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12 janvier 2007 5 12 /01 /janvier /2007 07:59
Lentement mais sûrement, le filtrage des candidats aux présidentielles s’opère. Un peu comme dans le cycle de la vie, ce n’est pas parmi ceux qui s’agitent le plus que se retrouvera l’heureux élu. Tout n’est en effet qu’apparence, car l’essentiel est de se frayer, au nom d’une candidature seulement annoncée, durant cette période d’incertitude absolue, une place même minime, sur le devant de la scène. La très grande majorité de celles et ceux qui prétendent à la charge suprême sait pertinemment qu’elle n’entrera même pas dans le vestiaire de départ. Alors, il lui faut absolument tirer profit de son annonce de " départ potentiel " ou même, on l’a bien vu… de son renoncement moyennant compensation ultérieure. Ce comportement fait totalement illusion, et il est à peu près certain que, sur la centaine de noms prétendument inscrite pour passer devant les électrices et les électeurs, il n’en restera même pas une dizaine. Le désastre du premier tour de 2002 pèse sur les ambitions potentielles des uns et des autres. On pratique l’esbroufe, l’intox, la démesure, pour tenter de tirer à soi la couverture médiatique.
En fait, derrière chaque désistement, on trouve le même problème : l’incapacité avérée à obtenir les 500 signatures d’élus locaux et notamment des Maires. Toutes et tous peinent tant la quête de ces paraphes est exigeante, désormais très ingrate, à quasiment un an des municipales. Il faut d’abord des fonds importants car, écrire à des milliers de premiers magistrats communaux, se déplacer chez eux pour essayer de les convaincre, utiliser quelques arguments sonnants et trébuchants, nécessite des sommes que tout le monde n’a pas. La très grande majorité des " partants " sait donc déjà qu’elle n’a plus aucune chance de passer le cap des 500 engagements écrits valables. Ensuite, une logistique (secrétariat, relations presse, soutiens matériels) devient indispensable. Enfin, le drame vient du fait que, de plus en plus, les Maires se méfient de l’impact sur leur vie publique ou personnelle de leur engagement.
Actuellement seuls Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou,  et Marie Georges Buffet ont la certitude de voir leurs dépenses couvertes par les 700 000 € destinés à la première phase de leur campagne. Les autres, absolument tous les autres, doivent avoir les moyens d’avancer les frais sans aucune garantie de remboursement… Ce quatuor est donc le seul qui n’a pas besoin de se tracasser : il aura la première partie de l’examen de passage.

DES SITUATIONS TRES DIVERSIFIEES
A l’extrême droite, il faudra que des élus de la droite dite républicaine fassent un effort particulier pour que Jean Marie Le Pen obtienne son sésame pour…peut-être, faire battre Sarkozy ! La situation, paradoxale, est devenue tellement préoccupante que Bruno Mégret, le revenant, a appelé hier De Villiers à se retirer et à apporter son soutien au maître du F.N. Le Pen avoue un peu plus de 400 sésames et le Vicomte en comptabiliserait 300… Ils plafonnent tous deux et ils ne savent même pas si, début mars, ces promesses se transformeront en autant de signatures officielles. Leur sort va se jouer dans le mois de février !
A droite, Nicolas Dupont-Aignan est dans le doute. Il parcourt les départements mais les Sarkozistes déclarés et les Chiraquiens en sommeil ont verrouillé le système. Comme Chirac ne renoncera que le plus tard possible, les ouvertures n’existeront pour le trublion UMP que quand il sera trop tard. La chasse aux Maires risque donc d’être délicate pour lui, comme pour tous les autres.
A l’extrême gauche, la situation n’est guère plus brillante. Les adeptes d’Arlette Laguillier traquent fébrilement les Maires jusqu’à leur domicile tant ils sont inquiets : elle ne fait plus recette chez les élus locaux révoltés. Elle n’apparaît plus comme la Jeanne d’Arc de l’opprimé. Olivier Besancenot est, lui aussi encore loin, très loin du compte. Il lui faudra obligatoirement un coup de pouce du destin (les ennemis apparents d’aujourd’hui peuvent être alliés discrets de demain) pour qu’il puisse aller agacer les… socio-démocrates. Les soutiens ne lui viendront pas du PC, qui a en travers de la gorge l’attitude de la LCR sur le front anti-libéral; alors il sera contraint d’ aller les mendier ou les troquer chez les divers gauches, dont Ségolène n’aura pas nécessairement besoin pour garnir son carnet d’entrée dans le bal des prétendants.
Chez les verts, on voit rouge, car là aussi rien n’est gagné. Dominique Voynet n’est pas Noël Mamère et, pour le moment, c’est profil bas, car les promesses ne s’accumulent pas sur le bureau. Même l’emblématique Nicolas Hulot n’a pas réussi à récupérer un nombre de promesses en adéquation avec sa célébrité médiatique. Il est encore à plusieurs dizaines du cap à franchir. Il devait annoncer sa décision fin décembre. C’est reporté au 22 janvier, avec l’espoir que, ce jour là, s’il renonce, comme c’est probable, il le fasse en ayant… les 500 signatures ce qui donnera un certain panache à son retrait. Corinne Lepage n’aura pas ce privilège, car elle est loin, très loin de posséder le pactole destiné au Conseil constitutionnel. Le verdict est sans pitié : elle ne participera pas à ces élections, mais elle aura bien rentabilisé son… intention d’y participer ! Si elle réclame tant un droit de parole sur les Jités, c’est que ses jours de campagne sont comptés !
Tous les autres, excepté peut-être paradoxalement le candidat de Chasse Pêche Nature et Tradition, n’ont plus aucune chance de figurer dans les devantures des bookmakers anglais lors des paris sur les élections françaises. Ils sont incapables de présenter les soutiens indispensables. La vérité dérange mais elle est ainsi.

LES MOYENS ET LES FONDS DU MINISTERE
En fait, nous sommes dans les apparences, mais absolument pas dans la certitude. Une sorte de casting d’une télé réalité, dans laquelle un jury élimine les candidats avant qu’ils soient enfermés dans un château pour décrocher le titre de l’année. Un seul possède absolument tous les atouts pour se qualifier facilement, et il n’est autre que Nicolas Sarkozy avec les moyens humains et les fonds du Ministère de l’Intérieur. Même s’il n’en a pas besoin, il dispose d’une force de frappe, de moyens financiers et humains, cumulés avec notamment les fonds de son ministère, qu’il n’utilisera pas directement dans la campagne, mais qu’il saura néanmoins faire fructifier. En effet, les Maires sont sensibles aux subventions, et encore plus à leur versement rapide… et avec le nouveau budget 2007, les caisses ont été à nouveau remplies. Il attendra le dernier moment pour les vider à bon escient.
Par exemple, la vielle de quitter son ministère, pour aller à Matignon, Dominique de Villepin avait signé tous les arrêtés d’attribution de ce que l’on appelle dans le jargon des élus locaux : " la réserve parlementaire ". Des crédits attribués sans aucune autre base que celle du fait du prince ! J’en sais quelque chose, car c’est ainsi que la réfection des locaux de Judo a bénéficié de 50 000 € de cette manne. D’ailleurs, Sarkozy le sait. Il maîtrise bien ces paramètres indirects mais décisifs dans la période actuelle : le réseau des Préfets qui peuvent activer ou désactiver des intentions plus ou moins " bonnes ", celui des renseignements généraux dont on sait qu’ils ne font plus de politique (et mon œil), les informations sur ses adversaires. Il restera en place encore plusieurs jours et, d’après son propre camp, il ne partira qu’avec les archives et les caisses vides, après distribution généreuse des crédits disponibles

"JE FERAI LES DEUX"
Il n’en fait d’ailleurs pas mystère, en déclarant hier qu'il était en mesure d'être candidat à la présidentielle et de poursuivre intégralement son activité de ministre, comme le président Chirac le lui a demandé, soulignant: "il m'a demandé de faire les deux? J'obéirai". N’empêche que depuis l’Elysée, on a programmé la suite. Nicolas Sarkozy pourrait, selon le Canard enchaîné de la semaine dernière, dimanche, jour de l'investiture de l'UMP pour l'élection présidentielle, annoncer son "départ imminent" du ministère de l'Intérieur. C'est François Baroin, actuel ministre de l'Outre-mer qui lui succéderait. Selon l'hebdomadaire satirique, la nomination de ce dernier à ce poste interviendrait sur "ordre de l'Elysée"… Devinez pourquoi ? Il sera encore temps de modeler la liste des candidats de droite in-extrémis… et de ramener les réseaux au bercail.Ce sera la dernière chance de certains d’entre eux.
Baroin aura comme consigne de faire le coup " Jospin " à l’envers. Chirac bloquant par sa fausse indécision le clan " dur " de feu le RPR, il faudra susciter, si le laps de temps le permet encore, le plus de candidatures susceptibles d’affaiblir l’agité de Beauvau. C’est ce que craint le plus Sarkozy, et c’est la raison qui le pousse à tenir la boutique le plus longtemps possible. Le marché aux signatures ne peut pas s’ouvrir dans son dos. La semaine prochaine sera la semaine clé de cette campagne, et le conseil des Ministres de mercredi vaudra son pesant d’hypocrisie institutionnelle. La course par élimination va prendre un tour décisif. Elle ressemblera à ce que fut le stock-car autrefois. L’essentiel des efforts consistera à pousser les autres dans le décor. Un décor dans lequel ils disparaîtront beaucoup plus vite qu’il n'y étaient apparus. Tous leurs efforts ne serviront à rien, car rien ne sera laissé au hasard pour les empêcher de revenir en piste. On règlera ses comptes ensuite, entre habitués. Ce qui est infiniment plus rassurant que quand il faut supporter des empêcheurs de tourner en rond.
Mais je déblogue…
JE VOUS AVAIS PREVENUS MAIS VOUS NE M'AVIEZ PAS CRU... Relisez la chronique de L'AUTRE QUOTIDIEN "Des chiffres et des mots" puis allez
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commentaires

2
bien ce blog
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J
dans le stock car presidentiel il y aura des sortie de route. Dupont-Aignant a reussi a s'y maintenir en démissionnant de l'UMP. j'apprécie beaucoup votre blog et bienvenue à http://poly-tics.over-blog.com/
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Y
J.M. Le Pen a sûrement déjà ses 500 signatures mais comme d'habitude joue le brimé par "l'establishment".
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V
Intéressant article, mais j'aimerai également savoir à qui vous avez apporté votre signature d'élu local et ce que vous pensez de l'attitude de la rue de Solférino qui demande aux élus PS de ne pas donner leur signature à personne d'autre que SR ?<br /> Personnellement, je trouve cette décision honteuse pour le fonctionnement de la république...
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