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11 avril 2007 3 11 /04 /avril /2007 07:29
Il n’y a plus aucun doute : les choix d’urbanisation constituent le fondement des réussites ou des problèmes actuels. Cette politique locale suscite désormais bien des débats et surtout bien des incompréhensions car elle est victime des a priori les plus ordinaires. Surtout de la part de celles et ceux qui ne cherchent jamais à comprendre avant de juger. Par exemple, il n’est plus possible dans une commune de proposer un programme de logements à loyer modéré ou en accession modulée à la propriété sans soulever pétitions, réunions houleuses ou débats infondés. Les bailleurs sociaux deviennent perplexes, car l’image des banlieues colle à tous les projets et il devient quasiment impossible d’argumenter sur le caractère indispensable de tous ces investissements. Le renouvellement des générations, la mixité sociale, le maintien des services publics, la réponse à un besoin crucial ne sont pris en compte que par celles et ceux… qui raisonnent avant de critiquer.
Qui connaît véritablement le système d’attribution du permis de construire ? Qui mesure la responsabilité directe réelle des Maires dans l’urbanisation ? Qui accepte la venue des autres, quelques mois après qu’il se soit installé en un lieu ? Qui connaît les contraintes mises à toute autorisation de construire ? Qui mesure les conséquences de la non structuration urbaine pour expédier vers des contrées éloignées les gens cherchant un droit obtenu par les autres ? Qui prend en compte les Schémas d’Aménagement à l’échelle de l’agglomération qui s’imposent aux volontés locales ? La plupart du temps, il ne s’agit que de poncifs colportés au nom de grands principes dont on ne mesure pas du tout les réalités sur le terrain.
Les choix d’urbanisme ne se gèrent pas sur une durée courte, mais sur des dizaines d’années tant le système de régulation est long et difficile. Un peu comme un paquebot, on n'en modifie pas la route sur une distance très courte. Il faut savoir avant toute discussion que l’élaboration ou même la révision d’un plan d’occupation des sols autrefois, ou d’un plan local d’urbanisme maintenant, demande au minimum deux ou trois ans de travail, de concertation, d’enquêtes publiques… n’intéressant la plupart du temps que deux catégories de citoyens : celles et ceux qui veulent spéculer sur leurs terrains, celles et ceux qui ne veulent personne à côté de chez eux ! Cette difficulté se complique avec les multiples recours qui ne manquent jamais d’intervenir dès la publication du document… L’exercice n’est pas sans risques. Quelle que soit l’issue de la démarche, elle nécessite un véritable courage politique, car plus la commune est modeste plus elle comporte de risques de révolte dans un sens ou dans l’autre.
LE DANGER TERRIBLE DU MITAGE
Le premier critère qu’il faut ainsi retenir réside dans sa tendance à consommer de l’espace. La loi Solidarité et Renouvellement Urbains (SRU) de Louis Besson avait pour objectif essentiel d’éviter le mitage de l’espace qui constitue le désastre réel de l’urbanisation en cours. Une ville qui se structure, se développe en utilisant au maximum l’espace est au cœur du texte de la loi SRU. Il faut absolument lutter contre l’étirement le long des routes secondaires des terrains à bâtir. Il faut absolument densifier les entités humaines existantes. Et si l’on veut maintenir une Poste, une perception, une maternelle, relancer le commerce de proximité, avoir des services à la personne (santé, social…) ou culturels, ou sportifs, il faut une dimension de ville, mais sans accepter qu’une maison standardisée et 4 habitants nouveaux consomment, en pleine campagne, à trois ou quatre kilomètres du bourg, 3 ou 4 000 m² de terrain !
Le problème, c’est que quand un POS a été établi il y a quarante ans sur la base du mitage, il est extrêmement difficile de le juguler et de le maîtriser. Sur une commune de 2500 ha, il est certain que 3 500 habitants disséminés partout sont moins " visibles " que 3500 répartis sur 300 ha, et que la perception n’en est absolument pas la même. Et pourtant, à l’arrivée, on ne critiquera pas l’élu qui met 100 maisons partout alors que l’on s’en prendra à celui qui les rassemble sur un espace réduit sous forme d’appartements ou de maisons de ville. Sauf qu’à l’arrivée, les dégâts écologiques sont incomparables.
La centaine de pavillons va, par exemple, stériliser environ 600 000 m² alors que l’autre va " coûter " 10 000 m². Elle nécessitera l’entretien de 15 à 20 kilomètres de voirie, alors que la seconde se contentera de 1 kilomètre. Elle génèrera environ, chaque jour, un parcours en voiture ou en ramassage scolaire d’environ 300 kilomètres cumulés, alors que l’autre se contentera de moins d’une centaine. Il faudra des réseaux d’eau potable plus longs, des assainissements non collectifs incertains, des réseaux électriques fragiles car non enfouis, des distances considérables pour la collecte des déchets ménagers ou les services ultérieurs à la personne. Et pourtant, vendeurs, acheteurs, voisins potentiels ne réclament que le mitage qui conjugue leurs intérêts !
La pire des situations naît de la mise en œuvre d’une telle politique d’urbanisation passive dans des collectivités dépourvues de tous services (école, commerces, loisirs…) car ils augmentent démesurément l’utilisation de l’automobile, mais satisfont forcement celles et ceux qui sont installés quelque part et qui ne souhaitent que voir les " autres " aller ailleurs !
INFORMER, CONSULTER, ASSOCIER
Dans le cadre du plan d’aménagement et de développement durable (PADD) qui doit désormais accompagner tout nouveau document d’urbanisme, il faut absolument présenter les axes " politiques " choisis par les élus. Ils doivent utiliser tous les moyens possibles pour informer, consulter, associer les habitants qui le veulent à cette phase. En ce qui concerne Créon la procédure dure depuis plus d’un an afin d’infléchir le futur PLU et renforcer les décisions antérieures. Certaines options se situeront dans le droit fil du respect de la loi SRU, avec la poursuite du développement de la couronne extra bastidaire accompagné d’une interdiction de toute construction nouvelle au-delà de 800 mètres des équipements publics. Cette mesure vise à favoriser  le développement des modes de circulation dits alternatifs à l’automobile. Il devra être assumé vis à vis des nombreux propriétaires qui attendent un droit à construire. Bien d’autres points découleront de cette décision de principe (désenclavement de certains quartiers, constitution d’une réseau intra communal de voirie pour circulation douce, augmentation des possibilités de création d’emplois sur site, création de zones naturelles publiques protégées…) mais aucun d’eux ne devra gêner l’indispensable développement d’une ville dans laquelle en 2007 le nombre de personnes de plus de 60 ans est largement supérieur à celui des moins de 11 ans ! Personne ne prend en compte ce phénomène qui va, dans une décennie, causer bien du souci à une territoire qui serait sanctuarisé.
REFUSEZ AUX AUTRES CE QUE VOUS M’AVEZ ACCORDE
Même si le propos peut paraître fuyant, il faut ensuite revenir sur le comportement citoyen vis à vis de l’urbanisation. Pas un seul de celles et ceux qui en font la critique ne peut affirmer qu’à un moment ou à un autre… ils n’en ont pas profité. Le problème récurrent se résume à une simple formule : " refusez aux autres ce que vous m’avez accordé. " Le reste s’ajoute sans aucun problème : " j’ai consommé de l’espace, j’ai utilisé les réseaux payés par les autres, j’ai bénéficié des services créés pas les autres, je veux payer le moins d’impôts possible et au nom de l’écologie… je ne veux plus voir personne. ". Le problème, c’est qu’ils exigent du Maire de ne pas appliquer l’équité républicaine consistant à respecter scrupuleusement les textes et règlements dont eux-mêmes ont bénéficié ! Ils sont prêts à demander à leur élu, forcément suspecté de complaisance malhonnête de… refuser ce qui est parfaitement légal car conforme au document de base adopté après enquête publique depuis des décennies. De toutes manières, il y a suspicion vis à vis de ce qui est fait pour les autres et naturellement pas pour soi !
Comment expliquer que l’instruction n’est pas, dans une commune comme Créon, faite par la Mairie mais par le Direction Départementale de L’Equipement, qui recueille tous les avis, analyse tous les détails, compare les propositions et tous les paramètres légaux avant de proposer une décision à l’élu. Il y a une transparence absolue. Quand le PLU est adopté, il est difficile de demander à la Mairie de ne pas l’appliquer, sauf à admettre que l’urbanisme se fait à la gueule du client !
Ce secteur de la gestion communale est actuellement le plus préoccupant, car les appréciations qu’il suscite sont souvent le reflet du mal moderne de notre démocratie : juger la politique à l’aune de ses propres intérêts ! La vison globale n’existe plus, et je crains que le notion de développement durable ne devienne qu’une arme réactionnaire pour jeter l’opprobre ou l’anathème sur toutes les formes d’urbanisation.
En attendant, on continuera à miter l’espace rural, à accroître la longueur du trajet domicile travail, à raréfier le foncier, et donc à renforcer la spéculation, à ne pas répondre au dramatique besoin de loyers modérés, à démultiplier les réseaux pour répondre aux besoins d’épuration des eaux, à augmenter le coût de la collecte des déchets, à protester contre les champs voisins qui ne seront plus entretenus, à râler quand le viticulteur traitera sa vigne ou quand le propriétaire interdira la cueillette des champignons dans son bois… Et on inscrira sur le fronton d’une splendide demeure, au milieu d’un vaste espace, le triptyque de la nouvelle République : maison, gazon, télévision !
Mais je déblogue…
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commentaires

R
J'ai loupé un débat avec le plus fidèe lieutenant de Fabius, zut. Par contre, y avait-il uncontradicteur de l'UMP où était-ce un simple meeting de campagne ?
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E
Salut Eric,<br /> J'étais absent (en période de campagne, on a des trucs à faire !). Je vois que les vieux débats reprennent. Decidement on tourne en rond. Franchement, sur l'anonymat je me souviens que tu m'avais "attaqué" sur ce point il y a quelques temps et j'avais expliqué avec détail qui j'étais. Je me borne à dire mon prénom par gain de temps. Mais est-ce vraiment important ? Je te l'accorde, dès lors qu'une personne est insultante et anonyme, c'es rageant mais il reste le pouvoir d'effacer les commentaires par JM comme il a déjà fait à juste titre (je me souviens d'un débat sur la religion entre toi et JP Reix...).<br /> Alors vive la liberté de choix ! Amitiés.
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E
@ Agnès Wetterwald<br /> Je "monte sur mes grands chevaux" lorsque je ne suis pas d'accord avec des opinions agressives et anonymes. Je ne suis pas toujours d'accord avec Jean-Marie, certains de mes commentaires en témoignent, même s'ils sont très peu nombreux je vous l'accorde.<br /> Si je vous agace, vous n'avez qu'à ne pas lire mes commentaires et c'est tout ! Vous pouvez aussi ne pas venir sur ce blog !<br /> Vous rendez-vous compte que vous êtes en train d'émettre l'idée que je devrais être interdit d'expression sur ce blog !??!<br /> Si vous avez des repproches perso à me faire, pourquoi ne pas me les faire directement par mail ? Pourquoi "squatter" ce blog pour parler de moi ? Ici, on exprime des opinions, on ne juge pas des personnes identifiées !<br /> Je lis ce blog tous les jours et Jean-Marie est un ami ainsi qu'un camarade de parti. N'est-il pas normal que je sois donc "sensible" à ce qu'il écrit et aux commentaires qui figurent sur son blog ?<br /> Sinon, j'insiste, je considère qu'un commentaire agressif anonyme ne peut-être que lâche !
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A
Mr Mouchet, il devient agaçant de vous voir monter sur vos grands chevaux chaque fois que JMarie ou son action semble être remise en cause...<br /> L'anonymat peut aussi permettre d'emettre des remarques sans que son voisin ait besoin d'être au courant... Je n'y vois pas forcément de la lacheté. <br /> J'apprécie les commentaires car ils me permettent d'entendre d'autres opinions, d'autres arguments qui ne vont pas forcément dans le sens de la pensée créonnaise. Cela fait du bien aussi.
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E
C'est gentil de me traiter de je ne sais quoi... Vous voyez, sous l'anonymat vous êtes très courageuse ! C'est dommage que vous soyez aussi agressive sans argument ! Enfin, pour l'essentiel, si vous voulez que le Maire "traite" votre problème, vous connaissez certainement son numéro de téléphone...
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