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1 mai 2007 2 01 /05 /mai /2007 09:29
Ce matin il est inutile d’aller voir dans votre boite aux lettres ou de filer chez le marchand de journaux : il n’y a quasiment aucun quotidien en France. Il fut même une époque où il n’y avait pas de télé publique mais la frustration était telle que la mesure a disparu devant le mécontentement qu’elle provoquait. En revanche pour la presse écrite elle a été maintenue. Cette journée sans écrit d’information tient surtout à la puissance du syndicat du livre à dominante CGT qui a toujours été fidèle au sens su 1° mai. C’est la raison pour laquelle Ségolène a fait relâche dans sa tournée des belles provinces françaises car elle savait que les quotidiens régionaux n’en rendraient pas compte. Il lui valait mieux se concentrer sur les prochaines journées et se préparer à l’affrontement de demain soir qui sera certainement décisif si les commentaires de jeudi matin sont… objectifs !
D’ailleurs avant même qu’ils soient publiés pas un Français lucide ne devrait se poser la question sur cette suite importante de l’affrontement télévisé.
Parmi les affirmations de François Bayrou il en est une qui devrait convaincre tous ses électeurs tellement attachés à l’indépendance de jugement de renoncer à voter pour Sarkozy. Celle qui l’a conduit à assimiler Sarkozy à… Berlusconi ! La comparaison ne paraît pas de prime abord très valable car l’ex Ministre de l’Intérieur n’a pas personnellement la même assise financière qu’Il cavaliere et surtout la même omniprésence capitalistique dans les médias mais il a les relations qui lui permettent de compenser ce handicap. Depuis le début de la campagne tout a été dit et maintes preuves apportées sur sa volonté de dominer les organes de presse sans que l’affolement gagne les citoyennes et les citoyens subjuguées par les pseudo vérités des étranges lucarnes. Chaque semaine ou presque il a dérapé mais jamais le verrou mis en place par les patrons de presse les plus influents puisse sauter. Même le service public n’a absolument aucune latitude en la matière…
Les incidents révélateurs de ce qui attend les journalistes et le monde de la télé ont été admis sans soulever la moindre émotion populaire. Hier encore un fait démontre que les plus faibles crimes de lèse-majesté sont passibles de sanctions impitoyables. Menaces et insultes sur les maquilleuses de France 3, renvoi de PPDA dans ses cordes pour sa mollesse supposée face à Ségolène Royal, pression sur Canal + pour refuser le débat Bayrou-Royal : quasiment aucune chaîne n’a échappé à la vindicte sarkoziste. Et c’est une certitude : il y a de sacrés limogeages en prévision selon le résultat du 6 mai au soir. Sua Emittenza (le qualificatif des cardinaux catholiques étant Sua Eminenza-son éminence-, Berlusconi est appelé Emittenza pour son empire télévisuel et médiatique -de l'italien emittente, chaîne de télévision-) s’est toujours comporté ainsi, " tuant " toutes celles et tous ceux qui osaient se mettre en travers de son accession au pouvoir. Sarkozy sera encore plus dangereux car il n’avance pas à visage découvert faisant tous es coups en douce par amis interposés. Comment peut-on ne pas craindre le pire quand on assiste à un tel processus foncièrement anti-démocratique ? Comment ne pas être inquiet sur la liberté de la presse écrite, des radios, des télévisions ?
ABUS DE POUVOIR CARACTERISE
Un long palmarès a été établi au cours de ces derniers mois : violente colère (récemment, en coulisses de l'émission France Europe Express sur France 3, parce qu'il n'avait pas de loge), invectives directes à des journalistes, remerciements douteux, par exemple à Robert Namias (TF1) et Arlette Chabot (France 2) pour avoir levé le pied sur le soulèvement des banlieues fin 2005, quand il ne s'agit pas d'abus de pouvoir caractérisé. C'est bien Nicolas Sarkozy qui, lorsqu'il était encore ministre de l'Intérieur, a exigé et obtenu le limogeage du patron de Paris Match, qui avait eu l'outrecuidance de montrer en une Cécilia en compagnie d'un autre homme. Caractère autoritaire ? Manque de respect pour l'indépendance des médias ? Ce qui est sûr, c'est ce que le candidat jouit d'un formidable réseau de copains qui tiennent le haut du pavé dans les médias et qui jouera à plein jeudi matin. Quelle que soit la tenue du débat il serait étonnant de voir majoritairement les éditorialistes enfoncer le copain de leurs patrons ! Il atténueront les échecs ou valoriseront les réussites. En fait ils joueront aux correcteurs d’opinion au tout dernier moment. Il y a fort à parier que les textes seront attentivement relus vers 23 heures avant de partir à la mise en page. Un coup de fil discret suffira. " Attention on ne touche pas à mon pote ! " préviendront ceux qui ont tout à gagner dans la victoire de leur meilleur ami.
D'abord, il y a Martin Bouygues, son " intime " qui (mais c’est le hasard !) est le propriétaire de TF1 (soit un tiers de l'audience télévisuelle). Ensuite il y a aussi Arnaud Lagardère, son " frère ", patron du groupe qui abrite en son giron Europe 1, Paris Match, le JDD, etc. Il faut aussi compter avec Serge Dassault, le " déçu " du chiraquisme prêt à soutenir celui qui le vengerait, propriétaire du Figaro. Bernard Arnault, le " témoin " de son mariage avec Cécilia, et propriétaire de la Tribune, sera au rendez-vous. François Pinault, propriétaire du Point avec qui Sarko partage quelques passions dont celle du vélo. Et alors ? Tous ces despotes éclairés peuvent vraiment mettre leurs journalistes au garde-à-vous en agissant avec doigté. Il suffit par exemple de désigner l’un plutôt que l’autre au moment idoine.
SURTOUT NE PAS DEPLAIRE
Coups de fil, conseils, pressions, et sans doute et aussi une bonne dose d'autocensure de la part des chaînes de peur de déplaire, l'ombre de Sarko plane sur les Jités et dans les rédactions on fait semblant de ne pas le savoir. A France 2 un rédacteur en chef adjoint surveille la qualité des images le concernant depuis des mois. TF1 on sait que le patron veille et que pour ne pas déplaire il vaut mieux faire profil bas sur les sujets concernant son pote. A France 3 malgré quelques poches de résistance il faut aussi parfaitement couvrir les déplacements sur le terrain du monarque naissant. La crise des banlieues de 2005 en fut l'illustration parfaite. Novembre de cette année-là, 7 à 8 (TF1) saisit, en caméra cachée, une provocation policière indiscutable envers des jeunes. Savon du directeur de l'information. Le dimanche suivant, l'émission contrebalance avec les interviews de maires de banlieues chaudes. Le 10 novembre, cette fois, c'est France 2 qui diffuse dans son Jité les images du tabassage de jeunes par des policiers. Ceux-ci sont suspendus. Arlette Chabot décide d'ôter le reportage du site web de France 2 : "Nous ne voulions pas tomber dans la surenchère." En août dernier, le ministre de l'Intérieur, invité à TF1 pour une interview, en profite pour passer un savon mémorable à un journaliste. La raison ? Un reportage sur les sans-papiers de Cachan, jugé trop complaisant.
Est-ce un hasard absolu si les Guignols s'en donnent à chœur joie sur un si zélé Jean-Pierre Elkabbach qui, du haut d'Europe 1, pratiquerait à outrance des interviews cire pompes à l’UMP ? En tout cas, en février 2006, le Canard enchaîné révèle que Jean-Pierre Elkabbach, directeur de la station, a pris conseil auprès de Nicolas Sarkozy sur le choix d'un journaliste politique. "C'est normal, explique avec mépris Sarkozy. J'ai été ministre de la Communication." Et il ajoute : "Je les connais, les journalistes." De son côté, Elkabbach, parangon de la déontologie, justifie sa "méthode" de recrutement, qui consiste, à prendre l'avis des politiques, mais aussi de syndicalistes ou d'associations : "Je fais cela pour tous les services parce que je veux avoir les meilleurs... Je ne peux pas interdire aux politiques de me donner leur avis. Mais, ensuite, je décide à 100 % moi-même.". Vous pouvez le croire !
INTERVENTIONS DIRECTES
C'est sans doute sur Paris Match que les interventions de Nicolas Sarkozy ont été les plus directes et les plus pressantes. Témoin, l'incroyable limogeage d’Alain Genestar. Témoin aussi, depuis ce départ forcé, la brosse à reluire envers le candidat proche du patron. Ah ! qu’il est beau ce titre "Un destin en marche", dont a bénéficié Sarkozy en décembre dernier (sans parler des huit pages lui étant dédiées).Très inquiétante de sous entendus la toute récente révélation de Joseph Macé-Scaron, actuellement directeur adjoint de la rédaction de Marianne , dans l'émission On refait le monde du 16 avril sur RTL : "J'ai été démissionné du Figaro Magazine [en juin 2005], tout simplement parce que j'ai refusé de tailler des pipes à M. Nicolas Sarkozy." Direct. Précis. Sincère. Autant que les coups de fil de Sarkozy à Edouard de Rothschild (actionnaire de référence de Libération ) pour se plaindre... de la mauvaise tenue générale du quotidien un tant soit peu irrévérencieux.
Bien plus que les mots ces actes permanents, récurrents, insistants révèlent une manière de concevoir les rapports aux autres qui devraient alerter singulièrement les démocrates sincères. Un Sarkozy maîtrisant, avant même d’être élu, le système médiatique, le système policier, le système judiciaire, le Sénat, l’Assemblée nationale, le conseil constitutionnel, le CSA, le conseil supérieur de la Magistrature, les Préfets, le MEDEF … approche singulièrement, avec la constitution de la V° République, de la possession du pouvoir absolu. Ses potes pourront se gaver tranquilles…et en toute sécurité. Il saura renvoyer l’ascenseur.
Mais je déblogue… 
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commentaires

E
@ marc d'here<br /> Du baratin...
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M
Je vous propose cette réponse de Sarkozy, ce matin. <br /> Nicolas Sarkozy s'est demandé mercredi, à propos des polémiques sur sa proximité avec certains patrons de grands médias, "qui peut croire" que "les médias sont à (sa) solde".<br /> "On me dit que les médias sont à ma solde. Mais qui peut croire une chose pareille, quand on voit le déchaînement qu'a suscité ma candidature, mon projet", a-t-il déclaré sur France Inter.<br /> Le quotidien Libération "fait campagne ouvertement pour Ségolène Royal, et tous les jours essaye de me démolir", a déclaré M. Sarkozy. <br /> "Libération appartient à M. Edouard de Rothschild qui n'est pas parmi les plus modestes de France. Est-ce que je dois en conclure que Mme Royal est liée aux puissances de l'argent?", a-t-il demandé.<br /> "Le Nouvel Observateur appartient à M. Perdriel, l'une des grandes fortunes françaises. Le Nouvel Observateur a choisi Ségolène Royal, est-elle pour autant prisonnière des puissances de l'argent?", a-t-il ajouté.<br /> "La totalité de la presse a pu constater la violence des attaques à mon endroit", a-t-il dit. <br /> Le candidat UMP a également répété que Arnaud Lagardère (dont le groupe possède notamment Europe 1, le Journal du Dimanche, Paris-Match, des titres régionaux) et Martin Bouygues (dont le groupe possède TF1), qui entretiennent des relations d'amitié avec lui, "n'étaient pas" à son meeting de Bercy, contrairement à ce qu'avait dit le numéro 1 socialiste Français Hollande.<br /> M. Sarkozy a été accusé par ses adversaires d'avoir exercé des pressions pour tenter d'empêcher la tenue du débat entre Ségolène Royal et François Bayrou, ce qu'il a fermement démenti.<br />  
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E
@ marc d'here<br /> Malheureusement, il ne s'agit pas de ragots...
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B
Votons Lucette
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M
Plus le moment décisif approche et plus votre "campagne" anti Sarko devient caricaturale....<br /> Aujourd'hui vous multipliez les ragots, les insinuations et les déclarations de journalistes licenciés qui viennent mettre sur le dos de Sarko, ce qui n'a été provoqué que par leur incompétence .....A vous lire si Sarkozy est élu on sera en dictature.....Peut-être pourra-t-on vérifier bientôt si vous aviez raison....
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