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5 mai 2007 6 05 /05 /mai /2007 08:25
Je ne résiste pas à l'envie de vous proposer ce matin un papier paru dans Libération de hier vendredi 4 août qui résume avec talent ce dont je suis persuadé depuis de très longues semaines et même de longs mois. Cette campagne n'aura pas été politique mais très largement influencée par le système médiatico-économique. Dimanche soir on sablera le champagne dans bien des lieux du pouvoir jusque là éloignés de la vie électorale.
Cette analyse de Schneidermann très différente des autres mérite d'être lue par le maximum de personnes car elle met en évidence la réalité du fonctionnement de notre société réputée démocratique.
 
LE FOND DU DEBAT
 
Enfin ! Enfin eux deux, seuls face à face, avec deux chronomètres, et deux arbitres potiches. Eux seuls, sans la gangue de sondages, d'éditoriaux, de bandes-annonces, de seconds couteaux, d'invectives, de sarcasmes, de manipulations, de déformations, d'effroi, de rumeurs, qui obscurcissent l'atmosphère depuis le début. Cette fois, c'est fait. Tous les PPDA, tous les Chabot, Boyon, Lagardère, Bouygues, Sylvestre, tous les Sofres-Ipsos-Ifop-BVA-CSA ne pourront plus empêcher que la France entière les voie, ces deux-là, au fond des yeux, pendant plus de deux heures d'horloge.
Elle joue l'attaque : elle n'a pas le choix. Il se défend : surtout, ne pas s'énerver. Elle attaque bien, mais il défend efficacement. Il est meilleur, plus clair, plus convaincant, dans les longs monologues de fond de court, les développements, les plaidoyers. Elle y apparaît plus filandreuse. Mais à chaque montée au filet ­ et elle les multiplie, face à un adversaire alors paralysé par le risque de la faute ­, elle le hache menu, et marque le point. Offensives, retraites : que retiendra l'électorat, en ses mystérieuses profondeurs, de la musique de ce spectacle-là ? De ce débat, que restera-t-il ? Sa "saine colère" à elle, peut-être, sur le sujet inattendu de l'accueil des enfants handicapés à l'école, qui prend l'adversaire à contre-pied. C'est l'extrait qui nourrit les gloses du lendemain matin, que rediffuse en boucle la télé, que place à sa une l'édition en ligne du Figaro.
Et un mystère, aussi, sans doute : ces regards, qu'il ne cesse de lancer aux deux arbitres. On dirait presque qu'il souhaite débattre avec eux, et seulement avec eux. N'est-ce pas, " Mdame Chabot " ? N'est-ce pas, " Msieur Poivre d'Arvor " ? Comme s'il était en train de se tromper d'émission. Comme s'il pensait se trouver à un entraînement avec les sparring-partners habituels. Mais Chabot et Poivre ne sont d'aucun secours. Ils n'existent plus dans le débat que par ces regards-là. Dès les premières secondes, ils ont perdu pied. Ils avaient dessiné un beau cadre, pour un beau débat bien ordonné, en plusieurs parties. Elle l'a fait voler en éclats dès le début, en piétinant les plates-bandes, mélangeant tout, convoquant d'emblée la policière violée de Bobigny, pour le mettre hors de lui d'entrée, le pousser à la faute sur le terrain de la sécurité. Tant pis, tant mieux. Le voilà dès lors obligé, en permanence, de galoper d'un coin à l'autre du terrain. Et on dirait qu'il les prend à témoin, les arbitres, les copains, les partenaires habituels. Eh ! Camarades ! Vous ne voyez pas que ça part dans tous les sens ? Vous ne voudriez pas faire quelque chose pour moi ? On aurait presque envie de le recadrer : mais enfin, aujourd'hui, ils n'ont pas le droit Nicolas ! Ils n'ont pas le droit de chuchoter avec toi. Ils n'ont pas le droit de recueillir tes confidences. Aujourd'hui Nicolas, il faut faire semblant de ne plus les connaître. Tu es dans la cour des grands, Nicolas. Tout seul face à elle, la martienne, l'imprévisible. Tu vas sûrement y arriver, depuis le temps que tu t'y prépares.
Et derrière l'épaule de Chabot et PPDA, c'est toute la grande armée médiatique que semblent aller chercher, en filigrane, les regards du candidat. Ah ! le beau rêve ! Les voyez-vous, les hussards, les dragons, la garde ! Quelle belle armée, qui lui fit une si jolie campagne. Ah ! les croissants avec Elkabbach et Lagardère, entre hommes, entre amis, entre frères d'armes, après l'interview du matin sur Europe 1. Ah ! les consensus réconfortants d'après interview sur la nullitude de la concurrente. Ah ! la bienveillante neutralité du Monde tout au long de la campagne, son indulgente surdité après les dérapages sur le ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, sur la génétique, ou sur l'Allemagne. Ah ! la tendresse complice de l'ami Giesbert, les belles photos songeuses en couverture du Point, et ces graves questions au dos des kiosques : "Peut-il perdre ?" Ah ! la vigilance sourcilleuse des gardiens du CSA, qui savent toujours si bien comprendre sans qu'il soit besoin de rien leur demander. Ah ! l'immense armée des humbles de la presse, des circonvenus à coups de tutoiement, d'embrassades, de confidences, d'attentions. Ah ! les complicités du matin, au départ de l'avion ou de l'autocar. Ah ! les attentes partagées, les fous rires.
Bien sûr, aussi, les coups, la dureté du combat. Ce directeur de Match, à qui il fallut bien faire payer l'affront d'avoir publié une photo sacrilège. Les mouches de Plantu, jusqu'alors réservées à Le Pen. La cruauté quotidienne des Guignols de Canal +. Les mesquines investigations immobilières du Canard enchaîné, heureusement promptement étouffées par le reste de la presse. Les portraits chargés de Marianne, heureusement désamorcés par leur excès. Les escarmouches avec Demorand, le matin, sur France Inter, heureusement apaisées après le round d'observation. Les coups de fil à Edouard de Rothschild, qui se retrouvent sur Internet. Et Internet, justement, espace incontrôlable, anonyme, espace de tous les traquenards, heureusement incapable de se hausser (mais pour combien de temps ?) jusqu'à l'audience des "grands médias".
Voilà, peut-être, à qui s'adressaient les mystérieux regards de Nicolas Sarkozy, pendant que son adversaire, elle, ne le lâchait pas des yeux. Et maintenant que roulent les dés...
Daniel SCHNEIDERMAN
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commentaires

P
venez voir la nouvelle communauté<br /> La politique directe http://www.over-blog.com/com-1001412929/Politique+Directe.html
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M
Je pense qu\\\'il y avait de quoi être (un peu...n\\\'exagérons pas) décontenancé par une concurrente qui ,comme à l\\\'ordinaire, ne jouait pas le jeu....ne traitait pas les sujets prévus, affirmait des choses aberrantes, et essayait de gagner par des moyens....comment dire....discutables....<br /> Mais les montées au filet de la dame, dont la dernière utilisant  cyniquement les enfants handicapés , n\\\'ont pas toujours marqué le point....Si l\\\'on en croit les sondages.....Mais attendons demain 20 heures pour le résultat du match.
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A
15 bonnes raisons de voter pour Ségolène Royal<br /> Ségolène Royal s’est préparée à la Présidence comme aucun autre candidat.<br /> Elle a eu en charge trois ministères (Environnement, Éducation, Famille)<br /> qui correspondent aux plus grands défis de notre époque. <br /> Ségolène Royal fait de la politique autrement.<br /> Ségolène Royal a pris au sérieux le 21 avril et le non au référendum européen.<br /> Elle a compris la colère qui s’est exprimée à l’occasion de ces consultations.<br /> Elle a donc décidé d’écouter les Français avec 6 000 débats participatifs :<br /> une démarche jamais entreprise en France.<br /> Elle mise sur la responsabilité, le gagnant/gagnant.<br /> L’agilité des entreprises confrontées à la compétition mondiale n’implique pas la précarité<br /> mais appelle au contraire, la sécurisation des salariés.<br /> Moderne, elle reformule les vieilles questions.<br /> Ni hypocrisie ni vaches sacrées. Des 35 heures à la carte scolaire : elle regarde les choses en face. <br /> Son itinéraire personnel la rend capable de comprendre les aspirations réelles des Français.Issue d’une famille de province, elle est le fruit d’une méritocratie républicaine, élève boursière jusqu’à l’ENA. <br /> En tant que femme, elle a dû se battre plus qu’un autre<br /> et développé une attention particulière à ceux qui ne sont pas écoutés et très peu pris en compte. <br /> Elle prend des engagements. Ségolène Royal est la seule candidate à avoir annoncé<br /> un véritable programme, 100 mesures qui peuvent être examinées, pesées, chiffrées, débattues.<br /> Les candidats de droite naviguent à vue.<br /> Elle ne craint pas de défier les lobbies. Elle s’engage à interdire les cultures OGM en plein champ,<br /> à restreindre le droit de posséder un média pour les entreprises qui vivent de marchés publics<br /> Elle a un programme social réellement de gauche. Par son attention aux petits salaires,<br /> aux petites retraites, aux plus fragiles (incluant l’exigence absolue de protection des personnes et des biens).<br /> Elle place l’Éducation au coeur de l’action politique,<br /> c’est le meilleur moyen de construire sa vie et de s’adapter à un monde dont les changements s’accélèrent.<br /> Elle propose une véritable VIe République.<br /> Non-cumul des mandats, Parlement renforcé, Sénat rénové, démocratie participative. <br /> Le seul programme cohérent de cette campagne. Ségolène Royal propose aux Français<br /> un programme de responsabilité, consciente des difficultés, comme la dette, qu’elle ne cache pas.<br /> Ministre de l’Environnement, puis Présidente de la Région Poitou-Charentes, elle a acquis<br /> une connaissance approfondie des enjeux environnementaux et elle en fait la priorité du Pacte présidentiel. <br /> Elle souhaite une société du donnant/donnant<br /> où les droits nouveaux sont assortis de contreparties. Par exemple, l’allocation d’autonomie<br /> pour les étudiants va de pair avec le soutien scolaire qu’ils apporteront dans les quartiers. <br /> Le seul programme cohérent qui lie le social, l’économie et l’environnement.<br /> la valeur ajoutée économique ne vaut rien sans la valeur ajoutée sociale qui elles-mêmes, pour être durables, ne peuvent que viser l’excellence environnementale. <br /> En incarnant la gauche du XXIe siècle, Ségolène Royal peut rassembler une<br /> majorité de Français.<br /> <br /> Dès 18h-18h30, je donnerai le résultat du second tour de la présidentielle sur mon blog: <br /> Si Monsieur Sarkozy est élu, vous verrez s'inscrire sur mon blog que Iznogoud est élu avec 51% des voix mais écris 51 bananes pour que je ne puisse pas avoir d'amendes.<br /> Et de même pour Mme Royal, Si Madame Royal est élu, vous verrez s'inscrire sur mon blog que Bécassine est élu avec 51% des voix mais écris 51 bananes pour que je ne puisse pas avoir d'amendes.<br /> Les chiffres me seront communiqué de Belgique et de Suisse alors demain venez tous sur mon blog!!!!!!!!!!!<br /> http://desirsdavenir86000.over-blog.net/<br /> <br /> <br /> J'ai ouvert un blog politique sur http://desirsdavenir86000.over-blog.net/ alors venez le voir et dite ce que vous en penser dans les commentaires pour que je l'ameliore, merci d'avance!!!!Pouriez vous mettre un lien vers mon blog s'il vous plait!!!
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P
Le regard fuyant vers les arbitres comme pour chercher leur approbation ( on n\\\'aime pas la contradiction) et la tête rentrée dans les épaules sont les signes évidents d\\\'un manque de confiance en soi et en ses propres idées...... écouter pour en savoir plus l\\\'interview d\\\' un psy (belge) spécialiste du comportement, sur Europe1, jeudi 3 vers 8h15, ( europe.fr, rubrique: entendu sur europe)
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Y
Je serais assez pour qu'on interdise tout sondage une dizaine de jours avant le scrutin et même si l'on veut aller plus loin que ce soit comme aujourd'hui et demain pendant ces dix jours : pas d'émission, de commentaires politiques etc ... seuls les programmes, propositions, pactes des candidats auront le droit d'être publié par écrit. Ainsi le citoyen ne sera pas "influencé" trop fortement au moins pendant ces dix jours précédant le scrutin.<br /> Sinon pour demain ne pas se décourager, il faut aller voter quand même, ne pas se dire que tout est déjà joué et rester chez soi, on peut éspérer un sursaut citoyen ...
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