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11 octobre 2006 3 11 /10 /octobre /2006 07:30
Il n’y a plus aucun pays de la planète dans lequel l’immigration, plus ou moins clandestine, ne constitue pas un enjeu électoral. De partout, les mouvements de population liées à la misère ou à l’insécurité provoquent des craquements dans les démocraties. Et si, comme en Belgique dimanche dernier, les partis xénophobes ne parviennent pas au pouvoir, ce n’est qu’après des efforts terribles effectués par des militants convaincus du danger. Chaque fois, on pousse un ouf de soulagement et on passe à autre chose, comme si tout était réglé en ayant évité le pire. Or le danger perdure, et renaît à chaque scrutin.
En France, il est impossible de masquer la vérité : le pays devient de plus en plus xénophobe et convaincu que la mixité sociale va altérer l’identité nationale. Des paroles imprudentes confortent malheureusement ce point de vue latent, lorsque leurs auteurs confondent volontairement la République et la Nation. Laurent Fabius a parfaitement rappelé, dimanche, la différence fondamentale entre ces deux visions globales d’un territoire. Il a en effet souligné que "la nation, lorsqu'il s'agit de la France, s'identifie à la République. Il ne faut jamais laisser croire, laisser dire, par je ne sais quelle dérive de la parole ou de la pensée, que la nation (...) pourrait dériver vers le nationalisme", a-t-il prévenu. En effet, le péril est de plus en plus patent car, à force de s’approcher du feu, on finit par s'y brûler les ailes de la liberté et y perdre son idéal.

UNE COMMUNAUTE HUMAINE IDENTIFIEE
Il faut ne jamais oublier qu’une nation est "une communauté humaine identifiée installée dans des limites géographiques" ayant souvent évolué au cours de l'histoire, et dont le patrimoine commun supposé serait "la conscience d'appartenir à une même entité humaine". Ce groupe peut avoir en commun distinctif sa culture, qui ne définit pas toujours, à elle seule, une communauté nationale, quand les mœurs diffèrent. La langue ne peut pas toujours servir à définir une nation. La Suisse par exemple reconnaît quatre langues officielles. L’Espagne accepte l’utilisation du catalan et du basque.
Malheureusement, il devient aussi de plus en plus répandu que la religion commune serve de fondement à ce qui se prétend être une nation. Mais il est aussi fréquent de voir s'opposer des nations se réclamant de la même religion, que de voir des guerres de religion dans une même nation. L’Irak ou l’ex-Yougoslavie en sont des illustrations flagrantes… toutes ces réalités ne permettent pas que l’on utilise ce mot sans dangers réels.
En fait, la base en est constituée sur des questions que l'on appelle fréquemment "des valeurs", ces valeurs étant parfois illustrées dans une devise nationale : liberté, égalité, fraternité. Les divergences dans la nation ne portent alors pas souvent sur le contenu philosophique de cette devise, mais sur les modalités de sa mise en œuvre. Elle ne devrait donc surtout pas se confondre avec la citoyenneté, hormis en français, où le terme " nationalité " au sens de " ressortissant " juridique, notion de droit international, découle d’une application du fondement même de la République. On peut dire, par exemple, qu’il y a une nation kurde alors qu’il n’y a pas d’état kurde, et donc pas de citoyen kurde. En Afrique, j’ai découvert une nation mossi alors qu’il n’y a plus d'état mossi ni de citoyenneté mossi.

LA NATION REDEVIENT A LA MODE
On oublie trop que ce débat a des conséquences politiques fondamentales, et ce n’est pas par un pur hasard si la "Nation" redevient un mot à la mode, un mot que l’on lance sur des estrades ou devant les caméras. Il permet, par une utilisation habile, de s’approprier le résultat de l’interminable débat sur le "droit du sol" et le "droit du sang", et surtout laisse planer un doute fort sur l’immigration. Ce mot autorise à surfer habilement sur la xénophobie ambiante en faisant référence à des "valeurs" mais surtout pas à un "statut". Or la conception française républicaine actuelle repose encore sur le " droit du sol ", qui va avec les droits de l'Homme et du Citoyen, mais pas avec une appartenance innée à la Nation.
On a enfoui dans nos mémoires fragiles que la Révolution, elle même, avait malheureusemnt  institué le " droit du sang " contre le " droit du sol ", qui faisait de l'individu la " propriété " du roi; mais finalement la République a fini par rétablir le " droit du sol ", afin de combler l'écart démographique qui se creusait avec l'Allemagne, et surtout récupérer dans ses colonies des soldats pour défendre son sol. Bizarrement, pour l’époque révolutionnaire, la notion de " droit du sang " affaiblissait la citoyenneté qui devenait indépendante de la volonté des individus, et elle était contraire au principe même de la volonté d’appartenance à une communauté, régulée par des textes institutionnels.
On en est arrivé, lentement mais sûrement, en France et dans bien des pays, à une confusion entre les principes de la Nation et ceux de l’Etat. Ce qui fait que, non seulement une Nation devrait posséder une réalité géographique, mais aussi, de plus en plus, une structure institutionnelle et une existence politique. Cette évolution a lentement conduit à interpréter la notion… de nationalité comme l’appartenance à un Etat. Et c’est là que débute la pente savonneuse, car on en arrive à ne plus distinguer très clairement ce que recouvre la fameuse carte nationale d’identité. On l’a bien vu dans l’ex-Yougoslavie, où malgré un passeport yougoslave il n’y avait rien de commun entre des nations différentes. L’attribution d’une nationalité ne devrait plus dépendre de la culture, de la langue et encore moins de la religion mais elle devrait être acquise par un acte volontaire, qui s’appelle une demande de " naturalisation ".
C’est parce que nous acceptons les uns et les autres, Bretons, Basques, Catalans, Flamands, Alsaciens, immigrés, filles ou fils d'immigrés… de vivre sous les lois républicaines que nous pouvons nous réclamer de la nationalité française. Si l’on se met à exiger la même culture, la même religion, la même langue (c’est ce qui a été fait pour les fausses régularisations Sarkozy), on s’éloignera à grandes enjambées de la valeur française fondamentale : liberté , égalité, fraternité. Il faut exiger le respect des lois de la République mais pas un modèle culturel ou religieux dominant.

NON APPLICATION DU DROIT DU SANG
Il y a déjà une innocente victime de ce débat qui reviendra à la une de l’actualité dans les prochaines semaines, soyez-en sûrs. Un homme simple, qui a choisi de soutenir les positions sur l’immigration choisie, et l’expulsion des sans papiers (donc des sans nation) de Nicolas Sarkozy, se trouve victime de la non application du droit du sang qu’il voudrait voir règner en France. En effet, le pauvre Johnny Halliday qui souhaitait obtenir, pour convenances personnelles, la nationalité belge, vient de se faire jeter… Il croyait ce brave Johnny, partisan pour le coup de l'émigration choisie, que le fait que son papa ait eu une carte d’identité belge au nom de Smet allait lui permettre, sans problème, d’obtenir son passeport. Ses espoirs d’une double nationalité avantageuse semble compromis, car Outre Quiévrain on campe sur le " droit du sol ", dans une nation où les langues, les cultures et les religions sont différentes entre Wallons et Flamands.
Suite à la demande de naturalisation de Johnny Hallyday, l'Office des étrangers, qui dépend du ministère belge de l'Intérieur (un copain de Sarko ?), a en effet précisé avoir informé la Chambre des représentants chargée de se prononcer, que le chanteur n'avait pas eu "sa résidence principale en Belgique durant les trois ans précédant sa demande". Posséder sa résidence principale en Belgique depuis trois ans est en effet "l'une des conditions pour l'acquisition de la nationalité belge par naturalisation", a rappelé Fernand Simon, conseiller général à l'Office des étrangers.
A la Chambre des représentants, on  a souligné que le dossier du chanteur serait examiné au cours d'une des prochaines réunions de la commission des naturalisations, en observant que… quelque 6.000 dossiers sont "administrativement prêts" pour être étudiés.
Bigre 6 000 dossiers de naturalisations, ce n’est pas le nombre des régularisations que son copain Sarkozy avait fixé pour les sans papiers ? Johnny va pouvoir écrire une chanson de soutien aux sans papiers belges. Maintenant il saura, au moins, de quoi il parle ! Chirac,  lui qui avait obtenu une adoption rapide, ne bougera plus pour son ex-pote Johnny. Il ne lui reste plus qu'à aller prendre la file d'attente des sans papiers belges, ou à s'installer dans un gymnase de Bruxelles avec Laetitia et sa fille!
Mais je déblogue...
 
 
 
 
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commentaires

E
Mais oui Jacques, je te "chambre" c'est tout !<br /> Enfin moi, quand je me présente à des élections, c'est pour les gagner !<br /> Même si tu as "doublé", 0,94 % c'est vraiment pas beaucoup ! ;-)
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J
Et ceux qui font zéro pour cent parce qu'ils n'ont même pas le courage de se présenter? Eric Mouchet peut-être? Je suis fier d'avoir tenté cette aventure. J'ai fait, en moins de 3 semaines, un score double, en Ile de France, de celui fait par tous ceux qui se présentait sous la même étiquette que moi (MDR = Mouvement des Réformateurs que j'ai quitté dès qu'il a voulu se fondre dans l'UMP). Je dis bien FIER!
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E
Non Jacques, tu n'es pas comme tout le monde, tu es Monsieur 0,94 % ! ;-)
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J
Moi, je ne suis que le "commun des mortels", comme tout le monde!Youkaïdi, lui, est au dessus du lot. Il n'est pas comme tout le monde! C'est une "vedette". La preuve, il utilise un pseudonyme, comme les vedettes du show-business. C'est pour ça qu'il fait son cinéma...
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R
Bien que je ne sois pas d' accord avec tout ce que dit Jacques, j' aimerai le feliciter pour sa franchise et son discours dénué de langue de bois. Il y a certainement un juste milieu entre l' angelisme et le radicalisme sur la question de l' immigration. Je réitère ma proposition de "formation" pour aider les immigrés à s' integrer. S' ils sont intégrés, motivés et qu' ils aiment notre nation, ils seront une richesse pour elle. Dans le cas contraire, il seront un danger.
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