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29 juin 2008 7 29 /06 /juin /2008 16:50

La création d'un parti politique constitue à l'heure actuelle un pari osé dans un contexte où les citoyens désabusés et passifs ne s'enthousiasment pas beaucoup pour ce type d'engagement. En fait il existe trois techniques totalement différentes.
La première consiste à récupérer les ruines émiettées de plusieurs entités pour les rassembler dans un ensemble réputé fédérateur de leurs différences. En général elle repose sur des notables connus emmenant avec eux leurs troupes attirées par quelques postes clés. Ces fusions absorptions ont conduit François Mitterrand lors du fameux congrès d'Epinay avait réussi cette alchimie des ambitions opposées lui ayant permis finalement de solidariser des différences pour conquérir le pouvoir.
La seconde tactique repose davantage sur la division que la cohésion. Une personnalité fait sécession et entraîne avec elle sur un ligne politique d'opposition un groupe suffisant pour espérer exister durablement. Les élus en place font alors l'objet d'une chasse effrénée avec promesses concrètes car ce sont eux qui apporteront les finances via l'aide de l'Etat. Jean Pierre Chevènement et son MRC ont payé cher cette méthode les ayant réduits à de la figuration sur l'échiquier nationale alors que le « Ché » pesait personnellement beaucoup plus dans le PS. Les partis à fragmentation finissent dans une cabine téléphonique sauf s'ils reviennent au bercail.
En fin il reste le créneau du militantisme consistant à investir un espace oublié ou délaissé par les autres. C'est le choix qu'a logiquement fait le facteur de la LCR. Il s'installe à la manière d'une tache d'huile sur un sol non cultivé par un PC obsédé par son potentiel d'élus locaux, une LO de plus en plus repliée sur elle même et un PS qui rêve de trouver des « terres » plus prospères au centre. Comme toutes les « natures » la nature « politique » a horreur du vide et tout l'art de la LCR c'est de l'avoir analysé pour vite s'engouffrer dans cette absence idéologique.
Hier au moment où Ségolène Royal tentait de remettre en route la machine médiatique qui l'avait portée vers une victoire interne à la Pyrrhus la LCR, symboliquement, s'installait sur la rive gauche de l'idéologie progressiste. Une cellule de veille aurait été créée au sein du PS pour se préoccuper a posteriori de cette « occupation » jugée dangereuse pour son avenir. La dérive du continent PS vers sa droite élargit inexorablement la faille de l'autre coté et plus les spécialistes accélèrent le phénomène par leur déclarations et plus le vide existe. Certains tente de colmater la brèche en jetant quelques pavés de bonnes intentions dans le fossé mais comme ils ne sont pas relayés médiatiquement leurs efforts restent vains. Au PS seuls les reines et les rois de la star'Ac des sondages peuvent espérer trouver grâce auprès des grands relais d'opinion. Les autres ne sont que des « ringards » qui portent des idées proches de celles du facteur de Neuilly mais qui sont jugées... rétrogrades quand elles sont portées par un socialiste et avant-gardistes quand elles viennent de la LCR ! Comprenne qui pourra... Pour être entendu, il faut être d'abord reconnu et pour être reconnu il faut avoir été entendu !
SAVOIR ATTENDRE
Olivier Besancenot a basé toute sa stratégie sur la base de sa notoriété médiatique ; Il ne le renie pas. Bien au contraire. Il l'exploite en s'appliquant à diffuser des principes slogans aisément perceptibles et non pas des textes dont le contenu est aussi indigeste qu'un traité constitutionnel européen. Il s'est autoproclamé hier en rempart face à « la loi du marché » et « l'hégémonie du Parti socialiste » au sein de la gauche. Un reccoruci contradictoire car il est en passe d'appliquer la loi du marché à la Gauche puisqu'il essaie via la concurrence de lui piquer sa clientèle.
Le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) vise donc la création d'un Nouveau parti anticapitaliste (NPA). « L'enjeu de ce week-end ce n'est pas un mini-congrès. C'est un première coordination des comités de ce parti », a-t-il expliqué sur France 2, comme invité en direct. Le congrès fondateur aura lieu « en décembre, janvier au plus tard » après celui du PS car il sera probablement plus aisé d'exister si les lignes Royal, Delanoé l'emportent !« D'ici là, on va discuter ensemble du mode de fonctionnement militant, du programme puis du nom. Et pour la première fois, on va le faire sur la base d'un collectif d'animation » contenant des membres de la LCR et d'autres horizons, s'est-il félicité. « Ce qu'on constate, c'est que pour des militants syndicalistes dans les entreprises, des militants associatifs qui luttent localement contre le capitalisme pensent qu'aujourd'hui l'heure est à présent venue de se représenter soi-même", a souligné Olivier Besancenot.
« Le seul moyen de redonner confiance à des milliers de gens, c'est de faire comprendre qu'il y a une nouvelle force politique qui compte peser et contester l'hégémonie du PS sur le restant de la gauche », prévient-il. Fort de ses 4,08% de suffrages au premier tour de la présidentielle en 2007 - le plus haut score à gauche après celui de Ségolène Royal - Olivier Besancenot est considéré comme... le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy, dans le dernier baromètre LCI-Le Figaro-OpinionWay publié la semaine dernière. Il devance... Bertrand Delanoë, Ségolène Royal et François Hollande - des dirigeants socialistes qu'Olivier Besancenot renvoie dos-à-dos. Il a parfaitement compris que pour l'emporter dans un PS rose pâle on va aller vers le plus petit dénominateur commun afin que la divisions ne soit pas trop lourde. « Ségolène Royal veut d'abord rassembler le Parti socialiste sur la base d'une orientation qui est partagée par les autres candidats à la direction qui s'inscrit dans le cadre d'une économie de marché (...) une économie où c'est le marché qui fait la loi », a-t-il souligné sur France 2. Un constat qui va peser sur les accords des prochains mois et il est urgent pour Besancenot d'attendre !
LE CULTE DES PERSONNALITES
La réponse a été très modeste avec Benoit Hamon et Henri Emmanuelli qui ont appelé à la Sorbonne, au « rassemblement » de la gauche pour mener d'ici à 2012 « le combat » contre « tout le travail de casse du modèle social et des libertés mis en œuvre par la droite » et pour « la reconquête du pouvoir ». Cette prétention avait été largement raillée par la mouvance royaliste qui y voit une dramatique absence de modernisme. Dans un amphithéatre comble, les deux chefs de file du Nouveau parti socialiste (NPS) ont présenté leur contribution au prochain Congrès du PS pour « reprendre le terrain abandonné à la droite, et revenir sur le cycle le plus important, depuis longtemps, de régression sociale et démocratique », selon Benoit Hamon mais qu'il ne confond pas avec une personnalisation parfois dangereuse du pouvoir. Il ne faut pas en effet être absolument hostile au seul Président de la République mais à une politique globale menée par une Droite idéologique qui l'accompagne de manière apparemment désordonnée dans la casse du système républicain. La fuite en avant est en effet beaucoup plus coordonnée qu'on le pense.
N'étant en rien habituée aux contraintes de la gestion, la LCR peut ainsi rester sur des slogans réducteurs qui fera probablement son succès car les citoyennes et citoyens ont besoin qu'in leur donne en pâture des propositions schématiques pouvant être captées sans difficulté. Il faut revenir sur la forme et oublier très vite le fond. Ségolène Royal a remis l'ouvrage sur le métier. Elle entendait une fois encore se positionner, en Jeanne d'Arc, face à Nicolas Sarkozy qu'il faut bouter hors du pouvoir. Elle sait que médiatiquement c'est le combat des chefs qui fait recette pas la confrontation des idées.
Les médias veulent du catch pas du café philosophique. « Nicolas Sarkozy nous avait promis une France de rupture, aujourd'hui la France subit une déchirure » afin de se placer, à l'intérieur du PS comme la seule ayant la stature pour « combattre » le deus ex machina d'une Droite au moins aussi écartelé que les socialistes. Et cela continue avec son discours final quand elle évoque cet « étrange mélange qu'incarne Nicolas Sarkozy entre Berlusconi et Doc Gynéco, avec des montres à 50000 euros au poignet. Non, ce n'est pas la France ! ». Ou quand elle oppose « d'un côté la France des Falcon et de l'autre celle des voitures au garage » on sent bien que la personnalisation de l'affrontement va revenir sur le devant de la scène oubliant le champ des principes.
FRACTURE IDEOLOGIQUE TROP PROFONDE
Avec les chassés-croisés verbaux de Bertrand Delanoë et de Ségolène Royal autour du libéralisme des craquements inquiétants pour l'avenir se produisent à la gauche du parti socialiste : le Nouveau Parti socialiste (NPS) d'Henri Emmanuelli refuse donc de s'aligner sur les modèles du New Labour britannique et du SPD allemand. François Hollande, dans une tribune publiée récemment par « Le Monde », se félicitait que le PS ait fait (un demi-siècle après les socialistes allemands...) « son Bad Godesberg » - la reconnaissance de la compatibilité entre l'« économie sociale » et le marché. Manifestement, l'ensemble du parti n'a pas encore franchi ce Rubicon mais quelles en seront les conséquences ?
On peut être tenté d'opérer un rapprochement entre les situations française et allemande. Outre-Rhin une gauche radicale, réunissant déçus du SPD et ex-communistes de RDA, se dresse face au SPD, qui gouverne avec la droite. Mais elle forme un parti (Die Linke), alors qu'en France la frontière demeure entre la gauche du PS et la nébuleuse d'extrême gauche.
Lors de la scission du SPD les réformes difficiles concernant la protection sociale, les retraites, le statut des chômeurs, le marché du travail, avaient été réalisées par le gouvernement socialiste... de Gerhard Schröder et avait don suscité des mouvements internes contestataires. En France on n'est jamais passé par ce filtre de la réalité. Un sociologue danois Gösta Esping-Andersen souligne qu'il existe en fait deux conceptions de la social-démocratie qui se sont exprimées ce week-end dans notre pays. La première s'applique à réparer, par la redistribution, les cassures sociales et les inégalités créées par le capitalisme qui n'est pas combattu. La seconde, très vivante dans les pays scandinaves, sans renoncer à une large protection sociale face aux risques de la vie, considère la redistribution comme un pis-aller temporaire. La société qu'elle vise est celle où les individus, par leur qualification et leur productivité, peuvent s'assurer par eux-mêmes un revenu direct décent ; où la prévention des inégalités par l'égalisation des chances est préférée à leur « réparation » par les transferts ; où l'on dépense davantage pour aider les chômeurs à retrouver un emploi que pour les indemniser ; bref, où l'Etat providence est moins un infirmier qu'un investisseur.
En fait les socialistes français n'auront pas d'autre choix que de préciser à quelle de ces deux conceptions de la social-démocratie ils veulent se rattacher. La fracture des continents peut également se produire au sein même du PS ce qui mettrait à mal les options prises par le facteur de Neuilly car il aurait alors beaucoup moins de latitude pour exister. D'autant qu'il n'est pas près de repasser chez Drucker !
Mais je déblogue...

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commentaires

A
L'alternative devant laquelle se trouvent les socialistes n'est pas un choix entre le nouveau parti de Besancenot sur sa gauche et une alliance avec le Centre que semblent suggérer certains. L'une ou l'autre de ces solutions signerait l'arrêt de mort du PS, ce que nous ne souhaitons pas.... Il est vrai que nos militants sont désarçonnés par la multiplicité des contributions et des discours... et par ce qui paraît être des rivalités personnelles. Il me semble qu'il y a parmi nous une majorité de citoyens qui cherchent avant tout à se rassembler sur des idées communes. Et si on prend la peine de lire les contributions -j'en ai lu trois cet après midi, à savoir celles de Fabius, Moscovici et Aubry, ce qui constitue, il faut bien le dire un fameux pensum - on constate qu'elles ne sont pas très éloignées les unes des autres, et que les points de convergence devraient permettre à ces socialistes là, du moins, de se rejoindre sur un texte commun au moment du Congrès....Je suis peut-être une optimiste irréaliste, mais il me semble que le réalisme, si nous voulons rassembler nos militants et les motiver, c'est de leur proposer des idées simples, conformes à ce qu'a toujours été l'idéal socialiste : justice, liberté, laïcité, défense des acquits sociaux, etc....Le maniement des grandes idées et de la philosophie politique ne fera jamais recette auprès des populations qui constituent nos soutiens de toujours. Et à force de nous torturer l'esprit, nous n'aurons plus un seul militant pour nous écouter et nous suivre. Et pourtant, compte tenu du contexte actuel, nous n'avons jamais autant eu besoin de nous entendre et de nous rassembler !
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E
Comme le dit Hamon, sur les 15 dernières élections en europe, la "social démocratie" en a perdu 13. Et dans les deux cas restants, elle a gagné grâce à des alliances douteuses comme en Autriche, par exemple.Il faut donc que les adhérents socialistes se tournent vers la gauche et non vers le centre ! Sinon, la gauche perdra encore les prochaines élections en France ! C'est simple ! 
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E
Au fait, ça fait combien de temps que Besancenot est à la tête de la LCR ?
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E
"N'étant en rien habituée aux contraintes de la gestion, la LCR peut ainsi rester sur des slogans réducteurs qui fera probablement son succès car les citoyennes et citoyens ont besoin qu'in leur donne en pâture des propositions schématiques pouvant être captées sans difficulté."
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V
Très intéressant ton article Jean-Marie (une fois de + ...). Je suis entièrement d'accord avec ton analyse. Le PS va devoir clarifier rapidement sa vision socialiste: pansement au libéralisme ou projet de société. Je suis sûr que la ligne qui en sortira sera bien sûr celle du SPD allemand ou du labour anglais, à savoir, une gestion des méfaits du libéralisme. Et dès cet clarification, je crois qu'il est souhaitable (et inéluctable) pour la gauche de ce pays, que ce parti se scinde une bonne fois pour toutes. Besancenot a bien compris qu'il y avait un boulevard sur cette gauche inoccuppée depuis tant d'années. Son projet est encore en gestation, mais j'ai pu sentir dans ces prémices, une nouvelle approche de la politique. Les Hamon ou Emmanuelli auront tout leur place dans un grand parti de Gauche (si ils en respectent les principes et notamment le premier qui concerne le roulement de ses cadres dirigeants) positionné comme un Die Linke allemand. J'ai senti dans ton article une attente d'évolution vers cette directtion. J'ai déblogué ou quoi???
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