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18 mai 2006 4 18 /05 /mai /2006 07:24
Le spectacle attendu, hier soir, par des dizaines de millions d’amateurs de football, aura été gâché par une seconde d’égarement. Une seconde dans un match dont on attendait monts et merveilles. Une seconde qui n’entrera pas dans l’éternité. Une seconde qui a fait basculer prématurèment la finale de la Ligue des Champions. Elle se résume à un coup de sifflet intempestif d’un arbitre confondant la gestion de la circulation et celle des actions sportives. Avec un brin de retard, il aurait donné une toute autre allure au rendez-vous tant attendu du stade de France.
Les géants aux pieds agiles ne supportent pas que l’on perturbe le bon ordonnancement de leur tactique. Ils ont leurs repères millimétrés, que Lhemann a balayé d’un revers de main coupable. Un petit rien qui a fait que la victoire a choisi son camp en toute injustice, et a pu avoir raison des prévisions d’un affrontement équilibré, indécis, tonique, brillant. C’est du moins ce que l’on a pensé quand le rouge de la honte fut brandi devant le nez du gardien allemand. Un rouge que dégusta finalement sans plaisir et sous la contrainte Robert Pirés. Un rouge qui transforma, l’espace de quelques dizaines de minutes, les Anglais en " taureaux " aveugles, tentant de saisir ceux que l’on eut vite fait de ranger dans le clan des matadors. La mise à mort ne paraissait plus qu’une question de patience. La fin serait inéluctable. Du moins le crut-on !
Les passes dans l’arène de Saint Denis annonçaient, en effet, une faena sans espoir. Ronaldinho planta des banderilles, destinées à diminuer un adversaire réputé faible des " pattes avant " puisque handicapé par une infériorité de poids. La méfiance qu’auraient dû inspirer les deux " coups de corne " de Thierry Henry, au tout début du face à face, s’atténua. On glissa alors, chez les Catalans, de l’espoir de victoire vers la certitude de victoire.
AU MILLIMETRE PRES
Le Barça ne se souvint plus collectivement que tout se décide désormais au millimètre dans un football de haut niveau très calculé. Il en manqua d’ailleurs plus d’un aux hommes chargés de sa défense. Une défaillance, dont profita Campbell pour dominer dans les airs des gardes du corps médusés, et relancer une rencontre que seul les supporters anglais ne considéraient pas (fighting spirit oblige) comme jouée. Net et sans bavure. Ce Campbell là n’en avait fait, semble-t-il qu’à sa tête pour le bonheur d’Arsenal ! Le combat changea d’âme et enfin on crut au miracle. D’autant que l’épaisseur d’un poteau d’une centaine de millimètres priva Eto’o de ce qui aurait relancé des " blaugrana " sous le choc. La chance paraissait anglaise !
Les Formule 1 ne souffrent pas les grains de sable. Ils provoquent des casses imprévisibles. Ronaldinho appartient à ces mécaniques sophistiquées qui s’enrayent au moindre incident. L’exploit attendu, le coup franc génial, le passement de jambes dévastateur, la passe… millimétrée ne vinrent jamais. Comme quoi le principal reste d’être étincelant quand les autres sont dans l’obscurité. Les courants d’air brésiliens furent éclipsés par ceux d’un Thierry Henry amateur de grands espaces. On se prenait à rêver sur une mise à mal de la prédiction comptable. Le Lucky Lucke des pelouses du monde entreprit quelques chevauchées imprévues qui semèrent encore plus le doute dans le camp adverse. Des expéditions dont on crut un instant qu'elles allaient être punitives ou vengeresses.
BEC ET ONGLES
Arsenal, condamné à défendre bec et ongles son patrimoine réduit pratiquait la tactique du " wait and see ", qui valut tant de victoires improbables à la Prude Albion. Ljungberg, Henry, Fabregas… pesaient sur le résultat final d’une confrontation pourtant de plus en plus inégalitaire. Le décompte des secondes retrouvait sa prééminence sur celui des millimètres. La résistance s’organisait face à une attaque mitraillette… Elle s’avérait de plus en plus pénible, un peu comme celle que tentent d’organiser les gamins constructeurs d’un château de sable face à des vagues incessantes d'un océan hostile.
Impossible d'endiguer ce déferlement permanent de Barcelonais survoltés. Franchement, l’abnégation anglaise méritait le respect. Elle ne déboucha pourtant que sur des regrets quand Eto’o, beaucoup plus vif, plus direct qu’un Ronaldinho manquant bizarrement de netteté technique, se transforma en flèche mortelle.
La grande désillusion arrivait. Elle se matérialisa par deux coups du sort en quelques minutes. L’implacable logique du nombre reprenait ses droits. Les Catalans s’emparaient du contrôle des opérations pour pratiquer le jeu du " toro ". La poudre des Gunners avait pris l’eau et le ciel venait brutalement de leur tomber sur la tête.
DE PLUS EN PLUS IMPLACABLES
La pluie continuelle doucha les dernières feux d’une formation épuisée. Les regrets envahissaient les travées. Nul ne savait ce qu’aurait donné la même affiche si pour une seconde et quelques millimètres, Lhemann n’avait pas changé la donne initiale. Les compétitions de haut niveau se révèlent désormais implacables. Leur résultat repose, de plus en plus, sur des fautes et pas forcément sur des réussites. Le reflet d’un monde dans lequel il n’y a plus de droit à l’erreur. Comme en rugby, il ne faut surtout plus donner de ballons aux adversaires; dans le monde du football la défaite passe par quelques instants d’égarement. En fait, la 18ème minute portait en elle le résultat impitoyable. Lhemann coûtait cher à son équipe. Dans tous les sens du terme. 
 On a du mal à envisager que les Bleus aient cette force collective, sur la base d’un groupe relativement hétéroclite. La préparation mentale prendra le pas sur bien d’autres critères. Je prends les paris que Sarkozy et De Villepin vont aller les voir en stage pour leur apporter leurs savoir faire en la matière... Il y aura forcément des surprises, car
ce qui est frappant c’est que, dans le fond, le nombre de présents sur la pelouse du stade de France qui se retrouveront en Allemagne était relativement faible, comme si les recruteurs n’avaient pas les mêmes repères que les sélectionneurs. Il faut admettre que les retombées financières d’une Coupe du Monde et d’une Coupe des Champions ne sont pas du tout les mêmes pour les professionnels. La victoire en Champion's League assure un pactole considérable pour le club vainqueur de l’une, alors que l’autre coûte aux fédérations. La sortie hasardeuse de Lhemann aura fait un déçu inconsolable : le trésorier d’Arsenal ! Pour une seconde et quelques millimètres!
Mais je déblogue… 
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