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26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 07:17

Il y a des modes pour les mots comme pour les vêtements. Certains apparaissent quand d'autres disparaissent de l'usage quotidien. Leur passage sur le devant de la scène est parfois extrêmement éphémère, car l'actualité est très consommatrice de « petites phrases » bardées de mots décalés ou assassins. C'est ainsi que depuis plusieurs semaines il en est un qui revient dans le langage médiatique, et qui suscite bien des commentaires : excuses ! Il avait été oublié car désormais, dans notre société de rapports de force, s'excuser d'une erreur, d'une maladresse, d'une attitude nocive, c'est avouer sa faiblesse ! Il ne faut surtout pas s'excuser, car ce serait se mettre en position délicate et avouer l'inavouable : que l'on s'est trompé ! Imaginez par exemple une journaliste qui, après avoir publié une fausse information, accepte de présenter ses excuses : un drame pour son indépendance professionnelle. Envisagez-vous que le Président de la République, après avoir lancé un sonore « casse-toi, pauvre con ! » ait l'idée fâcheuse d'adresser ses excuses à la personne insultée !
Ne rêvez pas, pas un seul ministre ne s'excusera d'avoir commis une erreur fatale, en ayant cru dans une réforme qui ne produit aucun effet valable ! Vous vous rendez compte de la catastrophe qu'engendreraient les excuses publiques d'un policier ayant maltraité un citoyen ? Que penseriez-vous si une femme politique considérait que les fondements de nos principes républicains, foulés au pied par une déclaration fracassante, l'obligerait à présenter ses excuses. On a vu que la notion de pouvoir s'accommode très mal, et de plus en plus mal, de celle de « reconnaissance d'une faute ». Pour être reconnue, et surtout appréciée, une autorité se doit de faire preuve de sérénité dans l'affirmation de ses positions, même les pires, et même si les faits démontrent qu'elles sont totalement erronées !

EXCUSES MALVENUES
Ce principe est semble-t-il partagé par l'opinion dominante, qui considère que le mot n'est plus d'actualité. Que l'on marche par inadvertance sur les pieds de son voisin, que l'on bouscule une autre personne dans la rue ou que l'on passe avant une dame, ne nécessite plus une attitude humble, puisque le temps serait à l'arrogance dans l'outrance mensongère. La preuve ? Comme à l'habitude, elle vient de la vérité des sondages du fameux JDD, bible des repères sociaux les plus sûrs.
Selon un sondage publié dans le Parisien Dimanche/Aujourd'hui en France, près de sept Français sur dix pensent que Ségolène Royal a eu tort de s'excuser auprès... de José Luis Zapatero pour des propos attribués à Nicolas Sarkozy, qui l'aurait qualifié d'homme peut-être « pas très intelligent ». Les Français sont 68% à penser qu'elle n'aurait pas dû s'excuser, 22% pensent qu'elle a eu raison de s'excuser auprès du chef du gouvernement espagnol, et 10% ne se prononcent pas. Il est essentiel pour le quotidien des Françaises et des Français de savoir que ces excuses étaient inutiles, puisque cette information donne une fois encore un blanc-seing au président d'une République, désormais arrogant et surtout dénué de toute humilité !
Concernant les excuses que la présidente socialiste de la région Poitou-Charentes a exprimées au Sénégal sur les propos tenus par Nicolas Sarkozy en juillet 2007, les Français sont assez partagés: 46% pensent qu'elle a eu tort, 40% raison et 14% ne se prononcent pas. Le chef de l'Etat avait déclaré, rappelons-le, que « le drame de l'Afrique provenait du fait que « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire ». C'est moins grave que d'avoir voulu karchériser les banlieues ou d'avoir affirmé que les Sidérurgistes de Gandrange seraient préservés et, dans le fond, on ne va aller s'abaisser devant des « noirs » ! Cette attitude, très éloignée des vertus figurant sur les frontispices des bâtiments publics, est entrée dans les moeurs, justifiant la blague qui prétend que si les Français ont choisi comme symbole le coq, c'est parce que c'est le seul animal qui chante, les pieds dans la merde !

LA REFERENCE COLUCHE
Depuis cette fin de semaine, on est passé à la vitesse supérieure, avec l'arrogance extraordinaire du Conseil supérieur de la Magistrature. L'Affaire d'Outreau est en effet en train de devenir un fiasco à rallonges, une négation de toutes les affirmations voulant que les citoyens et les citoyennes soient protégés par leur justice de tous les abus d'un pouvoir exercé en leur nom. Après la « réprimande » infligée vendredi par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) au juge Fabrice Burgaud - qui a instruit le dossier -, deux polémiques ne cessent d'enfler. Et, il y a deux raisons à ce remue-ménage dans le landerneau médiatique, prêt à s'enflammer pour les erreurs des autres, mais toujours très discret sur les siennes. Il y a tout d'abord la nature de la sanction. La réprimande est en effet la plus légère "sanction" possible qu'encourait le juge, et elle est perçue, selon Elisabeth Guigou, ancienne Garde des Sceaux socialiste, « comme une offense, par les victimes ». À droite, mêmes réactions. Le député UMP Philippe Houillon, qui fut rapporteur de la commission d'Outreau, estime que le mot de réprimande « résonne comme une farce ». Et d'insister: « Quand on pense aux 26 années de prison cumulées, aux nombreuses tentatives de suicide, aux familles séparées, cette sanction semble totalement disproportionnée ». Selon le député, la « réprimande » au juge Burgaud risque de creuser « l'écart entre les Français et leur justice ». Cette « sanction » rappelle que l'esprit de corps constitué est, en France, beaucoup plus fort que bien d'autres considérations éthiques. On se serre les coudes, au cas où... un jour on serait dans la tourmente à son tour ! L'autre constat, c'est que Coluche était un excellent sociologue, avec son sketch sur les risques encourus par le « flic » qui tond le chevelu beatnik :...
« Mais on ne rigole pas avec ces trucs-là, hein. Parce qu'au bout de 30 avertissements, on peut avoir un blâme. Et au bout de 30 blâmes, on passe devant un conseil de discipline et on peut être dégradé. Robert y s'en fout, lui, il est pas gradé... » Ne vous faites pas d'illusions, ce n'est pas la Ministre de la justice ou les journalistes qui ont appuyé les errances de Burgaud, qui vont présenter leurs excuses publiques aux victimes. 26 ans de prison cumulés c'est... pas très important, et une « réprimande » suffira comme démarche citoyenne !

MAIS OÙ EST LE PROBLEME ?
Et si la polémique a redoublé d'intensité, c'est aussi à cause d'une révélation qui pourrait entacher l'impartialité du CSM, cette instance présentée comme le rempart contre les abus de toutes sortes et sur laquelle, on le sait, le Président de la République n'a aucun pouvoir. Vendredi, l'un des avocats du juge Fabrice Burgaud annonce qu'un ancien magistrat de la chambre de l'instruction de Douai figurait parmi les onze membres du CSM qui ont sanctionné son client. Problème : ce magistrat avait refusé par deux fois la remise en liberté d'un suspect finalement acquitté..., mais c'est un détail sans grande importance. Ce gars-là n'était pas passé par l'ENA ou l'école de la Magistrature, et donc il ne méritait pas la considération promise aux autres. Et que dit la chancellerie ? La ministre de la Justice, Rachida Dati, a rappelé hier que le magistrat en cause « est membre du CSM et que lorsqu'il y a eu les débats, personne ne l'a mis en cause ». Circulez, il n'y a rien à voir, et on ne va pas s'abaisser à reconnaître simplement que c'est une « faute » ou au minimum une nouvelle « erreur » de ce système judiciaire qui devrait pourtant être irréprochable sur le fond comme sur la forme.
« Il est invraisemblable qu'un magistrat ait pu siéger au sein du CSM pour juger Fabrice Burgaud alors que lui-même avait siégé à la chambre de l'instruction, alors que la question de la détention est la question cruciale du dossier d'Outreau », avait déploré vendredi Me Patrick Maisonneuve, l'un des avocats de M. Burgaud. Ceux-ci entendent se servir de cette nouvelle péripétie pour demander l'annulation de la sanction devant le Conseil d'Etat, qui devrait examiner le recours de Fabrice Burgaud. Et on en arrivera à ce que le véritable siège du pouvoir dans notre pays, se déplace du monde politique vers le monde judiciaire, placé sous la pression d'un pouvoir médiatique, obsédé par sa toute puissance.
Les excuses ne sont plus à la mode. Ségolène Royal est encore une fois à contre temps. Il faut subir, dans cette société où la vérité ne repose plus sur la raison, sur l'analyse, sur la réalité mais sur l'apparence, la superficialité et la duperie toujours niée au nom de l'indépendance ! Quand on est du côté des victimes de ce type de comportement, on prend conscience de l'injustice qu'ils représentent, mais quand on est au pouvoir, il vaut mieux fermer les yeux.
Excusez-moi de vous avoir dérangé dans votre sommeil citoyen !
Mais je déblogue...

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commentaires

J
Il faudrait également revoir la notion d'"excuse".On les présente, certes, pour soi ou pour les autres.Mais faut-il encore qu'elles soient acceptées. Bien des personnes considérent qu'il suffit de s'excuser pour être pardonné, blanchi, que la faute ou l'erreur sont oubliées.<br /> Certains disent  :-"Je m'excuse pour..."Mais comme disait unde nos professeurs :-C'est bien de vous vouloir vous excuser, mais moi je ne vous excuse pas...
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D
JE TE PRIE DE BIEN VOULOIR M'EXCUSER DE NE PAS EXCUSER CES INEXCUSABLES .AVEC MES EXCUSES.
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