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13 août 2007 1 13 /08 /août /2007 07:59

 

 

Jamais peut-être n'ai-je eu autant l’impression, au cœur de ce mois d’août 2007, d’être atypique. Une petite interruption pour tenter d’effacer la campagne électorale des législatives, et, aussitôt le nez dans le guidon, pour m’apercevoir que désormais il n’y a plus de vacances. L’affluence pour solliciter une aide face aux avatars de la vie n’a pas faibli. Logement, emploi, place dans un établissement scolaire, difficultés administratives, surendettement… Rien n’a changé ! Alors je me pose des questions : suis-je dans la même France que celle que présentent les médias ? Ne suis-je pas trop partisan en voulant lutter contre l’opinion dominante ? Est-ce que je rencontre une réalité particulière ? Mon pessimisme naturel pèse-t-il sur mes chroniques, inspirées pourtant des dépêches d’agence réputées professionnelles ?
En fait j’ai parfois de belles satisfactions en constatant que l’évolution de l’actualité confirme mes prises de position mais comme, très souvent, il ne faut absolument pas avoir " raison " avant les autres, ce n’est qu’une maigre satisfaction morale. Mais surtout, ce qui me devient plus pesant de jour en jour, c’est le décalage terrible entre les appréciations que l’on nous assène sur la vie supposée et les constats quotidiens. Je n’arrive pas à me persuader qu’il y aurait un telle fracture entre un monde qui serait quasiment idyllique, et un autre inconnu ou factice.
Tenez, si vous prenez le week-end achevé de cette mi-août, vous avez une illustration parfaite de cette fracture proprement stupéfiante que personne ne met en évidence. D’ailleurs, je me demande s’il ne vaut pas mieux faire comme si elle n’existait pas, car en définitive en ne s’en porte pas plus mal. Pourquoi nager contre le courant et ne pas simplement renvoyer les personnes critiques au miroir des sondages ? Il est beaucoup plus confortable de se laisser porter par ce que pensent les électrices et les électeurs que  de vouloir démontrer à quelques-uns d’entre eux qu’ils se dirigent vers la cataracte ! Et je m’interroge sur la valeur des arguments raisonnables, face au monde médiatique des croyances.
Ainsi, je crois avoir écrit qu’avant de décréter la mise en place d’un système unique de forfait médical qui va faire payer aux plus malades d’entre nous le confort que peuvent attendre les moins malades, il aurait été préférable d’optimiser les recettes prévues par la loi. Mais rares sont celles et ceux qui mesurent cette catastrophe que représente le travail au noir pour le système social républicain. Sauf que hier, on apprend… qu’en…2005 le secteur des cafés, restaurants, hôtels, pratiquent à fond la caisse la tricherie sur les charges sociales. Trop compliqué. Trop cher. Trop pénalisant. Trop injuste. Connu de tout le monde.
LA LOI DU SILENCE
Plus d'un quart des hôtels, cafés ou restaurants fraudent l'Urssaf en faisant travailler des salariés non déclarés. C'est le résultat d'un vaste contrôle inédit, réalisé dans toute la France, à l'été 2005, par les Urssaf, organismes chargés de collecter les cotisations sociales. Le bilan 2006 de la lutte contre le travail illégal, réalisé par l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss), qui fédère les Urssaf, indique que, sur près de 2.400 établissements contrôlés, 26,5% étaient en infraction. 3% étaient suspectés de fraude. Et près d'un salarié sur dix était employé au noir. "La fraude est relativement homogène sur l'ensemble du territoire, à l'exception de l'Ile-de-France et des départements d'outre-mer""les taux de fraude sont très importants" avec respectivement 61% et 48% des établissements en infraction.Le taux de fraude est également "élevé" dans le nord-est (Alsace, Lorraine, Franche-Comté), où il atteint 26%. Sur le littoral et l'arrière-pays méditerranéen (Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Corse), il est aussi élevé, "de l'ordre de 30%".
Vous remarquerez que l’on ne vous donne pas une évaluation des sommes qui ont été ainsi " volées " à la collectivité, car il serait aisé de les transformer en nombre de " forfaits médicaux " que l’on pourrait exonérer. En 2004, une opération similaire avait été lancée sur le littoral méditerranéen et atlantique et avait conclu à 30% d'établissements fraudeurs sur 1 500 contrôles. 4 millions d'€ de préjudice mensuel, selon les Urssaf de Bayonne, Montpellier et Toulon sur le seul secteur de la restauration.
Pour être candidate à un marché public, une entreprise doit démontrer qu’elle est en règle avec tous les organismes sociaux et produire des attestations sur l’honneur de refus du travail illégal. Pourquoi ne pas simplement instaurer ce système en obligeant les bars, les restaurants, les hôtels au lieu d’afficher la loi contre l’alcoolisme que personne n’a jamais lue et appliquée; il serait facile de délivrer une vignette annuelle, indiquant aux clients qu’ils fréquentent un lieu qui ne les escroque pas en leur faisant payer les charges sociales d’employés qui ne sont pas déclarés.
Hier soir, j’ai vu un jeune homme, visage masqué, qui confessait que son patron le déclarait à mi-temps alors qu’il travaillait à temps complet. Il recevait un chèque pour la moitié et en liquide de la main à la main pour le reste. Drôle de société que celle qui voit des jeunes hypothéquer leur vie ultérieure pour des gains faciles immédiats. La retraite ? Les indemnités journalières en cas d’accident du travail ? L’accession au logement ? L’absence totale de solidarité ? Personne ne condamnera, sur ces bases là, la débrouille de ce salarié complice avoué de son patron voyou ! Un sondage bien préparé pourrait même conforter la " valeur " de ce comportement que tout le monde rêve de pratiquer sans oser l’avouer !
UN PODIUM REVELATEUR
Même sentiment avec les mesures gouvernementales vendues avec brio par Nicolas Sarkozy. Toutes les supercheries passent comme du bon pain, car personne ne souhaite les analyser. On se fie à des grandes ligne sans un instant douter de la véracité de décisions dont l’application sera bien différente des promesses. Parmi les textes votés, celui qui suscite le plus de satisfaction est la possibilité de déduire de ses impôts une partie des intérêts d'emprunts immobiliers (87% des sondés se disent plutôt satisfaits), devant l'instauration de peines plancher pour les récidivistes (84%). La loi sur le service minimum dans les transports arrive en troisième position (72%). C’est le podium sarkoziste !
Il donne un portrait robot parfait du Français de l’opinion dominante, qui croit que les coureurs du Tour de France montent les cols comme des vélomoteurs grâce à des bidons à l’eau de Lourdes. Il triche avec les impôts, et essaie d’en payer le moins possible. Il croit que les déductions le concerne, alors que plus de 50 % des… 87 % satisfaits de  pouvoir déduire les intérêts des emprunts immobiliers ne payent pas d’impôt sur le revenu et que, sur cette moitié , 10 % à peine relèveront de la mesure sur les intérêts des emprunts. Personne ne se pose la question de savoir quel crédit on peut accorder à un tel sondage (87 % de satisfaits !) mais s’il est exact, il a de quoi désespérer les responsables de l’opposition. Ce Sarkoziste bien pensant admet que les délinquants sont forcément toujours les mêmes, et qu’il faut donc les sanctionner durement, sans se douter un seul instant qu’en trichant avec ses revenus ou ses salaires il entre dans cette catégorie. Il est farouchement pour le service minimum dans des services publics, qui disparaissent de son village ou de sa ville… sans qu’ils se sente véritablement concerné ! Il veut un accueil dans des écoles, des transports publics, des services de santé de plus en plus rares et défaillants par manque d’effectif. Comment lutter contre ce syndrome de la béatitude people qui permet de vendre de l’illusion ? Encore une fois, le problème essentiel de l’opposition ne sera pas de concocter pour le énième fois un programme auquel même la candidate ne croit pas, mais tout simplement de se poser la question de savoir comment on peut combattre un abrutissement de masse organisé. Inutile de rêver : tout passe par une éducation citoyenne intensive, destinée à combattre les vessies médiatiques que bien des gens se contentent de prendre pour des lanternes politiques.
PLUS D’OPPOSANTS RESOLUS
Près de trois mois après l'investiture de Nicolas Sarkozy, 64% des Français se déclarent "plutôt satisfaits" de la façon de gouverner du président de la République, selon un sondage IFOP. Alors, inutile de s’en faire : tout va pour le mieux. D’ailleurs, il n’a plus beaucoup d’opposants résolus puisque les grandes figures médiatiques du socialisme ont rallié son cap ou se préparent à le faire au niveau national. Ils ne sont pas très émus de constater que Le Pen leader, juge positivement les premières semaines du Président et souhaite qu'un membre du FN siège à la commission de réforme des institutions aux cotés de Jack Lang. Jean-Marie Le Pen s’est déclaré content du travail de Nicolas Sarkozy. Selon lui, le Président tient "un certain nombre de ses promesses électorales". Et Le Pen juge plutôt positivement les premières semaines au pouvoir de Sarkozy, "même si je le vois un petit peu comme un illusionniste. Mais c’est un illusionniste de grand talent". "Chacune de ses actions est mûrement réfléchie, pesée, très bien informée et jusqu’ici assez bien réalisée, il faut le dire", a déclaré Le Pen.
"Il fait une chose, qui est moralement positive, c’est qu’il tient, semble-t-il au moins, un certain nombre de ses promesses électorales, bien sûr pas toujours dans la dimension et la profondeur que pourraient attendre ceux qui ont voté pour lui, mais tout de même, il va dans cette direction-là", a-t-il dit. "Et c’est pour l’instant assez payant, dans l’euphorie qui accompagne toujours les vacances, il n’y a pas de sujet de contestation grave, il a passé la première phase de sa lune de miel avec assez d’efficacité" a-t-il dit.
Ne vous fatiguez pas trop : vous avez dans cette analyse une explication des 64 % du sondage de hier. Vous y ajoutez des miracles permanents comme seul Nicolas Sarkozy est capable d’en faire : libérer " sans contre partie " les otages bulgares alors que tout les autres avaient échoué, trouver des mécènes qui lui offrent des vacance des milliardaires toujours " sans contre partie ", contaminer (c’est lui qui le dit) sa femme et ses enfants avec une angine blanche opportune qui guérit en quelques heures, faire approuver par la majorité silencieuse des exonérations fiscales qui ne concernent que les plus riches… et vous comprenez pourquoi la raison n’a plus aucun rôle social.
Mais je déblogue…
 
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commentaires

M
<br /> merci pour cette article<br /> a bientot<br /> <br /> <br />
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E
@ Monsieur 0,97%<br /> "Eric Mouchet nous dit qu'il faut un vrai programme socialiste ... Très bien! De la sorte le PS et toute la gauche vont rester dans l'opposition pour quelques temps encore ... Ils vont bien finir par comprendre qu'ils doivent changer en proposant quelque chose qu'une majorité peut approuver ... C'est tout de même simple à comprendre! "<br /> Ce qui est tout de même simple à comprendre, c'est que depuis 1981, nous n'avons plus de programme socialiste et que nous sommes dans l'opposition... Oui, Mitterrand a gagné en 1988, mais il a usé de sa personnalité et nous ne pouvons pas considérer qu'il s'agisse là d'une victoire de la gauche. Jospin a "utilisé" l'alternance, mais il a gouverné comme un homme de droite. Lorsque nous reviendrons à un projet socialiste et que nous ferons le travail qu'il faut pour qu'il soit compris par le peuple, nous vaincrons à nouveau, et ce, pour l'intérêt général !
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P
Sarkozy prend les français pour des imbéciles et il a raison (au moins à 65%....)<br /> Qui a pu croire un instant à son histoire d\\\'angine blanche ou au rôle prédominant de sa coco-girl dans la libération des bulgares? C\\\'est tellement gros que personne  n\\\'oserait... lui il ose et le bon peuple gobe<br /> Qui peut croire à la réalité de la cote de popularité? contrairement aux sondages électoraux qui sont sanctionnés par l\\\'élection, rien ne peut confirmer ou infirmer les résultats de ces études et comme ce sont ses copains qui les font......<br /> Qui peut croire que ses vacances chez Mac-Do ne nous coûtent rien.....<br /> Télés et radios nous débitent des heures de Sarkosy ( plus de 10 citations vendredi dans un flash de 3 minutes sur Europe.....) et personne n\\\'en aurait marre?<br /> Il me semble pourtant, au fil des discussions, que certains de ses électeurs, rares mais lucides,  attachés à une  vision moins people du rôle de président, commencent à douter .....<br /> mais, au fait ,comment s\\\'appelle le premier ministre?<br />  
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T
Il n'y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas et ce n'est pas la cas apparemment de nos 2 pensées. Au moment où tu publies ton article sur le krach immobilier US, j'écrivais à mon ami qui séjourne dans sa famille, en Martinique. Je lui demandais à quoi s'attachait l'actualité quand on est à 5 000 km de la métropole, sur une île parfumée et colorée, ombragée par les cocotiers et baignée par les mers chaudes et transparentes. Je lui racontais ce que m'inspiraient les vacances de Monsieur Sarko et de sa famille dans une villa à 22.000 € la semaine. En faisant les comptes, il faut 2 années de SMIC pour se payer une telle location. Mince alors! ça vaut le coup de travailler plus pour avoir plus! En fait, si cette anomalie fait grincer les dents, elle ne provoque pas un haut-le-coeur. Parce que le commentaire le plus répandu c'est "il est quand même fort Sarkozy". J'entends certes de la désaprobation mais "ma non troppo". On tait une sourde espérance qu'avec Sarko, ça va changer. Il sert grassement les riches. Oui, mais en faisant le ménage, il va redresser la pays, le mettre au boulot et on va tous en profiter.<br />  <br /> Après tout, c'est une aspiration légitime car ça fait des lunes qu'on vit mal à tous les étages et que la peur du "plus pire encore" pour soi-même et ses enfants gagne du terrain. La crainte de la précarité et de perdre son logement est une réalité de plus en plus prégnante. Elle n'est pas sans fondement. En 10 ans, soit entre 1995 et 2206, le prix du m2 dans l'ancien est passé de 1126 € à 2581 € (source FNAIM) et en huit ans les prix de l'ancien ont grimpé de 125%. D'après Michel Mouillart, professeur d'économie à Nanterre, au début de l'année 2000, l'achat d'un appartement ancien représentait 3,2 années de revenus. En 2006, il faut compter pas moins de 4,6 années pour s'offrir un toit. Ajoutons encore que les revenus n'ont augmenté que de 2,5% par an, pendant que l'immobilier progressait de 15%. <br />  <br /> La situation est devenue insupportable et je l'observe tous les jours sur le terrain. Dans le cadre de mon travail, je rentre chez les gens et je consulte le budget des familles. Tous ne sont pas précaires ni carencés. Tant au Grand Parc que dans le quartier des Chartrons, les missions de service public s'exercent pour répondre aux différents besoins de la population résidant sur la totalité de ce territoire. Depuis 4 ans, la dépense de logement occupe une place disproportionnée. Malgré le correctif apporté par les allocations logement, la charge représente aujourd'hui 50% des revenus du ménage, qu'ils soient constitués d'un salaire au SMIC, d'une AAH, d'un RMI ou d'une API. Pour les salariés au SMIC, il convient de préciser que la part disponible est amputée par les dépenses de mutuelle, de frais de transport, les frais de garde et l'inaccessibilité aux tarifs de première nécessité pour l'énergie. <br /> Pour les ménages avec des revenus correspondant au salaire médian - voire au delà - la situation se détériore également et de plus en plus vite. Le surendettement atteint des familles moyennes de plus en plus nombreuses. L'érosion du pouvoir d'achat est insidieuse et ne se perçoit pas au prime abord. Ainsi, les familles ont maintenu leurs dépenses et leurs habitudes de consommation au même niveau alors que leurs revenus se réduisaient subrepticement à la peau de chagrin. Le recours aux crédits pour reconstituer de la trésorerie provoque des décrochages insupportables.<br />  <br /> Alors que la paupérisation des classes moyennes s'élargit et que la famine guette les classes populaires, les signes d'opulence et de collusion avec les puissances d'argent de la part du Président de la République n'offensent personne. Tout ce que l'on entend, c'est "il est fort Sarko". Pourtant, malgré la tonitruance de ses coups surmédiatisés, ça ne fait toujours pas de résultats.Qu'importe! En 2 mois, le plébiscite s'est amplifié, à croire que la menace que Sarko nous inspirait s'est évanouie. On se serait presque inquiété pour rien.
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J
Et si c'était VOS analyses qui étaient FAUSSES? Je fais indiscutablement partie des 64% de satisfaits ... Je dirais même des TRES satisfaits. Pour une fois que nous avons un président qui, après avoir dit ce qu'il ferait, fait VRAIMENT ce qu'il dit, on ne voit pas pourquoi on devrait faire la gueule!Eric Mouchet nous dit qu'il faut un vrai programme socialiste ... Très bien! De la sorte le PS et toute la gauche vont rester dans l'opposition pour quelques temps encore ... Ils vont bien finir par comprendre qu'ils doivent changer en proposant quelque chose qu'une majorité peut approuver ... C'est tout de même simple à comprendre! 
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