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11 août 2006 5 11 /08 /août /2006 07:17
Le terrorisme refait son apparition au cœur de l’été, comme les requins sur les plages paisibles où se baignent d’innocentes victimes potentielles. Les Anglais, en ayant eu la bonne idée de tirer une fois encore les premiers, ont certainement sauvé le monde occidental d’un massacre. En activant l’une de leur cellule dormante, les spécialistes de l’attentat de masse voulaient donner un signe fort au cœur de l’affrontement entre les Israéliens et le Hezbollah. Une manière, pour eux, de venger les bombardements terribles sur Cana ayant causé la mort de 51 personnes dont… 22 enfants que l’on pouvait difficilement suspecter de tirer des roquettes sur Israël. La conjonction des deux événements ne saurait être le fruit d’un pur hasard.
La loi du talion n’a jamais été aussi présente au Moyen Orient, où elle est née. Partout, elle sert à excuser les défaillances morales des uns ou des autres, et elle se quantifie tous les soirs au moment des communiqués de presse. Un peu comme si le poids des victimes était différent face à la mort, les bilans télévisés se transforment en "scores", grâce auxquels il devient possible de mesurer l’efficacité des offensives.
Les premiers signes de la loi du talion ont été trouvés dans le Code d'Hammourabi en 1730 avant Jésus Christ dans le royaume de Babylone. Cette loi a permis d'éviter, au début de l’organisation humaine, que les personnes ne se fassent justice elles-mêmes et d'introduire ainsi un début d'ordre dans la société, en ce qui concerne le traitement des crimes. Nous voici donc revenus, près de 4 000 ans en arrière, sur une planète surpeuplée, ressemblant chaque jour un peu plus à une poudrière.
Les limiers de la police britannique ont annoncé hier avoir déjoué un complot visant à faire exploser en vol plusieurs avions, entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, et avoir arrêté… 24 personnes sur lesquels on ne connaît bien entendu que fort peu de choses.
"Pour le dire plus simplement, il s'agissait de la préparation d'une tuerie d'une violence inouïe. L'opération avait pour base la Grande-Bretagne, elle était avancée, impliquait beaucoup de monde et avait une portée internationale", a déclaré le numéro deux de la police. Bien évidemment, on n'écarte pas d'emblée la piste d'Al Qaïda, mais on affirme qu'une implication directe de l'organisation islamiste est peu probable dans ce complot qui prévoyait l'utilisation de "substances liquides chimiques" sur les six à dix avions de ligne visés. Le mois dernier, Al Qaïda avait en effet appelé les musulmans à combattre tous ceux qui soutiennent l'offensive israélienne au Liban, et menacé la Grande-Bretagne et les Etats-Unis de nouveaux attentats s'ils ne se retiraient pas d'Irak et d'Afghanistan.
LA GUERRE MEDIATIQUE EST CAPITALE
On n’apprendra, de toutes manières, que ce que les services secrets voudront bien lâcher, en cette période où la " guerre médiatique " est au moins aussi capitale que celle qui se déroule sur le terrain. En effet, dans les dépêches relatives à cette " affaire ", il y a une information susceptible d’éveiller la curiosité du lecteur attentif : " La Maison Blanche a jugé que ce complot constituait une menace directe pour les Etats-Unis. George Bush avait été tenu au courant il y a quatre jours de l'imminence de l'opération de police ". Le coup de filet a donc été préparé au jour et à l’heure près, avec selon toute vraisemblance, le souci de contrebalancer l’énorme impact négatif des guerres " justes " au Proche Orient. Je doute, depuis un certain 11 septembre, de l’efficacité des " hommes de l’ombre " américains et anglais, et je ne sais plus, sincèrement, où se situe la vérité.
De tous temps, les médias ont été mis à contribution afin de participer à l’effort de guerre. La censure n’est plus considérée comme efficace. Bien au contraire. Les spécialistes lui préfèrent, et de loin, la technique de la " substitution ". Comme les grands " networks " se livrent à une course permanente au sensationnel, au " scoop ", à l’audience, il suffit de nourrir leur appétit pour qu’à une information défavorable maintes fois ressassée, succède une autre information plus alléchante.
Si désormais, individuellement, certains journalistes sont devenus méfiants après la gigantesque manipulation de la Guerre du Golfe, leurs " supports " ne sont pas à l’abri d’une indigestion, provoquée par leur trop grande voracité de spectaculaire. S'il est vraiment trop excessif de prêter de mauvaises intentions à beaucoup de correspondants ou d’envoyés spéciaux, on est bien forcé de constater qu’aujourd'hui, le traitement de l'information est influencé de façon déterminante par ceux qui disposent des moyens de communiquer sur la guerre ou le terrorisme, et de les promouvoir.
Dans ce contexte d’angoisse montante, les plus grand organes de diffusion d'information jouent souvent parfaitement leur rôle, en procédant à une légitimation de la guerre par leurs propres récits et en provoquant une grande fascination pour celle-ci : les villes envahies sont désignées comme des villes sécurisées, personnification du conflit et " diabolisation " de certains protagonistes, redondance des infos même quand il n'y a que peu ou rien à dire. L’utilisation du " conditionnel " sur les affaires " secrètes " mériterait un sort particulier. Malheureusement, comme l’école ne s’intéresse plus aux conjugaisons et à leur intérêt dans l’expression, le citoyen n’a que peu de chances de comprendre.

DE L’USAGE DU CONDITIONNEL
A propos du "conditionnel", il n'est donc pas inutile de refaire un historique sur l'emploi de celui-ci dans les différentes guerres. Au Kosovo nous avions droit au "conditionnel majoré": la plupart des médias annonçaient des dizaines de milliers de morts, voir les centaines de milliers de morts kosovars alors qu'ils n'étaient que quelques milliers (c'était déjà beaucoup trop !).
Au Liban, on utilise le "conditionnel minoré", selon le camp, alors qu’aujourd'hui il est plus que certain que le nombre de victimes, dans ce pays, dépasse déjà largement le nombre de celles du World Trade Center. Pour les terroristes, on se trouve désormais dans un " conditionnel qui… conditionne " l’opinion en laissant entendre que les " informateurs " disposent d'une grande quantité d'informations, et, en vérité, ils manquent d'éléments sur la réalité des faits, tels qu'ils se produisent : "Nous pensons avoir déjoué un complot terroriste qui visait à provoquer des destructions et des pertes humaines incalculables", a déclaré le numéro deux de la police britannique… L’association d’une appréciation positive, mais encore floue, (" nous pensons avoir déjoué… ") et celle, encore plus vague, mais beaucoup plus intéressante médiatiquement (" qui visait à provoquer des destructions et pertes humaines incalculables… "). Tout est dans cette science de l’utilisation des mots.

DES TSUNAMIS MEDIATIQUES
Les terroristes de tous bords ont eux aussi une parfaite connaissance du système. Ils savent que l’on ne juge, depuis une quinzaine d’années, la force d’une action qu’à son retentissement médiatique planétaire. Ainsi, Ben Laden enregistre ses cassettes en sachant qu’elles doivent être rares, fortes et bien placées temporellement pour avoir un effet réel.
Ils cherchent donc à déclencher des " tsunamis " médiatiques afin d’impressionner leurs partisans ou leurs ennemis. Dans le camp adverse, on n’est pas en reste, avec parfois des arrières pensées aussi machiavéliques. Le 11 septembre 2006 a fait, par exemple, officiellement 2986 victimes. C’est une horrible statistique, mais qu’il faut rapprocher des chiffres officiels du Pentagone précisant que... 2590 soldats américains seraient morts en Irak depuis mars 2003, date de l'invasion américaine en l'Irak, qui par ailleurs, aurait causé directement ou indirectement plus de… 200 000 victimes dans ce pays. Ont-ils le même "prix" dans le traitement télévisé ?
Des toutes mes forces, je condamne le terrorisme aveugle et obscurantiste. Je ne songe même pas à douter de l’épisode de l’arrestation de 24 comploteurs de haut niveau en Grande Bretagne et dans le monde. Je hais pourtant la manipulation et le mensonge, d’où qu’ils viennent. Alors, je deviens inexorablement un citoyen qui doute… C’est démoralisant, mais absolument indispensable.
Mais je déblogue…
 
NDLR (samedi) : Je constate que les Britanniques viennent de relacher un surpect de terrorisme et que la garde à venu des autres est prolongeé faute de preuves manifestes... Tony Blair est resté en vacances: la situation est donc très grave!
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commentaires

H
en core des victimes de la propagande americano is- raelienne<br /> un nuage de fumee mis en place par les services de m.blair<br /> un nouveau delit celui d'intention(peut etre d'inspiration sarkoziste)<br /> quant a "l'affrontemententre israel et le hezbollah" ne s'agirait pas plutot d'une nouvelle guerre coloniale o'israelqui cherche a s'etendre jusqu'au fleuve Litanien profitant de la folie meurtriere de M. bush qui a decide de remodeler le proche orient afganistan irak liban et bientot syrie et iran
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R
Même si la mort d’un seul innocent est de trop, il semble que le bilan du dramatique et terrible bombardement israélien du village de Cana, au Liban-Sud s’établisse à 28 morts, dont 16 enfants.<br /> « 11 septembre 2001 a fait par exemple officiellement 2986 victimes »<br /> Ce peut-être un lapsus révélateur de l’intention des terroristes de fêter ça !<br /> Le doute : oui, mais en prenant toutes les dispositions comme s’il n’était pas permis !<br /> La menace pour le monde aujourd’hui me semble être beaucoup plus l’extrémisme islamique, qu’Israël !
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J
Voyez plutôt mon article sur le sujet "Israël, Liban, Hezbollah et Hams".Il est beaucoup plus serein et beaucoup plus net ... Que vous vouliez l'admettre ou non, nous sommes bel et bien engagés dans une confrontation mondiale contre le terrorisme. Ce qui carractérise ce dernier c'est la VOLONTE délibérée de répandre la terreur dans les ESPRITS des Occidentaux : soummettez-vous à Allah sinon gare ... C'est ça et rien d'autre le message de Ben Laden et de ses suppôts! Pas difficile à comprendre ... Ben Laden ne veut pas de la démocratie. Pour lui ce rejet à valeur de dogme. Moi, je veux la DEMOCRATIE. Pour moi, l'adhésion aux valeurs qu'elle soutent a la force d'un principe qui ne se discute pas et que l'on défend,s'il le faut, les armes à la main.
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J
<br /> <br /> Ma chronique ne se veut ni "sereine ni nette" et elle ne formule que des doutes, car il m’est impossible de faire confiance spontanément aux annonces<br /> médiatiques. Vous êtes un heureux homme de savoir de manière aussi tranchée où se trouve la vérité et plus encore le "bien" et le "mal". Je ne suis qu'un homme qui a appris, en 20 ans de<br /> journalisme, à... douter (beaucoup plus que les autres), car j’ai vécu, de l’intérieur, les manipulations les plus énormes.<br /> <br /> <br /> Je constate simplement que les Britanniques viennent de relâcher un " suspect de terrorisme " faute de preuves et que la garde à vue des autres est prolongée également en raison du<br /> manque de preuves manifestes... Tony Blair, premier Ministre est aussi resté en vacances à La Barbade : la situation est donc très grave! Ou alors il a voulu éviter de tomber dans la pagaille des<br /> aéroports. Je crois donc à cette affaire mais n'empêche que j'ai encore un brin de doute.<br /> <br /> <br /> La CIA (avez-vous vu une remarquable série sur la Cinq à ce sujet) a maintes fois, des années plus tard donné la preuve de son efficacité dans le montage d'opérations d'intox... Et l'affaire des<br /> pseudo terroristes irlandais en France du temps de Tonton m'avait rendu au moins méfiant. Et le Rainbow Warrior ? Pas vous ?<br /> <br /> <br /> Je ne soutiens ni Ben Laden et ses fanatiques, ni les intégristes juifs et leurs fanatiques, ni les intégristes catholiques d'hier et d'aujourd'hui et leurs fanatiques, ni les églises américaines<br /> et leurs fanatiques. Les fanatiques, surtout les institutionnels (ayatollahs, pape, rabbins, gouvernants sous l’emprise du pouvoir à conserver…) me font peur.<br /> <br /> <br /> Bush pour moi appartient à cette catégorie, mais surtout pas à celle des "démocrates" que vous semblez soutenir aveuglément.<br /> <br /> <br /> Faire part de son doute c’est probablement dangereux car ça va à l’encontre de l’opinion dominante qui doit justement imposer sa loi.<br /> <br /> <br /> <br />