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25 juin 2006 7 25 /06 /juin /2006 07:17
Toute forme de responsabilité publique a ses travers et ses contraintes. Elle recèle, aussi, bien des plaisirs qu’il faut savoir cultiver et cueillir au bon moment. Ce jardinage de la conscience est beaucoup plus exigeant que celui qui consiste à aller faire ses emplettes aux rayons des supermarchés de l’idéologie. Il nécessite une présence constante pour entretenir les plates bandes où germent ses propres convictions, et qu’il faut sans cesse désherber, car y poussent, continuellement, les herbes folles des idées reçues. Pourtant, il est indéniable que le jour où l’on doit arrêter, c'est quand cette passion du terrain n’a plus sa place dans la vie. Hier, j’ai donc jardiné toute la journée, afin de ne pas vivre artificiellement au crochet d’autres producteurs.
Rencontre le matin avec le directeur d’une association d’aide à domicile, pour un dialogue sur les avantages de cette formule. L’occasion de prendre en compte les besoins des personnes âgées, que le Centre Communal d’Action Sociale a de la peine à satisfaire, à cause de la rigidité de sa structure. Un échange formateur, constructif et qui me permet d’envisager des mutations importantes dans les prochains mois. Et c’est d’autant plus important que des réformes, allant dans le sens de la " marchandisation " du secteur " rentable " des services au 3° et 4° âges,, se profilent à l’horizon 2007. Personne, dans la gestion publique, n’a les mains " vertes " pour régler, par je ne sais quel talent surnaturel, la " pousse " des structures nouvelles, il faut davantage faire confiance aux conseils de ceux qui ont une expérience réussie en la matière.
UNE ATTITUDE MEPRISANTE
Après un tour de ville, pour finir de distribuer l’hebdo municipal " Créon hebdo " et donc forcément discuter avec les commerçants ou leur clientèle sur tout et rien, je rentre avec de multiples petits travaux repérés, à faire dans le centre ville. Mauvais balayage, herbes folles, dalles descellées, stationnement anarchique à maîtriser, poubelles encore mises devant les portes 48 heures avant la collecte… et bien d’autres choses que je ne verrais jamais en voiture.
Croire que ce qui peut apparaître comme des " broutilles " à côté des fameux grands problèmes de société ne compte pas dans la vie publique, relève d’une attitude méprisante. J’ai été profondément marqué par le discours d’investiture qui avait été prononcé devant les députés le 29 juin 1988. Un passage de ce texte, qu’il faudrait faire relire par tous les candidats du PS actuel à l’élection présidentielle, tant il était prémonitoire sur de nombreux points, évoquait justement le quotidien et son influence sur le comportement collectif, notamment dans les banlieues. Il avait osé affirmer que la qualité des cages d’escalier de certains immeubles laissait présager des événements violents, car elle mettait en évidence le mépris que la société avait à l’encontre des habitants qui les fréquentaient. Les détails, passés à la loupe des commentaires, prennent en effet, parfois, des allures de catastrophes. Mieux vaut donc les prendre en compte et éviter que tout dégénère.
UN BAIN DE REALITE
Midi : le plaisir pur. Rencontre avec la vingtaine de jeunes filles qui ont fondé, avec le soutien de l’animatrice du Bureau Information Jeunesse, le groupe de danse " Give Me Five ". Elles ont mis en place un pot amical pour remercier toutes les personnes qui les ont aidées à mettre en œuvre leur projet. Un moment à savourer. Elles ont franchi tous les obstacles. Elles seront prises en charge. Elles ont osé aller à la rencontre du public. Elles ont donné une note solidaire à leur opération, en versant le trop perçu à la fondation Bergonié. Je discute avec chacune d’entre elles pour savoir où elles en sont de leur vie. La majorité travaille en lycée professionnel. Elles portent toutes l’angoisse de leur avenir.
Frappant et émouvant, car leur réussite hors temps scolaire efface un peu ce sentiment de ne pas avoir de perspective sûre. Je voudrais tant pouvoir les aider, les soutenir, leur apporter comme élu une touche d’espoir. Je me renseigne sur leurs jobs d’été, car j’ai conscience de l’importance de ces " stages réels " dans le monde du travail. Un véritable bain de réalité dans une jeunesse bien plus stressée que je ne le fus durant la même période.
Changement de monde, mais pas de modification de la responsabilité collective. La maison de retraite ouvrait hier après midi ses portes aux familles des résidents. Un moment de partage autour d’autres jeunes rassurants, ceux du Jeune Orchestre Symphonique de l’Entre Deux Mers. L’heure passée me plonge à nouveau dans le monde du silence, celui de souffrances muettes, des gestes inutiles, des regards perdus. Je remarque combien la musique peut transpercer les murs de l’apparente indifférence, à des petits signes. Celles et ceux qui ont à coté d’eux un proche qui leur tient la main, qui leur parle, qui les aide, vivent différemment ce concert, par rapport aux autres.
Une heure à observer, à aimer sans le dire. Un autre bain de réalité, moins vivifiant mais au moins aussi profitable que l’autre.
REFLET DE LA SOCIETE
Il me reste à passer par la Mairie pour célébrer un mariage. Il est discret, respectueux, empreint de sincérité. Ce n’est pas toujours le cas. Il unit en plus deux cultures, puisque l’épouse a des racines laotiennes fortes. Un mariage donne souvent un reflet de la société. Celui-ci, simple mais élégant, avec des rires et des larmes, du silence et des applaudissements, des gens heureux ou inquiets. Tout le monde vient me remercier d’avoir été là. Bizarrement, ils apprécient, eux qui viennent des grandes villes, que le Maire célèbre lui-même les cérémonies de ce type dans une ambiance peu formalisée… Ils quittent les lieux, laissant derrière eux cette tendresse, ce sentiment de paix, cette sérénité dont sont porteurs les Laotiens. Je suis heureux d’avoir été leur témoin institutionnel.
Le club de judo m’attend dans la salle de l’espace culturel pour sa journée de clôture de la saison. Beaucoup de parents sont passés, le temps que leur gamin se présente sur le tatamis, puis ils sont repartis. En fin d’après-midi, au moment de la remise des récompenses ou des nouveaux grades, il manque beaucoup de monde à l’appel. Désastreux pour le moral des dirigeants bénévoles et des professeurs, mais il serait inutile de le nier, révélateur d’un comportement social.
D’abord, ces familles devenues consommatrices de loisirs organisés, n’ont aucun respect pour la vie de club, reposant sur l’intérêt collectif. Ensuite, le culte de l’enfant roi conduit à ne l’associer qu’à des moments mettant en valeur sa réussite. Si ce n’est pas le cas, il s’agit forcément d’une injustice ou plus sûrement d’un mauvais fonctionnement de la structure qui le reçoit. Enfin, on ne peut pas passer sous silence la suractivité de quelques uns d’entre eux, qui les fait courir d’un lieu à un autre sans qu’ils puissent fixer leur passion sur une spécialité. Tout le côté positif de la journée se déroule devant une poignée de fidèles, alors qu’elle réside justement dans la mise en valeur des comportements, et pas, comme c’est souvent le cas, uniquement des performances.
LE FILS DES UNS, LE COPAIN DES AUTRES
me reste à poursuivre le programme de l’opération " Quartiers de fêtes " engagée vendredi soir dans la formidable ambiance du repas du secteur de la Gare. Plus d’une centaine de convives qui m’offrent, qui ses haricots couennes, qui ses paupiettes, qui sa tajine, qui son rosé, qui son rouge de derrière les fagots, qui son Cognac véritablement hors d’âge, qui ses œufs au lait, qui son gâteau maison, qui son fraisier, qui ses cerises, qui ses prunes à l’eau de vie…Inimaginable ce que ça peut faire du bien de partager. Je suis le " fils " des uns, le " copain " des autres. Je me dépouille de cette fonction qui me colle à la peau. J’écoute, d’une table à l’autre. J’absorbe les humeurs des uns et des autres. Je me nourris de leurs préoccupations, de leurs analyses, de bribes de critiques, mais surtout je m’enrichis de leur bonne humeur jusque tard dans la nuit.
Hier soir, j'ai continué en allant prendre un apéritif dans l’un des plus récents lotissements de la commune.  Ambiance différnte. Tout est plus discret et plus secret. des mini-groupes se forment. Les nouveaux arrivants dialoguent déjà avec une vingtaine de familles. Le taux de participation n’est pas formidable, mais l’essentiel réside dans la pérennité de l’initiative. Un verre de punch me servira à nouer le dialogue. Il me permet de me rassurer. Tous sont unanimes : ils ne regrettent pas d’être venus à Créon.
La journée se terminera sous le préau de l’école où se sont réfugiés les habitants du quartier du Bosquet. Eux sont soudés, au complet, dans un rassurant mélange des générations, des opinions, des statuts sociaux. La paella permet de ne plus être le Maire, mais un invité comme les autres. Les bouteilles se comparent. Les plats circulent… Je suis bêtement heureux de tout ce que je reçois. J’ai véritablement l’impression rassurante d’être un élu du peuple. Et pour moi, c’est un cadeau inestimable.
Mais je déblogue…
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commentaires

M
Pour ce qui concerne le judo de samedi après-midi, je tiens à préciser que nous n'avons pas eu de programme écrit et que nous ne connaissions pas le déroulement de l'après-midi. De plus, les petits de la section éveil avaient été convoqués à 15h00 et ne sont passés qu'à 16h00 et des bananes, ce qui fait déjà un temps assez long pour des enfants de 5 ans. Certes, nous aurions pu aller au devant de l'information et nous organiser différemment, mais on peut aussi interroger le système de communication du club.<br /> Par exemple demander des enveloppes timbrées à l'inscription pour pouvoir communiquer à moindre coût sur ces évènements de fin d'année au demeurant très sympathiques.
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