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18 juin 2007 1 18 /06 /juin /2007 17:56
L’ATTENTE.- Il n’y a rien de plus douloureux que l’attente. L’impossibilité de faire accélérer le temps qui pèse sur le monde avec le paradoxe que parfois, en d’autres circonstances, nous souhaitons le retenir. Ce dimanche s’est écoulé avec cette lenteur qui donne à certains supplices leur célébrité. Il vaut mieux la vivre dans le silence car elle permet d’en intérioriser la déception. Des bureaux de vote peu remplis durant toute la journée et un manque de mobilisation de nombreux votants du premier tour finissent de me persuader que les sondages (et les médias qui les ressassent) ont un comportement désastreux pour la démocratie. Le moral remonte pourtant quand on voit cependant que des électrices et des électeurs d’une commune, naufragés du premier tour, ayant voté à plus de… 90 % lors des présidentielles a renoncé à Michel Drucker pour participer aux législatives. Le poids de l’attente devient plus lourd car il écrase toutes les certitudes. Cette valse entre revenants et partants minent les repères. Le sursaut citoyen existe mais dans quel sens?
 Les sondeurs avaient tout prévu sauf ce réveil démocratique d’uns part inconnue de la société. En tentant de scruter les pages de la liste d’émargement je décèle tout de même le retour de nombreux jeunes et plutôt du désintérêt de classes aisées. Le bulletin de vote est jeté au caniveau de l’histoire par ces gens qui ne vivent que sur les concepts médiatiques. Le miroir aux alouettes a fonctionné : inutile de se déplacer les affaires sont faites et les alouettes sont rôties. Il devient inutile puisque… les résultats sont connus d’avance. Le message est parfaitement passé : ne votez pas les panels votent pour vous. Tout déplacement devient inutile. Le piège s’est refermé sur les vaniteux du suffrage universel.
 
VOLATILISES.- L’inversion du calendrier électoral mise en place par Lionel Jospin se révèle catastrophique à bien des égards. Il avait subi une cohabitation et ne souhaitait s’il avait été élu en 2002 se retrouver dans la même situation… Tous les appels lancés par Sarkozy les ont laissé indifférents. Eux ils étaient venus pour rêver et, pour ces législatives, on leur demandait d’assumer un cauchemar durable. Ils n’ont plus rien compris. Ils ont décidé de ne plus cautionner pour une frange d’entre eux le pire pour certains et le meilleur pour d’autres : ils sont restés à la maison ! En fait le suicide aura été longuement mûri et finalement totalement imprévu. L'inversion du calendrier électoral avait été beaucoup moins consensuelle qu’on le pense. Mais qui s’en souvient ? Le calendrier électoral initial prévoyait l'organisation des élections législatives en mars et de l'élection présidentielle en avril-mai 2002. Le Premier ministre fit adopter par l'Assemblée nationale le 3 avril 2001 le report des élections législatives en juin 2002, après l'élection présidentielle, grâce au soutien des amis… de Francois Bayrou, président de I'UDF contre le RPR, DL, le reste de I'UDF, ainsi que les communistes et les Verts, pourtant au gouvernement. Ce fut un passage en force. Comme le PS n’en a pas trop souffert on va vite l’oublier alors que ce qui vient de se passer mériterait un débat de fond.
ENCORE UN CADEAU DE JOSPIN.- L'inversion du calendrier électoral etait en effet un choix fondamental dans la stratégie électorale du Premier ministre pour 2002. L'organisation de la présidentielle avant les législatives etait doublement intéressante pour Lionel Jospin: non seulement elle lui permettait d'être candidat a l'élection présidentielle en tout état de cause, ce qui n'aurait pas été le cas avec le calendrier initial. Jospin aura dans le domaine institutionnel laissé des souvenirs impérissables. Le premier exemple objectif de " l’alliance " PS-UDF aura finalement tourné au fiasco historique le plus complet pour ce dernier et, à mon humble avis, il serait étonnant que la vague bleue ne tire pas les leçons de cet échec ! Ce ne sont plus des députés que l’on demandait d’élire aujourd’hui mais les membres d’une association de supporteurs… en leur vendant des résultats faramineux à payer d’avance. On pouvait même envisager à un certain que les élus UMP finissent par remonter les Champs Elysées sur des bus à plate-forme avant d’aller déjeuner avec Nicolas Sarkozy ! C’est dans l’air du temps et ça devait remobiliser leur électorat. Borloo débusqué par Fabius sur le thème de la TVA sociale a cassé la vitrine !
LE MOMENT DE VERITE.- Dès 18 h 30, les premiers indices sur la réalité de la vague bleue sortaient des enveloppes. Sur Créon jamais un candidat aux législatives n’avait dépassé la barre des 60 % puisque le meilleur d’entre eux avait atteint 59, 73 % … En grappillant les cent premiers résultats de chacune des 8 tables on arrivait pourtant à près de 64 % ce qui dénotait un véritable raz de marée inversé. Créon se situait en effet à environ 9 à 10 % au-dessus du résultat de la circonscription. Un moment particulièrement émouvant car ce " sondage " était bien différent de celui qu’annonçait le Parisien ou le JDD. Impossible de ne pas y voir un signe fort. Jamais je n’avais envisagé un tel score dans un scrutin où je n’étais pas directement concerné. Les résultats, sur les petites communes du canton affluaient : tous plaçaient Martine Faure en tête. Lentement se profilait la victoire que tous les spécialistes m’avaient annoncé secrètement dans le courant de la semaine. Même les " sondeurs " de la Préfecture, présents au premier tour pour récupérer les résultats du Bureau 1 avaient oublié de nous prévenir qu’ils ne reviendraient pas. En fait ils ne devaient plus se faire trop d’illusion sur le résultat ! C’était un signe supplémentaire : comment adresser au Ministre de l’Intérieur une telle déconfiture sans courir le risque de se faire expédier au bagne républicain d’un placement hors cadre ! La vérité des urnes fait parfois peur.
 LE TOTAL.- Beaucoup plus qu’un pourcentage qui s’affiche sur le tableur d’un ordinateur, la somme sortie d’une bonne machine à calculer a un côté rassurant. Elle permet de ressentir le sentiment jubilatoire de l’enfance quand on compte les pièces accumulées dans une tirelire. Rien ne remplace un bon vieux total. Celui obtenu dépassait les prévisions fixées sur Créon à 1018 voix… Devenir plus " riche " que prévu fait toujours plaisir. L’objectif étant atteint et dépassé les sourires fleurissaient. Un coup de fil de Philippe Madrelle mettait fin à ce qui restait comme suspense : il m’annonçait le résultat définitif calculé sur les 15 % des votes récoltés dans les bureaux tests. L’affaire était réglée. Je garde le résultat pour moi. Peur? Superstition?
Impossible de savourer car j’ai toujours beaucoup de mal à croire que les événements me concernent. Un reste du passage dans le journalisme où il faut absolument s’extraire de ce que l’on vit pour en percevoir les réalités. Une bouffée d’émotion me parcourt mais je n’arrive pas à exulter car j’ai vécu en 93 l’autre face du moment. Perdre une législative je sais ce que c’est !
L’attente des miracles devient alors obsédante. Les totaux n’ont pas la même âme. Ils sont secs comme la silhouette de Don Quichotte. Ils s'étiolent  L’impression d’avoir été, pour rien, au combat contre des moulins à paroles ne permet plus de croire en un avenir heureux. La mort de l'espoir reste le pire des moments car au-delà de sa disparition elle entraïne dans sa chute toutes celels et tous ceux qui avaient placés leur confiance en lui.  J’ai en mémoire, un instant, cette soirée très différente dans une salle de l'Amicale laïque de La Réôle sonnant creux avec des visages malgré tout chaleureux.
Mes grands pères montent dans ma mémoire… Je vois leurs statures. J'entends un instant leurs paroles. Je cherche vitecomment je vais pouvoir faire comprendre à mon père que j'ai terrassé les idées dont il a souffert. J’aurais tant aimé qu’il puisse être là et participer à des soirées de ce type car pour elles lui aurait donné une revanche sur un destin moins agréable que le mien… Oui. Je l'avoue je suis fier pour eux. Personne ne doit le voir!
FAMILLE .-Tout le monde attend à Langon. Nous filons le plus vite possible au risque d’enfreindre quelques règles du code de la route. Ils sot venus, ils sont tous là… Il y a les combattants de la première heure comme celles et ceux qui sont venus en amis. L’accueil ressemble à celui que l’on reçoit quand on revient d’un long périple dans l’inconnu. J’imagine que les navigateurs recevaient une ovation similaire de la part de celles et ceux ayant investi dans leur cargaison potentielle. Sur le pont du navire montent les capitaines ayant soutenu l’expédition. Le simple bonheur de se réunir l’espace d’une ovation illustre la réalité de l’engagement pris de ne pas prendre une victoire pour un hommage personnel mais pour celle d’une équipe… Jamais je n’ai ressenti aussi fort ces sensations éprouvées de mon époque de footballeur les soirs de matchs victorieux. Je voudrais aller dans un vestiaire pour savourer quelques minutes de silence égoïste avec les vrais copains, celles et ceux qui ont mouillé le maillot.
Paradoxalement j’ai du mal, beaucoup de mal, à me glisser dans la peau d’un vainqueur. Le résultat est celui de Martine Faure… et je ne veux pas lui voler ce qui restera sa victoire ! J’ai du mal à répondre à l’attente de ces centaines de personnes. Leur bonheur m’impressionne. Leur enthousiasme me perturbe. Leur affection me culpabilise. Comment leur faire comprendre que je n’ai fait que ce que je croyais utile de faire ? Comment les persuader que je n’ai jamais conçu le militantisme autrement qu’au service de celles et de ceux susceptibles de porter le plus haut possible mes valeurs ? Comment leur expliquer que je n’aurais pas été le même si je n’avais pas eu la certitude que je soutenais était en conformité avec ce que je pensais ? Comment oublier qu’il y a quelques mois à peine j’aurais pu être expédié au pilori pour hérètisme provocateur ?
Ces visages maintes fois rencontrés dans l’action me réchauffent le cœur alors que d’autres lointains regardent leur chaussures avant de quitter prestement les lieux comme si le bonheur des uns faisaient la déception des autres. Intérieurement je pense simplement que je peux être simplement heureux car je n’ai jamais fait un geste qui soit contraire à ce en quoi je crois… Et tout à coup je me sens libre. Heureux et libre.
ON A GAGNE... ON A GAGNE! .- Départ pour le Conseil général. L'autoroute file. France Bleu confirme la défaite de Juppé, la victoire de Got. Le téléphone ne cesse de vibrer... Bordeaux est figée dans son crime de lèse-majesté. Le Conseil général affiche complet. La foule des vainqueurs a envahi les salons. Elle était beaucoup plus réduite au soir du premier tour. Dans le brouhaha les étreintes s’accompagnent d’un mot à l’oreille. Ce que les autres n’entendent pas devient un joyau pour la suite. Il a beaucoup plus de valeur que tout le reste. Je suis ailleurs. Je ne voudrais pas être là. Je me sens gêné par les compliments, les accolades car je n’ai jamais eu l’impression d’avoir personnellement gagné quoi que ce soit. Je cherche toujours le groupe réduit de ceux qui m’accompagnent depuis des semaines et qui ont douté ou espéré avec moi ! Les fameux vers du Cid sur les prompts renforts constatés en arrivant au… port me revient à l’esprit. Les commentaires vont bon train.
Avant la victoire de Michèle Delaunay c’est la défaite d’Alain Juppé qui éclipse tout le reste. La réalité dépasse les espoirs. La salle chavire de bonheur comme la foule l’avait fait quelques minutes antérieurement à Langon en apprenant le score de celle qui a sans cesse développé durablement son électorat ! Les caméras, les appareils photos, les admirateurs se bousculent. Michèle Dalaunay dont se demande comment un corps aussi frêle peut générer autant d’énergie fait face avec intelligence. Elle demeure lucide et pondérée. Tous les succès comme toutes les défaites doivent être relativisés.
Impossible de franchir le mur des pique-assiettes… ils constituent un rempart infranchissable. On récupère au passage le ravitaillement effectué par une noria de serveurs confondus avec les porteurs de riz pour populations affamées ! Martine Faure et Michèle Delaunay sombre dans une marée humaine… Je bats le rappel pour reprendre le large et effectuer un repli stratégique. Je souffre.
Un orage violent bloque la sortie. Michèle Delaunay qui est venu prendre une bouffée d'air pur me confie affectueusement un message qui me touche. Ce bout de femme ne sait aps que soigner les peaux mais aussi les coeurs.  Il me tarde maintenant de revenir à Créon où sont mes repères. Je me dis que j’aurais pu, une fois encore, partager autrement. J’espère que je pourraiS le faire car au creux de la vague le risque existe de se noyer… et je n’ai pas envie de disparaître dans une nouvelle marée humaine.
SEPARATION.- Sur la place de la Prévôté au cœur de Créon, le groupe des fidèle se disperse. Aucune effusion mais la véritable amitié, celle qui se partage sans caractère excessif. La ville st vide. Je regagne avec mon épouse la maison. Nous refermons la porte sur le quotidien pour vite aller découvrir le reste des résultats. Je me pose enfin seul face à mes souvenirs déjà entrés dans mon univers secret et personnel. Les sourires des uns. La gêne des autres. L'amitié perceptible. La jalousie mal cachée.
Le contraste est saisissant entre ces plateaux télé où Estrosi déverse sa propagande et la réalité que je viens de vivre. Il affiche des certitudes de succès avec une arrogance sans bornes. Impossible de ne pas croire que deux mondes existent qui ne se rencontrent jamais : celui des apparences et celui de la sincérité. Je ne supporte pas cet théâtre politique qui ne correspond plus à rien.
Je suis encore plus atterré quand on présente la une du parisien qui titre sur la… séparation annoncée à 22 heures au cœur d’une soirée empreinte de valeurs de la séparation qui va demain éclipser tout le reste… Quel est le pyromane? Qui a allumé le contre feu? 
Je le vis comme une insulte, comme une profonde déception car j’ai cru toute la journée que j’avais fait de la politique autrement. Je suis un élu au sens biblique, c’est à dire un innocent les urnes pleines !
Mais je déblogue...  
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commentaires

E
@ jj<br /> J'ai pas msn ! ;-)<br /> Et toi ?
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J
blog super vivant em et youkadi donnez vous vos adresses msn et restez ensemble§§§§§§§§§§§§§!!!!!!!!
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E
@ Youkaidi<br /> Ca y est, tu peux venir voir si cela te chante ! ;-)
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E
@ Youkaïdi<br /> Dans quelques heures, je vais publier sur mon blog un "article" intitulé "Rassembler à gauche" et je mettrai un lien vers "l'étude" au format "pdf" que tu pourras télécharger ! ;-) A tout à l'heure j'espère...<br />
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Y
Si tu as les coordonnées de cette "étude" ça m'intéresse.
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