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15 mai 2006 1 15 /05 /mai /2006 07:17
Il y a des listes plus attendues les unes que les autres. Celles qui conduisent à un siège électif local ne passionnent plus personne, et pour les bâtir, il n’y aura guère de sélection à faire car les volontaires sont de moins en moins nombreux. Il faudra même lancer des appels au peuple 2008 pour compléter les effectifs défaillants. Il est vrai que le rôle est ingrat, et que le titre décroché ne correspond pas toujours aux espoirs.
En revanche, les annonces des candidatures pour devenir le premier des Françaises et des Français se multiplient. Un listing qui, selon les estimations les plus fiables dépasserait la centaine pour une seule place, pour les jeux du cirque élyséen. Désormais, il leur faut, épreuve redoutable, se constituer une... liste de 500 supporteurs, pour participer au match en deux mi-temps. Cette sélection s’annonce redoutable pour les "ailes droites" et les "ailes gauches" car, visiblement, on commence à serrer le marquage. Même si les Verts ont une renommée historique, ils risquent bien de ne pas pouvoir descendre dans le chaudron, car les avatars de Jospin ont singulièrement refroidi les participations désintéressées.
Croire que, dans le domaine sportif, la tâche s’avère plus aisée c’est méconnaître le contexte. De tous temps, une sélection de footballeurs pour une épreuve européenne ou mondiale a relèvé de l’équilibrisme. Il ne s’agit, contrairement à ce que l’on croit au comptoir du bar des Sports, pas uniquement de tactique ou de technique. Les paramètres sont bien différents et pas tous avouables.
Monsieur Raymond, rusé comme un Sioux, les connaît depuis belle lurette, car il a suffisamment fréquenté le milieu. Et il sait que ses prédécesseurs qui ont réussi, Michel Hidalgo et Aimé Jacquet, avaient en plus de leur savoir faire une dose de patience exceptionnelle.
MICHEL PLATINI ET SON EGO
Le premier nommé, a eu souvent à composer avec le trio Platini-Giresse-Tigana… Les observateurs ont été formels, il n’avait qu’une faible latitude pour composer la liste qu’il voulait. Michel Platini, et son ego démesuré, exigeait en effet la sélection de l’un et pas de l’autre, et réglait lui-même le dispositif tactqiue. Michel Hidalgo ne se serait pas permis d’annoncer une composition d’équipe sans son consentement. Des clans existaient (Stéphanois, Marseillais, Bordelais…), et il lui fallait, en permanence, effectuer de savants dosages pour ne pas froisser les susceptibilités.
Certains furent exclus de la liste, pour le Mondial en Espagne, pour des raisons peu avouables, liées à des histoires de jupons frivoles. Platini n’hésitait pas à lancer : " C'est lui ou moi ! A vous de choisir ! ". Il est vrai que si, par malheur, il avait décidé de ne pas jouer, le sélectionneur n’aurait pas eu de grandes chances de conserver ses fonctions. Roger Lemerre l’a appris à ses dépens, pour ne pas avoir su réaliser, en Corée, un pacte de non agression entre les tendances internes au groupe qu’il avait sélectionné.
Aimé Jacquet fut plus habile, en s’apuyant sur deux ou trois fortes personnalités indiscutables. En accordant à Zinédine Zidane la sélection de son compère Christophe Dugarry, il savait qu’il pesait fortement sur le moral de son joueur référence. Duga était tout pour Zizou et, sans lui à ses cotés, il n’aurait jamais réalisé le Mondial français qu’il a réalisé. L’ambiance du groupe a beaucoup gagné en acceptant la présence de ce Lormontais, bouffon d’un Roi le plus souvent triste. Déjà heureux de se retrouver avec son pote de toujours, Zidane avait apprécié la présence de Bixente Lizarazu. Pour la composition de l’équipe, Jacquet avait un référent moral (Laurent Blanc) et un aboyeur fidèle (Didier Deschamps). Le reste se réglait les yeux dans les Bleus… avec plus ou moins de passion.
Tout commence donc avec la sélection, qui consiste à ne pas aviver les querelles historiques, à conforter les amitiés viriles, à jongler avec les intérêts particuliers.
SOUBRESAUTS PLUS OU MOINS AVOUABLES
Nul n’osera vous dire que la liste de Lemerre avait été secouée en Corée par des soubresauts plus ou moins avouables entre le clan des " Blacks " et celui des " non Blacks "… Cette triste réalité a probablement aussi pesé sur les décisions de Monsieur Raymond, qui n’a probablement pas voulu rallumer de vieilles querelles, et a donc évité de ramener dans le groupe des mauvais souvenirs.
Le moindre contentieux lié à une compétition, à un affrontement extérieur à l’Equipe de France, à un transfert manqué (n’est-ce pas Anelka?), à un entraîneur haï ou aimé, à un commentaire déplacé (n’est-ce pas Pirés?)… compte dans l’établissement d’une liste. On peut parier que dans les analyses " officielles " sur les absences notoires de la liste pour l’Allemagne, ce paramètre n’interviendra pas.
Il ne s’agit pourtant absolument pas de racisme, mais tout bonnement de manières différentes d’aborder la compétition, les matches, les après matches, comme c’est le cas dans tous les groupes. Le sélectionneur s’apparente alors à un metteur au point de la Formule 1, pour lequel le moindre détail compte. Il doit composer un moteur de Ferrari avec des pièces détachées arrivées de toute l’Europe. Si la technique compte, le flair ne doit pas faire défaut !
En choisissant Pascal Chimbonda, malmené par les Corses racistes, Monsieur Raymond a donné un signe fort aux Thuram, Wiltord, Thierry Henry, Djibrill Cissé. Ce sont des convictions personnelles réelles, mais elles ont été utilisées pour convaincre de sa volonté de travailler sur des bases saines. Le message est clair même si Chimbonda ne joue pas !
Pour soutenir Zidane il comptera, cette fois, sur Makélélé, un peu comme Platini s’appuyait sur Tigana ou Fernandez. Enorme " ratisseur de ballons ", le joueur de Chelsea est imposé par Zizou, car il sait que, sans lui, il n’aura pas les relances dont il a besoin pour être décisif. D’ailleurs, il ne faut pas être un grand tacticien pour constater que le Real a sombré dès qu’il a laissé filer vers Chelsea son " gregario " de luxe. Monsieur Raymond n’a donc pas hésité à offrir ce gage au revenant providentiel.
PARTAGE ET EQUILIBRE
Maintenant, il reste le plus délicat à expliquer car c’est le moins glorieux pour un supporteur naïf. Une sélection doit prendre en compte deux éléments étrangers au sport : le partage entre les clubs des 23 places disponibles, et l’équilibre entre les équipementiers personnels des joueurs.
Ainsi comment aurait-on fait cohabiter une forte délégation de Marseillais avec des Parisiens aussi nombreux ? Du coup, Domenech a saupoudré, car il sait que la prédominance d’une école a conduit par exemple au désastre l’équipe de France lors de la Coupe du monde en Angleterre, avec la forte représentation nantaise d’antan. Alors, la répartition a été dosée : Lyon : 4 présents (Govou, Reveillère ont été écartés car à six c’était trop) Marseille : 2, Lens, Monaco, Nantes, Paris : 1 chacun. Les autres, éloignés du microcosme français, sont moins concernés.
Les Bleus vont ensuite être collectivement liés par des contrats fédéraux publicitaires. Ils sont signés, et chaque joueur sera obligé de s’y conformer. N’empêche que, selon le résultat de la compétition, tous les équipementiers voudront leur part de gâteau derrière Adidas. Il est donc indispensable que tous aient dans la liste un ou plusieurs représentants potentiels, en terme de retombées médiatiques : Adidas, Nike, Puma, Umbro doivent donc s’y retrouver, car il est impensable que seule la marque aux trois bandes aient le monopole des vedettes. Les joueurs vont donc être redevables désormais vis à vis de leur "équipementier club", quand ils ne seront pas sous contrat avec l’équipe de France.
Zidane portera de l’Adidas en Bleu sans aucun problème, car il est sous contrat avec cette marque, comme les Marseillais Barthez, Ribéry et quelques autres. Ils seront majoritaires, même si Thierry Henry, Silvestre, Saha, Trézéguet, Viera… sont chez Nike, alors que les Lyonnais portent du Umbro, et quelques rares devront se débarrasser de leurs chaussures ou leurs maillots Puma. Le partage, au Mondial, s’est fait à coup de milliards de dollars.
Adidas sera le partenaire officiel de la Coupe du monde, et de six équipes nationales sélectionnées (Allemagne, Argentine, Espagne, France, Japon et Trinidad et Tobago) pour un budget : 16 millions d'€. Nike parrainera huit équipes nationales (Australie, Brésil, Corée, Croatie, États-Unis, Mexique, Pays-Bas et Portugal). Puma sera partenaire de douze équipes nationales (Angola, Arabie saoudite, Côte d'Ivoire, Ghana, Italie, Iran, Paraguay, Pologne, Suisse, République tchèque, Togo et Tunisie). Umbro demeurera le Petit Poucet avec seulement deux équipes nationales (Suède et Grande-Bretagne).
Les Bleus n’échappent pas à ce fléau du profit lié au sport, et ils entrent dans le champ commun. Monsieur Raymond a déjà soigné TF1 en donnant sa liste à 11 h 30, un dimanche, en direct, dans téléfoot. Il faudra néanmoins crier " Allez les Bleus… " et croire au miracle . Autrement, le mois de juin va être bien triste!
Mais je déblogue…
 
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commentaires

V
Et qu'est-ce qu'on apprends ce matin? Que le sélectionneur n'a pas donné de détails lorsqu'il a dévoilé sa liste pour donner l'exclusivité de ses commentaires à un opérateur de téléphonie. C'est si mal payé que ça le poste de sélectionneur ???
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