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28 août 2008 4 28 /08 /août /2008 07:37

Le libéralisme est une théorie de gestion économique qui ne s'assume jamais. En France, avec son élection, Nicolas Sarkozy en a fait la référence majoritaire puisque tout son programme vise à rétablir la vérité de la loi du marché. Libre concurrence, fixation du prix des matières premières selon la demande et l'offre, contribution solidaire du milieu économique à la vie collective réduite au minimum, augmentation des profits au détriment de toute autre forme de progrès... ces références alimentent sans cesse les réformes gouvernementales sauf que le système ne tourne plus rond. Toutes les catégories sociales qui, à ce jour, ont accepté la mise en œuvre d'un tel système sont d'accord sur un seul point : qu'il s'applique aux autres ! La moindre crise diminuant les profits n'est en rien assumée, au prétexte que les revenus doivent être si ce n'est améliorés, au minimum garantis.
Les producteurs de blé, de lait, de vin, d'huîtres, de foin, de myrtilles ou de haricots verts, tous enthousiasmés par une forme de libéralisme leur promettant de ne plus payer de charges, d'impôts fonciers, se tournent vers l'Etat pour solliciter des aides institutionnelles leur permettant de boucler leurs fins de mois. Les industriels espèrent que leurs licenciements seront compensés par des mesures sociales, imposées par l'augmentation du nombre de chômeurs. Les PME espèrent des exonérations toujours plus flagrantes de charges, sans se rendre compte qu'au bout du chemin, faute de pouvoir d'achat, les employés, les ouvriers ou les cadres ne participent plus à un système reposant essentiellement sur la... consommation !
Dans cet ordre d'idée Laurence Parisot, grande prêtresse du patronat angoissé par ses marges de manœuvre, a clairement annoncé la couleur. Dans un entretien au Journal du dimanche du 24 août, la présidente de l'organisation patronale dénonce en effet le retour de la « vision étatiste » et « certains signaux » jugés « inquiétants » en provenance de Matignon, comme si Fillon était brutalement devenu un ardent partisan de l'interventionnisme public. « Avec l'augmentation des prélèvements obligatoires, l'étatisme se renforce et nous nous en trouvons affaiblis », affirme celle qui n'espère d'un gouvernement que des exonérations toujours plus fortes, non pas pour accroître la compétitivité des entreprises ,mais les profits des actionnaires.
Peut-on assurer par exemple que le montant des exonérations sur les heures supplémentaires est systématiquement réinvesti dans l'entreprise ? A ce jour les réformes de ce genre se sont révélées négatives, puisque la compétitivité n'a cessé de baisser si l'on se réfère aux résultats de la balance commerciale. Les PME françaises exportent peu, et pas obligatoirement à cause des coûts de fabrication, mais plus certainement en raison de la faiblesse de leurs réseaux commerciaux dans lesquels elles répugnent à investir !

LE REVEIL DE CHEREQUE
« Attention à ne pas passer de l'échec de l'Etat-providence au fantasme de l'entreprise-providence » a prévenu la présidente du Medef en faisant référence au chèque transport potentiel, et surtout à l'imposition de 1 % sur le capital que voterait un parlement de droite en faveur de la mise en place du RSA. Il est exact qu'avec des dizaines de milliers de suppressions de postes de fonctionnaire, « l'Etat-providence » paraît bel et bien déjà condamné alors qu'il a été restauré pour les bénéficiaires du boucler fiscal. Car si ça, ce n'est pas un « Etat-providence », c'est à ne rien piger aux vertus du libéralisme. Quant à « l'entreprise-providence" ,il faut demander ce qu'en pensent les licenciés putatifs ou de précaution de chez Ford à Blanquefort ou de Renault à Sandouville ! En fait le libéralisme est foncièrement hostile à toute autre forme de solidarité que celle dévolue au profit.
On entend enfin des syndicalistes qui tentent de répondre à ce façonnement constant de l'opinion dominante voulant que toute aide aux actionnaires soit profitable aux salariés. Un mythe qui circule, mais dont on n'a jamais pu vérifier la moindre efficacité. François Chèrèque de la CFDT a récemment déclaré que « la présidente du Medef Laurence Parisot, qui a dénoncé "un échec de l'Etat providence », en estimant que cette providence bénéficie surtout au patronat, via des milliards d'allègements de charges". C'est à croire que brutalement le secrétaire national de la CFDT, ardent partisan de la négociation, vient de constater qu'il ne cesse de se faire rouler dans la farine gouvernementale.
« Je n'étais pas encore secrétaire général, que le Medef tenait le même discours sur le rôle de l'entreprise dans l'Etat providence. Laurence Parisot ne fait que reprendre une thématique forte », a déclaré François Chérèque devant la presse, en marge de l'université d'été de son syndicat à Dourdan. Il aurait pu demander des conseils aux plus anciens membres de la CFDT, qui lui auraient évité cette Lapalissade dramatique car elle constitue un aveu d'impuissance.
Etait-il nécessaire d'attendre si longtemps pour annoncer que, selon lui : « la présidente du Medef oublie de dire que les entreprises bénéficient de 24 milliards d'euros d'allègements de charges, sans aucune contrepartie maintenant alors qu'avant elles étaient en contrepartie du temps de travail et que les heures supplémentaires sont maintenant détaxées et défiscalisées, ce qui fait 6 milliards d'euros en plus », a-t-il ajouté.
« Je trouve que « l'Etat providence », il est « Etat providence » pour le patronat. Si  Laurence Parisot veut remettre en cause cet Etat providence-là , alors on est prêts à en discuter", a-t-il ironisé. Cette mascarade mérite-t-elle l'ironie, alors qu'elle aggrave quotidiennement la situation économique d'un pays incapable d'assumer ses contradictions. Ce contexte qui se dégrade va tout simplement multiplier les appels à l'intervention de l'Etat qui, privé de toute marge de manœuvre se révélera incapable de proposer autre chose que des effets d'annonce jamais suivis des faits.

LA PROVIDENCE DE SAINT NICOLAS
En fait, Laurence Parisot a parfaitement raison. Il faut mettre fin à l'Etat providence. C'est ainsi que parfois des actes décidés ou proposés par Nicolas Sarkozy relèvent d'une véritable... providence divine. François Chérèque, affirme aussi que Nicolas Sarkozy a envisagé une loi d'amnistie pour les bénéficiaires des financements occultes de l'UIMM (patronat de la métallurgie), dans un livre à paraître début septembre.
Il rapporte différentes conversations avec le chef de l'Etat, notamment en avril 2004 sur la privatisation partielle d'EDF-GDF, mais aussi, le 26 octobre 2007, un mois après la révélation d'importants retraits d'argent liquide sur des comptes de l'UIMM entre 2000 et 2007. L'enquête est toujours en cours et neuf personnes sont mises en examen.
« Ce jour-là, écrit François Chérèque, Nicolas Sarkozy me dit : « Bien entendu, il faudra en passer par une loi d'amnistie, comme ça a été le cas pour les hommes politiques avant la loi sur le financement public des partis ».
François Chérèque comprend alors que le président de la République « lui tend la perche" au cas où la CFDT aurait pu déraper. Le leader CFDT « imagine aussi » que Nicolas Sarkozy « ne doit pas être sans savoir que cette caisse de l'UIMM a servi à rémunérer des hommes politiques pour bons et loyaux services ». Le conseiller social du président, Raymond Soubie, présent lors de l'entretien, enfonce le clou et laisse entendre que le nom d'un militant de la CFDT pourrait apparaître dans l'affaire. Si ça, ce n'est pas de « l'Etat providence » c'est à désespérer de tout.

DECISIONS PROVIDENTIELLES PERMANENTES
Dans le cadre des bienfaits de « l'entreprise providence » on a eu hier un panel révélateur de cette tendance.
ERDF, filiale d'EDF chargée de la distribution de l'électricité, réclame par exemple une augmentation de ses tarifs de 15,1% pour rénover son réseau, affirme La Tribune de hier. La filiale qui gère 95% de la distribution de l'électricité produite par EDF en France propose d'étaler cette hausse sur trois ans, selon le quotidien économique. Dvinez pour qui sera la... providence.
Une rentrée à l'université n'est jamais facile, surtout lorsque l'on apprend quelques jours avant que la bourse sur laquelle on comptait va être très difficile à obtenir. C'est le cas des 2 500 étudiants handicapés boursiers, pour qui les critères d'attribution des bourses ont été modifiés. En effet, les points de charge supplémentaires, de deux à quatre selon le handicap, qui leur étaient accordés ont été supprimés. Certains auront donc une bourse rognée, d'autres n'auront plus de bourses du tout. Il va falloir avoir recours à la « providence » pour une modification des textes pourtant pondus par le Ministère. Pour les autres catégories aussi, car en fait les études ne peuvent plus se concevoir sans un « boulot » permettant de survivre lorsque la famille ne peut pas... payer !
En fait le libéralisme n'a pas d'autres visées que celles de créer une insécurité sociale généralisée qui rend les femmes et les hommes d'un pays inertes et apeurés par les conséquences éventuelles d'un engagement citoyen contestataire. Mais c'est le financement de la protection sociale qui sera le dossier le plus révélateur de la rentrée. Le Medef milite pour que les entreprises cessent de contribuer à la politique familiale et plaide pour un transfert progressif du financement de l'assurance-maladie des entreprises vers... les ménages.
Le patronat a ainsi critiqué le prélèvement exceptionnel de 2 milliards d'euros sur les organismes complémentaires pour réduire le déficit de la "Sécu". Le Medef craint que cette mesure ne se traduise par une hausse des cotisations des contrats de prévoyance conclus par les entreprises pour leurs salariés. Il semble que Laurence Parisot ait une fâcheuse tendance à croire volontairement que la solidarité doit être... remplacée par cette notion de providence, car si l'une relève de la responsabilité humaine, l'autre ne saurait être que divine !
Mais je déblogue...

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