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27 avril 2009 1 27 /04 /avril /2009 07:17

Il y a bien longtemps que, dans le monde politique, on n'avait pas évoqué la possibilité d'une révolution en France. Cette évocation parait même incongrue à une époque où il faut bien convenir que les « révolutionnaires » sont passés de mode, puisque même les socialistes ont abandonné dans leurs textes de référence la lutte des classes et tout ce qui l'accompagnait. Le paradoxe, c'est que celui qui a alerté l'opinion sur ce risque n'est autre qu'un membre éminent de la Droite et de l'UMP. Certes, il est en marge, mais il n'empêche que sa déclaration a secoué la torpeur de son camp. Il n'a fait pourtant que confirmer toutes les craintes de l'Elysée et du Ministère de l'Intérieur. Des signes évidents de crise, éventuellement insurrectionnelle, existent, sans que pour autant, ils soient analysés comme tels par l'opinion dominante. C'est ainsi qu'il faut décoder la vigueur des condamnations qui se succèdent, après la séquestration de quelques dirigeants d'entreprises fermant leurs portes. Il est indispensable d'enrayer ce qui pourrait, dans les prochaines semaines, prendre l'allure d'une « épidémie » dangereuse. On va donc faire donner l'artillerie lourde médiatique pour affoler les troupes, et veiller à discréditer les syndicalistes prônant ce mode d'action très extrême ! Toute retenue d'un patron reste, en matière de comportement social, légèrement « révolutionnaire », car susceptible de faire renaître la lutte des classes que l'on croyait enterrée. Même au PS, on se montre prudent, de telle manière que l'on ne puisse pas accuser ses responsables de pratiquer l'agitation irresponsable. N'empêche que rapidement, on va judiciariser ces actions, comme celles qui visent à occuper des locaux, ou a constituer des piquets de grève. Il ne faut absolument pas que ce type d'actions militantes s'amplifie, car il constitue le ferment révolutionnaire par excellence.
La première secrétaire du Parti socialiste a dit ne pas croire à « un risque révolutionnaire » ni à un Mai 2009 (à l'image de Mai 68), dans un entretien accordé au Journal du Dimanche. Elle regrette également que Nicolas Sarkozy « n'écoute personne ». La première secrétaire du PS a déclaré :  « chaque période historique est différente, on n'est pas en mai 1968 », en réponse à la question « un Mai 2009 est-il possible? ». Elle rappelle qu'à l'époque, « la colère est partie des facs, contre une société bloquée, trop autoritaire ». Ce n'est que plus tard « qu'elle s'est (...) étendue au mouvement salarié. Aujourd'hui, le mouvement part des salariés, des retraités et des agents des services publics ». Or, il faut savoir que les services publics n'existent plus... et que le « feu » aura bien du mal à prendre dans un secteur privé en pleine déconfiture ! La crainte de perdre son emploi accentuera cette passivité, légitime en période de crise. Et pourtant, Dominique de Villepin joue aux Pythonisses. Il a estimé hier qu'il existait un « risque révolutionnaire en France », plaidant pour des « mesures exceptionnelles » en matière sociale.

DANGER PATENT
« Oui, il y a une forte colère qui s'exprime dans notre pays, oui il y a un risque révolutionnaire en France », a souligné l'ancien Premier ministre lors du Grand rendez-vous Europe 1/Le Parisien/Aujourd'hui en France. « Les fermetures d'usines, l'augmentation du nombre de chômeurs donnent à un certain nombre de Français le sentiment de l'inégalité de traitement, l'inégalité de mobilisation », a-t-il constaté. Ils ont le « sentiment que l'on se mobilise beaucoup pour les banques, on se mobilise beaucoup pour aider les entreprises mais que les salariés, eux, font les frais de la crise, que ce sont toujours les mêmes qui souffrent ». Pour éviter des « comportements collectifs que nous ne parviendrions pas à maîtriser », Dominique de Villepin a jugé « urgent de passer à la vitesse supérieure en ce qui concerne les mesures sociales » et de « renouer avec un dialogue beaucoup plus développé avec les partenaires sociaux ». Même les socialistes n'osent plus s'exprimer ainsi. Certes, tout le monde sait que Dominique de Galouzeau de Villepin a un art consommé de l'erreur d'analyse, puisque c'est lui qui avait conseillé à Chirac de dissoudre l'assemblée nationale avec le succès que l'on connaît !
« Evidemment personne ne peut accepter les formes de violence » (voir ci-dessus) mais « si l'on veut apporter des réponses justes à ces situations, on est bien obligé de partir de cette inquiétude et de ce désespoir », a-t-il noté. L'ancien Premier ministre de... Jacques Chirac a ainsi plaidé pour des « mesures sociales très fortes pour maintenir la cohésion sociale, en matière fiscale, en matière d'aide aux jeunes ou en matière d'aide aux plus défavorisés. Des gestes forts sont "indispensables ». Il a cité un « relèvement temporaire » du bouclier fiscal « à 60% le temps de la crise », la création « d'une nouvelle tranche de l'impôt sur le revenu », également « temporaire ». Il a souhaité aussi un « geste » (sic) sur la rémunération des patrons, jugeant que le décret du gouvernement n'allait « pas assez loin ».
Dominique de Villepin a également considéré comme « opportun » de « sanctuariser aujourd'hui très clairement le budget de l'Education nationale » et « dire clairement que nous n'allons pas toucher à ce budget » car il sait que le seul danger qui menace le gouvernement viendra de ce secteur, soit en fin d'année scolaire, ou de manière plus certaine à la rentrée suivante. Il s'est prononcé contre les suppressions de postes, mais pour des « redéploiements ». A ses yeux, il ne faut « pas de réforme avec une logique comptable ». Pour lui la révolution peut arriver sur la base des licenciements croissants, de mouvements de grogne dans les facs et les lycées, les dégâts causés par une image du patronat de plus en plus critiquable !

LE FEU COUVE
Dominique de Villepin a commenté les récents mouvements sociaux, comme les « prises d'otages » de patrons comme le signe d'un phénomène qui ne traduit pas « seulement de l'inquiétude mais de la colère qui peut prendre des formes violentes », (...) « Personne ne peut accepter les séquestrations de patrons et la violence. Mais il faut prendre au sérieux ce désespoir et prendre des mesures exceptionnelles. » pour le Premier Ministre sortant, cette « situation difficile, voire dangereuse » dénonce la politique du gouvernement. « Il est important que l'Etat joue tout son rôle. Il faut passer à la vitesse supérieure » en matière sociale... alors que dans l'immédiat on ne songe, à l'Elysée, qu'à minimiser la montée en puissance d'une insécurité liée à la paupérisation grandissante. Dans les banlieues, le feu couve sous la cendre du chômage.
Des patrouilles de police ont été prises pour cible samedi soir, par des groupes d'individus dans le quartier sensible des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes. Vers 22h30, des véhicules de pompiers et de police ont été caillassés par 70 à 80 jeunes cagoulés et masqués, alors qu'ils intervenaient pour éteindre un feu de voiture. L'incendie serait un "guet-apens", des jeunes du quartier l'auraient allumé volontairement, car ils voulaient en découdre avec les forces de l'ordre, selon la source policière. Pendant une demi-heure, les policiers ont dû faire face à des individus munis de cocktails Molotov et d'obusiers, sorte de tubes qui servent initialement à projeter dans l'air des feux d'artifice. Des renforts ont été appelés sur place. Un fonctionnaire souffre d'une entorse à la cheville après avoir poursuivi des jeunes qui prenaient la fuite. La police n'a procédé à aucune interpellation. Vendredi soir, des échauffourées avaient déjà éclaté aux Tarterêts. Celle de samedi est la quatrième altercation entre jeunes et forces de l'ordre dans ce quartier depuis une quinzaine de jours. Les premiers incidents avaient eu lieu le 10 avril, à la suite du contrôle, par une patrouille de police, d'un habitant du quartier qui faisait du rodéo sur une moto.
La cocotte minute donne des signes de remise en route. Il existe beaucoup plus d'incidents de ce type, mais police, justice, médias tentent au maximum de les masquer. Les policiers veulent les meilleures statistiques possibles, les juges condamnent à tour de bras sans être certains que les prisons pourront accueillir les jugés, les médias ont des consignes pour occulter ou minimiser ces incidents quotidiens. Pourtant, en France, il y a incontestablement un bouillonnement que certains tentent de dissimuler par des sondages ou par des effets d'annonce. La politique gouvernementale nécessite actuellement des démineurs plus que des artificiers. Cette modification va conduire Nicolas Sarkozy à muscler sa base, en allant partout haranguer ses fans. Il faut les préparer à des jours difficiles. La révolution les inquiète tellement, paraît-il, qu'ils en oublient toutes leurs déceptions. La peur reste le meilleur argument électoral de la Droite.
Mais je déblogue...

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commentaires

L
Je pense qu'il est très urgent au PS de se mobiliser afin de préparer les élections Européenne du 7 Juin prochain. Laisssons les gens de droites et arrêtons de les critiquer, mobilisons nous sérieusement, car j'ai peur que les élections soit une sévères défaites pour la droite, mais également une sévère défaite pour le PS, car personne ne croit à une révolution, nous verrons les résultats de cette prochaine élection, et verrons pêut-être la montée du NPA. Alors MOBILISONS NOUS, et que le PS soit SOLIDAIRE.
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P
Au-delà du risque révolutionnaire qui existe bien potentiellement, et même si l'ancien Premier ministre a commis dans le passé des "erreurs d'analyse", on ne peut qu'approuver Dominique Galouzeau de Villepin lorsqu'il plaide pour des "mesures exceptionnelles" en matière sociale, même si sa sincérité est sujette à caution, et si les mesures qu'il préconise ne sont que temporaires..."le temps de la crise". A noter, entre autres, que ses propositions s'en tiennent à un "relèvement temporaire du bouclier fiscal", et qu'il se garde bien d'affoler ses...amis politiques, en proposant sa suppression !Que le feu couve, c'est indéniable, que les ptrons et les riches aient peur, c'est sans nul doute vrai aussi...et on ne fait rien dans la presse et dans l'entourage du Président pour rassurer le bourgeois....Au contraire, on aimerait bien affoler les populations qui n'aspirent qu'à leur tranquilité !! Cela me rappelle la période des événements de mai 68 où j'ai connu des citoyens effrayés qui n'envisageaient pas moins que de quitter le territoire national...par peur de la révolte de la jeunesse, menaçante pour leurs acquis.Cette fois, ce sont les gouvernants qui sont effrayés par le bouillonnement ambiant. Nicolas Sarkozy joue donc pleinement son rôle de "chef de la majorité", et s'agite tous azimuts comme jamais. La semaine dernière, lors de son passage à Nice, dans le but avoué de parler "sécurité" avec son ami Estrosi, il en a profité pour orfaniser un grand meeting destiné aux seuls UMP, et apporter son soutien -très appuyé- à leur candidat à l'élection cantonale partielle des 3 et 10 mai...destinée à remplacer un conseil général socialiste. Il oublie alors qu'il est Président de la République, c'est à dire président de tous les français.Et c'est cette évolution là qui s'accentue de jour en jour, qui me parait préoccupante pour l'avenir de la démocratie dans notre pays. 
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J
"70à 80 jeunes cagoulés"?Je croyais que notre ministre de l'intérieur avait fait légiférer sur l'interdiction du port de la cagoule pendant les manifs.Ces jeunes sont vraimant des sauvageons qui ne se plient pas aux nouvelles directives..!Quant à monsieur Galouzeau de Villepin, qui a commis une erreur de jugement en 1997, on la lui ressort toujours.Je ne veux pas me poser en défenseur du sus nommé Galouzeau, mais quelqu'un peut -il prétendre qu'il n'a jamais d'erreur de jugement ? On peut être "de droite" et avoir des vues saines de la situation, son analyse me semble tout à fait pertinente. Peut-être les événemnets futur lui donneront ils raison.
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