Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 juin 2008 3 18 /06 /juin /2008 07:38

Il n'y a pas de bonne journée qui ne commence pas par un rituel. C'est rassurant de pouvoir retrouver un repère qui vous permet de considérer que non seulement vous êtes encore de ce monde mais que vous pouvez aussi y trouver de menus plaisirs. Chaque maton après avoir écouté les informations sur deux stations différentes et avoir complété cette quête pas le journal matinal de Canal + beaucoup plus intéressant que Télématin trop figé et conventionnel je file vers la mairie. Créon est souvent vide. Je n'y retrouve que deux ou trois habitués déjà postés pour recueillir les « nouevelles » du village lors d'entretiens avec les passants pressés. Ils me distillent au passage quelques unes de leurs trouvailles plus ou moins précises mais très souvent globalement exactes. La journée n'a pas encore commencé tant que la gentille femme de ménage qui œuvre dans les bureaux ne me propose pas ma première tasse de... café !
Impossible de démarrer réellement sans ce plaisir plus ou moins tributaire de mon emploi du temps. L'habitude me paraît toujours mauvaise conseillère mais que voulez vous elle rassure. Cette première « dose » s'accompagne d'un survol de la rubrique locale du quotidien régionale. Il me faut aller dépouiller les mails arrivés avant de redescendre ouvrir le courrier. En général beaucoup de pub, beaucoup de factures, pas mal de circulaires plus ou moins compliquées et... Deux à trois demandes d'emplois dans le secrétariat et à l'école maternelle, histoire de me confirmer que les statistiques en baisse du chômage ressemble à un conte de fées pour midinettes. Il est temps de se pencher sur la seconde double tasse qui est en général bien meilleure que la première car plus « infusée ». Il lui manque cependant la chaleur bienfaisante de celle qui a précédé.
Le café remet du soleil dans l'eau froide des débuts de matinée et permet au groupe d'employées regroupées autour de la table de s'exprimer sans aucune retenue.
Incontestablement les minutes passées autour des tasses plus ou moins grandes, plus ou moins sucrées, plus ou moins fumantes ne sont jamais perdus car ils appartiennent à cette notion d'équipe indispensable à la vie collective bien comprise. Le café demeure pour moi l'élixir du partage, celui qui permet justement de réguler les caractères forcément différents constituant un groupe organisé. C'est grâce à lui que l'échange s'instaure alors que le thé ou l'infusion restent les boissons de la discrétion et des solitudes compassionnelles.
C'EST BON POUR LE MORAL
A midi je remplace l'ouverture par la conclusion avec à nouveau une double dose plus jouissive. Elle vient en complément d'un espace temps plus ou moins tendu. Le repas ne se conçoit pas sans ce point d'orgue sur lequel tout peut aisément basculer. Un café de mauvaise qualité gâche inexorablement tout ce qui a été dégusté. C'est une fausse note, pour moi, impardonnable car elle relève d'une méconnaissance absolue de la nécessité d'aller jusqu'au bout des choses pour les rendre crédibles. L'instant doit être bref, brûlant, corsé, authentique pour donner du sens à tout le reste. Il n'en demeure pas moins qu'à l'approche de la demi-douzaine de petits « noirs » dans une journée on risque de culpabiliser dans cette société de la modération en tous genres. La santé étant devenue l'entrave principale au plaisir il faut bien trouver une raison de... se sevrer. Le tabac, le vin, tentations du « diable » attendent leur « ami » café pour allonger la liste des interdits salvateurs.
Or hier bonne nouvelle pour les buveurs de café : il serait même bon pour la santé, il n'accroît pas le risque de décès, chez les hommes comme chez les femmes, selon des chercheurs espagnols. Loués soit ces chercheurs qui on enfin trouver une excuse valable à ma faiblesse ! Ils ont en effet mené une étude sérieuse sur les effets de la consommation de café sur la santé des adeptes du petit noir du matin ou d'après le repas et ils estiment que la consommation de café n'accroît pas le risque de décès, et qu'il serait même bon pour la santé. Consommer régulièrement de ce breuvage venu du Nouveau Continent ne présenterait pas un risque plus élevé de mortalité, que ce soit pour les femmes comme pour les hommes. Il serait même bon pour la santé, notamment au niveau des risques liés aux maladies cardiaques !
Ces chercheurs, sous la houlette d'Esther Lopez-Garcia de l'Université de Madrid en Espagne, ont suivi 84.214 femmes américaines de 1980 à 2004 et 41.736 hommes américains de 1986 à 2004. Selon les résultats de cette importante étude, le fait de consommer du café sur le long terme ne ferait pas augmenter le risque d'un décès prématuré. Selon ces chercheurs, les consommateurs de café, et plus particulièrement les femmes, ont vu leur taux de décès en raison d'une maladie cardiaque légèrement diminuer. La consommation régulière de café, six tasses par jour, ne serait donc pas associée à un taux de décès plus important. Ouf, j'ai enfin la preuve que je me soigne avec ma demi-douzaine d'expresso !
L'EXEMPLE DU BURUNDI
Le problème c'est que désormais, au rythme de l'inflation les cafés vont coûter des sommes folles comparées au volume proposé. En effet, c'est bientôt un luxe, dans certains bars de s'offrir au comptoir son caoua du matin ! On arrive parfois à 3 € comme si les matières premières avaient connu une envolée spectaculaire. Le prix d'un kilo de café cerise au producteur va passer de 250 à 300 Francs burundais (1 dollar vaut 1.170 Francs burundais) au Burundi. Cette décision s'inscrit dans le cadre d'une série de mesures gouvernementales visant à motiver les caféiculteurs touchés dans ce pays comme dans d'autres par la crise de 2003 qui avait vu les cours s'effondrer.
Le Burundi tire l'essentiel de ses devises de la vente du café sur les marchés internationaux et d'autres cultures secondaires d'exportation, comme le thé et le coton.
De même, les caféiculteurs vont voir le prix d'un kilo de café séché et traité passer en 2008 de 920 à 1.300 Francs burundais ce qui devrait limiter l'évasion de ce produit agricole stratégique dans l'économie nationale vers les marchés extérieurs et concurrentiels. Les caféiculteurs de ce petit pays doivent également tirer profit des cours mondiaux du café qui sont actuellement bons, d'après la même source. Par contre, la production de café attendue en 2008 ne devrait pas dépasser 8.000 tonnes contre plus de 30.000 tonnes la saison précédente. Il en va de même ailleurs. La renégociation de l'Accord international sur le café qui date de 2001 et qui arrive à échéance le 20 septembre prochain était au cœur des réunions de l'Organisation internationale du café (OIC) qui se sont déroulées à Londres du 21 au 25 mai. Une renégociation qui avance bien, selon le directeur exécutif de l'Organisation, Nestor Osorio, reconduit dans ses fonctions pour un nouveau mandat de 5 ans.
Selon ce dernier, les membres s'étaient déjà mis d'accord sur environ 80% du nouvel accord lors des précédentes réunions en janvier et mars, et de bonnes avancées auraient été faites la semaine dernière lors de réunions très confidentielles. L'OIC avait annoncé que cette réunion de mai était la date butoir pour faire de nouvelles propositions après une période très délicate entre 1998 et 2004. L'embellie s'est poursuivie pour les producteurs, au point de couvrir de manière croissante les coûts de production de nombre d'entre eux. Dans ce contexte, on en viendrait presque à considérer comme une « histoire ancienne » cette crise récente. Et pourtant...
RIEN N'EST ETERNEL
Considérer le temps de la crise comme une époque désormais révolue serait faire preuve de naïveté. Tout d'abord, notons que pour la campagne 2006-2007, la production caféière du Brésil (premier producteur mondial juste devant le Vietnam) devrait selon toute vraisemblance augmenter. Les prix mondiaux du café résultant, tout comme ceux des autres matières premières agricoles, du libre jeu de l'offre et de la demande, ils devraient donc connaître une baisse en 2006.
Les producteurs sont inquiets, comme en témoignait par exemple ce propos d'un cultivateur du Costa Rica dans la chronique des matières première du 23 septembre 2005 de Radio France International : « Je suis très inquiet, parce que quand le Brésil annonce une augmentation de sa production, on n'a plus l'enthousiasme pour notre activité » Ensuite et surtout, il est bon de rappeler que c'est le lot inévitable de tout marché « libre », comme l'est le marché mondial du café depuis la fin de l'Accord International du Café (AIC) en 1989, que d'être en proie à l'instabilité des prix internationaux. Une instabilité qui comme telle, suppose nécessairement des hauts et des bas en permanence, lesquels découlent de l'influence d'une multiplicité de facteurs susceptibles d'accroître ou de diminuer à tout moment les volumes de l'offre ou de la demande, et donc leur rapport.
Par conséquent, la hausse constatée des prix du café sera nécessairement suivie, tôt ou tard, d'une... baisse qui ne se répercutera pas, soyez-en certains, sur le prix de votre petit noir matinal ou sur celui qui vient compléter la marge de votre restaurateur. Ce sont en effet 34 % nets de la somme payée qui lui revient tous frais payés quand vous acquittez le prix de votre tasse. Voilà qui devrait réjouir les tenanciers de bars, qui voient leurs comptoirs désertés depuis l'entrée en vigueur de l'interdiction de fumer dans les lieux publics. En effet, quel endroit est mieux adapté pour consommer son petit café... qu'un café ? Demain le mien aura une saveur particulière : celle de la liberté. C'est tellement rare en cette période que j'en reprendrai probablement un troisième ; dame, si le café allonge la vie autant que j'en profite !
Mais je déblogue...

Partager cet article
Repost0

commentaires

A
Ce matin, j'ai lu avec avidité ta chronique sur le café... J'y ai retrouvé toutes les saveurs et les plaisirs d'un bon café, à l'italienne....Je sais que tu ne renies jamais tes origines italiennes, et ce goût du café et du rituel qui l'entoure en est une preuve supplémentaire, s'il en était besoin...Je sais. J'ai été mariée  pendant 35 ans avec un italien...et c'est lui qui m'a appris à faire du bon café, et à l'apprécier. Alors, ce matin, après avoir avalé -comme une purge - mon thé de 6h30.....et vaqué, sans enthousiasme, à diverses occupations ménagères, je me suis installée devant mon ordinateur..... pour y lire ta chronique dès que tu l'as mise en ligne. Et, faisant fi des recommandations de mon actuel médecin traitant, je me suis immédiatement précipitée sur ma machine à café, réservée depuis quelques années au seul café qui clos mon repas de midi. et je me suis fait un bon et vrai café.... à l'italienne, suivi quelques minutes plus tard d'une seconde tasse bue en compagnie de ma femme de ménage, italienne elle aussi, et qui sait apprécier...J'ai connu, comme toi, le plaisir de ces petits cafés du matin, pris en compagnie de mes collaborateurs, au bureau, ces moments de libre conversation et de chaleur partagée avec ceux en compagnie de qui on va ensuite partager une journée de travail. Depuis la retraite, j'avais oublié... et la lecture de ton texte de ce matin m'a rappelé de très bons souvenirs. Je n'y ai pas résisté....Au surplus, pour te déculpabiliser , et déculpabiliser tous ceux qui ne résistent pas à une bonne tasse de café, je vais vous conter une petite anecdote qui conforte l'étude des chercheurs espagnols que tu cites, sur les bienfaits du café, et qui date de mai 1992....Opérée alors, à la suite d'une grave insuffisance mitrale qui m'a handicapée durant de longues années, j'ai passé quelques heures sur la table d'opération, pas très sûre, quand on m'a endormie, que je me reveillerais. Je me suis réveillée....toute surprise d'être encore là, et lorsque j'ai entr'ouvert un oeil, mon chirurgien était pràs de moi, penché sur mon lit, dans cette salle de réveil pleine d'instruments plus barbares les uns que les autres,, réservée en principe aux transplantations cardiaques et dont je garde un souvenir précis...Je lui ai demandé à boire....et il a prié les infirmières de me préparer un café "bien fort". Je n'avais pas envie de café. J'avais envie d'eau. Mais j'ai bu son café...car on ne résiste pas au Professeur Kreimann (il n'est pas italien, mais alsacien...). J'ai eu mon eau après. Et le Professeur Kreitmann m'a expliqué que le café est un toni-cardiaque, et que toutes les "bêtises " que l'on raconte sur ses effets néfastes sur le coeur et les troubles du rythme ne sont que fariboles... J'en ai pris bonne note, et depuis, je m'en suis plutôt bien portée. Alors, n'hésitez pas trop.Si depuis j'ai réduit ma consommation de café et remplacé les cafés du matin par du thé,...c'est plutôt pour affronter les choses qui fâchent avec plus de calme et de sérénité.Mais, aujourd'hui, il me fallait bien quelques petits cafés pour participer ce soir à une réunion de section qui , comme depuis quelques mois, ne s'annonce pas comme particulièrement sereine....
Répondre