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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 07:17

Pas question donc d'augmenter le smic ou de revenir sur le bouclier fiscal, la défiscalisation des heures supplémentaires et le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite. « Une manière honorable de s'en sortir pour le chef de l'État serait de limiter les exonérations de charges sur les heures supplémentaires», propose Marcel Grignard, le numéro deux de la CFDT. « C'est impossible, répond un proche de Nicolas Sarkozy. Il ne veut pas qu'on parle de virage social qui passerait pour un reniement, plomberait sa présidence et permettrait à la gauche de dire qu'il a perdu du temps. » On a dans ces quelques phrases le contenu de la gouvernance présidentielle qui pèse sur le sort du pays au milieu de la crise. Plutôt couler avec le navire que de faire machine arrière toute : cette attitude s'avèrera suicidaire dans un pays en proie à une crise sans précédent. En fait, le Président va inventer encore une énième nouveauté qui fera un flop comme toutes les autres, lors de sa rencontre demain avec les syndicats. Il ne reconnaîtra surtout pas que toutes les précédentes réformes engagées sont totalement obsolètes dans le contexte présent ou se sont révélées des cauthères sur des jambes de bois.
Il continuera donc à affirmer que le bouclier fiscal a favorisé l'investissement, alors qu'il n'a fait qu'accentuer l'épargne nocive, en engloutissant les fonds ristournés dans des placements plus ou moins hasardeux. Il serait intéressant de savoir, par exemple, quelle part des remises effectuées ont été effectivement investies sur le territoire français.
En 2007 le nombre des bénéficiaires du bouclier fiscal est de 15.066 personnes, qui représentent moins de 0,04% des contribuables français. L'Etat leur a remboursé plus de 246 millions d'euros. Les 10% des Français les plus aisés en termes de revenus ont bénéficié de 83% des remboursements liés au bouclier fiscal.
La restitution moyenne s'élève à la bagatelle de 231 900 euros. Les restitutions offertes aux 671 ménages disposant d'un patrimoine supérieur à 15,5 millions d'euros, représentent 155,6 millions d'euros, soit 66% du coût total du bouclier en 2007. Si l'on ajoute les 2.242 Français qui disposent de revenus fiscaux supérieurs à 41.982 euros (...), le montant total des restitutions qui leur sont faites atteint près de 190 millions d'euros. Il faut aussi préciser que 27 contribuables disposant de plus de 15,53 millions d'euros de patrimoine déclarent un revenu fiscal de référence inférieur à 12.964 euros annuel, treize d'entre eux déclarant même moins de 3.753 euros annuels, soit moins qu'un Rmiste ! On attend avec impatience le bilan de 2008, car on nous dira combien de ces sommes astronomiques ont disparu chez Madoff !

SOUTENIR LA SPECULATION
La question des impôts payés par les couches de la population les moins aisées n'est pourtant en rien résolue, et elle ne le sera pas, puisqu'il est impossible que la Président reconnaisse une once d'erreur idéologique de jugement. Hors impôts indirects (comme la TVA), il s'agit principalement d'impôts forfaitaires, comme la redevance audiovisuelle ou la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, et des impôts locaux dont les bases de calcul - la valeur des biens immobiliers - datent des années 60... Pour eux, pas de bouclier et pas d'amélioration du pouvoir d'achat, sauf s'ils appartiennent à la première tranche de l'imposition sur le revenu, où ils peuvent espérer environ 10 euros maximum par mois d'exonération en 2009 !
La maîtrise de la communication est un élément essentiel des politiques publiques de baisse d'impôt. Officiellement, l'impôt sur la fortune n'est pas remis en cause. Comme souvent, on utilise un paravent - la veuve de l'île de Ré - au profit d'autres causes. C'est de la même façon que l'on utilise les intérêts des petits agriculteurs pour défendre ceux des grosses exploitations et on connaît l'issue de la politique dans ce domaine.
Lors de la présentation du texte, la ministre de l'économie a reconnu à l'Assemblée nationale la véritable portée du texte : "On entend souvent dire que cette mesure (le bouclier fiscal, ndlr) ne concernerait que la partie la plus riche de la population, mais n'est-ce pas celle qui fait tourner l'économie ?", a-t-elle déclaré. Il faut aider les plus riches parce qu'ils créent la valeur. Les salariés les moins qualifiés qui travaillent souvent dans les conditions les plus pénibles, pour les plus bas salaires, apprécieront d'apprendre leur faible apport à l'économie... Cherchez l'erreur. Qui a provoqué des ravages financiers, économiques et sociaux ? La partie la plus aisée de la population, ou bien les salariés qui sont censés apporter peu à la richesse nationale ?
Le décalage est considérable entre l'intérêt des mesures et les montants dépensés pour les mettre en œuvre. De la dette publique aux hôpitaux, aux commissariats, en passant par l'école, par la recherche, par les retraites, les besoins sont criants. Le coût de la modification du bouclier fiscal est par exemple équivalent à la franchise de soins (montant minimum non remboursé) qui porte sur l'ensemble des ménages, quels que soient leurs revenus. Par seul orgueil personnel présidentiel, il n'annoncera surtout pas que cette mesure inique, en période de crise aussi douloureuse socialement, pourrait être au minimum suspendue !

TROMPERIE SUR LES EFFETS SUP'
Il ne reviendra pas non plus sur la calamiteuse exonération des charges sur les heures supplémentaires. Le président socialiste de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Didier Migaud, a déjà contesté le bilan gouvernemental du dispositif d'exonération des heures supplémentaires. Dans un communiqué, il affirmait que le nombre d'heures supplémentaires réalisées depuis le vote de la loi "travail, emploi, pouvoir d'achat" (Tepa) du 21 août 2007 « est sans commune mesure avec celui évoqué par le gouvernement" durant l'été 2007 et qu'il "ne progresse que faiblement ». Il estime que le nombre d'heures supplémentaires déclarées par l'ensemble des entreprises pour l'année 2008 « serait de l'ordre de 750 millions » alors que le gouvernement prévoyait un chiffre de l'ordre de... 900 millions.
En ce qui concerne le gain moyen pour les salariés, le président PS de la commission des Finances affirme qu'il ne serait pas de 150 euros par mois par foyer, soit 1800 euros par an, mais de 65 euros par mois, soit 780 euros sur l'année. En définitive, nul ne dit combien de personnes ont été embauchées à cause de cette mesure, maintenant inadaptée au contexte. Comment un patron va-t-il donner des heures supplémentaires à des salariés quand il n'a plus de chantier, plus de commandes, plus de marchés ? Incroyable que Nicolas Sarkozy, simplement pour ne pas reconnaître que ce fut une mesure sans aucune efficacité réelle, continue à priver les structures de solidarité de contributions dont elles ont absolument besoin pour panser les méfaits de la crise !
L'ACOSS (organisme de la Sécu qui fédère les URSSAF et collecte les données sur le sujet) a elle-même souligné qu'elle n'était pas en mesure, à partir des déclarations des entreprises, de chiffrer le nombre de salariés effectuant des heures sup. Quant à la hausse de 40 % du volume de celles-ci, le service statistique (DARES) du ministre du Travail, à l'origine du chiffre, a précisé qu'il pouvait, pour partie, ne pas correspondre à la réalité, mais refléter « une modification des comportements » des entreprises incitées, grâce aux avantages offerts par la loi TEPA, à déclarer des heures qu'elles omettaient simplement...  de déclarer auparavant.

DES FACTURES INUTILES
En mettant à la charge des finances publiques, par le biais d'exonérations d'impôt et de cotisations sociales (en principe compensées par l'État à la Sécu, mais on sait très bien que ce ne sera pas le cas !), une hausse du pouvoir d'achat des salariés, le gouvernement encourage les patrons à s'exonérer de toute véritable revalorisation des salaires, et donc leur donne un argument pour refuser toute embauche. En rendant toujours plus avantageux le recours aux heures sup, l'UMP joue contre la création d'emplois : est-ce un hasard si, au deuxième trimestre 2008, avant même que la crise soit officialisée, tandis que le nombre d'heures sup augmentait, l'emploi commençait à reculer pour la première fois depuis cinq ans ? Enfin, la facture de ce dispositif (4 milliards d'euros) contribue à creuser le déficit de l'État et à fragiliser le financement de la Sécurité sociale. Mais pour rien au monde Nicolas Sarkozy ne suspendrait cette mesure car ce n'est pas à la hauteur de son personnage !
Il annonce, il y a quelques jours, sans sourciller, 200 000 places d'accueil de la petite enfance de plus... avec une facilité dérisoire, sans préciser que ce sont les collectivités locales qui payent les investissements (sans aide de l'Etat), et que pour le fonctionnement,  ce seront les villes ou les communautés de communes qui pallieront ensuite le désengagement de la Caisse Nationale d'Allocations Familiales, plombée par une baisse de ses recettes due aux exonérations accordées chaque jour ou presque ! Il ne dira pas que ces décisions pénalisent fortement aussi l'Unedic, les caisses de retraites et les organismes sociaux de répartition solidaire comme le 1% logement !  Demain, face aux syndicats, il sortira une énième promesse de son chapeau, et il renverra les décisions, comme aux Antilles, aux calendes grecques, pour tenter de gagner du temps et éviter l'ouragan social qui se prépare. Tel un prestidigitateur, il renouvellera son tour de passe-passe... télévisuel !
Le président, qui sera entouré demain de son Premier ministre François Fillon et de plusieurs ministres, devrait répondre qu'il est hors de question de remettre en cause la politique de réformes et la relance par l'investissement. Dans ces conditions, les syndicalistes goûteront à une eau minérale élyséenne qui ressemblera à une potion amère. La seule certitude, c'est qu'il y aura demain un coup de poker menteur avec l'éternel principe de l'effet d'annonce. On a supprimé la taxe professionnelle sur le dos des collectivités territoriales... il se peut que, demain, Sarkozy parvienne à inverser sa véritable chute dans les sondages de popularité, en annonçant que bientôt on rasera gratis, sauf pour les fonctionnaires de tous poils barbus et de gauche qu'il faut continuer à ranger au rayon des espèces en voie de disparition ! C'est la priorité idéologique du moment.
Mais je déblogue...

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commentaires

E
Tiens, Marc a besoin d'une Tribune !??! Fonctionne pas bien Marc ton blog ?
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M
Pardonnez ce commentaire un peu long, il reprend l'essentiel d'un article que j'ai publié sur mon blog...<br /> La crise internationale n’épargne personne, aucun pays. Pourtant, la France est sans doute un des pays qui a été le moins touché par la crise financière et aujourd’hui par la crise économique. Cette réalité, fort peu souvent relevée en France, mais remarquée par la presse anglo-saxonne, n'est jamais reconnue par l’opposition, et toujours exclue des débats lorsqu’un orateur a la malencontreuse idée de la rappeler. Les raisons  de cette relative protection de notre pays sont diverses, dues certainement à notre organisation économique et sociale, mais on ne peut tout à fait exclure que la politique menée par le gouvernement depuis deux ans et sa réactivité depuis six mois n’y soient pour quelque chose.<br />  <br /> Loin de rester inerte face à la crise (les bras ballants disait Mme Royal avec la justesse habituelle de ses expressions !), Nicolas Sarkozy a réagi très vite, a tout fait pour entraîner les autres Européens, a favorisé au  maximum la coordination des plans européens, et a provoqué la réunion du G20, qui devrait tenir une nouvelle réunion à Londres le 2 avril, dont l’objectif est tout simplement de lancer les bases d’une refondation du capitalisme. Si l’on a, bien sûr, oublié et passé par profits et pertes cette action particulièrement efficace (il est de bon ton dans le discours unique d’aujourd’hui de nier l’importance de la présidence française  de l’Europe !), il serait utile, au lieu de la dénigrer, de soutenir la volonté de Nicolas Sarkozy, de parvenir à faire de cette réunion capitale de Londres un succès et une étape vers une nouvelle régulation du capitalisme. Un appui des forces politiques  et sociales françaises et européennes donneraient à Sarkozy et à Angela Merkel, un poids, une légitimité et une capacité de convaincre supplémentaires.<br />  <br /> Le plan de relance de 26 milliards (dont 75% doivent être utilisés en 2009) venant après les plans de soutiens aux institutions financières, suivi du plan de 7 milliards pour l’automobile, ainsi que par le milliard et demi d’ores et déjà annoncé pour le 18 février, représente un effort important, d’application rapide, et dirigé en priorité vers ce qui est essentiel, l’investissement, condition de la modernisation de l’économie, du renforcement et de la survie des entreprises,  de la préservation de l’emploi. J’ai beaucoup de mal à penser que les syndicats puissent croire qu’une autre orientation basée sur la consommation (à l’aide de primes versées une fois et dont l’effet s’évanouit immédiatement, ou d’augmentation du SMIC qui provoque hausse des coûts et, dans la situation des entreprises,  risques de licenciements), puisse être envisagée.<br />  <br />  <br /> Les Français, sont forcément atteints par la crise internationale, mais ils le sont relativement moins, d’une manière  et dans des proportions, qui ne justifient guère l’allure des manifestations que diverses corporations animent  chaque semaine, ou de celle  que l’on nous annonce déjà pour le 19 mars ! <br /> La crise peut avoir des répercussions plus ou moins fortes dans deux domaines : l’emploi et le pouvoir d’achat.  Les actions envisagées par le gouvernement visent très précisément à aider les victimes de l’un et de l’autre.<br />  <br />  On peut constater d'abord que certains ne sont en rien exposés directement à la crise, qu’ils traverseront sans rien perdre, ce sont les membres de la fonction publique. 5 millions de personne que la crise ne touchera ni dans leur emploi ni dans leur pouvoir d’achat. Et pourtant, curieusement ce sont eux  qui manifestent. Est-ce par altruisme ? Ou plutôt pour une autre raison dont nous parlerons plus loin, en tous cas, dans ces circonstances encore, le terme de « salariés protégés » les définit parfaitement bien.<br /> Les plus aisés des Français, possesseurs d’actions qui ont perdu une grande partie de leur valeur, titulaires de revenus financiers qui se sont écroulés,  chefs d’entreprises  en difficulté, commerçants atteints par la baisse de la consommation, ont eux été directement touchés par la crise…Mais ils devraient arriver à maintenir un niveau de vie suffisant et de toutes façons ils ne font pas partie de ceux que l’on « plaint », que l’on « défend », ils ne manifestent pas et ne sont donc pas considérés comme victimes de la crise.<br />  <br /> Reste le cas des  autres salariés du privé cadres, employés, ouvriers. La hausse des prix qui sera vraisemblablement inférieure à 1% en 2009, permettra à l’énorme majorité des salariés de voir maintenu au cours de cette année son pouvoir d’achat. Pour ceux qui risqueraient de connaître des difficultés, des mesures on été prises : doublement en fin d’année 2008 de la prime de rentrée,   prime à la cuve, tarif social du gaz, RSA à partir de juin,  avec une prime « avance » de 200 euros fin mars, augmentations prévues de 5% (comme l’an dernier) de l’allocation adultes handicapés, de l’allocation vieillesse. A ces mesures s’en ajouteront d’autres que le président a prévu de négocier le 18 février avec les syndicats (exonérations fiscales pour 2 millions de personnes, augmentations des allocations familiales, développement de la participation…), peut-être d’autres encore. Au total,  quasiment tous devraient donc voir maintenu en 2009 leur pouvoir d’achat, malgré la crise mondiale. Pourquoi ne le dit-on pas ?<br />  <br /> Reste le cas de ceux qui perdront leur emploi. C’est la vraie gravité de cette crise, son effet le plus cruel, le plus douloureux. C’est pourquoi tout le plan de relance du gouvernement est tourné vers la préservation de l’emploi, grâce à la poursuite de la politique de réforme et de modernisation de notre pays,  grâce aux efforts faits pour maintenir un  crédit utile à l’économie, grâce à une vigoureuse relance par l’investissement. Cette politique, avec le plan en faveur de la filière automobile, devrait permettre de limiter au maximum le nombre de ceux qui perdront leur emploi, même si, nous le savons ils sont déjà et seront encore trop nombreux.  C’est pourquoi l’autre volet relatif à l’emploi consiste à mieux défendre la situation et le revenu de ceux qui verront leur emploi menacé ou supprimé. Améliorer fortement l’indemnisation du chômage partiel, indemniser les jeunes sans emploi ou en fin de CDD qui se voient mal pris en charge aujourd’hui, augmenter les Contrats de Transition Professionnels qui permettent un maintien intégral du salaire, et une reprise plus rapide  d‘emploi, développer les emplois aidés, accélérer le "plan banlieues"….Tous ces éléments et d’autres que le Président est prêt à négocier avec les syndicats, devraient parvenir à limiter l’augmentation inéluctable du nombre de chômeurs, limiter la perte de revenus pour ces derniers et favoriser leur retour à l’emploi.<br />  <br /> En définitive, si la situation sera difficile, difficile pour tous les pays du monde, la politique du gouvernement, les plans de relance, la poursuite des négociations avec les partenaires sociaux devraient en  limiter, pour les Français, les effets négatifs et douloureux. Dans ces conditions, voir annoncer, avant même que ne se tienne la réunion du 18 février, une grande manifestation pour le mois de mars, animée par  une fonction publique protégée des effets de la crise, n’a pas beaucoup de logique et peu de sens, sinon un sens politique.Autant la grève du 29 janvier pouvait se comprendre et se justifier, manifestant un cri d’inquiétude et une demande d’explication et de mesures sociales, autant celle annoncée pour mars, n’a qu’un sens politique : arrêter toutes les réformes de modernisation en cours, conforter tous les petits intérêts corporatistes qui veulent avant tout que demain ressemble à hier, quel qu’en soit le prix et punir la majorité politique actuelle d’avoir osé lancer une politique de réformes pour la menacer d’une alternance qui promettrait un impossible immobilisme. Que des syndicats, comme la CFTC et surtout la CFDT,  prêtent la main à ces manœuvres par crainte de continuer à perdre des adhérents et des soutiens, est  bien triste et bien déconcertant. Espérons que la réunion du 18 février les fera changer d'attitude. 
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