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18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 07:17

Le monde industrialisé a eu peur durant des mois en contemplant la courbe ascendante des cours du baril. C'était avant la fameuse crise; et entre ceux qui se réjouissaient de constater que les consommations « d'or noir » baissaient régulièrement, et ceux qui se plaignaient du coût des déplacements, il y avait un véritable divorce. Les pires prévisions circulaient sur les places financières. Arjun N. Murti un célèbre analyste de chez Goldman Sachs avait eu son heure de gloire puisque c'est lui qui avait prédit, en mars 2005, que le baril de brut (159 litres) atteindrait 105 dollars, alors qu'il n'était encore qu'à...57 dollars. Sans doute péchait-il encore par excès d'optimisme, puisqu'il indiquait que ce «sommet » n'interviendrait qu'en 2009; or en mai 2008, il y a moins d'un an, ses prédictions étaient atteintes. La flambée s'était accélérée, et le baril avait volé de record en record. Il avait atteint 124,61 dollars, le jeudi 8 mai, dans les échanges électroniques d'après-séance à New York.
M. Murti, auréolé de son flair, avait fait de nouveau trembler les marchés new-yorkais et londonien. Dans une note publiée le lundi 5 mai par la banque d'affaires américaine, l'analyste jugeait possible que les prix de l'or noir atteignent 150, voire 200 dollars, dans les six à vingt-quatre prochains mois. Cette prévision menaçante avait poussé des investisseurs à acheter encore plus de « barils théoriques » et avait alimenté la flambée des cours.
Prévision d'oiseau de mauvais augure ? On accuse volontiers Goldman Sachs, un intervenant de poids sur les marchés pétroliers, de lancer des prévisions pessimistes pour faire flamber les cours et accroître ses gains. La banque n'était pas la seule à faire ces prévisions. Sans hausse des capacités de production et de raffinage, ni redressement du dollar par rapport aux autres devises, les prix s'envoleront, jugeaient nombre d'experts, d'investisseurs et de dirigeants des pays producteurs. Un scénario noir pour une économie mondiale en phase de ralentissement. Ce tableau sombre affolait tous les gouvernements n'ayant pas de pétrole, et encore moins d'idées, sur la crise terrible qui allait s'abattre sur l'économie mondiale. Les pays producteurs engrangeaient des bénéfices records alors que les compagnies privées se gobergeaient début 2008, réalisant des profits faramineux comme Exxon et Total ! La consommation chutait cependant très vite, compte tenu des prix pratiqués à la pompe. De nouvelles habitudes de déplacements commençaient à s'installer et les déplacements alternatifs émergeaient dans les projets.
Il est vrai que, d'ordinaire prudent sur la question des prix, le président du Cambridge Energy Research Associates (CERA) un expert reconnu du secteur, n'avait pas exclu non plus un pic à 150 dollars en 2008.
De toutes parts, les signaux indiquaient que les prix resteraient très élevés dans les mois à venir. L'Agence américaine d'information sur l'énergie, qui dépend du Département de l'énergie, venait de relever de 9 dollars ses prévisions du prix du pétrole cette année : "Nous projetons désormais que le prix du baril, qui s'est échangé à 72 dollars en moyenne en 2007, vaudra 110 dollars en 2008". Et personne n'osait envisager... les cours en 2009 !

PREVISIONS FAUSSES
Les bonnes nouvelles, comme un léger rebond du billet vert (il fut éphémère) ou la reconstitution des stocks de brut et d'essence aux Etats-Unis, restaient sans effet sur les cours. Seules les mauvaises étaient retenues : la persistance de tensions autour du programme nucléaire iranien et les incertitudes sur une stabilisation politique en Irak, les attaques des mouvements rebelles dans le sud du Nigeria, qui entraînaient depuis deux ans une baisse de l'extraction du brut et les difficultés du Venezuela à pomper plus ! On broyait de l'or noir !
La décision de l'Arabie saoudite de ne pas dépasser un plafond de production quotidien de 12,5 millions de barils entre 2009 et 2020 avait également jeté un froid. Le royaume wahhabite restait en effet le premier exportateur mondial de brut. Et avec 22 % des réserves mondiales, il était le seul à pouvoir compenser une rupture d'approvisionnement éventuelle d'exportateurs fragiles comme l'Iran, l'Irak ou le Venezuela. Le déclin de la production au Mexique et surtout en Russie (depuis janvier 2008), le deuxième producteur mondial, préoccupait aussi les pays occidentaux. On s'interrogeait sur l'avenir : les cours pouvaient-ils retomber à des niveaux moins pénalisants pour l'activité économique ? Les experts débattaient inlassablement de l'écart entre un prix théorique d'environ 80 dollars, reflet du rapport entre offre et demande, et le prix réel, supérieur à 120 dollars. L'écart de 40 dollars s'expliquerait par la spéculation et la baisse du dollar. Ce qui fit dire à certains que le marché n'était pas à l'abri d'une brutale correction de 40 dollars si les investisseurs se tournaient de nouveau vers les marchés d'actions.
Les économistes de la banque Natixis (étaient-ils crédibles, quand on sait ce qu'ils ont produit comme désastre ?) soulignaient la probable sous-estimation de la demande pétrolière de certains pays dans les statistiques officielles, la Chine en particulier. Aux yeux des observateurs, le problème crucial restait celui de la consommation, trop soutenue par rapport à une production freinée par le manque d'investissements, le coût de développement de nouveaux projets et un « nationalisme pétrolier » exacerbé. Faute de nouveaux gisements géants exploitables à des coûts raisonnables, l'or noir ne devait pas cesser de s'apprécier. La prévision d'Arjun N. Murti devait se réaliser, mais à quelle échéance ? En juin 2008, la crise débarquait, et tous les pronostics s'effondraient... Comme quoi, en matière économique, les gourous ne sont pas toujours crédibles !

CHUTE DE LA CONSOMMATION
Dans son rapport mensuel, en juin à Vienne, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) révisait très vite à la baisse les prévisions de la demande en 2008 et en 2009. « La croissance de la demande de brut dans le monde reculera en 2009 à son niveau le plus bas depuis 2002 », prévenait le cartel. Aux États-Unis, la demande de pétrole brut a baissé de 800 000 barils par jour au premier semestre. La consommation de pétrole de la première économie mondiale était au plus bas depuis 1982, ce qui s'est mis à peser largement sur les cours.
« La demande, traditionnellement forte en été en Chine, au Proche-Orient et en Asie, n'a pas suffi à contrebalancer l'énorme déclin de la demande de pétrole dans les pays de l'OCDE », estimait l'Opep dans son rapport. Au même moment, la production du cartel atteignit des niveaux historiques : 32,8 millions de barils par jour, en juillet 2008, grâce à l'augmentation de la production de l'Arabie saoudite, et de l'Iran. Et le plongeon allait s'accentuer.
Dans son rapport sur l'évolution du marché pétrolier, publié il y a un mois, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) observe que la demande mondiale de pétrole a baissé de 0,3 % en 2008, pour atteindre 85,8 millions de barils par jour, et devrait baisser encore en 2009. C'est la première contraction depuis 1982-1983.
Mais cette situation est-elle durable ? Plusieurs professionnels estiment que les choses repartiront comme avant, au terme de la crise. Cette crise économique finira, et l'on retrouvera un appétit dévorant pour le pétrole. En sortie de crise, la demande des pays émergents sera toujours là. Sauf que personne n'ose prédire quand s'arrêtera la crise. Et que des changements structurels dans les comportements sont peut-être à l'œuvre. L'hypothèse d'une demande durablement en baisse est donc crédible. Elle est saluée par les partisans de la théorie du pic pétrolier, selon lesquelles la production mondiale de l'or noir ne peut plus augmenter. Le pic pétrolier a été atteint en juillet 2008, quand le prix du baril a atteint 146 dollars, mais ensuite il n'a cessé de baisser.
Mais les milieux pétroliers contestent que le pic pétrolier ait été atteint. Chez Total, on estime ainsi que " nous avons devant nous pour 30 ans de pétrole conventionnel, 20 ans d'huiles lourdes, 15 à 20 ans supplémentaires par l'amélioration du taux de récupération. Le monde pourra produire 95 millions de barils jours en 2020. Mais ce chiffre sera limité par le facteur géopolitique, c'est-à-dire la volonté des pays producteurs de s'assurer des recettes stables ".  Mais un élément nouveau oriente le débat : le changement climatique. En tous cas, la réalité c'est que tout change sur le marché !

COURS TROP BAS
Les cours du brut sont de nouveau orientés à la baisse depuis hier, repassant sous la barre des... 35 dollars à New York. Les marchés réagissent à la nouvelle secousse qui touche les Bourses mondiales et aux nouveaux signes de ralentissement économique mondial. L'activité industrielle de la région de New York a ainsi fortement reculé en février, bien plus fortement qu'attendu par les marchés. De quoi raviver les craintes sur le niveau de la demande mondiale. A la clôture du New York Mercantile Exchange, le baril de « light sweet crude » a ainsi perdu 2,58 dollars à 34,93 dollars. Sur l'Intercontinental Exchange, le Brent de la mer du nord reculait de 2,25 dollars, à 41,03 dollars le baril. ,Après avoir connu l'an passé son premier repli en 25 ans, la consommation mondiale pourrait encore reculer de 0,67% cette année sous l'effet de la crise économique, selon le rapport mensuel de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, publié vendredi dernier.
Les cours restent par ailleurs pénalisés par le niveau record des stocks de brut au terminal de Cushing, dans l'Oklahoma, qui est gavé. Les centres de stockage ne pouvant plus prendre livraison, les opérateurs sont obligés de... brader le pétrole à échéance rapprochée. Ce phénomène devrait continuer à peser sur les cours jusqu'à l'expiration, ce vendredi, du contrat de mars.
Dans ce contexte, l'Opep devrait décider d'une nouvelle baisse de sa production lors de sa prochain conférence ministérielle qui se tiendra le 15 mars. Il y a toujours 50% de chances que les pays réduisent la production pour tenter d'inverser la tendance qui les pénalisent dans leurs ressources essentielles en période de crise. Depuis septembre, le cartel a déjà abaissé de 4,2 millions de barils sa production journalière, sans toutefois pouvoir interrompre la tendance baissière observée depuis les records atteints début juillet 2008. L'Opep s'affole car les caisses qui regorgeaient de dollars sonnent creux. Les profits ne sont plus au rendez-vous. On va donc fermer les robinets pour mettre en place le principe « ce qui est rare devient cher ! ». Est-ce véritablement pour le bien de la planète ? On peut en douter.
Mais je déblogue...

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commentaires

E
@ HerbienJe te trouve bien agressif ! Et ta remarque frôle le simplisme ! Résumes-tu le problème israëlo-palestinien au nombre de morts ?Peut-être que JMD a compris qu'il était difficile de prendre partie sur un problème aussi complexe ! Et puis il est le seul à savoir quels sont les sujets qui l'inspirent ! C'est un homme libre ! Tu devrais regarder en haut de la page de son blog : "L'opinion dominante c'est comme une vapeur qu'on respire. C'est une intoxication indolore". JMD écrit sur ce qu'il veut et quand il veut !Et comment peux-tu comparer la Palestine avec la Guadeloupe !??!Ton commentaire n'est vraiment pas... pertinent ! 
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H
1500 morts en palestine n'ont pas eu l'honneur de ta prosecombien en faudra-t-il en Guadeloupe pour que tu nous parles du sujet 
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