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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 07:17

Mais où va-t-on arrêter la spirale sarkozyste des effets d'annonce ? Il est impossible que deux phénomènes se conjuguent dans ce monde en pleine dépression : l'un vise à diminuer les recettes pour faire vivre le pays, et l'autre à sans cesse augmenter les dépenses. Quel élu local basique peut se permettre pareille gouvernance ? Aucun, car ce serait de la « cavalerie » pure et simple.
 Les exonérations pleuvent depuis des mois et des mois, accentuant les effets de la crise et conduisant à casser tout le système de la solidarité républicaine, à démolir la fonction publique, à détruire les piliers de l'égalité que sont l'éducation et la santé, à considérer que la seule solution réside dans la préservation des profits pour recréer de la croissance... L'impôt, fondement - quand il est équitable et donc progressif - de la démocratie n'a plus aucune signification, puisque le seul objectif réside dans sa suppression au nom de l'efficacité économique. Privés de ressources, l'Etat et tous ses satellites sociaux mis en place il y a une soixantaine d'années, sont condamnés à vivre avec des milliards virtuels... distribués par le moulin à paroles présidentiel.
A l'issue d'une rencontre avec les partenaires sociaux, le chef de l'Etat a ainsi annoncé que le coût des aides destinées à aider les Français les plus fragiles face à la crise atteindrait... 2,6 milliards d'euros. Soit près du double de l'enveloppe de 1,4 milliard d'euros financée grâce aux intérêts des prêts accordés par l'Etat aux banques en difficulté - et donc a priori sans impact sur les comptes publics - qui avait été évoquée par Nicolas Sarkozy le 5 février dernier. Si on cumule les sommes prévues, qui ne devaient pas avoir d'incidence pour les contribuables, on arrive à un constat angoissant : qui va donc payer l'addition ?
Le ministère du Budget, joint par l'AFP, a fini par admettre que les nouvelles mesures occasionneraient « un ajustement à la hausse » de la prévision de déficit. Admirez la litote : un « ajustement » ! Eric Woerth a toujours eu le sens de la formule magique. C'est lui qui ne voulait pas parler de récession. C'est encore lui qui, interrogé sur la baisse des rentrées fiscales en 2008 et 2009, assurait vendredi que le gouvernement n'allait « surtout pas » augmenter les impôts cette année, malgré des déficits en hausse. « Si on augmente les impôts aujourd'hui pour essayer de compenser les diminutions de rentrées fiscales, c'est à ce moment là une crise qu'on approfondit », a expliqué le ministre du trou budgétaire. Il oublie simplement qu'on ne lui demande pas d'augmenter les prélèvements, mais seulement d'effectuer les prélèvements solidaires indispensables, sur les gens qui pouvent les supporter. « Aucun acteur économique aujourd'hui qui subit des difficultés, que ce soit un ménage, une personne ou une entreprise ne peut accepter une augmentation de prélèvements obligatoires », a-t-il argumenté.
« Bien sûr les déficits vont augmenter mécaniquement », a reconnu celui dont les positions sont pour le moins évolutives.. « On ne peut pas compenser », a-t-il admis, ajoutant qu'il fallait « faire en sorte que toutes les dépenses courantes de l'Etat ne progressent pas, qu'on continue à les maintenir et à les maîtriser. Il faut continuer à réduire le nombre de fonctionnaires en France », a-t-il ajouté... oubliant qu'avec les 15 milliards du bouclier fiscal, il pourrait déjà éviter de détruire l'emploi public dont on a grand besoin dans les écoles et les hôpitaux !

UN DEFICIT EXCEPTIONNEL
Avant même l'annonce de ce dispositif, le gouvernement avait averti que le déficit public (Etat, collectivités locales et comptes sociaux) dépasserait forcément 4,4% du produit intérieur brut (PIB) cette année, alors que les Ministres concernés ont toujours prétendu le contraire !
D'autant que le plan de 7,8 milliards d'euros de soutien au secteur automobile, annoncé début février, et fondé en quasi-totalité sur des prêts de l'Etat, pourrait aussi contribuer à l'alourdir. Si ces prêts sont financés directement par l'Etat, cela aura un impact sur le déficit, si c'est financé par la Caisse des Dépôts ou un autre organisme, ça n'en aura pas, sauf si on précise que la CDC est déjà saignée aux quatre veines par des ponctions incessantes du gouvernement.
Bercy, qui démontre toujours un sens aigu de l'anticipation, comme ce fut le cas quand Nicolas Sarkozy a annonçé la suppression de la taxe professionnelle, a fait valoir que cette année, c'est plus le coup de frein de la croissance, avec un recul attendu d'au moins 1% du PIB, que les nouvelles mesures sociales, qui vont creuser le déficit. Un point de pourcentage de croissance en moins se traduit par un demi-point de déficit public, rappelle le ministère.
La Commission européenne est plus pessimiste: elle s'attend à un déficit public pour la France de 5,4% en 2009 et de 5% en 2010. Elle a donc immédiatement enclenché hier une procédure pour déficits excessifs contre Paris, aux côtés de cinq autres pays européens dont l'Espagne, pour le dérapage de leurs comptes publics au-delà de la limite de 3% du PIB, tolérée par le Pacte de stabilité européen.
Le lancement de ces procédures vise à mettre la pression sur ces Etats pour qu'ils remettent de l'ordre dans leur déficit, avec la menace d'éventuelles sanctions financières. Bercy a réagi à cette mise en garde en rappelant que sa priorité était « le redémarrage des circuits de financement et de l'économie »... sous-entendant que la France s'asseyait sur les fameux critères de Maastricht. « On ne peut pas faire fi des critères de Maastricht", avait pourtant déclaré Eric Woerth en marge des journées parlementaires automnales de l'UMP à Antibes, en réponse aux propos du conseiller spécial de l'Elysée Henri Guaino, pour qui ces références n'étaient plus, déjà en octobre dernier, « la priorité des priorité ».

PAS DU CIEL
« Les critères de Maastricht sont une règle commune et cette règle doit être respectée. Aucun signe de laisser aller ou de laisser faire dans le domaine des déficits publics ne peut exister », avait vaillamment ajouté Eric Woerth. Mais, avait-il prévenu, « à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. On ne peut pas fermer la porte à des mesure de nature exceptionnelle si elles devaient être prises ». Une manière d'avouer qu'il n'avait en fait aucun pouvoir, et qu'il se plierait aux volontés élyséennes. Éric Woerth avait aussi précisé le sens d'une garantie des dépôts bancaires par l'État. « L'État ne laissera aucun établissement bancaire faire faillite et assure donc aux particuliers leurs dépôts sur les comptes », avait-il indiqué, en prenant en exemple le sauvetage, par l'État et la Caisse des dépôts, de Dexia il y a deux semaines. Comment ? Grâce à... l'emprunt, une « décision réfléchie » qu'il fallait prendre. « On ne crée pas de l'argent et il ne tombe pas du ciel » avait-il doctement expliqué. « Mais cet argent ne pèsera pas sur les finances publiques et sur les... critères de Maastricht (sic) » Le ministre avait aussi rappelé que cette dette créée était une « bonne dette », car elle avait une « contrepartie patrimoniale ». Il avait garanti que les intérêts des sommes empruntées aux banques et prêtées aux banques (comprenne qui pourra !) serviraient à couvrir les mesures sociales présidentielles. Comment le croire ? Hier soir, encore une fois, on a vérifié le fameux principe d'Edgar Faure : « les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent ». Ce devrait être la devise du Consulat actuel !

CHERCHEZ L'ERREUR
La crise économique et financière est en voie de provoquer « une récession sociale », a averti hier le directeur général du Bureau International du travail (BIT). La crise entraîne la paupérisation des travailleurs et, « dans les pays développés, elle affecte surtout les classes moyennes, tout en accroissant la vulnérabilité des plus défavorisés ». Or, les dites classes moyennes restent hors de tous les plans anti-crise et deviennent les sacrifiées de la récession. Elles ne bénéficieront d'aucun allègement de leurs charges et prendront de plein fouet l'augmentation des prix et des impôts locaux.
En fait, Nicolas Sarkozy aura accordé, dès son arrivée au pouvoir, 15 milliards de remise fiscale aux plus riches et... depuis hier une ristourne de 1,1 milliard aux premiers imposables sur le revenu. Cherchez l'erreur ! Les baisses accordées signifient en effet que ceux d'entre eux qui ont déjà payé leur premier tiers provisionnel ne paieront plus rien jusqu'à la fin de l'année, a-t-il souligné. Mais cette mesure laisse de côté plus de 16 millions de Français qui ne sont pas imposables, et maintient un honteux privilège pour ceux qui devraient l'être beaucoup plus !
Le Président prend donc les mêmes recettes et continue comme si tout avait fonctionné depuis des mois. Il va falloir qu'Eric Woerth ajuste encore ses déclarations sur les plateaux de télé, car il y a fort à parier que le déficit va encore s'accroître et que les 5 % du PIB et les 100 milliards seront approchés. Une seule certitude reste : la politique économique du gouvernement est jugée "mauvaise" par 60% des Français, qui estiment majoritairement que les mesures prises contre la crise sont « peu efficaces » et « inéquitables » et réclament davantage de mesures en faveur du pouvoir d'achat. A priori, ils devraient le faire le 19 mars... car ils sont encore loin du compte. En banque évidemment !
Mais je déblogue...

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commentaires

P
<br /> Mais oui, qui va payer l'addition?Certainement pas les bénéficiaires du bouclier fiscal, puisqu'il n'est pas question d'y toucher, certainement pas les banquiers, ni les patrons des grandes sociétés, puisque c'est l'Etat qui leur vient en aide...Alors qui ? Et bien, vous et moi, les classes moyennes, les modestes fonctionnaires, s'il en reste encore, les petits commerçants, les artisans....Quant aux millions de citoyens pauvres, les chômeurs, les jeunes à la recherche d'un emploi, les retraités, on leur accorde généreusement la suppression des 2/3 d'un impôt sur le revenu....qu'ils ne paient pas, puisque le montant de leur revenu est inférieur au seuil d'imposition. C'est dérisoire,c'est méprisant et insultant à l'égard de ceux qui n'ont rien ou presque rien pour survivre.Et qu'on ne vienne pas nous dire que la droite et la gauche c'est la même chose! Le programme du Parti Socialiste pour lutter contre la crise, même s'il était perfectible, c'est quand même autre chose que le catalogue dérisoire et inefficace proposé -ou plutôt décrété - par Mr Sarkozy !Et si vous lisez le bulletin du secrétariat Europe-International du PS ( lettre n°9 du mercredi 18-2-2009), vous y trouverez cette brève, qui montre bien qu'un gouvernement socialiste est parfaitement capable de trouver des solutions efficaces et qui emportent l'adhésion des citoyens : " La cote de popularité de Michelle Bachelet est au plus haut auprès des Chiliens qui saluent la manière dont la présidente socialiste a réagi à la crise économique et financière. Le gouvernement de la Concertation avait du affronter un mouvement social très dur en 2008. Avec 53,1% de bonnes opinions, elle retrouve le niveau d’il y a deux ans, et qui contraste avec la sévère défaite de ses partisans aux différents scrutins de l’an dernier et les 35,3% de satisfaits enregistrés en septembre 2007. Le gouvernement de coalition de centre-gauche a lancé le mois dernier un plan de relance de quatre milliards de dollars qui a été bien accueilli par l’opinion publique et les milieux d’affaires."Comme quoi, même quand on est socialiste, on peut réussir un plan de lutte contre la crise. Pourquoi pas nous ? Encore faut-il que nous y croyions, et que les militants, syndicalistes, salariés, actifs comme retraités, soient prêts à montrer leur détermination.<br />
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J
Je suis d'accord, Pierre. Si il y a urgence à savoir ce que l'on doit faire, il faut aussi se pencher sur le résultat d'une attitude majoritaire qui consistait à dire que gauche ou droite, c'était la même chose.Ce n'est pas pareil, on piétine des mots comme idéologie, politique ou élus en y ajoutant des connotations péjoratives. Il apparait aujourd'hui que nous avons tous besoin d'un Etat fort (ce qui n'est pas le cas aujourd'hui), d'un gouvernement à l'écoute (il fait absent et en retard), et d'une politique solidaire face à la crise (aujourd'hui elle divise !).Non, une politique de gauche et droite ce n'est pas la même chose. Je ne vote pas pour des personnes ou personnalités, mais pour des idées.
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P
26 milliads aux banquiers experts en gestion, 15 milliards à une poignée de riches, 2 milliards pour les demi pauvres, rien pour les pauvres et peau de banane pour les Antillais. Que ceux qui pensent que la droite et la gauche c'est pareil se réveillent.
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C
Et ça continue, encore et encore,Ce n'est que le début d'accord, d'accord.                                       F Cabrel.Signé : un retraité encore à l'abri du besoin mais qui ne possède pas de ROLEX et qui souhaite d'évidence la non réélection de l'hyperactif absent des DOM TOM.
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