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14 août 2007 2 14 /08 /août /2007 08:15

 

Les vacances demeurent la plus belle des périodes pour faire passer ce qui, en temps ordinaire, provoquerait l’ire des populations. Cette semaine constitue même le moment idéal pour publier au journal officiel les textes difficiles à digérer à la rentrée, pour publier les hausses programmées mais gardées sous le boisseau. Le J.O. du 16 août est très célèbre pour tous ses textes diffusés en catimini. Cette approche théorique est confortée par le bilan des 100 premiers jours du régime sarkoziste. Au-delà des lois, des déclarations, des analyses, cet anniversaire sera marqué par une flagrante confrontation.
Le centième jour porte deux visions diamétralement opposées d’une société véritablement fracturée. Il y aura eu, d’un coté, toute la médiatisation des vacances présidentielles avec des sommes folles, des barbecues prestigieux, des hors-bords somptueux, des angines diplomatiques et des dissimulations permanentes et de l’autre, ce drame d’une famille sans papiers vivant à Amiens, prenant peur à l’arrivée de policiers venant les chercher pour les reconduire dans leur pays, la chute d’un enfant, la tristesse des parents, la misère au quotidien. Une confrontation que seule l’actualité réelle peut offrir à celles et ceux qui ouvrent un tant soit peu les yeux sur le monde.
La famille en or mettra, en effet, fin vendredi à ses vacances prises en toute simplicité à l'invitation d'amis près de Boston, dans la station estivale de Wolfeboro, située dans le New Hampshire, un Etat très chic du Nord-Est des Etats-Unis, où ils se sont rendus par vol régulier. On a vu et revu ces images de moments tous plus factices les uns que les autres. Impossible de ne pas penser que ces vacances sentent la jet set à plein nez et n’existent que pour meubler les pages des magazines people, pour faire oublier la réalité et donner du rêve à celles et ceux qui se contentent de pique-niquer dans le square de leur cité. Surveillée par des cohortes de policiers bienveillants, cette famille se plaint que l’on ne la laisse pas en paix profiter des joies de la plage, de grasses matinées reconstructrices ou du shopping entre amis. On a même été très inquiet sur l’état de santé des enfants, atteints d’une violente angine blanche, heureusement guérie en moins de 24 heures. Un drame qui a ému les présentatrices des journaux télévisés du monde entier. Un coup à vous gâcher les vacances et à contrarier les potes solidaires qui se sont saignés aux quatre veines pour vous offrir une réception amicale.
L’autre famille, en plomb, car plongée quotidiennement dans l’angoisse de son avenir, espérait simplement elle aussi se faire oublier durant la même période, mais pas pour les mêmes raisons. Le fils Ivan, un enfant de douze ans, a chuté, du quatrième étage d’un immeuble, tandis qu’il tentait de fuir avec son père sans papiers, André Dembski, trente-trois ans, alors que les forces de l’ordre s’apprêtaient à les interpeller. Eux aussi étaient sous surveillance policière depuis plusieurs jours. Le procureur de la République près le tribunal de grande instance d’Amiens, a raconté que leur matinée d’août avait mal commencé, puisqu’ à 7 h 45, quand des policiers de l’unité administrative se sont présentés dans leur appartement HLM d’Amiens, cité beaucoup moins riante que Wolfeboro, accompagnés d’un interprète en langue russe se sont présentés chez eux pour leur offrir un billet d’avion sur les lignes régulières. Ils ont frappé à la porte à plusieurs reprises et tenté de parler aux occupants, en déclinant leur identité, pour leur demander d’ouvrir. En l'absence de réponse de leur part, il a été décidé de faire appel à un serrurier qui est arrivé sur place vers 8 h 20. Une heure raisonnable tout de même pour sortir pour un footing ! D’ailleurs, le père a d’abord sauté par une fenêtre du quatrième étage et commencé ensuite à s’enfuir en courant. Son fils a voulu le suivre. Selon un témoin, il serait passé par-dessus la rambarde d’un balcon et puis, d’un coup, a tout lâché et est tombé. Les pompiers avaient transporté le jeune adolescent, souffrant d’une grave fracture du crâne avec un œdème, vers l’hôpital, où il fut plongé dans un coma artificiel. Il n’a pas pu depuis aller pique niquer chez ses amis avec ses parents.
A CHACUN SON PARCOURS
La famille en or avait déjà tenté à plusieurs reprises de fuir son pays d’origine, la France, pour couler des jours heureux. Elle n’en est pas à son coup d’essai. Elle avait ainsi utilisé une filière restée secrète durant quelques jours pour rejoindre un " boat people " ou une pirogue blanche au milieu de la Méditerranée il y a plusieurs semaines. Cette famille protégée par un ami qui ne lui voulait que du bien a fini par être retrouvée et rapatriée dans son pays d’origine en jet privé.
On l'a même vue passer par la Libye, territoire de transit pour les gens qui cherchent une terre d’asile, pour ensuite, rêve suprême, filer vers les Etats-Unis pour savourer, avec d’autres exilés, un repos bien gagné. On a prétendu, après une enquête, que le " passage " reviendrait à 22 000 € la semaine, auxquels il faudrait ajouter tous les frais annexes (gardes du corps, voyages, frais divers….) ce qui ne semble pas poser trop de problèmes à l’ensemble de la délégation. Le bonheur parfait ou presque, même si le sacrifice financier est lourd ! Les USA, terre bénie sur laquelle la liberté prend le pas sur toute autre considération.
La famille en plomb a, pour sa part, à plusieurs reprises, durant la même période, effectué sans succès des demandes d’asile politique et de titre de séjour, depuis… février 2005 pour couler des jours paisibles en France. Elle ne sollicitait pas des vacances mais du travail et la sécurité. Elle avait épuisé ses voies de recours et se trouvait en séjour irrégulier. Une enquête préliminaire avait donc été diligentée pour débusquer ces sans papiers qui perturbaient l’ordre public. Elle se cachait, rasant les murs et tentant de trouver, auprès de ses proches naturalisés, une aide que personne ne voulait officiellement lui attribuer. Les amis se privaient pour lui permettre de survivre en sachant que depuis que l’an passé leur dossier avait été refusé, l’issue serait inéluctable. A 33 ans pour le père et à 26 ans pour la mère l’avenir avait un horizon limité. Il s’arrêtait aux frontières de la ville d’Amiens.
DES JOURNEES HARASSANTES
Hier matin, le président français, chef de la famille en or, a été vu courant, un baladeur numérique aux oreilles, sur un sentier bordant l'un des lacs de la petite villégiature huppée de Wolfeboro. Son épouse, qui avait décliné la veille l'invitation des Bush, policiers du monde, à un pique-nique en indiquant qu'elle était souffrante - son mari avait fait état d'une "angine blanche"-, se promenait quant à elle dans le centre ville, accompagnée de deux amies. Nicolas Sarkozy, qui courait en compagnie de sept personnes, a fait un signe de la main aux trois journalistes qui l'ont aperçu. " Français? ", leur a-t-il également demandé, sans toutefois s'arrêter. Il arborait un T-shirt noir siglé "G.I.P.N", l'acronyme du Groupement d'intervention de la police nationale et une hôtelière de Wolfeboro a affirmé à l'avoir vu jouer au tennis sur un court privé de la ville. Une famille sans grands soucis si ce n’est celui de bien se comporter pour la frime devant les médias.
A Amiens le menu n’est pas le même. Convocation hier soir au commissariat de la ville pour les parents. La mère de l’enfant, Natalia Aboueva, angoissée, a indiqué que les médecins lui faisaient… " des concessions " et qu’elle pouvait voir Ivan " deux fois par jour ". Pas de shopping car c’est le secours Populaire qui se charge de les nourrir. Elle et son mari, Andreï Dembski, auraient dû être normalement les hôtes hier soir des policiers d’Amiens afin d’être entendus dans le cadre de l’enquête menée par l’Inspection générale de la police nationale sur les circonstances de l’accident, mais ils ne s’y sont pas… rendus selon leur avocat Me Francis Lec. On leur avait pourtant prévu un café et un sandwich." Nous avons demandé le report de l’audition à une date ultérieure " compte tenu de "l’état psychologique du couple". L’excuse a été jugée aussi valable que celle de l’angine blanche !
La famille de plomb vit ce que vivent désormais chaque jour des dizaines d’autres familles en séjour au pays des Droits de l’Homme. Aucune caméra pour les suivre. Aucun photographe pour, au petit matin, saisir les visites. Les vacances dans la peur et la réalité !
UN SEJOUR SOIGNEUSEMENT PROGRAMME
La famille en or a confié les clés de la France à un vieil ami qui se nomme Brice Hortefeux. Il avait prévu des voyages sans retour pour bon nombre de familles en plomb durant ces vacances. Une circulaire préfectorale, qui précise les nouvelles modalités " d'exécution des mesures d'éloignement " des sans-papiers, aurait été diffusée début juillet par une préfecture d'Ile-de-France, révèlait Libération, qui s'est procuré une copie de la note.
Le texte annonce l'envoi aux préfectures d'une liste d'étrangers en situation irrégulière. Elle demande à la hiérarchie policière de " traiter prioritairement " ces dossiers. Cette révélation contredit les propos de Brice Hortefeux, qui avait contesté toute accélération des procédures pendant l'été. Si le directeur de cabinet a confirmé " la tenue début juillet d'une réunion de travail des services de l'administration (...) sur ces questions de procédure", il a démenti toutes directives écrites. Ivan n’a donc été que la victime indirecte d’un dispositif d’état.
Le document recommanderait à la police de procéder à des vérifications du domicile des sans-papiers et de " solliciter le procureur de la république afin d'obtenir la coercition " en cas de " non-défèrement " de personnes convoquées. Le dispositif prévoit également de faire inscrire l'étranger au fichier des personnes recherchées.
" Je trouve particulièrement inquiétant que les magistrats du parquet soient ainsi utilisés par le ministère de l'Intérieur pour servir sa politique ", a commenté Jean-françois Zmirou, vice-président du Syndicat de la magistrature (SM).
Laurent Giovannoni, secrétaire général de la Cimade (Comité intermouvements auprès des évacués), a constaté une hausse sensible des arrestations d'étrangers à domicile. Il explique : " L'existence d'objectifs chiffrés d'expulsions entraîne des pratiques de plus en plus dures de la police. Cela conduit les étrangers à être terrorisés par les interventions policières, comme (…) à Amiens."
" Cela ressemble à l'organisation d'une rafle ", a commenté vendredi Brigitte Wieser, membre du collectif Réseau d'Education sans Frontière. L'association France terre d'asile rappelle que le gouvernement a annoncé un objectif de 125.000 interpellations et 25.000 expulsions d'étrangers en situation irrégulière par an.
La famille en or rentrera vendredi sous l’œil des caméras, des paparazzis, triste mais bronzée et détendue. Elle se rendra aussitôt, n’en doutons pas un seul instant, auprès de la famille en plomb pour lui apporter un réconfort. Il est vrai que Brice d’Auvergne lui a déjà fait un cadeau superbe : le droit d’espérer encore 6 mois. Il leur offre six mois e vacances dans leur HLM d’Amiens en situation provisoirement régulière. C’est plus que… 100 jours et c’est un geste d’optimisme pour celles et ceux qui savent combien de mois il faudra à Ivan pour se remettre de son passage dans le coma. Il a peut-être cru que l’on en guérissait aussi vite que d’une angine blanche !
Mais je déblogue…
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commentaires

N
   La fracture devient ...cassure...plus difficile à réduire <br /> Travailler plus ,pour gagner plus , c\\\'est  sûrement la plus grave atteinte faite à la famille , base essentielle de la société.<br /> Vous pouvez prendre .. Dans  3 mois , on vous attend ..<br /> Sans compter que c\\\'est la manière la plus folle d\\\'officialiser le travail au noir . Vive  Sarko.. mais tu vas  en crev... <br />  On devrait  dire en faire dépenser moins , pour pouvoir joindre les deux bouts  à la rentrée .Ce serait un meilleur conseil. <br /> Je dois "débloquer" en ce moment<br />  <br /> eli
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