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27 décembre 2008 6 27 /12 /décembre /2008 07:17

Il y a quatre ans, le monde abasourdi, découvrait les ravages matériels et humains du tsunami, phénomène exceptionnel que la planète n'avait encore  connu. Des milliers de vacanciers engloutis provoquèrent le véritable choc d'un événement climatique qui n'aurait pas nécessairement déchainé autant de compassion si seuls des autochtones en avaient été les victimes. La compassion se tourne véritablement vers la proximité, car sinon nous ne laisserions pas dépérir partout des femmes et des enfants en proie à une famine dont personne ne veut parler.
Quatre ans après, les larmes ont été séchées et la page a été tournée. Entre le rendez-vous de Noël et celui du Nouvel An, on dresse la liste d'autres victimes. Il n'est pas certain qu'une opération humanitaire ne soit pas nécessaire, tellement leur situation est préoccupante. Ils n'ont plus rien, plus un dollar, plus un toit, plus un job, plus d'avenir du tout si l'on en croit les désastres annoncés. Le pire, c'est qu'en France personne ne veut donner la liste des « morts », de peur que l'on aille piller leur domicile abandonné aux banquiers. Comment va-t-on pouvoir savoir à qui il faudra envoyer sa contribution, destinée à estomper le désastre Madoff ? Le mot à la mode n'est plus en effet « tsunami » mais « madoff ».
Il faut avouer que ces références n'appartenaient pas au vocabulaire traditionnel des fêtes. Personne ne parlait avant 2004 de « tsunami financier », comme personne ne savait ce que pouvait être « faire un trou madoff ». Impossible d'en mesurer la véritable dimension. N'empêche qu'il faudrait être véritablement injuste pour ne pas être encore, quatre ans plus tard, aux cotés des victimes. Vous savez bien que le principe essentiel de la nouvelle justice consiste à « tuer » médiatiquement les gens, et ensuite s'apitoyer sur les conséquences de cet acharnement. Dans la société actuelle, le statut de victime est extrêmement recherché. Il devient même un facteur essentiel pour réussir à s'imposer dans un contexte où l'image devient essentielle. On va bientôt se pencher sur le triste sort des spoliés par « Madoff ». Ces braves gens trompés, une fois encore, par les grands prêtres du profit déifié méritent une véritable action collective en leur faveur. On ne tardera pas à organiser un « madoffthon » sur TF1, car il est à peu près certain qu'il y a des malheureux, exploités par le capital mal placé, parmi les dirigeants de cette chaîne d'infortune cumulée. La maladie ne peut être que génétique, puisqu'elle s'est reproduite depuis des mois dans la même famille, celle où l'on ne sait pas compter ! On doit effectuer des recherches d'urgence pour détecter tous les porteurs du PATP (pognon à tout prix), un virus qui effectue des ravages dans les bourses depuis maintenant plus d'un an et qui laisse derrière lui des ruines économiques.

DES ŒUVRES GENEREUSES
En fait, on découvre les dégâts, comme après le tsunami, au jour le jour, car il y a encore beaucoup de chemins impraticables. La France est un pays isolé dans lequel il est, selon les autorités, encore totalement impossible de savoir qui avait envoyé ses économies fructifier outre Atlantique. A croire que Tracfin, la désormais célèbre cellule « scientifique » de surveillance des fonds associatifs n'a aucune information sur le sujet. Ils est vrai que depuis plusieurs mois, ils ne surveillent que les comptes des élus ou des fonctionnaires de gauche... et qu'a priori, ils ne sont pas tellement nombreux à avoir placé leurs émoluments chez Madoff. Les associations n'ont pas toutes transféré des fonds sur les comptes en banque de leurs soutiens favoris puisque, par exemple, les turpitudes de l'ancien président du conseil d'administration du Nasdaq américain, accusé d'une escroquerie pyramidale portant sur 35,5 milliards d'euros, ont également ruiné la « fondation Elie Wiesel pour l'humanité ».
« Nous vous écrivons pour vous informer que la Fondation Elie Wiesel pour l'humanité avait 15,2 millions de dollars (10,8 millions d'euros) en gestion dans la société d'investissement de Bernard Madoff. Cela représente la quasi-totalité des avoirs de la Fondation », explique l'organisation de lutte contre l'antisémitisme sur son site Internet. « Nous sommes profondément attristés et désolés d'être, comme de nombreux autres, les victimes de ce qui pourrait être la plus grande escroquerie aux placements de l'histoire », ajoute l'organisation créée, en 1986, par le prix Nobel de la Paix et sa femme Marion. La Fondation Elie Wiesel, vouée à l'entretien de la mémoire de l'Holocauste, mène des programmes de sensibilisation à l'antisémitisme auprès des jeunes, en organisant concours et conférences internationales. Des dizaines d'associations caritatives juives aidées, par de riches mécènes, ont été emportées par le tsunami Madoff pour avoir aimé ces profits faciles et illicites ! Les « fondations » en tous genres ont été laminées et vont devoir organiser des dîners de bienfaisance à tour de bras ou des kermesses caritatives.

RESPONSABLES MAIS PAS COUPABLES
L'Autorité des marchés financiers (AMF) a pourtant précisé, ce lundi 22 décembre, qu'elle ne publiera pas la liste des fonds français touchés par l'affaire Madoff alors que l'Association SOS Petits Porteurs lui en a fait la demande. L'AMF indique qu'il « n'était pas en son pouvoir de publier la liste des fonds français concernés par l'affaire Madoff car le code monétaire et financier impose aux sociétés de gestion d'informer elles-mêmes les souscripteurs.» C'est comme si on demandait à un chauffard qui a pris la fuite après un accident mortel d'aller se dénoncer en place publique ! L'AMF a rappelé qu'elle a demandé jeudi aux sociétés de gestion concernées de « prévenir sans délai leurs clients de façon individuelle et de diffuser également l'information sur leur site internet ».
Là, le secret est de rigueur. Là, il ne faut absolument pas trahir les « arroseurs arrosés ». Là, il faut une solidarité suspecte. Là, la presse évite de citer des noms. Là, c'est beaucoup moins grave que d'avoir défié un radar automatique à 96 km/h sur une route départementale anonyme ! Pourtant il n'y a que deux cas : Madoff agissait avec la complicité de tous les organismes de contrôle, dont on sait maintenant qu'ils peuvent être d'une efficacité redoutable... ou alors, tout le monde le savait, mais fermait les yeux tant que ça marchait.
L'AMF a annoncé avec des trémolos dans la voix qu'une centaine d'OPCVM Sicav et de fonds communs de placement de droit français seraient indirectement concernés par l'affaire Madoff. Ces fonds de placement collectif (OPCVM) de droit français seraient touchés à hauteur de 500 millions d'euros. Seulement 10 de ces fonds français ont été listés par Le Figaro, parmi lesquels figure " Elite ", un fonds géré par... Rothschild & Cie Gestion. Cependant, voilà, la liste des supposées victimes de cette fraude gigantesque n'est que provisoire. Toute la planète finance et ses institutions les plus prestigieuses sont concernées.
Natixis est encore dans le « bon » coup avec 450 millions d'euros d'enjeux au casino Madoff ; BNP-Paribas pourrait perdre 350 millions d'euro ; l'assureur Axa a évoqué une perte nette « bien inférieure » à 100 millions d'euros. Dormez, brave gens, le raz de marée n'est pas encore là... et surtout, ne vous inquiétez pas, le système d'alerte fonctionne parfaitement ! La désormais très célèbre banque franco-belge Dexia, qui a trompé les collectivités locales depuis une bonne dizaine d'années, pourrait perdre 85 millions d'euros et ses clients fortunés (sic) « ont une exposition totale de 78 millions d'euros" ; la Société Générale avoue (ouf !) une exposition négligeable, inférieure à 10 millions d'euros, comme le Crédit Agricole et l'assureur Groupama. La Caisse d'épargne, hors Natixis, a une exposition indirecte, estimée à moins de huit millions d'euros, et enfin l'assureur AGF et la banque Rothschild ont chacun indiqué avoir un fonds sous gestion affecté indirectement par la fraude de Bernard Madoff... Tous deviennent à compter de ce jour des « doubles » victimes et attendent sereinement la prochaine vague ! Allez, si vous n'avez pas été ruiné par la Madoffade de 2008, je vous lance un pari à dix conte un : ils seront tous " responsables, mais surtout pas coupables ! "

INERTIE SELECTIVE
Comment, désormais, croire en un état politique capable d'imposer quoi que ce soit au monde économique ? Il se retrouve dans la situation de tous les pauvres gouvernants des pays touchés, il y a 4 ans, par le tsunami : tout juste bon à réparer les dégâts avec l'argent des contribuables. Les Etats sont, au nom du libéralisme mondialisé, seulement des suivistes, mais en aucune manière des préventionnistes. Ils ont totalement renoncé à appliquer au milieu financier la moindre règle éthique ou simplement comptable transparente. Comme les pauvres touristes de Phuket, ou mieux, les malheureux employés, pêcheurs, commerçants, ils se lamentent sur leur triste sort.
Madoff, lui, est en liberté surveillée alors qu'en France Julien Coupet, « terroriste » présumé, restera en prison pour avoir symboliquement contesté que des irresponsables pratiquent des « attentats économiques » faisant des milliers de morts sociaux dans un premier temps, pour ensuite les conduire à la « mort civique ». La réalité est là : l'un se fait photographier libre dans les rues de New-York et l'autre, derrière les barreaux, attend de regagner son bistrot épicerie de Corrèze ! Quel est le plus terroriste des deux ?
On est au moins certain d'une chose : lors de ses séjours sur la Côte d'Azur et sur son yacht, les conversations téléphoniques de Madoff n'étaient pas sur écoute, un mouchard n'était pas sous sa voiture, le fichier « Edvige » ne répertoriait pas les amis français qui soupaient avec lui, son compte en banque n'était pas passé au peigne fin, ses listings de comptes dans quelques paradis fiscaux n'étaient pas falsifiés, on ne saura jamais s'il a participé à des galas de bienfaisance avec des grands dirigeants de ce monde, on ne retrouvera plus une seule photo où il pose à coté de la World Compagny, il ne se mettra jamais à poil lors d'une garde à vue. Bref, ce mec là était bien sous tous rapports... et comme il valait 50 milliards de dollars qu'il n'avait pas, ses convictions et ses prédictions méritaient le respect.
Rappelons l'anecdote du Veau d'or, qui fut utilisée durant des siècles pour justifier l'intolérance religieuse, car Dieu ordonna à Moïse de tuer tous les hérétiques, et Moïse transmit cet ordre à ceux qui, parmi son peuple, lui étaient restés fidèles... Là, il semble bien que nous soyons dans la justification inverse : on va tout faire pour exterminer ceux qui condamnent inlassablement la notion du profit inhumain, au nom du culte d'une réussite économique factice. Madoff ? Coupat ? A chacun son combat !
Mais je déblogue...

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commentaires

O
Manifestation de soutien aux inculpés de Tarnacle 31 Janvier à 14h30 Métro St-MichelRevue de pressehttp://ctx-n-flrs.zikforum.com/ici-on-discute-de-tout-et-de-rien-f2/cellule-invisible-revue-de-presse-t5437.htm
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J
Je ne me souviens plus textuellement de la citation, mais je pense qu'elle est de Balzac (Honoré de) .Elle prétend, en substance, que toute fortune a pour origine un crime, au sens large du terme.Je m'y réfère toujours quand je vois un "étalement" de richesse et l'admiration du "petit peuple" qui fait confiance à l'heureux possédant. Je ne lui confierai pas mon portefeuille ( pas d'actions, je n'en possède aucune, ce qui ne signifie pas que je perdrais peut-être grâce à ces événements le peu que je possséde...)Monsieur Madox, qui a déja, indirectement, certes, mais qui les a quand même, des morts sur la conscience, a la chance de ne pas subir le même traitement que la malheureuse infrmière, qui a eu le malheur, pour ce pauvre enfant, pour sa famille, et pour elle même, de commettre une fatale erreur.Et le pire, c'est que le triste sire n'a vraisemblablement aucun remord.
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G
Coucou Jean-Marie DARMIAN,Du LARZAC ou de TARNAC ? L'épicerie de l'Aveyron ou celle de Corrèze?A part cela, j'approuve votre texte comme d'hab.Je suis cheminot et connais bien le Larzac en tant qu'originaire du Bitterrois ayant habité la gare de Lodève et souvent manifesté avec un moustachu célèbre du coin.Par contre je ne connais de Tarnac que les infos sur les soupçons au sujet des sabotages SNCF, et le village en question...Très amicalement, Gilbert de Pertuis en Luberon.
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