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12 avril 2007 4 12 /04 /avril /2007 15:02
Dans le programme sarkoziste un axe essentiel repose, pour flatter l’électorat le plus réactionnaire, sur la suppression d’un poste de fonctionnaire partant en retraite sur deux. Une sorte de dégraissage du mammouth " fonction publique " destiné à diminuer, selon un théorème simpliste, les dépenses de l’Etat, qui lui confèrerait l’image d’un gestionnaire rigoureux. Le coup marche dans tous les cas, car comme est ancrée dans l’opinion dominante le principe " élus, tous pourris ", stagne dans les esprits celle qui associe " fonctionnaires tous fainéants ". Il suffit de tendre l’oreille au comptoir d’un bistrot ou dans un repas de famille où l’on trouve une profession libérale ou un artisan, pour comprendre combien ces poncifs sont similaires.
Ce qui est formidable, dans ce type de proposition, c’est que personne ne l’associe à des cas de proximité. Quand on est parent d’élève, bien évidemment, ces coupes sombres ne peuvent pas être effectuées dans les écoles où les chères têtes blondes ne peuvent se sentir bien que dans des classes à cours unique, avec des effectifs restreints. On signe allègrement (sic) des pétitions courroucées contre des suppressions de postes d’enseignants, on se met en grève dans les collèges ou les lycées, face aux ajustements horaires, on défile pour réclamer des " accompagnateurs " scolaires, on râle quand il n’y a pas de remplaçants, mais… on applaudit ou on reste indifférent quand on sacrifie sur l’autel du libéralisme des milliers de postes d’enseignants pour redresser le déficit budgétaire. Le principal patron qui pratique le licenciement massif n’est autre, en 2007, que l’Etat lui-même et Sarkozy annonce encore mieux pour l’an prochain.
Bon nombre d’électrices ou d’électeurs pensent qu’ils ne seront pas concernés par ces tristes réalités et râleront dès qu’elles s’approcheront d’eux. Ce sentiment que, désormais, le local l’emporte en toutes circonstances sur le global, transparaît outrancièrement dans la campagne des présidentielles. Plus les mesures proposées sont politiques au sens général, moins elles touchent la population qui ne voit pas plus loin que son quotidien, la clôture du voisin ou le clocher du village… Alors pensez donc que la suppression de postes de fonctionnaires est assez vague pour ne toucher personne en particulier, et laisser l’impression que les retombées indirectes ne toucheront ni l’école du coin, ni le collège un peu plus loin, ni la Gendarmerie, ni le commissariat de police, ni l’hôpital dans lequel on espère ne jamais aller, ni les services de la DDE auxquels on n’aura pas recours pour un permis de construire, et encore moins la justice que l’on estime étrangère à sa vie… Il sera toujours possible, le moment venu, de s’épancher sur la nullité des fonctionnaires, leur paresse courtelinesque, leur incompétence notoire, leur inutilité crasse, leur coût exorbitant … Si vous écoutez bien, vous constaterez dans les discours dominants que l’enseignement est nul, la police incapable, la justice trop lente, l’hôpital inhumain, les contrôles inutiles. Bref que Sarkozy, Bayrou, De Villiers et Le Pen sont les gladiateurs qui vont sauver votre compte en banque. Surtout si vous ne payez ni impôts sur le revenu, ni impôts locaux !
L’AVANTAGE DE LA LENTEUR ADMINISTRATIVE ORGANISEE

Sarkozy a même inventé un système extraordinaire : priver les services publics de l’essentiel de leurs moyens humains et financiers pour en démontrer… l’inefficacité, et " marchandiser " leurs compétences. Si l’école publique ne marche pas : tant mieux, les parents iront vers le privé et ajouteront leur obole aux crédits de l’Etat réduits à leur plus simple expression. Si l’hôpital ne répond pas, malgré tous les efforts de ses personnels, à l’attente des malades : tant mieux. Ils iront dans les cliniques privées et cesseront de se plaindre, s’ils ont les moyen de payer !
Alors, fort de ce principe, il a marchandé l’incapacité de la justice à répondre à l’énormité de sa tâche actuelle. Il a eu l'idée géniale de vendre la longueur des procédures à… Chirac. Plutôt que de donner les moyens aux juges d’accélérer les procédures, il va en tirer bénéfice pour acheter le soutien de son ennemi devenu intime.
C'est pratique, la lenteur de la justice. On peut en profiter pour laisser des dossiers s'enterrer. Et parfois, on peut critiquer ce rythme d'escargot et décider d'arrêter une instruction. A en croire le Canard enchaîné de mercredi, Nicolas Sarkozy aurait choisi la seconde voie pour contraindre quelques juges à mettre au panier trois encombrants et poussiéreux dossiers concernant Jacques Chirac. Le candidat UMP et le chef de l'Etat auraient conclu, il y a quelques semaines, un accord secret, consistant à éviter au Président l'humiliation de finir sa carrière politique dans le bureau d'un juge.
S'il était élu, l’exterminateur de fonctionnaires ferait voter dès l'été un projet de loi visant à réformer l'ordonnance de 1945 sur les mineurs. Glissé dans ce texte, un article obligerait les magistrats à clore leurs enquêtes dans un délai de dix ans après les faits, et à carrément annuler les dossiers trop anciens. Ce qui est le cas de trois affaires touchant Jacques Chirac : celle sur les fausses factures de la Sempap, une ancienne imprimerie de la mairie de Paris ; celle des chargés de mission payés par la mairie alors qu'ils travaillaient pour le RPR ; et celle des emplois fictifs du RPR, qui a valu à Alain Juppé un an d'inéligibilité. Dans cette dernière affaire, une trace matérielle impliquant Chirac existe, ce qui nourrit l'hypothèse d'une convocation, une fois l'Elysée quitté et le statut pénal protecteur envolé. Il faut avouer que l’astuce est superbe : profiter d’un contexte pour acheter un soutien minimum relève du plus parfait machiavélisme.
IL NE RECULE DEVANT AUCUN SACRIFICE

Les fonctionnaires, au milieu de ce déferlement de démagogie, devraient se sentir pris en otages. Le problème c’est que certains ont dû être piqué par la mouche tsé tsé de l’apolitisme. Il paraît que dans les salles de profs bien pensants, Bayrou ferait un tabac alors que ce brave mi-chèvre mi-chou avait tout simplement rêvé de bouleverser la loi Fallloux et donc tuer à petit feu le service public d’éducation, mais on prétend que peu d'enseignants connaissent l'importance de la loi Falloux ! Certains témoignages attestent que, dans certaines administrations, la fermeté de Sarkozy vis à vis des usagers réputés inconscients rassureraient les ronds de cuir. On dit que dans la Gendarmerie ou la Police, alors qu’en aparté on se plaint de la maigreur des effectifs, la tendance serait à confondre répression et extrémisme de droite. On affirme que chez les agriculteurs qui hurlent contre la suppression programmée de la PAC, il y en aurait qui font les yeux doux à ceux qui proposent simplement de débarrasser la planète des incapables qui la gèrent… Tous font penser au gars assis sur la branche qu’il scie énergiquement avant de se plaindre de se retrouver un jour moribond sur la dureté du sol !
Chirac doit implorer le ciel électoral afin que ce programme ambitieux de mise à mal de la fonction publique (et spécifiquement de la justice) soit adopté par une large majorité. Il pourrait ainsi espérer que les dossiers qui traînent depuis, pourquoi pas sept ou huit ans, soient systématiquement mis au panier. Dans le fond, ce Sarkozy c’est un Einstein qui s’ignore puisque, lui, il tire profit de la lenteur en opposition de l'autre… et il l’organise. Un moyen comme un autre de persuader la France qu’un fonctionnaire ça ne sert que quand on en use. Le reste du temps : tant pis pour eux! 
Mais je déblogue…
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commentaires

E
@ marc d'Here<br /> Dans l'Education nationale que je connais bien, c'est plutôt le manque d'enseignants et d'adultes que nous constatons quotidiennement !<br /> Lorsque l'Etat a essayé de sous traiter certaines tâche (France Telecom, poste, EDF, etc...) on s'est souvent rendu compte, parfois quelques années après, qu'en fait, vu la qualité des travaux, cette décharge de l'Etat sur le privé coûtait plus cher que prévue et qu'il aurait mieux valu que les entreprises de l'Etat s'en chargent...<br /> Mais sur du court terme, les libéraux y voient toujours de l'intérêt !<br /> Pas de surprise donc sur ta position sur ce problème, cher Marc !
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M
Courte réponse à E.M.<br /> Ils sont où les fonctionnaires en trop?<br /> Dans tous les services centraux de tous les ministères.....et. en plus...<br /> au ministère de l'économie et des finances qui pourrait être diminué de plus de la moitié ( 190.000 aujourd'hui),  à Matignon, au ministère de l'agriculture, à l'éducation nationale où 30.000 enseignants ne voient jamais un élève et où le temps de travail effectif pourrait être augmenté.....à la Banque de France (l'Euro a remplacé le Franc!)....ETC...ETC.....<br /> Et faut-il vraiment  que soient fonctionnaires, les standardistes, les informaticiens des ministères, les ouvriers du ministère de l'équipement.....<br /> Et combien de tâches pourraient être déléguées à des services privés sous le contrôle  de l'administration....
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E
@ Marc d'Here<br /> Ils sont où les fonctionnaires en trop ?<br /> "Bien évidemment cet allégement de l'Etat est une nécessité", Ah bon ? Pourquoi ?<br /> Je pense tout le contraire. L'Etat ne peut plus assumer ses missions essentielles à cause du manque de moyens et de fonctionnaires !<br /> La dette ? C'est du pipo ! Les pouvoirs de droite en parlent comme le curé parle du diable ! Comme cela, le peuple rentre dans le rang de l'idéologie libérale !<br /> Il y a des solutions assez simple pour réduire cette dette, mais elles couteraient beaucoup à ceux qui ont des revenus du Capital ! Je ne suis pas un économiste, mais certains spécialistes en parle très bien et font des démonstrations très "percutentes" !<br /> "L'opinion dominante c'est comme une vapeur qu'on respire.<br /> C'est une intoxication indolore".<br /> J. C. Guillebaud
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M
On peut plaisanter mais il n'en demeure pas moins qu'il y a trop de fonctionnaires en France....Que ce soit en comparaison avec d'autres pays bien gérés, ou en fonction de nos possibilités budgétaires et de la nécessité de voir baisser nos déficits....nous avons trop de fonctionnaires, mal rémunérés et peu motivés.....<br /> Malgré l'Europe, malgré l'informatique.....le nombre de fonctionnaires s'accroît......Bien évidemment cet allégement de l'Etat est une nécessité......et je regrette que la gauche pour des raisons électorale ne se dirige pas dans cette direction...<br />  
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Y
Tous les artisans ou professions libérales ne pensent pas comme Sarkozy, heureusement ...<br /> Autre grand tour de magie de Sarkozy : faire croire que sa politique économique va profiter aux classes sociales basses et moyennes. A croire que la plupart des français sont masos ... mais il est encore temps de se ressaisir.
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