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24 juin 2006 6 24 /06 /juin /2006 07:17
La vérité finit toujours par vous rattraper, même si vous courez plus vite que tout le monde. Ben Johnson en fut l’illustration parfaite et désormais, il faut bien convenir que Lance Armstrong en devient l’incarnation. Le paradoxe réside dans le fait que l’EPO, les corticoïdes, les hormones de croissance, les transfusions, qui font de vous un surhomme, vous ramènent de plus en plus souvent sur terre. " L’extra-terrestre " n’était qu’un soutier de laboratoire mais, dans le fond, il n’aura jamais à répondre de cette métamorphose car l’escroquerie sportive n’existe pas à posteriori. Or, j’ai souvenir des propos de ce garçon courageux (que j’ai maintenant l’occasion de côtoyer dans un autre contexte) : Christophe Bassons. Ce Tarnais au caractère bien trempé avait dénoncé un milieu dans lequel régnait l’omerta, alors qu’aucun observateur lucide ne pouvait croire dans une domination caricaturale de quelques surdoués ou de ressuscités. Son constat impitoyable ne reçut aucun véritable écho, car les orgnaisateurs, préoccupés par l'image de leurs épreuves, ne lui accordèrent aucun crédit.
Lorsqu’il fut contraint à abandonner le Tour de France sous la pression du peloton qui ne supportait pas ses prises de position anti-dopage, Christophe en a eu gros sur la patate, car il était certain que les chaudières programmées pour la grande boucle tournaient à plein régime. Seulement, il fallait surtout ne rien dire. Tout le monde connaissait les astuces de nombreux coureurs pour échapper à des contrôles extrêmement prévisibles. Par exemple, les limiers les plus perspicaces notaient que les préparations des vainqueurs potentiels se déroulaient dans des contrées lointaines, et selon des calendriers communiqués au dernier moment.
La tactique consiste à tabler sur deux carences du système de répression : le manque de moyens financiers, qui empêche de payer aux contrôleurs agréés des voyages onéreux, les délais de réaction qui ne correspondent pas à la vitesse de déplacement. Lance Armstrong aura chaque année utilisé ces réalités à son profit, durant toute sa carrière. En toute impunité. Christophe lui, ne s'y résoudra jamais, et ne tiendra pas, sous les critiques, au-delà du Tour 99 !
J’ai une pensée particulière pour lui, car il a oublié un principe clé de la société actuelle : il ne faut absolument jamais avoir raison avant tout le monde, car on froisse l’opinion dominante, celle qui croit que ses idoles ne vivent que d’amour et d’eau fraîche.
Pourtant, l’étau se resserre, car à peine retraité, Armstrong était déjà sur le banc des accusés. Un mois après sa septième et dernière victoire sur le Tour de France, il était mis en cause dans une affaire de dopage. L’Equipe affirmait que le coureur cycliste américain avait menti lorsqu’il a déclaré, à plusieurs reprises, au long de sa carrière, n’avoir jamais utilisé aucun produit dopant, puisque des tests avaient mis en évidence des traces d’EPO dans ses urines prélevées lors du Tour de 1999. Ce fameux Tour au cours duquel Christophe Bassons avait été banni des pelotons. De quoi vous donner un sourire jaune...
RACONTE SOUS SERMENT
Depuis, on n'a plus aucun doute. Le 28 octobre 1996, Lance Armstrong amaigri, mal en point, qui n'a plus grand chose à voir avec un coureur professionnel, rencontre ses médecins avant son opération consistant à enlever des métastases qui ont touché son cerveau. Au moment d'établir le nécessaire protocole post-opératoire, de rigueur après une intervention de cette ampleur, l'Américain, entouré de sa petite amie de l'époque, Lisa Shiels, de son premier entraîneur, Chris Carmichael, et de son épouse, mais aussi de ses proches et amis, est sondé sur d'éventuelles consommations de produits dopants. C'est une question de vie ou de mort !
La suite, c'est Betsy Andreu, la compagne de l'ex-coureur américain Frankie Andreu, ancien meilleur ami d'Armstrong qui, présente ce jour-là, l'a raconté sous serment devant le tribunal de Dallas, dans le cadre d'une procédure judiciaire, dite d'arbitrage, engagée, à l'initiative du septuple vainqueur de la grande Boucle, contre sa propre compagnie d'assurance, SCA Promotions. Voici son témoignage : "(Le docteur) a commencé à lui poser des questions banales. Je ne me souviens pas. Et tout à coup, boum, avez-vous déjà pris des produits dopants? Et il répond, oui. Il demande lesquels. Et Lance répond: EPO, hormones de croissance, cortisone, stéroïdes, testostérone."
Frankie Andreu, fidèle d'Armstrong sous le maillot de l'US Postal, et très proche de l'Américain à l'époque, pour l'aider à traverser cette épreuve, était lui-même présent ce jour-là. Il confirme: "Je ne sais pas comment le docteur a formulé sa question, mais la réponse était qu'il avait pris de l'EPO, de la testostérone, des hormones de croissance et de la cortisone." Autre personne ayant assisté à ces aveux, Stephanie McIlvain, salariée d'un des sponsors d'Armstrong et amie du coureur US, n'a, elle, pas confirmé cette version des faits, niant que l'Américain avait admis s'être dopé. Une surprenante volte-face quand on sait que celle-ci avait, le 21 septembre 2004, soit un an avant de comparaître devant le tribunal de Dallas, soutenu, lors d'une conversation téléphonique avec... Greg Lemond, qu'elle répèterait la confession d'Armstrong face à ses médecins, si elle devait être amenée à témoigner: "Si je suis citée, je le ferai (...). Car je ne vais pas mentir. Tu sais, j'étais dans cette pièce. J'ai entendu." Une conversation qui, toujours selon Le Monde, aurait fait l'objet, par Lemond, d'un enregistrement versé au dossier! C’est plus clair que les urines soumises au contrôle anti-dopage…
LUI QUI FUT HAI
Christophe Bassons doit aujourd’hui se poser bien des questions. Lui qui fut haï comme aucun autre coureur ne le fut; et qui compte encore ses amis sincères sur les doigts de la main. Il lui suffirait de se souvenir de ce qui fut prononcé sur son compte, pour se réconforter sur la mentalité de quelques acteurs actuels du monde du cyclisme. Il est trop timide pour le faire, alors je vais le faire à sa place.
Jean-Réné Bernaudeau, formateur de jeunes talents qui " marchèrent " à la " Brioche vendéenne " (ancien coureur professionnel, directeur sportif) : "Laissez-le, c'est qu'un connard, faut pas lui adresser la parole."
Stéphane Heulot (co-équipier), suite à son abandon dans le fameux Tour 99: "C'est lâche (...) On est 22 à la Française, qui avions tous envie de faire ce Tour. Il a pris la place de quelqu'un et se retire sans véritable raison."
Lance Armstrong en personne : "Ses accusations ne sont pas bonnes pour le cyclisme, pour son équipe, pour moi ni personne. S'il pense que le cyclisme fonctionne comme cela, il se trompe et c'est mieux qu'il reste chez lui".
Bernard Hinault : "Bassons a eu tort de dire qu'il était propre et que les autres étaient sales (...). Il a dit que les autres étaient mus par l'argent, mais s'il a fait ces articles, c'est bien qu'il était payé pour le faire ? Et j'ai lu qu'il avait multiplié par trois ses contrats dans les critériums, c'est donc qu'il n'est pas si blanc que ça." Fermez le ban, sur la pire des formes de cynisme. 
La preuve que l’on ne peut pas nécessairement avoir une vision honnête quand on se trouve dans un milieu qui vous nourrit… ou vous fait bien vivre. Rappelez vous, l'affaire VA-OM en football. Qui avait payé au prix fort sa franchise? Jacques Glassmann. Qui se souvient de son courage? Il a eu la sanction que méritent, dans notre société, ceux qui dévoilent une vérité pas bonne à dire...
Mais je déblogue...
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