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4 février 2009 3 04 /02 /février /2009 07:17

L'automobile a mal pris le virage du XXIème siècle. Elle qui était tellement conquérante et qui envahissait notre quotidien, se retrouve désormais reléguée au rang de « moteur » de la crise. La « bagnole » a pris de plein fouet le choc pétrolier, et ses ventes ont plongé car elle devient certes une consommatrice d'énergie, mais aussi une dévoreuse du pouvoir d'achat. Désormais, elle est boudée par des conducteurs désargentés qui tentent de faire durer leur véhicule. Les statistiques aux Etats-Unis démontrent que l'on n'a pas encore atteint le plus bas en matière de dégringolade angoissante pour une filière déjà sinistrée.
Le constructeur automobile américain General Motors (GM) a vu, en janvier, ses immatriculations de voitures neuves aux Etats-Unis chuter de 49% sur un an, à 129.227 unités. Le groupe a souligné que cette baisse brutale, qui intervient sur fond de déclin continu du marché automobile américain en raison de la récession, est due « à 80%, à la réduction des ventes par flottes ». Ces dernières, faites aux sociétés de location et aux entreprises, sont moins rentables que les ventes de détail (aux particuliers), si bien que le groupe réduit depuis plusieurs trimestres les volumes ainsi vendus, et c'est probablement le plus inquiétant, car c'est révélateur d'un effet domino.
Le groupe automobile américain Ford Motor avait auparavant annoncé un effondrement de 40% de ses ventes aux Etats-Unis en janvier, avec 93.506 immatriculations. Les stocks de véhicules qui attendent d'être vendus chez GM sont ainsi passés en janvier à 801.000 unités, réduits de 11% sur un an. Quant à l'objectif de production en Amérique du nord pour les trois premiers mois de l'année, il est seulement de 380.000 véhicules, représentant une baisse de 57% par rapport aux 885.000 unités produites au premier trimestre 2008. Le constructeur de Detroit s'est félicité d'avoir stabilisé sa part de marché au dessus des 21% pour le deuxième mois consécutif, ce qui signifie qu'il commence à enrayer le déclin continu de ses parts de marché, observé depuis plusieurs trimestres consécutifs. Cette performance est due « à de nouveaux modèles et aux financements offerts par GMAC », sa filiale de services financiers, c'est-à-dire à la baisse du crédit et à de nouvelles modalités en la matière. On sait où ce système a conduit le pays.
Par catégorie, les ventes de janvier ont cependant chuté de 58% pour les berlines, à 43.943 unités, et de 42% pour les véhicules lourds (4x4, pick-up...), à 85.284 unités. Le constructeur Ford a vendu 90.596 véhicules de marque Ford, Lincoln ou Mercury, contre 148.355 en janvier 2008, soit une baisse de 39% sur un an. S'y ajoutent les 2.910 véhicules vendus par sa filiale Volvo (-64%) le mois dernier. Par catégorie, les ventes de berlines ont chuté de 35,1% à 28.707 unités, celles de 4x4 et véhicules lourds de 40,5% à 61.889 unités. En fait, le phénomène est général : l'automobile n'a plus la cote !
EFFONDREMENT EN ITALIE
Le ralentissement est particulièrement fort au Japon, où les ventes de véhicules neufs, hors mini-voitures, ont chuté de 27,9% en janvier sur un an, tombant à leur plus bas niveau depuis quarante-et-un ans, selon les concessionnaires. Ce recul, le sixième d'affilée, est le plus brutal depuis mai 1974. En Espagne, les immatriculations de voitures neuves ont baissé de 41,6% en janvier sur un an, selon l'Association nationale des fabricants d'automobiles. La semaine dernière, l'Anfac avait annoncé qu'elle s'attendait à un repli d'environ... 23% des ventes en 2009 par rapport à 2008, année où les immatriculations avaient déjà baissé de 28% en Espagne. C'est terriblement révélateur du marasme qui attend l'ensemble des constructeurs, et il faudra injecter des milliards pour tenter de maintenir des milliers d'emplois.
Ainsi, le groupe automobile français PSA vient d'annoncer aux syndicats, en Espagne, qu'il allait réduire son activité dans son usine près de Madrid. La mesure devrait affecter jusqu'à 2.800 personnes. Son projet prévoit une fermeture totale de l'usine pendant un certain nombre de jours, du chômage technique tournant et un plan de départs volontaires.
En Italie, les immatriculations de voitures neuves ont chuté à nouveau de... 32,6% en janvier (record européen absolu !), selon le ministère des Transports italien. Sur l'ensemble de 2008, elles ont connu un recul de 13,36%, le pire résultat depuis douze ans. Le groupe Fiat (Fiat, Lancia, Alfa Romeo) a enregistré un effondrement de ses ventes de 31,32% en janvier. L'écroulement des ventes entraîne les entreprises du secteur, dont Fiat, qui est le premier employeur privé du pays avec 78.000 salariés, à mettre massivement leurs salariés au chômage technique. En Pologne, l'usine du groupe automobile allemand Volkswagen à Poznan a arrêté la production pour trois jours à compter de lundi faute de commandes.
Le ciel est légèrement moins sombre en France, où les acquisitions de voitures particulières neuves ont baissé de 7,9% en janvier par rapport à janvier 2008. Après novembre (-14%) et décembre (-15,8%) en chute libre, ce recul plus limité traduit « un effet prime à la casse », estime le Comité des constructeurs français d'automobiles. Cette mesure, mise en place en décembre, permet à tout acheteur de bénéficier d'une prime de 1.000 euros s'il met au rebut un véhicule de plus de dix ans, mais elle ne peut être que conjoncturelle et pas nécessairement durable.
RESISTANCE PROVISOIRE
La situation française pourrait donner du grain à moudre aux constructeurs espagnols qui réclament la mise en place d'une prime à la casse dans le royaume ibérique. Outre la France, plusieurs pays européens ont déjà adopté ce dispositif, comme l'Allemagne, où la prime est de... 2.500 euros. Pour étayer sa demande, l'Anfac affirme que 100.000 travailleurs sont affectés par la crise du secteur automobile en Espagne.
Au Japon, des milliers d'emplois ont déjà été supprimés. En France, le directeur général adjoint de Renault affirme que le constructeur devra gérer « au moins jusqu'en 2010 (...) des périodes de sous-activité ». Les sous-traitants souffrent aussi. Les fournisseurs américains, qui emploient plus de 700.000 personnes, s'apprêtent à remettre une pétition au gouvernement pour demander une assistance fédérale. Ils avaient déjà tenté leur chance, en vain, en novembre, quand le Congrès examinait la possibilité d'une rescousse financière en faveur de deux des principaux constructeurs américains, General Motors et Chrysler, qui ont déjà obtenu la bagatelle de 13,4 milliards de dollars de prêts du gouvernement fédéral.
La crise va finir par provoquer une révolution nécessaire dans le monde de la « bagnole ». Il faut espérer que les plus gros modèles énergivores seront abandonnés, comme les 4x4 par exemple. Leurs 4 roues motrices en font des véhicules tout-terrain, surtout conçus pour rouler sur des pistes accidentées. En réalité, la grande majorité des 4x4 ne quittent jamais les routes ou les rues pour s'aventurer dans la nature. Posséder l'un de ces véhicules coûteux est surtout un signe de richesse et, parfois, de prétention. Car dans ce véhicule surélevé, le conducteur domine tous les autres... et affirme sa toute puissance, liée à son pouvoir d'achat, lui permettant de polluer davantage que les conducteurs ordinaires.
Les 4x4 connaissaient un véritable succès depuis 5 ou 6 ans, puisque, sur 100 voitures vendues en France, 5 sont des 4x4.
Des associations de protection de l'environnement avaient « vertement » critiqué cette nouvelle mode. Car les 4x4 figurent parmi les véhicules qui consomment beaucoup d'essence et qui sont particulièrement polluants. De plus, ces véhicules sont jugés dangereux car ils sont lourds et équipés de pare-chocs surélevés qui, en cas de choc, viennent heurter la tête d'un enfant ou la taille d'un adulte. La crise risque bien de les réduire en nombre, et peut-être de les placer en voie d'extinction. Mais rien n'est gagné d'avance, car l'envie de toute puissance routière est toujours présente chez celles et ceux qui ont encore les moyens de se l'offrir.
ON NE MANQUE PAS D'AIR
L'automobile ayant symbolisé un niveau de vie, est en voie de devenir plus utilitaire que représentative. Le retard pris en matière de recherche des alternatives énergétiques va peser sur une société démunie. Le coût d'achat, et surtout d'entretien, des véhicules électriques n'est pas encore suffisamment bas pour provoquer un élan d'achat suffisant. Les primes restent méconnues ou faibles, et aucun effort n'est réellement effectué par les grandes marques pour renoncer à rentabiliser leurs filières actuelles. Cette année, on trouvera, par exemple, sur le marché des véhicules à... air comprimé dont les industriels français n'ont pas voulu !
A l'étude depuis plus de quinze ans dans le groupe MDI, une petite société située à Carros près de Nice, les moteurs baptisés CATs se caractérisent par leur simplicité et une pollution nulle, deux avantages qui n'ont pas manqué de séduire Tata Motors, le plus grand constructeur automobile indien, au chiffre d'affaires annuel de 5,5 milliards de dollars. Il faut dire que le concept paraît presque trop beau pour être vrai, puisqu'il permet de rouler presque gratuitement, en n'émettant pas la moindre particule polluante. Guy Nègre, directeur et fondateur de MDI, a produit sa première CityCats en 1998, et quelques exemplaires ont parcouru les rues de Brignolles, dans le Var. Cette voiture est équipée d'un moteur bi-cylindres qui l'apparente à un moteur traditionnel. Mais la comparaison s'arrête là, car ensuite, il n'y a que des avantages, bien évidemment cachés au grand public. L'explosion du mélange air/carburant est remplacée par la détente d'un flux d'air sous haute pression, contenu dans des bonbonnes placées sous le châssis. Au passage, rappelons que le procédé a longtemps été utilisé comme démarreur sur des moteurs d'avions à pistons.
Dans un premier temps, l'air est fourni par un compresseur embarqué, qui fonctionne sur une simple prise de courant. Il faut une nuit entière pour gonfler complètement le réservoir. On obtient alors une autonomie de 80 kilomètres, cela pour environ 1,50 € d'électricité (au tarif français). La puissance délivrée n'est pas mirifique (25 chevaux), mais suffit pour faire circuler cette petite citadine de 870 kg en ville. Pourquoi ne pas donner une aide spécifique pour l'achat de ces automobiles de l'avenir, contre l'abandon d'un véhicule à essence ? Cherchez l'erreur ? C'est tout simplement parce que la balance commerciale française en souffrirait, car bientôt il faudrait les importer d'Inde !
Mais je déblogue...

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commentaires

M
J'en veut une!!!
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