu'ils en ont profité plus que les autres. » Le ministre des Affaires étrangères a également expliqué que « les Irlandais se pénaliseraient vraiment » en refusant le Traité de Lisbonne.
Des réflexions qui n'ont pas beaucoup plu aux partisans irlandais du « non ». Ils ont aussitôt pris l'exemple des déclarations de Kouchner pour démontrer comment le reste de l'Europe fait pression sur l'Irlande pour que le "oui" l'emporte. Et là ils ont trouvé un écho encore plus favorable. Remarquez que 54 % pour le « non » irlandais tiré par les Frenchies alors que hier Nicolas Sarkozy cumulait 60 % d'opinions défavorables dans son propre pays c'est un bon résultat. On n'aurait pas mieux fait en France !
Mais je déblogue...
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commentaires

A
Le refus par les Irlandais du mihi - traité de Lisbonne est une sorte de cataclysme. "Une catastrophe politique" déclarait hier le ministre des affaires étrangères portugais, Luis Almeda, tandis que d'autres, tels notre Président, tentaient d'en minimiser la portée: "même pas mal ! Na !" comme tu le dis Jean Marie.Et pourtant, pour qu'il soit applicable, les termes mêmes du traité prévoient qu'il doit avoir été ratifié par la totalité des Etats membres. Or il se trouve que le seul Etat dont la constitution exige un référendum populaire pour ratifier ce traité est l'Irlande. Et ce petit pays a osé dire NON, malgré toutes les recommandations insistantes qu'on lui avait faites, tout comme il l'avait déjà fait pour le traité de Nice.... sur lequel on l'avait "convaincu" de revoter et tout comme les français et les néerlandais l'avaient fait en 2005.....eux dont le refus a nécessité l'élaboration du mini traité sur lequel on demandait aux irlandais de se prononcer la semaine dernière.Certes, on peut nous expliquer que les partisans irlandais du "non" regroupaient à la fois la gauche radicale, les ultralibéraux refusant une harmonisation fiscale, les nationalistes ne voulant rien lâcher sur la neutralité, la droite catholique redoutant la légalisation de l'avortement et des mécontents de tous horizons....sans compter tous ceux, et ils étaient nombreux, qui ont préféré ne pas aller voter du tout ! Mais n'aurait-on pas retrouvé les mêmes oppositions, en France et dans de nombreux autres pays, et en particulier dans les pays de l'Est, si on avait démocratiquement appelé les citoyens à s'exprimer, et pas seulement les parlementaires?Quoique laissent entendre certains (voir le commentaire ci-dessus), les socialistes, dans leur grande majorité sont  "européens", même et surtout ceux qui avaient voté non au référendum de 2005... Mais il faut bien comprendre que, ce qu'ils veulent, ce n'est pas l'Europe des Etats, de quelques Etats qui se croient supérieurs aux autres et qui entendent tout régenter. Ce qu'ils veulent, c'est l'Europe des Citoyens, l'Europe des europérns, de tous les européens. Et si on veut que tous les européens se sentent concernés, qu'ils soient convaincus que seule une Europe forte et unie réussira à se faire entendre face aux grandes puissances mondiales, il faut se garder de leur proposer des textes incompréhensibles, du genre du mini-traité  de Lisbonne, et leur expliquer, les faire participer aux décisions, leur démontrer qu'ils ont intérêt à ce que l'Europe soit une réussite....et que ce sera l'Europe sociale qu'ils appellent de leurs voeux.En fait, depuis l'élargissement, les plus européens ne sont pas forcément les vieux pays fondateurs, ceux du traité de Rome....Les plus européens sont sans doute à l'Est, dans les pays baltes,, en Pologne, en République Tchèque, eu au Sud, en Espagne et au Portugal. Mais ces pays ont-ils vraiment droit à la parole? Poser cette question, c'est poser la question d'une méthode politique européenne, méthode que l'Irlande vient de mettre en échec. Et cette méthode, c'est celle de l'axe franco allemand.En fait, les deux grands perdants du vote irlandais sont Angéla Merkel et Nicolas Sarkozy! Elle qui avait mis en route la négociation du mini-traité pour sortir de l'impasse politique créée par les référendums négatifs de 2005. Lui, qui, aussitôt élu à l'Elysée, a bruyamment pris le relais, s'appropriant un mini traité qui en fait avait été initié par l'Allemagne. Et voilà un nouvel échec pour le couple franco allemand. Or, derrière cette gestion à deux, on ne distingue aucun projet politique commun, et c'est ce qui a provoqué les déraillements successifs de l'Union Européenne. Jacques Chirac disait déjà que les anciens pays de l'Est n'avaient que le droit de se taire, que les Britanniques étaient au mieux des Américains déguisés, et que l'Italie, la Grèce et l'Espagne étaient de jolies destinations touristiques...Alors, que faire maintenant? Ou bien on s'en tient aux règles fixées par les pays européens eux-mêmes, et qui impliquent l'unanimité des états membres pour que le traité puisse être ratifié....C'est juridiquement la seule solution satisfaisante. Ou bien on poursuit les ratifications par les Etats, mais il semble que certains, confortés dans leurs hésitations par le vote Irlandais, aient bien envie de dire non eux aussi. Ou bien, comme le suggère Jean Pierre Jouyet (...et il se dit socialiste...) on reprend une concertation franco allemande pour "un arrangement juridique" qui permetrait d'enfouir le non au fond d'un tiroir et de continuer comme si de rien n'était.... mais cette solution ne manquerait pas d'ouvrir la voie à d'autres échecs. Et les européens, dans tout cela, n'auront-ils jamais leur mot à dire? On peut compter sur notre Président qui-sait-tout et qui décide-tout-tout-seul pour ne demander l'avis de personne, convaincu qu'il est qu'il sera le Sauveur de l'Europe, comme il pense être celui de la France.Au fait, le résultat de l'équipe de France de football qu'il avait encouragée n'annonce rien de bon pour le déroulement de  sa Présidence de l'Union Européenne......
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M
Le non Irlandais au traité de Lisbonne, résulte d’une alliance baroque et  conjoncturelle entre  l’extrême droite et l’extrême gauche, auxquels se sont joints des citoyens inquiets, désabusés ou voulant manifester leur opposition à leurs dirigeants. Ce vote est une mauvaise nouvelle pour l’Europe car il lui interdit (au moins pour l’instant) d’adopter des  règles de fonctionnement plus démocratiques et plus efficaces lui donnant notamment la capacité de jouer un plus grand rôle sur la scène internationale,  de prendre davantage de  décisions et de mener des politiques communes. Pourtant, la victoire du non en Irlande n'est pas une  catastrophe et elle ne conduit pas  l’Europe dans l’impasse.<br />   D’abord il faut observer que si le rejet Irlandais nous impose d’en rester pour l’instant aux règles fixées par le traité de Nice.  il  ne remet pas en cause l’essentiel, l'Europe continue. <br />  <br /> Ensuite, il serait inconcevable que  le rejet du traité par un des plus petits pays de l’Union Européenne, interdise définitivement son application.  Il faut, dans un premier temps, que les ratifications continuent dans les autres pays et la Grande-Bretagne vient de donner à ce sujet un signal positif. Une fois le traité ratifié par 26 pays, des négociations pourront s’engager avec l’Irlande, visant,  soit à la faire, si elle l'accepte, revenir sur son vote, soit  à l'amener à accepter, une « mise en congé » provisoire ou   une « situation particulière » au sein des  membres de l’Union. Cela exigera un peu d’imagination juridique et surtout une unité sans faille et une même volonté de la part des 26.  <br /> La France a un rôle particulier à jouer. Nicolas Sarkozy a joué un rôle positif et  déterminant dans la proposition puis  l’élaboration et la signature du traité « simplifié » de Lisbonne.  Les hasards du calendrier font qu’il lui appartient  de permettre à l’Europe de réagir face à cet échec de dernière minute. La France se trouve présider l’Europe pour les 6 mois qui viennent. Elle doit, pour compenser cet échec institutionnel, faire de sa présidence un succès de l’action concrète, permettre des avancées importantes et visibles de l’Europe sur les sujets qui font partie de ses priorités : défense européenne, Union pour la Méditerranée, politique concertée d’immigration, politique de l’énergie, de l’innovation, du développement durable, politique agricole commune, mais aussi recherche d’une réponse européenne à l’augmentation des prix du pétrole, qui touche durement tous les européens.   La présidence française, placée sous le signe de « l’Europe protection » doit montrer aux peuples Européens, y compris et particulièrement aux Irlandais, que l’Europe peut faire de grandes avancées sur des sujets concrets qui concernent très directement  la vie des citoyens, leur bien-être et leur développement. Ce sera la meilleure façon et la plus utile, de répondre à ce vote de défiance et peut-être d'en préparer un nouveau (et différent) .  <br />  <br /> Une grande responsabilité repose sur les épaules du Président et de son gouvernement. Ils devraient pouvoir compter sur le soutien de l’ensemble des forces politiques françaises, celles au moins qui veulent le succès de l’Europe.<br />
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