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19 juin 2007 2 19 /06 /juin /2007 13:05
Nicolas Sarkozy a désaoulé. Le seau d’eau froide expédié par une partie de l’électorat républicain dimanche a dû lui paraître déjà un peu agressif. Tel Alain Juppé s’en prenant à une presse probablement trop peu aux ordres, il ne va pas tarder à se fâcher. Et ça pourrait faire mal… En fait il va reprendre sa course à l’événementiel favorisant une dispersion d’effets d’annonces ressemblant aux plumets des fleurs de pissenlits emportées par un vent trop fort. Il va semer des promesses avant l’été et va enfin pouvoir début juillet appuyer où ça fait mal en toute tranquillité. Vivement les vacances du peuple et le boulot des têtes pensantes réfrigérées par les " clims " ministérielles… On sera enfin plus tranquilles.
Le spécialiste du vélo élyséen ne savait pas que son épreuve se terminerait par une quatrième étape aussi chahutée... Et dire que tout est venu d’un contrôle inopiné sur un " dopage " des finances publiques à la TVA ! Il lui faut donc rapidement combattre cette image interne négative et après un remaniement ministériel devenant un autre atout sorti du jeu. On sait que la composition d’un gouvernement constitue un signe fort au début d’une mandature. Il ne faut pas en abuser. L’ouverture n’a pas encore donné les résultats escomptés. Et ce n’est pas l’arrivée de Bockel qui va atténuer la dominante extrêmement libérale de celui qui vient de sortir. Au contraire…
Le " président premier ministre " nouveau va donc, faute d’onction populaire, aller chercher celle qu’il peut obtenir à l’extérieur de ce territoire qui n’a pas reconnu les mérites de ses amis. L’Europe va rapidement constituer son terrain de jeu favori. Il sait que l’espace n’est plus occupé par la Gauche qui n’arrive pas à se défaire des séquelles de la guerre interne des deux roses. Nicolas Sarkozy fait le forcing pour faire passer son concept d’un traité constitutionnel réduit. En fait une fois encore il fait passer la forme avant le fond car peu importe la taille du texte, l’essentiel restera son contenu.
Hier, l’organisme Eurostat a publié les résultats d’une analyse européenne sur le niveau des salaires légaux européens. En fait le fondement des évolutions fondamentales qui vont toucher notre pays se trouvent dans cette étude : délocalisations, suppressions d’emplois, TVA sociale ou pas, devenir de l’Europe… Il n’y a absolument aucun secteur qui ne découle de ce constat.
DE 129 A 1503 EUROS
Une récente publication d’Eurostat permet d’en juger. Tout d’abord, seulement… 18 états membres sur 25 disposent d’un salaire minimum légal. Les pays qui ne possèdent pas cet outil de négociation collective sont, du nord au sud : la Finlande, la Suède, le Danemark, l’Allemagne, l’Italie, la Slovénie et probablement Chypre. Ce qui appelle deux observations. Premièrement, les pays d’Europe du Nord, pourtant réputés pour leur " modèle scandinave ", se passent visiblement de cet outil. Deuxièmement, tous les nouveaux Etats membres sauf un, la Slovénie, affichent un salaire minimum. La Bulgarie et la Roumanie ont également un salaire minimum. Si on considère les seuls pays membres qui disposent d’un salaire minima, force est de constater en 2006 de très importants écarts. Au sein des membres, le salaire brut minimum varie de 129 €, en Lettonie, à 1503 €, au Luxembourg. Le salaire minima letton est donc près de 12 fois inférieur ! Pour les candidats, le salaire minimum est de 82 € en Bulgarie, 90 € en Roumanie et 331 € en Turquie.
En fonction du salaire minimum, trois groupes de pays apparaissent. Le premier groupe dispose d’un salaire minimum compris entre 82 et 331 €. Il comprend les trois pays candidats mentionnés, ainsi que 7 des 18 Etats membres (Lettonie, Lituanie, Slovaquie, Estonie, Pologne, Hongrie et République tchèque). Chacun constate que les pays candidats et la majorité des nouveaux états membres se caractérisent par des salaires minima peu élevés. Ce qui renvoie à de faibles PIB par habitant, souvent inférieurs à la moitié de la moyenne de l’UE25.
Le deuxième groupe a un salaire minimum entre 437 et 668 €. Il intègre cinq Etats membres : Portugal, Slovénie, Malte, Espagne et Grèce. Ils se trouvent, selon les cas, plus ou moins en dessous du salaire minimum des Etats-Unis (753 € bruts). Le troisième groupe affiche un salaire brut minimum entre 1218 et 1503 € : France (1218), Belgique, Royaume-Uni, Pays-Bas, Irlande et Luxembourg.
Enfin, le pourcentage de salariés qui perçoit le salaire minimum diffère considérablement selon les pays. S’ils sont moins de 3% en Espagne, au Royaume-Uni, à Malte, en Slovaquie et en République tchèque… ils sont plus de 12% en Roumanie, en Lituanie, en France (16%) et au Luxembourg. Pour mémoire, ils ne sont que 1,4% aux USA ! Dommage que cette statistique ne soit pas massivement diffusée et débattue sur les plateaux de télé. Ils serait étonnant que le mini-traité constitutionnel porte comme priorité la mise en place progressive d’un salaire minimum européen garanti socle social minimal incontournable pour les uns, élément de rigidité salariale freinant les créations d'emplois pour les autres. Le clivage droite-gauche au sein même du PS apparaîtrait trop vite !
LES GARDIENS DE L’ORTHODOXIE LIBERALE
Pourtant la très libérale Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a introduit des nuances dans ses propos (rapport de juin 1998 sur les Perspectives de l'emploi). Il ne s'agit pas, comme feignent de l'entendre les gardiens de l'orthodoxie libérale, entrés dans le gouvernement actuel avec Mme Christine Lagarde au Ministère des Finances, d'appliquer un seul et même plancher de salaire à l'ensemble des vingt-cinq pays de l'UE mais d'instaurer un salaire minimum européen qui serait calculé dans chaque Etat membre en fonction du revenu médian (le revenu médian est le revenu qui partage exactement en deux la population : la moitié de la population dispose d'un revenu plus élevé que le revenu médian, l'autre moitié d'un revenu moins élevé). "Un tel système renverserait la logique de construction de l'UE, marquée par le sceau du néolibéralisme", estime Michel Husson, économiste à l'Institut de recherches économiques et sociales. L'urgence est criante : près de 15 % de la population de l'UE est menacée par la pauvreté, c'est-à-dire vit dans un ménage dont le revenu est inférieur de plus de 50 % au revenu médian du pays. Avec un taux de chômage qui frôle les 20 %, les dix nouveaux membres ont une situation encore plus dégradée que les Quinze d'origine. Il n’est pas certain que l’on parle de ce sujet dans les rencontres entre Merckel, Blair, Sarkozy …
REFUS DE TOUTE FORME DE REGULATION
" Un tel système tourne le dos à une convergence économique et sociale ", ajoute Michel Husson. "Mais c'est justement grâce à l'intégration économique, à l'ouverture économique que les plus faibles finiront par se rapprocher du niveau de développement des plus forts", répondent ceux qui voient d'un mauvais oeil toute forme de régulation. Un exemple ? Le Mexique s'est engagé tête baissée dans la mondialisation... avec des résultats mitigés. Ce pays est resté enfermé dans des activités d'assemblage, sans parvenir vraiment à remonter les différentes activités d'une même filière de production.
Un salaire minimum peut aussi servir de mode de régulation de l'espace européen. Il pourrait réduire la tension que les salaires bas font peser à propos des délocalisations. En 1989, la Commission Delors avait proposé une charte sociale au niveau européen qui stipulait que "tous les travailleurs doivent recevoir une rémunération suffisante pour leur permettre d'avoir un niveau de vie décent proportionné aux données propres de chaque pays". Une mesure ambitieuse aussitôt retoquée par les Britanniques de Blair, idole de Bockel !
Aujourd'hui, pourtant la question est plus que jamais d'actualité. A défaut, le risque est grand de voir se renforcer des sociétés de plus en plus opposées avec des classes européennes dominantes extrêmement riches et un peuple totalement popérisé générant des mouvements internes de populations incertains. Et c'est justement pour inverser cette tendance, notamment dans les pays les plus pauvres de l'UE, que l'instauration d'un salaire minimum serait utile. Comment ? En indexant ce niveau de salaire au PIB moyen par tête. Mais ce n'est plus à la mode!
Ce qui équivaudrait à une indexation des salaires sur la productivité des entreprises. Cela garantirait ainsi la progression des revenus les plus bas. Et tirerait vers le haut l'ensemble des salaires. Un cercle vertueux de croissance soutenue par la demande intérieure pourrait être enclenché grâce à une vraie politique redistributive… Mais en France ce n’est pas pour demain. Surtout avec un gouvernement aussi libéral hystérique.
Mais je déblogue… 
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