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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 07:17
Pas un(e) citoyen(ne) lucide ne devrait douter d'un principe simple : quand un gouvernement décide de lever le secret défense sur une affaire quelconque, c'est que tout simplement il sait qu'il n'y a plus rien d'important dans les dossiers. Inutile de croire à une volonté soudaine de transparence démocratique Et c'est là que peut-être nous avons à envier le système parlementaire américain, puisque les commissions d'enquête sont infiniment plus nombreuses, et surtout beaucoup plus curieuses et opiniâtres que les nôtres. En effet, chez nous, il faut au minimum une catastrophe judiciaire comme celle d'Outreau, pour que les représentants du peuple osent s'emparer d'un sujet, et tenter, via des documents et des témoignages, de comprendre ou d'expliquer un événement. Malheureusement, le système est verrouillé, et rarement utilisé, bien que ce soit véritablement un outil réel de la démocratie. Par exemple, il faudrait que l'opposition puisse activer une telle opportunité, afin que le Parlement possède les éléments lui permettant de juger de l'opportunité des mesures à prendre ou prises. Il n'existe, en effet, que peu de contre-pouvoirs dans la démocratie française et toute dérive est désormais possible.
Depuis quelques jours, divers événements mériteraient d'être passés au peigne fin de la démocratie. On attend toujours des informations sérieuses et fiables sur le crash du vol Rio-Paris. Oubliée la chasse sous-marine aux boîtes noires, les autopsies n'auraient rien révélé de particulier, l'épave n'a jamais été localisée et tous les éléments sur divers disfonctionnements n'ont pas été mis en cohérence... Dans quelques semaines, secret d'Etat oblige, on aura enterré la vérité avant même d'enterrer les morts. Ce sera pareil pour la catastrophe des Comores, qui vire au vinaigre, puisque la Yéménia a osé faire ce qu'Air France ne peut même pas envisager. Si vous nous cherchez des noises, on annule notre commande de 19 airbus : à bon entendeur, salut ! Vous allez voir que tout le monde va se calmer, et que l'on trouvera bien une raison « officielle » à ce crash !
Hier, on a beaucoup parlé de la mort des moines de Tibhrine. Personne n'a rien vu, rien entendu et surtout rien dit. Ces religieux ont été comme les morts du Rio-Paris, escamotés, par les nécessités des équilibres diplomatiques et plus encore... économiques ! Mais nous devons être rassurés : tout sera fait pour écrire leur vraie histoire, avec des documents ultra-confidentiels écrits noir sur blanc, et pieusement conservés pour la postérité. Ils sont rangés dans le même lieu que ceux relatif aux rétro-commissions ayant été à l'origine de la tuerie de Karachi !
D'ailleurs, lors de la perquisition ordonnée par un Procureur de la République totalement indépendant, les policiers désignés par Brice Hortefeux pourraient saisir tout ce qu'ils trouvent sur l'assassinat des moines et sur celui des ingénieurs et techniciens de l'Armement ! Ca économiserait des frais aux ministères concernés ! On a maintes preuves que les militaires et les services secrets ne montrent que ce qu'ils veulent bien montrer, sauf quand leur directeur note sur un carnet tout ce qu'il ne faut pas noter !

LE GENERAL RETROUVE LA MEMOIRE
Nicolas Sarkozy a demandé «la vérité» aux autorités algériennes, et veut donc la levée du secret-défense sur les documents concernant le massacre des sept moines de Tibhrine. Pour Michèle Alliot-Marie, le témoignage spontané du général retraité Buchwalter « apporte un élément nouveau pour lequel de nouveaux éléments d'investigation supplémentaires auront lieu ». Rappelons simplement que MAM a été Ministre de la Défense. La garde des Sceaux a assuré que les magistrats « disposent et continueront de disposer de tous les moyens pour mener à bien leur enquête, y compris en matière de coopération internationale. Tout sera mis en oeuvre afin de connaître les auteurs et les conditions de cet assassinat », a conclu la ministre. Le problème c'est que tout le monde a perdu la mémoire.
A l'époque des faits, Hervé de Charette était ministre des Affaires étrangères. Mais après les révélations brutales, 13 ans après, du général François Buchwalter, publiées lundi dans la presse, il a affirmé hier ne pas avoir été informé d'une possible « bavure » de l'armée algérienne, qualifiant le témoignage en ce sens de « énième version ». En fait, s'il n'a jamais été informé, c'est donc qu'il n'y eu aucune note transmise par l'ambassade de France à Alger. Inutile donc de chercher des preuves, et la levée du secret défense n'a donc aucun intérêt !
S'il s'est dit prêt à témoigner devant les juges chargés du dossier, l'ancien pensionnaire du quai d'Orsay a indiqué sur LCI qu'il leur dirait « la même chose, c'est-à-dire qu'il y a eu beaucoup de versions ». Mais pourquoi ne dirait-il pas quelle est celle qui lui paraît être la vraie ! « J'ai entendu : ce sont des conflits internes entre les civils et les militaires algériens. J'ai entendu: ce sont des règlements de comptes menés par les services spéciaux algériens. J'ai entendu : c'est une action du GIA (Groupe islamique armé), d'ailleurs c'était la version officielle. Puis on a dit: ah mais non, c'est une action du GIA mais menée par un groupe très spécial conduit par un dénommé Zitouni mais qui est manipulé par les autorités algériennes" », a égrené Hervé de Charette. Circulez : il a tout entendu, mais il n'a rien compris !

UN JUGE AUSSI SE REVEILLE
« C'est une affaire qui a été enterrée volontairement », affirme de son côté l'ancien juge anti-terroriste et ex-député UMP de Haute-Vienne Alain Marsaud. Ce proche de Charles Pasqua raconte qu'en 1996, il avait reçu la visite de « quelqu'un qui se présentait comme étant un membre des services de renseignements algériens ». Celui-ci lui aurait révélé que le GIA n'était pas en cause, mais qu'il s'agissait « d'une opération montée par les services algériens ou par l'armée algérienne ». Bien évidemment, c'est un hasard, et c'est un mythomane complet qui était allé chez un juge anti-terroriste !
Le juge affirme en avoir alors informé le Garde des Sceaux de l'époque, Jacques Toubon, qui lui aurait répondu « qu'il n'était pas question d'ouvrir une information ». Pas possible, un garde des Sceaux peut donner un tel ordre à un système judiciaire indépendant ? Alain Marsaud explique que c'est pour cette raison qu'il avait demandé à une soeur des moines de se constituer partie civile. Il note cependant que les informations de l'époque ne mentionnaient pas l'« intervention par hélicoptère » de l'armée algérienne, évoquée par le général Buchwalter. On approche cependant de la vérité, mais il faudra encore aller chercher des preuves chez les Algériens dont on peut imaginer qu'ils les ont soigneusement conservées ! Eux qui auraient envoyé les... têtes des moines pour éviter que l'on autopsie les corps ! Les proches des sept moines ont droit à la vérité, a réitéré le père Veilleux, fin mars 2006 à Paris, alors que l'avocat de la partie civile, Me Patrick Baudouin, dénonçait l'opacité anormale et la lenteur excessive dans l'instruction menée en France par le juge Jean-Louis Bruguière, dont il faut rappeler qu'il a été le candidat de Nicolas Sarkozy à Villeneuve-sur-Lot sous l'étiquette UMP. Depuis, rien n'a évolué, ou si peu... en trois ans d'enquête (sic).
En juillet 2008, le journal La Stampa a repris l'information, publiée dès mars 2006 par John Kiser dans l'ouvrage "Passion pour l'Algérie", que les sept moines français enlevés auraient été tués depuis un hélicoptère de l'armée algérienne (Tiens donc... mais où avait-il pris cette information ? Connaissait-il le général Buchwalter ?). Le fonctionnaire interviewé par la Stampa évoque par ailleurs la mort de l'évêque d'Oran, Pierre Claverie, qui aurait été assassiné dans le cadre de cette affaire, comme nombre d'autres témoins. Mais bien évidemment, aucun Ministre de l'époque n'a été averti de ces faits... Même le Premier d'entre eux, Alain Juppé, n'a jamais rien vu sur le sujet, alors qu'on sait bien que sur son bureau, chaque matin, il a trouvé les rapports liés à cette affaire, comme à toutes les autres.
Pour l'ancien supérieur des sept moines assassinés, le père Armand Veilleux, les déclarations du général sont jugées « plus vraisemblables que la thèse officielle ». Interrogé pour savoir s'il voyait dans la décapitation une manipulation des corps post mortem, il a répondu : « Exactement ». D'autres témoignages d'officiers algériens avaient déjà validé cette thèse, évoquant notamment le rôle trouble des autorités algériennes. Le témoignage est enfin jugé « crédible » par Me Baudouin, l'avocat des parties civiles, qui estime qu'il constitue la preuve qu'il y a eu « dissimulation de la part des autorités algériennes et certainement de la part des autorités françaises... C'est la confirmation de ce que nous disons depuis l'origine, que c'est l'Omerta qui a prévalu au nom de la raison d'État. » Incoyable il y en a qui confondent « omerta » et « secret d'Etat »... il ne faudrait pas exagérer !
Mais je déblogue...
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commentaires

J
Encore un affaire aussi claire que l'Affaire Ben Barka (entre autres)!Il est vrai que la grande préoccupation actuelle des médias étaient hier les funérailles de Michael Jackson, qui ont largement squatté les journeaux de 20 heures.C'est vrai que face à l'interminable liste des sujets tragiques de l'actualité, il fallait occulter toutes les autres nouvelles pour célébrer ce pitoyable et pathétique histrion.
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