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12 août 2008 2 12 /08 /août /2008 08:18

Impossible de considérer que la politique étrangère menée depuis seize mois par Nicolas Sarkozy a ramené la France dans le giron des pays qui comptent dans le monde. C'est une succession de courbettes pour obtenir des subsides prometteurs, mais non assurés, qui tourne le plus souvent au fiasco face aux contraintes de la réalité du comportement. Le langage diplomatique ne permet pas de compenser tous les silences, les compromissions, les arrangements, les échanges pour ne pas dire les trocs, et les déclarations tapageuses contradictoires. Si on effectuait, sur un planisphère, les allées et venues planétaires à coup d'ailes, et qu'on les accompagnait de leurs résultats concrets, quelques mois plus tard, on découvrirait l'ampleur de la catastrophe. Des reculades en pagaille, des contradictions à la pelle, des faiblesses coupables pour des poignées de mains médiatiques sans lendemain.
Par exemple, en octobre dernier il est allé à Moscou pour donner une leçon à celui qui fut présenté comme son ami de toujours. Nicolas Sarkozy à peine arrivé à sa datcha, située dans la banlieue de Moscou, Vladimir Poutine avait joué la complicité avec son homologue. Pour marquer le climat de détente qu'il voulait instaurer entre les deux hommes, malgré les déclarations critiques du locataire de l'Elysée sur sa politique, le président russe l'a emmené faire le tour de sa résidence en 4x4. « On peut faire du sport ensemble », a lancé le chef du Kremlin. « Tu cours ? », lui a alors demandé Nicolas Sarkozy. « Non, moi je nage », a répondu Vladimir Poutine. « Et tu nages tous les jours ? », a poursuivi son invité. « J'ai une piscine ici, je vais te faire tout visiter» .  De quoi changer la face du monde!
Vladimir Poutine a alors invité son hôte à monter à bord de sa voiture, un 4x4 Mercedes, et a démarré sur les chapeaux de roue, tous feux éteints, avant de rouler dans les allées de la résidence. Après cette entente cordiale, les deux hommes ont abordé les sujets sérieux, lors de leur dîner de travail. Pendant trois heures, ils ont balayé les principaux sujets qui les ont publiquement opposés ces derniers mois, comme le nucléaire iranien, le Kosovo ou les droits de l'Homme en Russie. "On a eu une très longue discussion, détendue, approfondie, franche, passionnante", a déclaré Nicolas Sarkozy à l'issue de l'entretien. « Nos positions se sont très fortement rapprochées (...), j'ai vraiment senti une convergence », notamment sur le Kosovo, avait-il poursuivi, se refusant de donner plus de détails sur le fond de ces conversations. Même une cuite prise à la vodka en marge d'un G8, totalement incapable de gérer autre chose que les places sur la photo de famille,  n'a rien changé à l'affaire.
SE COURBER POUR GRANDIR
Poutine fait ce qu'il veut, comme Khadafi fait ce qu'il veut, comme Hu Jintao fait ce qu'il veut, comme El Assad fait ce qu'il veut, comme Bush fait ce qu'il veut, comme Mugabe fait ce qu'il veut. Le ni vu, ni dit, ni entendu français, déjà appliqué par les fameux trois singes, ne modifient en rien les décisions des « amis » passagers de Nicolas Sarkozy. Pas un continent avec lequel la France maintient des relations solides et utiles. On peut considérer que le seul qui demeure fidèle à notre « guide suprême » reste son Altesse Cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani, Emir de l'Etat du Qatar, qui aurait réglé l'ardoise libyenne.
Si vous considérez que ce n'est pas de la diplomatie de haut niveau, c'est que vous n'y connaissez rien. Talleyrand doit se retourner dans sa tombe. Lui qui avait eu ces paroles, décrivant parfaitement les événements actuels : « on connaît, dans les grandes cours, un autre moyen de se grandir : c'est de se courber». Il semble que le principe ait traversé, intact, les siècles !
Echecs en tous genres. Avec Poutine, qui veut uniquement renforcer sa puissance économique en se servant de l'Ossétie comme prétexte; avec Hu Jintao, qui a probablement déjà fait brûler la liste des prisonniers que lui a adressé Cohn-Bendit via Nicolas, le commissionnaire pressé; avec Khadafi, qui continue à tirer les ficelles dans la région sahélienne de l'Afrique; avec Bush, qui ne représente plus rien à l'aube des élections américaines; avec El Assad, qui n'a pas renoncé à ses agissements secrets; avec Merkel, qui savonne la planche à billets européenne; avec Berlusconi, l'ami qui veut du mal aux Roms et aux immigrés; avec Mahmoud Ahmadinejad, qui ne rêve que de faire la bombe ! La barque royale française prend l'eau de toutes parts, avec une Europe totalement incapable de réagir.
ARMONS-NOUS PARTEZ !
D'ailleurs, on a vu combien Poutine avait peur des sanctions internationales que...personne ne peut prendre contre lui, car il ravitaille une Europe exsangue en gaz, et qu'il sait que la chienlit internationale provoquée par la crise économique bloque toute initiative ! Comment ne pas lui donner raison, quand on constate la vigueur avec laquelle les « grands » ont protesté face aux Chinois ?
Ces gentils organsiateurs ont conduit leur politique à leur guise, ne traitant aucun des problèmes soulevés, et surtout ne concédant rien de notable à ces nations qui osaient leur donner des leçons. Sur le Tibet : dans quelques jours ils emprisonneront, réprimeront, exileront à leur guise. En Ossétie, les Russes bombardent une Géorgie, à qui l'Occident a certainement clamé : « Armons nous et... partez ! » , en lui offrant l'assurance que sortir de la tranchée, c'est une preuve d'attachement à ce libéralisme occidental qui donnera le bonheur au peuple.
Personne ne peut en effet imaginer que Mikheïl Saakachvili n'ait pas consulté Washington avant de se lancer dans son offensive militaire. Maintenant, le mal est fait, et l'on ne reviendra plus en arrière. Les Géorgiens règleront la facture au prix fort, dans l'indifférence générale. « En politique, ce qui est cru devient plus important que ce qui est vrai » affirmait encore Talleyrand, et je crois qu'il va falloir que l'on médite à Tbilissi sur ce principe diplomatique extrêmement réaliste.
Le poids de l'Europe est quasiment nul, et en se rendant à Moscou, le président en titre pourra à nouveau dialoguer avec Meedvedev qui, dans les faits, n'a aucun pouvoir. Il recevra poliment son hôte, incapable de présenter la position solide, cohérente, d'une Europe éclatée. En fait, il ira simplement secouer son homologue géorgien, en lui rappelant que Talleyrand avait prévenu : « Qui n'a pas les moyens de ses ambitions a tous les soucis ». Il en sait quelque chose !
AUCUNE COHERENCE
Le président français est déjà confronté à un autre obstacle : parvenir à un accord au sein de l'UE, qu'il a vainement recherché après le non irlandais au traité de Lisbonne. L'Italie, où le premier ministre Silvio Berlusconi a toujours affiché une grande complicité avec son ami russe de toujours Vladimir Poutine, a déjà menacé ceux qui constitueraient une « coalition européenne anti-russe ». Tout en soutenant officiellement la démarche de son admirateur zélé, la chancelière allemande Angela Merkel a insisté sur la nécessité d'un retrait complet des Géorgiens d'Ossétie.
D'un autre côté, les pays baltes et la Pologne, anciennes nations satellisées de la Russie, ont dénoncé vivement la riposte militaire. Du vrai chef du Kremlin. Leurs présidents, accompagnés du chef de l'Etat ukrainien, ont même annoncé leur intention d'aller à Tbilissi apporter leur soutien aux Géorgiens. Faire en sorte que l'UE parle d'une seule voix sera totalement impossible, et Poutine le sait. Les USA, eux, sont occupés à faire les yeux doux au panda chinois, et comptent les médailles de Phelps.
Les 2000 morts d' Ossétie attendront que les J.O. soient terminés. Ils ne vont pas perturber une si belle moisson en se fâchant avec des Russes, dont tous les athlètes dopés sont restés à la maison. De ce côté-là, Nicolas Sarkozy est libéré : Laporte et Bachelot veillent à Pékin. Et c'est du sûr ! Ils ont prévu 35 médailles, soit beaucoup moins que celles que Poutine remettra à ses militaires qui avancent victorieusement au cœur de la Georgie. Qu'il ne fasse pas trop le malin, car nous, en France, on a désormais un trio d'archères « bronzées » à Pékin qui pourrait aller lui donner la réplique ! Ce sesont de précieux renforts de cette olympiade de paix face aux tanks russes.
Mais je déblogue...

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commentaires

A
J'aime bien ce mot de Talleyrand que tu cites, et qui s'applique, en effet très bien à la situation actuelle : " on connaît, dans les grandes cours, un autre moyen de se grandir: c'est de se courber"....Pour ce qui est de se courber, Sarkozy... et Kouchner, s'y connaissent en effet ! Mais attention, dans un cas comme dans l'autre, ces messieurs, même ,s'ils montent sur leurs ergots, toucheront vite le sol. Il suffisait d'entendre la conférence de presse de Sarkozy, chez Meedvedef, tout à l'heure, pour comprendre qu'il s'était tellement courbé qu'il avait atteint la position couchée....L'agitation que déploie notre Président, que ce soit comme représentant de la France, ou comme représentant de l'Union Européenne, n'impressionne personne, ni la Russie, ni la Chine, ni les Etats Unis....ni même les français; et ce ne sont pas les prestations brillantes de nos sportifs qui vont rendre les autres nations admiratives envers la France. Toujours pas d'or! juste quelques médailles en argent ou en bronze... comme celle de nos archères...Aucun motif, donc,  pour les français de se réjouir, ni sur le plan politique, ni sur le plan diplomatique, ni sur le plan sportif. Il va falloir trouver autre chose pour sortir de notre morosité.
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