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19 mai 2006 5 19 /05 /mai /2006 07:58
L’heure court. Elle ne me permettra pas, une fois encore, de déplier l’écran noir pour une nuit blanche meublée de rêves roses. La journée a été très longue, très longue, peu réconfortante et plus encore peuplée de cauchemars individuels ou collectifs. Elle a débuté officiellement, dès 8 heures, par deux rendez-vous mettant en jeu des intérêts financiers, face à ma responsabilité. La pire situation, celle où on a le sentiment de ne compter, pour les administrés, qu’au moment où se posent des enjeux patrimoniaux . Il devient alors quasiment impossible de fournir des arguments objectifs, légaux à des gens qui pensent être victimes d’une sorte d’incompréhension de la puissance publique. La citoyenneté n’est plus la vertu cardinale car elle est, chaque jour, écrasée par le profit. Pas le temps d'avoir eds états d'âme!
Je fonce à travers la Gironde pour rallier par le contournement Sud-Ouest (Langoiran, La Brède, Saucats, Marcheprime, Blagon) le nouveau Centre d’Education au Développement Durable d’Andernos. Objectif : y lancer officiellement cette structure que nous venons de créer avec l’Association départementale des Pupilles de l’Enseignement Public de la Gironde dont j’assume une présidence bénévole mais très prenante (48 emplois et un budget annuel supéreur à celui de la Commune de Créon). Un établissement inédit, destiné à toutes les classes de Gironde et de France, m'attend, après trois ans de restructuration économique et  éducative. Le temps presse… les embouteillages liés à des chantiers me retardent. Je peste. J’arrive en retard et j’ai horreur de cela.
Il pleut, et les présents ne sont pas aussi nombreux qu’espéré. Un tour rapide pour une inauguration au pas de charge, et le sentiment de ne pas avoir été à la hauteur du projet qui se veut absolument axé sur l’éducation des citoyens de demain. Ce devrait être la priorité des priorités tant la situation s’aggrave.
Or "Trois Robien" se préoccupe d’un SMIG " savoir minimum inter élèves garanti " comme si l’acquisition de connaissances n’avait jamais été la préoccupation essentielle de l’école… il a découvert qu'un élèvre devrait à 16 ans lire, écrire, compter : la trouvaille du siècle en matière d'éducation !  Il n’y a pas plus démago que cette démarche. L’avenir ne repose pas en effet sur le fait que l’on sache que 2+2=4 mais sur l’utilisation que sauront en faire les futures générations de la planète, et de leur savoir sans cesse bouleversé par le progrès…  Maintenant, ils sauront compter mais mourront heureux dans la pollution ou le désespoir social. Quand est-ce que l'on parlera de finaités éducatives et plus encore du rôle dévolu à l'école dans la société du futur?
UNE MARCHE FORCEE
Quelques toasts avant de repartir sur Bordeaux pour siéger au conseil consultatif départemental des déchets au Conseil Général. Dur… Objectif : participer à une marche forcée très exigeante pour l’élaboration d’un schéma départemental qui engagera les décisions dans uns secteur dramatique de la vie collective jusqu’en 2016 ! Des décisions sont à prendre sur des scénarii extrêmement déprimants, car ils mettent tous en évidence les énormes engagements citoyens qu’ils vont supposer. Il faudra tellement de solidarité, de sens de l’intérêt collectif, de courage politique que je doute de la mise en œuvre de décisions, pourtant indispensables…
La séance s’éternise, car on y pratique le nouveau sport national : le nombrilisme associatif pimenté d’un fort besoin d’exister. Je quitte les lieux pour sortir de Bordeaux avant que la transhumance quotidienne poluante débute. Les automobiles s’agglutinent vers les sorties et il faut ruser pour arriver sur Créon avant les autres.
Pas une seconde. Un pas dans la Mairie, et le ciel me tombe sur la tête. Encore une erreur commise sur un terrain à bâtir qui va me valoir une haine prometteuse, un problème qui n’en est pas un (mais qui en a été un) d’amiante dans des dalles de sol, des entourloupes pour des missions confiées et détournées de leur objectif, un remplacement à assurer car je ne peux pas aller aux rencontres européennes des villes neuves à Mirepoix aujourd’hui, et neuf messages sur mon téléphone mobile… Même pas le temps de souffler ! Heureusement, autour de moi, les gens assument et avancent, mais j’ai le sentiment de ne jamais leur donner assez de mon temps. Une petite heure qui me file entre les doigts. Il faut passer à autre chose!
Passage à la maison, pour partir à Sadirac présenter " La Sauterelle bleue ". Une soirée plaisir.
Mais je suis en retard, car certains sont là depuis 18 heures et d’autres arrivent à 18 h 30… Je suis confus, mais le moment me plait. Parler de ce bouquin devant des gens pouvant en partager le contenu constitue un privilège. J’aime ce contact, cette proximité avec celles et ceux qui veulent retrouver ou découvrir le passé de la commune où ils vivent. Leurs regards, leurs sourires, leurs paroles constituent des éléments nutritifs de la satisfaction d’avoir rencontré mes racines. Beaucoup de nouveaux habitants viennent d'ailleurs me faire dédicacer le bouquin, en soulignant qu’ils éprouvaient le besoin d’entrer dans l’histoire de leur village. Réconfortant et angoisant, car c'est le signe d’une époque où l’absence de repères pèse parfois par le sentiment de solitude qu’il génère. La montre tourne. Même pas une minute à consacrer aux gens qui attendent. Je dois partir à Le Tourne où est organisée une réunion publique sur les " incivilités " à la suite de l’agression subie par un gendarme réserviste sur la place du village.
LA HANTISE DES MOBYLETTES
J’arrive encore avec quelques minutes de retard. Près de 150 personnes sont dans une salle de la Mairie bondée et silencieuse. Elus de tous bords, administration, gendarmerie, ont répondu à l’invitation. Bien entendu le ton monte très vite, et la surenchère des propos virulents s’installe. En fait, le problème qui semble préoccuper une part réduite de l’auditoire tourne autour d’un groupe de jeunes agressifs, parcourant avec des motocyclettes diverses, les contre allées de la place. Ce phénomène récurrent des nuisances d’engins mal réglés ou au niveau sonore intempestif hante les nuits des maires des communes où se font ces rassemblements.
La parole est libre. Les accrochages entre accusateurs tous crins du laisser-aller des " responsables " , et personnes plus désireuses de comprendre, se multiplient dans une sorte de cacophonie peu démocratique. On y trouve pêle-mêle des rancœurs politiques, des constats lepénistes, des propos angéliques, des poncifs sociaux, des raisonnements constructifs et on se jette surtout à la tête des anathèmes anti-jeunes. Le peuple vide son sac sans trop se soucier de la réalité du monde qui l'entoure: certains sont visiblement au bout du rouleau nerveusement, d’autres moins concernés pratiquent l’indulgence plénière…
Les vieux démons ressurgissent, mais jamais le pas n’est franchi verbalement, sauf par un élu désireux de faire l’éloge de Sarkozy en portant les arguments les plus populistes du typemettez moins de gendarmes derrière les lunettes et davantage à poursuivre ces jeunes ". Une fille tente de se faire la porte parole du sentiment bien connu du genre : " on ne fait rien ici pour les jeunes… " et tout le monde s’empresse de lui bondir dessus. Un résumé déprimant de la perception de la vie citoyenne, ou supposée telle, de cette démocratie participative qui méritererait avant d'être pratiquée une éducation beaucoup plus active!
Les heures passent et rien n’avance mais Mireille Dumas ou Jean Luc Delarue ont encore beaucoup d’émissions à créer… Je hasarde une conclusion, en essayant de replacer les problèmes mais je ne suis accueilli que respectueusement. La réunion se termine.
Je servirai de médiateur dans une cellule de veille locale à créer, sous l’égide du Conseil Intercommunal de Prévention de la Délinquance du Créonnais auquel Le Tourne n’adhère d’ailleurs pas ! Quelques mots avec des participants sympas ou critiques qui viennent me trouver pour s’expliquer…et je regagne Créon. La journée est terminée et il me semble qu’elle pourrait parfaitement illustrer les facettes extraordinaires d’une société, désormais en décalage total avec la vision nationale qu’en ont ses gestionnaires politiques. D'ailleurs le député n'a pas prononcé un seul mot : prudent!
Ah ! si une caméra pouvait filmer la continuité d'une journée, pour témoigner des réalités de la France empêtrée dans ses contradictions, ses angoisses, ses besoins mais désormais incapable de les prendre en charge sans soubresauts et sans fractures ! Mais la télé réalité ne se pratique pas ainsi… Elle ne repose que sur l’exceptionnel ennemi mortel de la vérité du quotidien !
Mais je déblogue…
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