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29 mars 2007 4 29 /03 /mars /2007 08:28

Je suis toujours en panne d'Internet (problème de modem) et j'ai donc des difficultés à assumer la gestion de L'AUTRE QUOTIDIEN. Par ailleurs, je m'absente jusqu'à dimanche pour présider le rassemblement national des villes des Rosières de France à Aubières (63). Je suis donc désolé de ne vous proposer qu'un best blog qui, je l'espère,  vous permettra d'attendre la fin de ces incidents techniques, indépendants de ma volonté.

Je vous convie absolument à regarder ce soir sur France 3 un téléfilm indispensable à votre culture et qui vous permettra peut-être de comprendre les raisons qui m'ont entrainé, il y a maintenant plusieurs décennies, dans le sillage de Célestin Freinet. Pour une fois, regardez la télé et "Le maître qui laissait les enfants rêver". Toute ma culture personnelle et professionnelle est née dans l'esprit de ce téléfilm. Si j'avais pu écrire une chronique, je l'aurais fait sur ce film... Délaissez la campagne et rejoignez Célestiin Freinet.

 

 

 

 FREINET, REVIENS VITE

La bibliothèque d’Izon a brûlé hier matin. Plus de 10 000 ouvrages ont été détruits volontairement, par un ou plusieurs individus. Des autobus de ramassage scolaire ont été incendiés à Mourenx. Des écoles maternelles ont déjà été la proie des flammes dans des banlieues. Des collèges, des lycées ont été plus ou moins touchés. L’espace culturel de Créon avait été, dans un passé récent, à plusieurs reprises, vandalisé. L’école maternelle Alice Delaunay, courant août, avait eu chaud, une nuit où les poubelles du tri sélectif avaient servi de boute feu….

Chaque fois, je suis profondément choqué. Chaque fois, je m’interroge sur les motivations profondes pouvant conduire des enfants, des adolescents ou des adultes, à incendier les espaces dans lesquels, à priori, tout est tenté pour justement aider les plus défavorisés à se sortir de leur triste sort. Ils assassinent leurs rares espoirs !

Faut-il, en effet, que leur perception de la vie sociale soit erronée pour qu’ils mettent en péril leur propre outil de promotion ? Y-a-t-il des gestes plus absurdes que ceux qui consistent à détruire les espaces pouvant conduire justement à la liberté, à l’égalité, à la fraternité ? Nourrissent-ils une telle haine des structures dans lesquelles ils ont vécu ? Sont-ils, à ce point, inconscients, pour ne plus se rendre compte qu’ils saccagent les liens les plus précieux qu’ils entretiennent avec leur avenir ? Ils brûlent sûrement le symbole de leur échec !

 

LE MUR DE L'IGNORANCE

Les pires barbaries ont commencé par des autodafés. Les moments les plus terribles de l’histoire ont toujours été ceux durant lesquels, anonymement, on s’en est pris à l’éducation et à la culture. Les atrocités les plus douloureuses touchent certes les corps, mais elles peuvent également marquer les esprits. Quel mur est plus infranchissable que celui de l’ignorance ? Un pays dans lequel on trouve des jeunes ou des moins jeunes, prêts à brûler les établissements qui leur apportent le savoir et la culture ne peut pas uniquement répondre par un couvre feu. Il doit s’interroger sur le fonctionnement de son système éducatif… et pas uniquement applaudir à une mesure purement conjoncturelle, qui ne résoudra pas le fond des problèmes.

En effet, cette ignorance totale du poids réel des actes, vient essentiellement d’un défaillance de ce que l’on appelle encore provisoirement l’éducation nationale. En fait, sous la pression des demandes parentales et sociales, on est passé de plus en plus de la notion ambitieuse " d’éducation nationale " pour revenir au concept réducteur " d’instruction publique ". Il faut certes appendre, mais pas nécessairement comprendre. La compétition sauvage a supplanté la réussite personnelle.

Célestin Freinet doit se retourner dans sa tombe…en voyant l’hécatombe générée par une école de plus en plus élitiste, travaillant, bonheur suprême, à auto reproduire la pseudo réussite de ses enseignants. Le système se rengorge de produire le major de l’ENA, de Polytechnique, de l’Ecole normale supérieure. Il ne se préoccupe pas des dégâts  collatéraux terribles que génère ce culte de la réussite par le seul savoir.

 

REMETTRE EN CAUSE LES METHODES

De Villepin annonce sentencieusement des moyens nouveaux, des assistants de vie scolaire, qui vont aider les collégiens à faire leurs devoirs, qui vont dispenser des cours de rattrapage… Catastrophique, car malheureusement ces décisions du toujours plus, ne changeront rien aux réalités. Si on ne remet pas parallèlement en cause les méthodes pédagogiques, c’est poser un cathéter sur une jambe de bois ! Mais comme il n’y a plus aucun débat au sein du corps enseignant sur la manière d’enseigner (merci la suppression des écoles normales !)et que l’on se contente de constats, rien n’évolue. On constate et on continue. Le film désuet " L’école buissonnière " devrait être projeté et commenté par des enseignants qui ont risqué leur carrière en allant, dans les années soixante, au nom d’un idéal éducatif…

J’ai été formé et j’ai exercé durant vingt ans mon métier d’enseignant avec passion, selon les concepts de la pédagogie Freinet : individualisation maximum de l’enseignement, valorisation maximum de la réussite, travail à son rythme, refus de tout jugement péremptoire sur la réussite, départ de tout enseignement sur le milieu de vie et pas sur des clichés standardisés, formation à la responsabilité, au dialogue, au respect des différences, progression, même minime, toujours jugée positive… Les postes supplémentaires ne suffiront pas, s’ils ne s’accompagnent pas d’un énorme effort d’adaptation du système éducatif  aux réalités! Personne n’ose poser ce véritable enjeu social, car ce serait reconnaître l’inefficacité absolue de cette " Education nationale ", qui exclut celles et ceux qui ne peuvent pas entrer, pour de multiples raisons, dans le moule. Les outils, même les plus performants, l'amlioration, même la plus formidable des conditions de travail, la quête des effectifs les meilleurs ne changeront pas nécessairement le comportement des élèves. Il faudrait considérer que la pédagogie est une technique, un savoir faire, propres aux enseignants, et bouleverser totalement les bases de celle qui est actuellement majoritaire. Tout ce que je sais de la vie, je le dois aux méthodes Freinet, qui m'ont imprégnées et m'ont permis d'être en permanence un citoyen en devenir.

 

UNE VERITABLE FORMATION CITOYENNE

Le milieu associatif ne pourra jamais, par ailleurs, compenser la carence d’une véritable formation citoyenne. Au lieu d’enseigner la démocratie, il paraît indispensable de la faire pratiquer dès le plus jeune âge. Or, le gouvernement vient d’annoncer la suppression des enseignants mis à la disposition des associations périscolaires (800 postes en France) qui, justement, ont en charge le soutien aux initiatives pédagogiques formatrices pour la solidarité (Pupilles de l’Enseignement public), la coopération (OCCE), la culture (Ligue de l’Enseignement), le sport (USEP, UNSS …), la citoyenneté (CEMEA). On les étrangle, on les pille, on les prive de leur base active et aujourd’hui, à la tribune de l’Assemblée, devant les caméras de télé, on annonce des crédits… pour 2006, alors qu’on ne leur a pas encore payé les subventions de 2005* ! Comment peut-on en toute conscience tromper l’opinion publique avec autant d’aplomb ?

Le " couvre feu " ne recouvrira qu’une marmite bouillonnante. On n’en verra plus l’eau chaude. On ne verra plus les flammes du feu. On cachera la réalité sous un couvercle, durant 12 jours (ou plus), en ressortant un état d’urgence " matériel ", alors que l’urgence à traiter est d’abord " morale ".

Le couvre feu, les mesures répressives, ne sont que de  misérables caches misère, des réponses dilatoires à un échec social profond, des placebos pour soigner un cancer des esprits. Les incidents graves de la gare de l'Est, comme tous les autres, avant d'être un échec de la Police, sont tout simplement le reflet d'une citoyenneté en péril. Rien, absolument rien, n'est entré dans les esprits. Le système éducatif qui exclut, mais refuse de valoriser, finira par emporter la société dans son désarroi.

Mais je déblogue...

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commentaires

C
@ CécileIl n'y pas pas qu'à moi qu'il arrive des trucs bizarres à la publication (cf votre message)En 78....je passais mon bac (c'est quoi avant la préhistoire? :-))On peut m'appeler Christophe, ça fait plus vrai :-)Moi je pense que ce débar du matin sur un sujet pris dans Sud Ouest qui plus est, était bien l'illustration de ce que j'ai dit auparavant..Pas une méthode, une technique ou un outil tout fait..Mais un instituteur avec un bagage pédagogique, des certitudes, des penchants (la presse, la citoyenneté par exemple) qui se revendique d'un "courant".... Et s'il n'y a pas de méthode miracle on peut penser quand on est envahi d'une bouffée d'optimisme béat, qu'il en existe une (ou du moins une certaine manière de s'y prendre) qui peut mieux réussir à un élève plutôt qu'à un autre...Le plus dur est de faire se rencontrer l'élève et l'enseignant qui essaye ou pratique cette approche...Et quand l'enbseignant a en trente, il sait qu'il fera un meilleur score que n'importe quel candidat, mais jamais l'unanimité....Je garde toujours en mémoire cette réflexion d'une maman d'un copain chez qui j'étais en vacances à l'âge de 12 ans...." Mais comment tu peux être aussi intelligent à l'école (j'avais sûrement de meilleurs résultats que son fils) et être aussi bête dans la  vie !?(je ne savais rien faire de concret, mettre le couvert, préparer une salade de tomates etc....)"
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G
Eric,<br /> c.beledou,<br /> Tu as raison Eric ce n\\\'est pas une méthode miracle (et malheureusement il n\\\'y en a pas) et sans doute JMD avait ce don d\\\'impliquer les élèves dans "leurs vies scolaires". Je relève le défi pour les tests des anciens élèves ! (j\\\'ai la photo de classe des CM2 de l\\\'année1978 et mon fils te dirait que c\\\'était au moins à la préhistoire !!!)<br /> Monsieur beledou (je peux vous appeler comme ça ?)<br /> J\\\'ai aimé le parcours de votre fille et lorsque vous dites "nos jeunes sont en capacitée d\\\'être éduqués à devenir des citoyens responsables" c\\\'est aussi rendre hommage à cette méthode Freinet qui nous a incité trés tôt à débattre autour d\\\'un thème -1 different chaque matin de classe- et vous imaginez bien que 30 loupiots de 10 ans ne peuvent évidemment pas être tous d\\\'accord. C\\\'est à cet age là  "qu\\\'il faut commençer"  à leur apprendre à organiser leurs idées.<br />  
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C
@Cécile@EricMais nous sommes tous d'accord.....et personne ne peut me fournir une copie du film..sniff....Eric, Cécile te montre que pour elle ça a réussi et moi je te t'explique très clairement que ma fille était en échec (ou a mis en échec la méthode comme j'aimais à le dire parfois).Elle a même eu le plus faible résultat du collège aux évaluations d'expression écrite aux tests de 6ème (bon, je la soupsçonne d'avoir voulu se faire remarquer ou d'avoir fait hors sujet....) ce qui est un comble pour une élève qui sort d'une école ou l'expression écrite prend tout son sens...<br />  <br /> <br /> Je ne crois surtout pas qu'il y a une méthode miracle, mais je ne pense pas non plus que JMD a affirmé que la méthode était miracle, unique, la seule dans la vérité, etc...D'ailleurs, j'imaginais pas jusqu'à son article que JMD faisait du Freinet dans sa classe, je pensais qu'il faisait du JMD :-)) Tout ça pour dire qu'il avait forcément fait évoluer des outils, des approches pédagogiques en fonction de l'évolution des élèves, des techniques de communication et surtout (le plus important) de sa personnalité... Cette alchimie a fait que des "Cécile" se sont pas ennuyées, ont pris du plaisir et de la confiance et ont même acquis un niveau scolaire plus que convenableLe jour où on ne jugera plus uniquement sur des résultats scolaires bruts mais sur des progressions, des états de "bien être" (confiance, aisance, sérieux, prise d'initiative, créativité, citoyenneté malgré un manque de facilités pour la "norme" scolaire) ; on se rendra compte que les élèves passés entre les mains de "personnalités"  à la pratique pédagogique affirmée (peut importe la méthode, même s'il est juste parfois de rendre hommage à ses "pères") ont "musclé" les autres formes d'intelligence."...Or on s'est aperçu que la relation entre le QI d'un individu et sa réussite  en un sens large est pour le moins ténue....d'autres facteurs, visiblement plus importants que l'intelligence abstraite et logique sont responsable du succès à 80%.." Page 30 Guérir, David Servan Schreiber, éditions pocket)<br />  <br /> <br /> Donc Eric il te faudra mettre en place tout une série de tests qui évaluent un ensemble de compétences, ou d'aptitudes même si des compétences essentielles doivent être acquises...Je crois que les méthodes pédagogiques trop affirmées peuvent avoir les mêmes risques que des régimes alimentaires trop draconiens...Il vaut mieux manger de tout un peu que beaucoup de un peu....Il ne faut pas confondre une bonne pratique avec un mauvais praticien...Je pense effectivement qu'on peut générer des catastrophes quand on utilise des outils (plutôt qu'une méthode) dont on ne maîtrise ni les tenants, ni las aboutissants.<br />  <br /> <br /> Quans Cécile parle de   "valorisé chacun de nous dans le domaine où il se sentait le mieux",  "débats citoyens" ...." nous ont permis trés tot de s'écouter les uns les autres de débattre en respectant les idées de l'autre"...."nous étions prêts, très autonomes et suffisamment mûrs". "elle a influencé de manière certaine mes années d'études"   On parle bien de plein d'autres compétences que celles visées au premier abord..... Tu auras du mal à les évaluer, à les tester et surtout à démontrer qu'elles découlent d'une certaine forme de "pédagogie"...La richesse d'un parcours d'élève est que justement il puisse faire l'expérience (et des rencontres) d'approches différentes. Il ne faut surtout pas chercher à opposer les unes aux autres ou essayer de "dégommer" l'une car on se sent plus proche et plus à l'aise avec une autre (tiens ça me rappelle quelque chose, mais je sais plus quoi:-))Des exemples de ratés, on en a tous...Mais des témoignages de personnes capables de se souvenir des apports à long terme d'une pédagogie classique, ordinaire (sans jugement de valeur), on en trouvera moins....Freinet, JMD et tant d'autres (n'est pas JML?) ont toujours respecté les objectifs à atteindre par le programme. C'est ou c'était plus ou moins facile suivant les années et les élèves... Mais la manière de les réaliser, les apports annexes et la personnalité de l'enseignant marquent de manière particulière l'élève...J'ai beaucoup aimé cette pub de l'éducaiton nationale où on voit des sportifs, des comédiens, des artistes, des gens célèbres quoi :-)) se remémorer un nom de prof ou d'instit qui les a marqués dans leur jeunesse.Et je supppose Eric, et j'en suis suis puisque je l'ai déjà lu dans ton blog, qu'il t'arrive d'accomplir de petits miracles avec tes élèves déjà bien cabossés ou largués ou pas concernés par ce pour quoi ils sont en face de toi.On a tous plus ou moins en mémoire des reportages où un voit (par exemple) un "prof tout petit et gringalet" faire chanter un opéra en latin à des "géants" qui semblaient incontrôlables 15 minutesd auparavant dans le cours qui précédait...Le charisme, avec un bon programme et des objectifs raisonnables mais ambitieux et sincères, ça marche toujours mieux... Là aussi le parallèle est facile à faire par les temps qui courent... Sauf que un prof pas sincère qui cherche à faire semblant, qui dit à ses élèves au deuxième trimestre qu'il a changé, ça marche pas... En politique, manifestement, ça marche....<br />  <br /> <br /> ça prouve bien que nos jeunes sont en capacité d'être "éduqués" à devenir des citoyens responsables.<br /> PS: En espérant que ce commentaire respectera la mise en forme après publication (mon précédant devenant encore plus "imbuvable")
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E
@ Cécile<br /> Oui, je ne suis pas vraiment en désaccord avec ce que tu écris, mais je crois qu'il ne faut pas penser que cette méthode est une méthode miracle ... Je sais qu'elle n'a pas fonctionné partout aussi bien que chez JMD (ma mère a été instit et j'ai baigné dans le milieu). Et même chez JMD, il faudrait faire des stats pour évaluer concrètement la validité de la méthode car même si elle a été très appréciée par les élèves, il faudrait regarder de près si elle n'a pas aussi engendrée des lacunes importantes...<br /> Bon alors, voilà ce que je propose, tu vas réunir tous les anciens élèves de Jean-Marie, et je vais vous faire passer des tests. On peut faire ça dans la salle de spectacle de Créon ! ;-))))))<br /> Non, sérieusement, je pense surtout que c'était Jean-Marie qui était brillant !
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G
Pour une fois .Eric je suis en désaccord avec toi. J'ai connue la méthode Freinet puisque JMD était mon instituteur lorsque j'étais en CM2. Cette méthode a valorisé chacun de nous dans le domaine où il se sentait le mieux, aucun élève n'était à la traine, l'utilisation du plan de travail nous a appris l'autonomie, l'indépendance et la gestion du temps, à 10 ans, ce n'est pas rien. Les débats citoyens autour d'un article du sud-Ouest choisi par 2 élèves chaque matin nous ont permis trés tot de s'écouter les uns les autres, de débattre en respectant les idées de l'autre. L'entrée en 6ème n'a été pour nous qu'un jeu d'enfant simplement parce que nous étions prets, trés autonomes et suffisamment murs. Je suis heureuse de l'avoir connu car du collège à la fac, elle a influencé de manière certaine mes années d'études.
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