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18 octobre 2005 2 18 /10 /octobre /2005 00:00

La propriété demeure le souhait français le plus partagé. Avoir un jour un appartement ou une maison à soi, constitue le socle des rêves des jeunes et des moins jeunes. Ils espèrent sauter la case " départ dans la vie " (via le locatif, compte tenu du coût exorbitant des loyers) pour se lancer dans la construction d'une maison neuve  ou l’achat de la " fameuse vieille bâtisse à retaper ". Un processus s’engage alors pour celles et ceux qui ont une confiance inébranlable dans leur avenir. Malheureusement il conduit, de plus en plus, vers des échecs redoutables et durables.

Dans un premier temps, il faut en effet trouver… un terrain. Dans la " couronne bordelaise " la quête de l’espace constructible relève de celle du Graal. La Communauté urbaine ayant adopté un Plan Local d’Urbanisme encore trop restrictif sur la densité d’urbanisation, elle a provoqué à la fois une flambée du foncier sur son territoire, mais aussi dans la proximité immédiate des grands axes de communication girondins. Peu de monde sait, par exemple, que Bordeaux est l’une des villes les plus " basses " de France en matière de règlement d’urbanisme, ce qui affaiblit la rentabilité des achats de terrains et génère des prix prohibitifs des constructions non aidées, ainsi que l’impossibilité d’implantation de logements dits " sociaux ". Forcément, l’onde de choc s’élargit et la " chasse au terrain " se pratique désormais à 30, 40, voir 60 kilomètres du cœur de l’agglomération, afin de trouver une opportunité convenable de construction. Le pré que les vaches ont abandonné, la vigne que la crise a fait disparaître, le bois sans intérêt, deviennent les proies des accédants à la propriété, ou plus sûrement des constructeurs ou des lotisseurs. Les plus petits villages, sans aucun service de proximité, et sans aucun document d’urbanisme, sont les plus recherchés car on y pratique encore des prix abordables. Les autres ont été écumés depuis belle lurette. Quand le terrain revenait à 30 % du total de la construction, il atteint maintenant 50 % avec en plus des frais, souvent non évalués.

En effet, il devient de plus en plus rare de voir des acheteurs prendre en compte toutes les autres dépenses liées à leur acquisition : sortie réglementaire vers le domaine public, branchements à l’eau, à l’électricité, au gaz, à l’assainissement collectif (quand il existe !) ou installation de l’assainissement non collectif conforme à la nature du terrain…La note s’allonge, mais rares sont ceux qui l’établissent, préférant hurler à posteriori quand les factures arrivent et qu’elles les surprennent par leur montant. La liberté " maison, gazon, télévision " n’a pas de prix, jusqu’au moment où l’on plonge le nez dans le relevé du compte en banque !

Justement, la seconde étape passe par les bureaux climatisés des banquiers, prêts à tout, pour placer des prêts " très intéressants ". Ils triturent les revenus, ne se soucient pas trop des autres endettements de courte durée (crédits dits revolving, cartes des grandes surfaces), des charges induites de l’accession (longueur et facilité du trajet domicile travail - une ou deux voitures -, lieux de scolarisation ultérieure des enfants…), et des situations provisoires, pour placer des emprunts à 20 (rare), 25 (ordinaire), 30 ans (courant depuis peu), qui vont peser durablement sur la vie quotidienne du demandeur. L’essentiel demeure de placer le prêt, car le banquier sait pertinemment qu’il pourra récupérer au moins le capital avec plus-value en cas de vente anticipée. L’augmentation du foncier lui garantit, au minimum, dene pas perdre un € dans l’affaire.

Trop souvent, sont là encore " oubliés " du calcul total, les taxes liées au permis de construire : la taxe locale d’équipement (personne ne vient se renseigner en Mairie sur le taux communal), la taxe sur les espaces sensibles à protéger (voir le Conseil général), la participation pour le raccordement à l’égout (communale et donc très variable) et, à la réception du document, c’est la panique devant les sommes figurant au bas du permis…Et quand on les lit ! Le prêt complémentaire à un taux supérieur aux autres devient alors nécessaire. Les contrats de prêt bancaire de courte et de longue durées sont à revoir. Qui osera le faire ?

Troisième étape : la construction elle-même. Elle nécessite une présence permanente et un nombre élevé de courriers recommandés, tant le travail peut être bâclé par des tâcherons payés au m² ou des sous-traitants pressurés par le signataire de contrats à bas prix avec le " vendeur de maisons en prêt à habiter ". Les assurances croûlent sous les recours, sous les contentieux, sous les demandes d’expertises car, dans la plupart des cas, les réalisations sont scandaleusement faibles. Sachant que les acquéreurs sont pris à la gorge par les premiers remboursements et un éventuel loyer à régler, ou par un logement précaire, les constructeurs arrachent des consentements moyennant des promesses de retour sur les malfaçons pénibles à obtenir. Le système de la sous-traitance, antichambre des délocalisations, devrait être beaucoup plus sévèrement réglementé.

Entre 3 et 4 ans après l’installation, la fracture arrive. Elle commence par des fissures dans le couple n’ayant aucune autre possibilité d’épanouissement commun que celui de rester dans la maison (finances obligent) figés devant le petit écran. Ces fêlures insidieuses débouchent sur les premiers effondrements en fin de mois, quand arrive l’angoissante question des échéances. Elle s’élargit lorsque les feuilles automnales des impôts locaux, celles estivales et hivernales de l’eau, celles régulières des deux portables, du téléphone, du chauffage électrique ou au gaz tombent dans les boites aux lettres…Elle finit malheureusement parfois par séparer les couples, faire éclater les familles, provoquant la " vente " du rêve.

Dans certains lotissements créonnais, 3 ans après les constructions, 10 % des habitations ont déjà été revendues, et dans les plus anciens, 40 % n’appartiennent plus au propriétaire d’origine… Combien ces statistiques dissimulent-elles de problèmes sociaux et humains non mesurés : dépressions, tentatives de suicide, répercussions sur la scolarité des enfants et sur leur comportement, recherche stressante de logement de substitution, remise en cause parfois du travail lui-même ? Les dégâts ne sont pas mesurés, car ils contrarieraient le développement du marché de la construction.

Du rêve à la réalité, le chemin n’est pavé que de bonnes intentions, et les malheureux qui rongent leur désillusion sur les bas-côté de la société de consommation deviennent des aigris de la vie collective. Ils ne comprennent pas comment ils ont été obligés de poser le sac de leurs espoirs si loin du but. Ils ruminent leur colère ou leur désespoir sincère. Au CAC 40, les banques, Bouygues et autres grands groupes possédant la filière du fameux " pavillon ", vont bien. Merci pour eux !

Mais je déblogue…

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17 octobre 2005 1 17 /10 /octobre /2005 00:00

Samedi, fin de matinée. Le téléphone portable vibre. Sur l’écran s’affiche " Pompiers ". L’information n’est jamais annonciatrice d’une bonne nouvelle. " Monsieur le Maire ?.. Un piéton a été renversé, route de La Sauve. Pouvez-vous vous rendre sur les lieux ? ". Abandon immédiat des affaires en cours, pour constater qu’une brave dame a traversé une route à grande circulation et a été heurtée par un véhicule n’ayant pu l’éviter. Les blessures ne paraissent pas trop graves. Départ vers les urgences.

Samedi, début de nuit. " Monsieur le Maire ?.. Nous intervenons sur un malaise sérieux à domicile, route de Régano. Votre présence est souhaitée … ". Impossible, je suis à 80 km de là. Téléphone portable. Appel à un adjoint tiré de son domicile pour aller constater la gravité de la situation. Difficultés pour trouver un médecin (nous en reparlerons dans ce blog) et envoi au CHR.

Dimanche, 6 h 30.. ; " Alerte à la Résidence pour personnes âgées… les poubelles extérieures brûlent ". Comme ça c’est déjà produit à la maternelle cet été, les sapeurs-pompiers sont réveillés, rassemblés en quelques minutes, pour se déplacer en urgence absolue. Pour rien ! Un débile a cru malin de téléphoner uniquement pour… faire sortir les " soldats du feu ". Il ne leur reste plus qu’à se recoucher et à tirer un trait sur la grasse matinée des autres !

Dimanche. Tout début de matinée. " Monsieur le Maire ?.. Rue Geynet, un malaise à domicile. Nous avons des difficultés pour évacuer le malade qui refuse d’aller à l’hôpital... ". Je connais le contexte " quart monde " de ce cas, pour lequel j’ai déjà été appelé à de nombreuses reprises. Passage sur place pour sermonner le fils et lui rappeler que nous serions responsables de non-assistance à personne en danger si son père venait à décéder (coma diabétique) et que personne n’ait décidé d’une hospitalisation indispensable, compte tenu de son état de santé catastrophique. Cette fois, les pompiers de Targon (l’ambulance de Créon est déjà partie ailleurs) vont réussir à transporter le moribond, très gravement malade, vers le CHR.

Dimanche, quelques minutes avant que l’OM affronte le PSG. " Monsieur le Maire ?.. Accident de la circulation mettant en cause 2 VL avec un blessé. " Le veston, les chaussures et départ sur les lieux pour retrouver l’un des bénévoles ayant géré tout le week-end de Vélo Passion dans le VSAB. Il est fortement commotionné, après un violent choc arrière de son véhicule l’ayant expédié sur un poteau électrique en béton situé juste en face. Deux jeunes, pourtant habitués des lieux, sont responsables de ce carambolage.

Cette réalité vérifiable d’un week-end constitue un volet de la fonction de Maire, dont peu de candidats au poste honorable de premier magistrat ont conscience. Elle est exigeante et cause bien des malaises si l’on n’a pas le recul indispensable en pareilles circonstances. Le Maire d’une commune de la taille de Créon, sans police municipale structurée, sans services de permanence, doit s’attendre à tout, à tout moment et se préparer quand le téléphone sonne à partir vers une situation nécessitant obligatoirement une forte dose de solidarité active. Un week-end avec les sapeurs pompiers volontaires vous forge le moral. Il faut, en effet, apprendre, sur le tas, à affronter toutes les formes du malheur. Vous comprenez alors, très vite, l’importance du rôle de ces femmes et de ces hommes, très jeunes pour la plupart, devant être disponibles en permanence pour répondre aux maux de leurs concitoyens.

Durant l’été ils sont, sans cesse, sur le devant de la scène des incendies de forêts. La population, rameutée par les images saisissantes des journaux télévisés, leur accorde un capital de sympathie débordant. Ensuite arrive le " quotidien ", moins télégénique et en apparence moins glorieux. Il ne s’étale plus à la une de l’actualité. Peu de monde imagine la catastrophe que serait une diminution, sur Créon, du nombre de volontaires. Pour faire face à une demande croissante (accidents de bricolage, querelles intra-familiales, tentatives de suicide, accidents de la route, secours à personne…) une cinquantaine de sapeurs-pompiers est indispensable pour compléter la demi-douzaine de professionnels maintenant affectée au Centre de secours créonnais.

La sécurité " civile " repose en Gironde sur ce réseau " citoyen " incomparable. Départementalisé, il sera financé en 2008, en totalité, par le Conseil général. L’assemblée départementale va devoir déjà, en 2006, sortir plus de 60 millions d’€ (plus de 52 % du fonctionnement) de son escarcelle déjà vidée par tous les transferts de charges d’un Etat faisant des promesses avec… l’argent des autres !

Jusqu’où pourra-t-on aller dans le mythe d’une réponse rapide, performante, efficace, irréprochable des secours en tous lieux et en toutes circonstances ? La France, grand pays de l’embrouille totale, a réussi l’exploit de bâtir un système tellement complexe pour la prise en charge des secours, que, désormais, il faut décoder les temps de réaction et les responsabilités pour juger des faits. Ainsi, en cas d’urgence au domicile, seul le médecin régulateur du SAMU a le pouvoir de mobiliser soit les ambulances privées, soit les pompiers en cas de carence de ces derniers, soit le SAMU en cas d’urgence absolue… Ce micmac a déjà fait des dégâts. Or il n’est pas inutile de savoir qu’il est le fruit indirect du déficit de la Sécurité sociale, puisque maintenant (décentralisation oblige), les hôpitaux doivent régler la note de la mobilisation des pompiers… sur leur propre budget déjà exsangue. Il est récemment arrivé que l’on n’envoie pas des secours, pourtant à moins de dix minutes du lieu d’intervention, pour attendre, durant demi-heure, de trouver une réponse du secteur privé qui n’arrive pas… Les pompiers se voient alors mobilisés, trois quart d’heure après l’appel initial. Inutile de préciser que le blessé ou le malade, ainsi que sa famille, apprécient ce " retard " dont les arrivants ne sont en rien responsables, mais ils prennent les critiques de plein fouet. Leur motivation en prend alors un coup…

Heureusement, la Sécu va aller mieux (dixit le Ministère de la santé) et ces problèmes vont disparaître…Parole de Ministre!

Mais je déblogue…

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16 octobre 2005 7 16 /10 /octobre /2005 00:00

Soirée politique, samedi, avec l’opportunité de rencontrer, en " live " comme diraient les branchés, Alain Vidalies, député PS des Landes, Jean Luc Mélanchon, sénateur de l’Essonne, Laurent Fabius ex-premier ministre. Le verbe rencontrer prend toute son importance car l’idolâtrie béate, dans la vie publique, constitue le pire des dangers pour la démocratie, puisqu’elle transforme le militant ou le citoyen en supporteur ou en fan. Elle mute les réunions d’information et de débats en concert pour pop star, donnant une image pitoyable des relations entre les gens et les gouvernants potentiels. Les shows à l’américaine destinés à fournir une dose d’enthousiasme délirant au Peuple, via le support des reportages télévisés, se multiplient avec de plus en plus de moyens financiers. On en a récemment vu des exemples onéreux et dégoulinant de fric.

Là, samedi soir, il s’agissait, plus modestement, d’une rencontre sage, dans une salle des fêtes de village noyée dans la brume automnale, sans artifices lumineux, sans apparat particulier et face à un parterre ne brandissant aucune pancarte pré-imprimée. Malgré la présence des caméras de TF1, éberluées par ce décorum sommaire, pour un direct dans le journal de 20 heures, l’ambiance n’avait pas été modifiée. Cet événement (TF1 en direct depuis une commune totalement méconnue de la dizaine de millions de téléspectateurs face à leur petit écran) aura permis aux 600 personnes attablées de mesurer le décalage extraordinaire entre deux visions de la politique. Celle de l' image et celle du terrain. Celle de l’apparence et celle du dialogue direct. Celle de la politique spectacle et celle de la réflexion collective. Celle de la réduction argumentaire et celle de la pédagogie citoyenne.

Dès le matin, la fracture entre ces pratiques m'était apparue, puisqu’une équipe de France 3 courait après les responsables socialistes girondins pour recueillir quelques secondes de déclarations sur ce que Fabius allait dire... le soir. Il faut d’abord se poser une question fondamentale. Etait-ce un libre choix rédactionnel (décision liée à un besoin d’information) ou du suivisme intégral (interview dans Sud Ouest le matin et annonce du passage chez Claire Chazal) ? Le besoin d’images primant sur le reste, la négociation fut extrêmement longue pour obtenir des prises de position de Philippe Madrelle et surtout de Gilbert Mitterrand…Le fond devenait accessoire. Seul le nom comptait. Le professionnalisme des journalistes n’est pas en cause mais la méthode l’est. Se retrouvant sur une inauguration d’école illustrant parfaitement le souci actuel des élus d’en bas pour le préservation de leurs services publics, la télé a totalement occulté cette manifestation pour ne retenir qu’une poignée de secondes d’une prise de position pré-établie. Les téléspectateurs n’auront rien du contexte, rien de la réalité, rien de l’ambiance, rien du motif profond de l’action des élus concernés. Le temps devenant, sur France 3 comme ailleurs, une question d’argent il n’y avait pas la place pour une info complète et proche du terrain.

Le soir, l’enjeu augmentait. Claire Chazal voulait absolument que Laurent Fabius soit son invité. Ne serait-ce que pour respecter, très globalement, les obligations de la chaîne en matière d’équilibre politique. Et en plus, si l’on peut placer dans le quota du P.S. des minutes consacrées à ses chamailleries internes, autant en profiter. Après le congrès ce sera trop tard !

On était, en plus, en direct sur une plus longue durée que celle du matin, et avec surtout, la possibilité de s’exprimer sans le risque d’être " mutilé " a posteriori… Une occasion que nul homme politique français ne saurait, par les temps qui courent, refuser. " Je suis heureux de retrouver 600 personnes tout à l’heure expliqua donc Laurent Fabius, mais mon plus grand meeting, ce sera sur TF1 avec dix millions de participants ". Une phrase lucide qui situe bien désormais les enjeux réels de la démocratie. Les préaux d’école ne résonnent plus de débats enflammés. Les salles des fêtes n’accueillent plus que rarement la foule pour des cassoulets ou des entrecôtes républicaines. Les chapiteaux ont été remisés, car les fêtes populaires ne font plus le plein. Ce qui prime sur tout le reste , c’est la télé. Toute la télé. Rien que la télé.

Elle donne une image très différente de la réalité des hommes qui étaient présents hier soir. Elle ressasse les mêmes concepts. Elle conforte ce qu’elle pense devoir donner à voir à ses téléspectateurs. Il est exténuant pour un habitué des plateaux du 20 h de prouver qu’il vaut autre chose, qu’il n’est pas arrogant ou malhonnête, qu’il a changé… avec l’expérience. La télé répète à l’infini ses certitudes qui finissent par être ancrées dans l’esprit des citoyens. Le prisme déformant joue à plein, et les hommes politiques de la France d’en Haut le savent, mais ils ne peuvent que modifier très légèrement cette fameuse image d’eux-mêmes. D’autant qu’un bon petit sondage de temps en temps suffit à les replonger dans le " prêt à parler ".

La salle des fêtes de Marcillac vue de Paris, était devenue une zone d’extra-terrestres fêtant la Gerbaude (" Monsieur Fabius, qu’est-ce qu’une Gerbaude ? " minauda Claire ). La France d’en bas ne correspondait pas du tout à ce sondage (encore un !) du Parisien qui a constaté que 3 Français sur 4 n'avaient  plus confiance dans leurs hommes politiques.

Mais, au fait, n’ont-ils plus confiance dans les femmes ou les hommes politiques, ou dans l’image que donne la télé de la politique ? Mais au fait, font-ils l’effort, ces 3 Français sur 4, de vérifier que tous les hommes politiques ne sont pas identiques*? (voir le blog "tous les mêmes")

Il faut se rendre à l’évidence, le scrutin du 29 mai n’a rien changé. La " télé " croit toujours mener le Peuple par le bout de la zapette. Pour la réalité, passez votre chemin, il n'y a rien à voir.

Mais je déblogue…

.B. : Si vous voulez le blog de l’Autre journal avant tout le monde et sans effort inscrivez vous comme abonné à la " news letter "(voir à gauche) en cochant seulement l’envoi de l’article sur votre boite mail. Chaque jour je vous donnerai les statistiques du blog. Le 15 octobre on en est à 3 744 connexions uniques et 11 760 pages lues depuis le lancement de L'Autre quotidien. " Blogrank " : 32 ce qui n'est pas bon! 

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15 octobre 2005 6 15 /10 /octobre /2005 00:00
 Une longue, très longue journée d’élu de la France d’en bas s’achève avec 17 heures non stop consacrées à la vie publique…et le sentiment de lui avoir apporté le maximum. Dans le cadre de Vélo Passion, depuis ce matin Créon a tenté, une fois encore, de faire partager sa passion de la démocratie directe et du débat. La satisfaction l’emporte sur la fatigue quand, au moment de refermer la salle de l’espace culturel, le constat tombe : une soixantaine de participants pour la demi-journée d’information sur le développement durable de la politique du Conseil général dans le domaine du tourisme " cyclable ", près de 150 en soirée, sur le thème des rapports entre la passion sportive et la santé, pour un débat de haute volée rassemblant dirigeants, médecins, ex-sportifs de haut niveau et journaliste. Autant je suis déçu quand ces appels à l’échange sonnent creux, autant je "prends mon pied" quand les citoyens acceptent de confronter leurs positions, de les jauger face à des spécialistes ou des personnes qualifiées, de vivre autrement que par le truchement du prisme déformant des médias. Dans le fond, c’est mon dopage à moi, ma drogue, mon Guronsan politique !

Le sport occupait donc le devant de la scène. Pour une fois, on n’a pas parlé nécessairement de la face visible de l’iceberg mais de celle, cachée, immergée, dont on sait qu’elle est infiniment plus massive. Cette face, dont personne ne connaît véritablement la réalité, suscite pourtant bien des inquiétudes. Trop souvent présentée comme la panacée sociale, la pratique sportive prend l’eau à tous les étages.

Au plus haut, elle se fissure de partout, menaçant d’entraîner dans sa chute des pans entiers de cet édifice étincelant, réputé immaculé et exemplaire, des prodiges de la nature humaine. Les récentes révélations sur Armstrong, sur un finaliste de Roland-Garros, sur des athlètes loués pour leur accumulation de performances, sur des turpitudes financières diverses, jettent un discrédit sur un monde où l’argent a adopté une formule célèbre : toujours plus loin, toujours plus vite, toujours plus haut…Avec le temps, même si ce sommet visible de l’iceberg sportif, lentement emporté par la dérive de l’océan social, s’amenuise, elle demeure attractive pour tous les supporteurs avides d’émotions fortes. Tant que ses effondrements se déroulent sous l’œil des caméras, ils ne perturbent guère la conscience collective. Il y a autant d’intérêt à suivre la vie des champions que leur ascension. Si vous n’en êtes pas persuadé regardez les quelques minutes qui ont suivi la qualification des Bleus pour le mondial. Illico, les commentaires n’ont plus porté sur l’acte sportif lui-même, mais sur les gueules tirées par Zidane et Thuram, attestant que, selon les analystes des images, s’ils ne fêtaient pas cet exploit avec délire c’est qu’ils nourrissaient une haine particulière pour M’sieur Raymond, leur tôlier ingrat et prolixe. D’ailleurs la première question à régler, dès le coup de sifflet final donné, fut de savoir si ce dernier n’allait pas être " exécuté " au nom de ces mines renfrognées, l’accusant de se comporter en accapareur d’une victoire ne lui appartenant pas. Le haut niveau n’est pas toujours aussi bleu qu’un ciel d’été.

Le socle n’est guère plus rassurant. L’iceberg, bordé de pentes abruptes, a du mal à maintenir son équilibre. Cette masse de plus en plus avide de pédaler, de courir, de nager, de grimper, de marcher, se met à zapper dans les pratiques. Elle a choisi la liberté absolue de manœuvre, allant des espaces structurés aux loisirs les plus délirants. Elle ne respecte plus le bel alignement " fédéral ", s’appropriant le droit à construire elle-même ses rites et ses méthodes. Une partie maintient le culte de la performance, cherchant, à tout prix, à devenir le héros du bureau, du service ou du repas de famille. Ces podiums du lundi matin ou du retour de vacances se construisent avec un temps, une distance, un lieu, ayant permis un dépassement de soi exceptionnel. Chacun choisit sa marche pour recevoir la médaille théorique qu’il juge adaptée à son mérite d’un jour. Impossible de ne pas constater que, parfois, il faut une aiguille secourable ou un cachet bienfaisant,ou une potion infernale pour que la réalité soit au moins à la hauteur des maigres gains de notoriété espérés. Le sport, présenté comme un vecteur garanti de santé, devient alors une drogue perverse, conduisant à des cures problématiques de désintoxication de la performance à n’importe quel prix.

Enfin, il y a cette immense partie immergée que représentent les enfants envahissant les stades, les salles, les pelouses… " Ils sont mieux là, qu’à faire les idiots " entend-on, pour régler le problème des apprentissages précoces, de la " championnite " aiguë, des défaillances de la jeunesse blasée par des saisons et des saisons de pratiques contraignantes. En fait on n' a rien de précis, car rares sont les "plongeurs" qui se risquent à aller enquêter sur ces " fondations " dont on espère qu’elles renouvelleront naturellement la splendeur du sommet. Et puis il faudrait obligatoirement y mettre de l'argent.

Paradoxalement " l’iceberg sportif ", si impressionnant par sa masse, fond lentement mais sûrement sous l’influence du climat social. Tant qu’il a entretenu le culte de l’exemplarité de la réussite, le mythe de la performance naturelle, de la fraternité partagée, du désintérêt pour le résultat, il a résisté aux intempéries. Désormais, il vacille sous les bourrasques de la mode, les courants de plus en plus chauds de l’argent roi, les tempêtes médiatiques, sa colonisation par les " animaux " protégés du monde économique, la mondialisation de son image. Vu de loin, il a encore de beaux jours devant lui, sauf qu’il s’éloigne de plus en plus des rivages où il a pris naissance pour aller… toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus vite, vers un grand large, où il attend que les " Titanic " passent…

Allez, venez faire du vélo à Créon, ce week-end, vous ne risquez rien. Il n’y aura pas de dépistage des dopages, sauf si les gendarmes décident de sortir leur éthylomètre…le plus redoutable des contôleurs antidopage.

Mais je déblogue…

N.B. : Si vous voulez le blog de l’Autre journal avant tout le monde et sans effort inscrivez vous comme abonné à la " news letter "(voir à gauche) en cochant seulement l’envoi de l’article sur votre boite mail. Chaque jour je vous donnerai les statistiques du blog. Le 14 octobre on en est à 3 654 connexions uniques et 11 473 pages lues depuis le lancement de L'Autre quotidien. " Blogrank " : 68

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14 octobre 2005 5 14 /10 /octobre /2005 00:00

Quatre millions de Français dragueraient, d’une manière ou d’une autre, par Internet. L’entrée de " Meetic " sur le marché boursier a tenu compte de cette époustouflante réalité. L’action s’est envolée car elle est synonyme de rentabilité immédiate. Elle a enthousiasmé, paraît-il, les fonds de pension et les retraités avides de profits rapides. Le " chat " amoureux va couler les agences matrimoniales classiques, va reléguer au rang de souvenirs d’une autre époque l’escalade de balcon ou la menthe à l’eau sirotée, les yeux dans les yeux, à la terrasse d’un bistrot sympa. Tout se tisse désormais sur la toile. L’amour, l’amitié, le dialogue, naissent et meurent par le biais d’une technique pour le moins anonyme, lointaine, et sophistiquée.

Les deux atouts indispensables du dragueur sont, maintenant,  un ordinateur relié à Internet et un téléphone portable dernier cri. Grâce au premier il peut, à l’instar des Vénitiennes et des Vénitiens, dissimulés derrière un splendide masque de Carnaval, se lancer sans risque d’être jugé sur son physique, dans la quête de l’âme sœur. Le net devient alors l’atout principal du timide, du grincheux, du simplet, qui donnent ainsi le change sans risque d’être rejetés sur leur mauvaise mine. Quasimodo aurait pu séduire Esméralda grâce à la beauté de ses sentiments, et non pas la faire fuir sur son physique ingrat. Cyrano n’aurait pas eu à souffrir de la dimension péninsulaire de son nez. Ses lettres à Roxane, transitant via Internet, auraient, certes, manqué de pleins et de déliés, mais auraient eu un impact beaucoup plus large. En traquant le blog ou le forum propices, le (la) célibataire élargit aisément son horizon. En effeuillant lentement sa véritable personnalité, chacun fait un pas vers l’autre, alors qu’il garde physiquement ses distances. L’utilisation de pseudonymes ésotériques ou évocateurs relèvent de la routine. Ils autorisent tous les risques mais interdisent l’essentiel : le contact réel ! Bizarre monde que celui du virtuel, du marivaudage électronique, de la confidence codifiée. Pour vivre heureux, on essaie de vivre caché, jusqu’au moment où l’on a décidé de se dévoiler et sortir de sa clandestinité sentimentale. On lance alors une ligne à l’eau pour tenter de capturer la sirène ou le capitaine au grand cœur.

La seconde phase débutera via le portable. Dans le monde actuel, tellement individualiste, des milliards d’heures d'échanges téléphoniques prétendent compenser l’absence paradoxale de dialogue direct. On se rassure en appelant très souvent ses proches, ses copains, son ami(e), pour lui raconter des banalités, pour lui narrer par le menu les aléas ordinaires du quotidien. Conçu pour l’urgence, le portable ne traite véritablement que l’ordinaire de la vie. Il tient lieu de paratonnerre contre la solitude potentielle. Les jeunes en ont fait un outil de lien social de proximité, tout en étant de plus en plus loin les uns des autres.

Le milieu économique en a vite pris conscience en orientant ses offres vers la récupération de ce besoin nouveau de communication permanent. Les SMS synthétisent le phénomène et révèlent sa véritable dimension. On s’aime en quelques mots codifiés, on se déteste aussi promptement. L’écrit n’a plus rien de réfléchi, de structuré. L’impulsivité prédomine. Toutes les audaces deviennent également possibles.

La solitude au milieu de tout le monde, phénomène social angoissant, sert de socle à un marché comme un autre. Elle rapporte fortement à des structures en ayant soigneusement étudié les racines. En offrant des ouvertures discrètes sur un ailleurs supposé plus chaleureux, la technique prend sa dîme au passage. La détresse, la soif indélébile de rencontre, le besoin de rompre un silence mortifère servent de bases à des pratiques mercantiles. En exploitant le fait que l’on n'existe que par les autres, les marchands du temple de la communication ont trouvé le filon.

Les rendez-vous derrière l’église n’existent plus. Les escapades à bicyclette, de bon matin, avec Paulette ne font plus naître de bouquets changeants de sauterelles, de papillons et de rainettes. Les tours de salle de bal champêtre, à la recherche de l’acceptation du partage d’un slow prometteur, appartiennent aux souvenirs des papis et des mamies. Les mots doux glissés dans une poche ne finiront pas leur existence, enrubannés, dans des cassettes secrètes. Les cartes postales délicates ne voyageront plus entre les mains des facteurs. La tendresse n’humidifiera plus un regard. Il ne restera de conquêtes heureuses, de parcours initiatiques, que des mails, des SMS, des messages, des extraits de blogs, des photos jetables… Tous, un jour ou l’autre, iront vers les " éléments supprimés " ou la " corbeille ". Rien ne permettra éventuellement, à la nostalgie ou aux regrets, de refaire surface un jour.

Ce sera autant de moins à emporter dans une nouvelle solitude.

Mais je débloque…

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13 octobre 2005 4 13 /10 /octobre /2005 00:00

Nourri à la mamelle républicaine, dopé par mon passage dans le séminaire laïque de l’Ecole Normale, invité permanent à la table de la vie publique, j’ai bien du mal à digérer le positionnement actuel d’un Etat n’offrant plus aucune garantie d’équité, de loyauté et de fiabilité. La situation présente devrait préoccuper les élus de tous bords, les interpeller sur un avenir qui s’annonce catastrophique pour les fondements même du Pays. Or ils subissent, courbent l’échine, à l’image de ces députés du Tiers-Etat portant sur leur dos les fardeaux de ce qui était en 1789 la France d’en haut. Sous le fallacieux prétexte qu’il était nécessaire de décentraliser un certain nombre de responsabilités au nom de la proximité avec le citoyen, et que les collectivités locales réclamaient davantage d’indépendance, l’Etat a, peu à peu, perdu toute crédibilité.

Si l’on prend le volet des finances publiques, l’exemple donné ne peut pas servir de référence sérieuse dans la gestion. Le secret est éventé : les caisses sont vides, désespérément vides, terriblement vides. Le Trésorier Payeur Général de la Gironde a, selon des informations fiables, des fins de mois difficiles au moment d’expédier le virement des traitements des fonctionnaires dont il a la charge dans le département. Il n’a guère de marge de manœuvre pour honorer d’autres engagements. Il pare au plus pressé. Il évite des désordres sociaux dignes d’un pays sous-développé.

JAMAIS DE CREDITS REELS

Les citoyens voient, en revanche, défiler des Ministres sur leurs écrans, annonçant des mesures exceptionnelles, des augmentations potentielles, des créations de postes providentielles, des soutiens aux secteurs économiques en difficulté, des grands chantiers hypothétiques. Ce qu’ils perçoivent moins, c’est que ces annonces n’ont aucune chance d’être suivies d'effet, car il n’y aura jamais les crédits réels pour les mettre en œuvre. A force de répéter, pour faire bien, pour épater l’électrice et l’électeur, pour se donner des allures de libérateur des contribuables opprimés, que l’on va réduire les impôts, on a fini par ruiner le sentiment d’appartenance à une communauté ayant obligatoirement besoin de ressources pour assurer ses engagements. Le mal est fait. Il sera impossible de faire machine arrière. Les mots fiscalité et impôt tétanisent les assemblées délibérantes.

La situation est tellement dramatique que, par exemple, la Préfecture répond par des courriers clairs, nets et précis, indiquant aux Maires qu’elle n’a pas les fonds pour honorer ses propres décisions d’aide aux communes. Il ne s’agit pas d’une vue de l’esprit, mais d’une incontestable réalité. Ainsi pour Créon, 28 mois après son inauguration, le Point Relais Vélo attend toujours le versement d’une subvention de 128 000 € accordée par un arrêté du Préfet. Réponse : les crédits 2004 du Ministère du Tourisme ne sont toujours pas arrivés !

Imaginez un instant le déluge de critiques et le nombre de pages du rapport de la Cour des Comptes, si la commune devait… à l’Etat 128 000 €. Imaginez un instant le raffut politique que provoquerait l’annonce de la cessation de paiement d’une commune ! Imaginez un instant l’appétit des médias si, deux ans après son accord, un Maire n’avait pas honoré un engagement financier de 128 000 € à l’égard d’une entreprise ! Or là, c’est la commune qui pallie la carence de l’Etat en ayant réglé, rubis sur l’ongle, les travaux et assurant l’insolvabilité de l’un de ses partenaires. Elle n’a aucun recours à l’égard de sa tutelle. Elle doit se contenter d’un courrier administratif avouant la carence de l’Etat. Aujourd’hui c’est même le silence total sur les décisions prises sur les crédits 2005 (dotation globale d’Equipement, Dotation de Solidarité Rurale…).

Des rumeurs, des confidences permettent d’espérer une issue positive aux dossiers déposés, mais tout en sachant que les arrêtés arriveront peut-être… avant Noël et que le paiement n’interviendra qu’avec 12 à 18 mois de décalage.

COMMENT GARDER CONFIANCE?

Comment garder confiance dans le garant des principes républicains?  Comment accepter que les élus de la France d’en bas soient suspectés en permanence de ne pas présenter des budgets sincères et véritables, de ne pas être des gestionnaires parfaits, et d’être jetés en pâture à la vindicte publique? Comment peut-on admettre que la Cour des comptes diffuse des rapports assassins restant sans aucun effet sur le fonctionnement de… l’Etat alors qu’ils font chanceler des équipes municipales prises en défaut? Comment ne pas regretter que des élus d’en haut soient incapables de mettre en adéquation leurs propos et leurs actes ?

L’état peut tout se permettre car il sait que la complexité des strates occulte la lisibilité dramatiquement confuse de son… état réel. On est passé de l’Etat solide, à l’Etat " sans liquide " puis à l’Etat liquide et bientôt à l’Etat " gazeux "! De tous cotés, il se dilue dans l’atmosphère ambiante pour tenter d’échapper aux pesanteurs du quotidien qui l’étranglent.

Constater l’insalubrité d’un logement ? C’est au Maire, car la DDASS ne répond plus. Vérifier la qualité d’un assainissement non collectif ? C’est au Maire, car la DDASS ne répond plus. Ne voulant plus de contrôles, de vérifications, criant haro sur les fonctionnaires " trop payés, inefficaces, tatillons ", une frange de la société a plongé l’autre partie dans un système inégalitaire absolu. Désormais, selon la taille de leur commune, selon les moyens financiers dont elle dispose, les citoyens ne peuvent pas attendre une égalité républicaine de traitement. La réalité dépasse tout ce que l’on craignait en matière de desengagement territorial. Chaque fois que l’Etat abandonne une part de son rôle, il fait un " trou " dans les principes dont il est pourtant garant, dans l’indifférence quasi-générale. C’est en effet de la politique…

Et chacun sait que les élus de la France d’en Haut ne font pas de politique : ils gèrent, eux !

Mais je déblogue…

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12 octobre 2005 3 12 /10 /octobre /2005 00:00

La sécurité préoccupe de plus en plus les Français. Elle a même lourdement pesé sur les dernière échéances électorales. Le problème, c’est qu’au cours de l’année 2005, le danger qui menaçait notre société réputée paisible a largement évolué. Quand on parlait de la menace de bandes organisées, de jeunes ne respectant rien, des dangers de la route, des cambriolages, des agressions sur les personnes âgées on évoquait les périls graves dont souffraient dans la quotidien les enfants, les femmes, les hommes de notre pays.

Les images de TF1 ont beaucoup fait pour transformer des formes de délinquance classique en fléau insécuritaire électoraliste. La menace était partout. Dans les banlieues, dans la rue, dans les campagnes, dans les transports publics, dans les gares, dans les aéroports… Quelques candidats à l’élection présidentielle ont cyniquement surfé sur cette vague, transformant des faits divers en psychose rentable. De retour au Ministère de l’Intérieur, le "Roquet de Neuilly" a vite modifié le calcul des statistiques, et a vite exigé des mesures spectaculaires, pour donner l’impression au bon peuple que le Karcher constituait l’arme la plus efficace pour remettre de l’ordre dans des zones où rien n’a profondément changé. Un bémol télévisé a suffi à redonner confiance au pays, comme si miraculeusement l’âme humaine s’était apaisée, comme si miraculeusement, les événements d’avant 2001 n’existaient plus.

DES FORMES MASSIVES

Le problème, c’est que désormais l’insécurité a muté, et que plus personne ne peut prétendre la maîtriser, puisqu’elle échappe totalement au contrôle des hommes. Elle ne touche plus à l’arrachage du sac à main, à la rayure sur la voiture neuve, au pillage de massifs floraux ou à la falsification de cartes de crédit. Autant de phénomènes traumatisants mais qui ne remettent pas en péril l’essence même de la vie. L’insécurité déboule sous des formes massives dans le quotidien de pays entiers. Elle aligne les cercueils ou les tombes. Elle cause plus de dégâts que les grandes offensives des récentes guerres mondiales. Même le pire des terroristes n’avait pas imaginé provoquer des ravages aussi dramatiques, aussi dévastateurs.

Le tsunami a lancé une année cauchemardesque. L’horreur de cette vague gigantesque a ému l’Europe des vacances pas chères au soleil. Elle a lancé la pire période du dernier demi-siècle.

Les ouragans ont eux aussi causé probablement plus de morts que tous les attentats antérieurs sur le sol des Etats-Unis, mettant en plus à nu la faiblesse d’un pseudo géant, dont le libéralisme avait occulté toute structure collective solidaire.

Les tempêtes gigantesques, les typhons se multiplient, comme les orages sur le Sud-est de la France, toujours plus soudains, toujours plus violents provoquant la panique, l’angoisse de millions de personnes, le chagrin des sinistrés à répétition.

La raréfaction de la ressource en eau potable aggrave la fragilité des populations africaines. Elle affaiblit, elle effraie, elle tue dans l’indifférence majoritaire.

Les incendies ravagent les forêts, affolant des populations ne trouvant plus leur salut que dans la fuite…

Les coulées de boue, les tremblements de terre se succèdent, laissant derrière eux des villages engloutis ou rasés, des familles décimées, des enfants désemparés et des vieillards hagards.

LE SPECTRE DE LA GRIPPE AVIAIRE

Et voici que surgit de partout le spectre de la grippe aviaire…Quel terroriste a inventé cette menace planétaire qui met en exergue la faiblesse d’une organisation sociale mondialisée, inquiète de voir arriver les oies, les canards, les grues cendrées et les bécasses sauvages ? La crainte d’une pandémie envahit les écrans. On tremble devant les petits écrans. On se voile la face en affirmant que, comme pour les invasions historiques, une armée de sans culotte médicaux arrêteront le virus aux frontières du pays… Un Pasteur des temps modernes est attendu pour mettre un terme à une effroyable menace collective. Le poulet va devenir l’ennemi public numéro un !

En 2005, si l’on cumule les victimes de toutes ces catastrophes, on atteindra des records statistiques. Les victimes sont tellement nombreuses qu’elles n’offrent plus un caractère sensationnel. La fameuse théorie du " kilomètre macchabée " qui a servi à déterminer la " une " des grands quotidiens durant des décennies, et qui gère le rituel quotidien du 20 heures de TF1, n’a plus de sens. On compte désormais en millions de morts et en milliers de kilomètres…On entre dans la catégorie de la catastrophe massive !

L’insécurité a donc brutalement changé de face. Elle découle de la gestion du monde et non plus de l’augmentation des effectifs de la Police ou de Gendarmerie. Les risques encourus par chacune et chacun d’entre nous n’ont plus de dimension individuelle, mais prennent une ampleur planétaire. Le danger n’est plus au coin de la rue mais quelque part, ailleurs, sur une planète déglinguée échappant au contrôle de ses apprentis sorciers…

La grippe aviaire va éclipser le SIDA, la famine, la soif, la pluie diluvienne, le feu, et parions-le, bientôt la neige. Elle va nous placer, face à face, avec cette mort que nous voulons de moins en moins admettre. Le sauve qui peut, comportement d’une société de moins en moins solidaire, va se révéler un aveu collectif d’impuissance face aux réalités incontournables des désastres naturels ou provoqués. On attend une déclaration solennelle de Droopy !

Mais je déblogue…

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11 octobre 2005 2 11 /10 /octobre /2005 00:00

La vie réelle s’accompagne souvent du secret. Il faut aller gratter sous le vernis du quotidien pour mieux comprendre comment fonctionnent des personnes dont on ne perçoit que l’apparente gentillesse. Ainsi, il paraît probablement provocateur d’affirmer que, pour certaines familles, le " vieux " est devenu une source appréciable de revenus. Ecrire cela, c’est probablement devenir iconoclaste, mais pourtant, force est de reconnaître que le comportement autour de la personne âgée se modifie. Il évolue avec la dégringolade des situations sociales, avec un environnement paupérisé, avec le sentiment que, dans le fond, toutes les opportunités de s’en sortir sont bonnes à saisir.

D’abord, le système actuel favorise des dérives que peu de monde ose dénoncer. Tout ce qui touche au quatrième âge est tabou. L’institution de l’Allocation Personnalisée à l’Autonomie (APA), destinée à conforter le maintien au domicile de gens plus ou moins valides, a vite connu ses déviances. Arrivant le 5 du mois du Conseil général, en bloc, sur le compte bancaire, elle suscite parfois des convoitises détestables. Force est de constater que, dans quelques cas, dès que la somme destinée à régler les heures de soutien accordées, est encaissée, quelques proches peu scrupuleux, s’étant fait attribuer une procuration, ponctionnent le mini pactole. Depuis que nous gérons plus de 200 dossiers de ce type, via le Centre Communal d’Action Sociale, nous avons ainsi vu la personne attributaire de l’APA régler la facture du téléphone portable du petit-fils, acheter le cadeau de mariage de la nièce, ou donner les étrennes à sa belle-fille…Mieux, le Percepteur en est arrivé , pour la première fois, à mettre en recouvrement contentieux, avec vente des biens par huissier, des prestations effectuées mais non payées par de braves papis ou mamies, inconscients du fait que l’on n’a pas géré les factures arrivées. On est alors très loin de la finalité d’une aide destinée à financer un soutien rassurant pour la personne âgée.

Ensuite, compte tenu du libre choix laissé à l’attributaire de l'embauche de  la personne susceptible de remplir les tâches nécessaires à réduire sa dépendance, il arrive que l’embauche se porte sur une petite-fille, une nièce ou une bru, dont la compétence n’est nullement reconnue. On remarque alors que la personne concernée ne voit guère sa situation antérieure s’améliorer. Elle n’ose pas réclamer car, psychologiquement, elle ne souhaite pas remettre en cause la manière dont elle est traitée…Elle se tait, même quand on lui demande un avis. Douloureux pour elle d’avouer que rien n’a véritablement changé dans sa vie quotidienne. D’autant qu’elle sait que son A .P .A . met bien du beurre dans les épinards de la famille…

Enfin il y a les profiteurs. Celles et ceux qui utilisent le temps donné au père, à la mère, à la grand-mère ou au grand-père pour l’ensemble du groupe. Il y a quelques temps, nous avons appris que, dans une famille nombreuse, le père avait obtenu du Conseil général, trois heures le dimanche pour la préparation de son repas et son suivi. La maisonnée avait sauté sur l’occasion obligeant, non seulement l’aide à domicile à préparer le repas dominical pour tout le monde, mais aussi à faire la vaisselle et à ranger. Le père invalide ne pouvant manger seul, il fallait même, à la personne de service, lui donner son repas, sous l’œil du reste de la troupe indifférente…Une situation dramatique par son caractère sordide mais pas très exceptionnelle. La solidarité familiale explose dans la facilité du transfert de responsabilité vers l’intervenant extérieur.

Pour ne pas perdre le bénéfice de l’A .P.A ., certaines familles luttent parfois d’arrache-pied pour éviter le départ, pourtant nécessaire, de la mamie ou du papi vers la Maison de retraite. Ils sont encore plus arc-boutés sur cette position, quand ils savent, en plus, que la retraite ne suffira pas à faire face au coût du séjour, et qu’ils pourraient être mis à contribution. L’intérêt de la personne âgée devient vite secondaire.

Ces constats ne remettent pas en cause une mesure généralement utile. Ils posent simplement la question de sa mise en œuvre, en passe de plomber à mort les finances des Conseils généraux. Pourquoi ne pas unifier les modalités de l’application de l’A.P.A. pour juguler des dérives moralement insupportables? S’il faut maintenir indiscutablement le principe de l’attribution, il devient urgent de l’assortir de règles claires : embauche obligatoire d’une employée d’un service collectif agréé, versement direct de l’AP.A. au service prestataire, suivi de la prestation, vérification de la qualité du service, accompagnement réel du bénéficiaire et plus encore, moins de souci de sa part car bon nombre d'entre eux ne savent pas faire face aux déclarations d’un(e) employé(e). Au nom de la liberté absolue du choix, on a perverti un concept social de solidarité capital dans une société de l’indifférence.

Chaque jour ou presque il nous faut rectifier les comportements, éviter les abus (dans un sens ou dans l’autre), repérer la maltraitance morale insidieuse de personnes âgées dépendantes, répondre à des demandes insatisfaites sur le lever, le coucher, la toilette que plus personne ne veut assurer dans le monde paramédical agréé.

La vieillesse, sans être un naufrage, n’en devient pas moins un moment de la vie de plus en plus douloureux. En ouvrant la perspective d’un allongement de la durée du passage sur terre, le progrès a oublié en chemin les dégâts collatéraux. Ils s’appellent solitude, désespoir, angoisse de déranger. Et ce n’est pas le versement d’une allocation qui les estompera totalement. Le propre de la vieillesse est de plaindre le présent, de vanter le passé, et de craindre l'avenir dit-on. Jamais on n'aura été aussi proche de la réalité de notre époque moderne !

Mais je déblogue…

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9 octobre 2005 7 09 /10 /octobre /2005 00:00

Depuis que je me suis lancé dans l’aventure de " L’autre quotidien ", je mesure combien il faut être inconscient pour marcher hors des sentiers battus. L’incitation de Silvain et de Julien, d’Empreintes graphiques (1), me poussant à entrer dans ce monde totalement inconnu de ma part des blogueurs, m’aura forcé à prendre en compte des paramètres dont je pensais qu’ils avaient été oubliés. Je les retrouve pourtant intacts comme autant de " réflexes " inévitables d’une société de la communication, truquée ou maîtrisée par ses composantes les plus habiles. Le blog m’a replongé dans ces 30 années plus ou moins professionnelles consacrées à la presse écrite, à la radio et, plus marginalement, à la télé. Il a ressuscité de vieux démons. Il fait remonter à la surface des agacements toujours similaires. Il pose des constats identiques, comme si les supports évoluent mais la mentalité demeure.

En rangeant mon stylo de " journaliste " occasionnel j’avais une lourde appréhension. J’abandonnais le " troisième pouvoir ", celui que j’avais patiemment conquis, celui que j’avais exploré, celui qui m’avait fait rêver. Du statut d’observateur, je passais à celui d’observé… Un peu comme l’entomologiste qui, après avoir longuement scruté, à travers son microscope, les abeilles se retrouverait brutalement sous l’œil inquisiteur de celles dont il a critiqué les pratiques sociales. Le " savant " a toujours du mal à devenir objet d’étude.

Sait-on à quoi pense la fourmi quand elle voit depuis "sous la loupe" un gros œil penché sur elle ? Cet œil inquisiteur a de quoi effrayer par sa puissance. Or, il est indispensable. Or, on ne peut plus s’en passer pour exister. Or, la multiplication des blogs démontre que le besoin de s’exposer s’accroît bizarrement. Tous sont omniprésents : œil humain du journaliste de la presse écrite, " œil aveugle " du micro, ou œil beaucoup plus angoissant de la fascinante caméra. Celle-ci prolifère, se niche partout, se multiplie, s’incruste, se déploie sans cesse. Elle devient l’outil le plus terrible d’une société du voyeurisme sommaire, la fleur empoisonnée de la sécurité, le trompe l’œil des réalités sociales.

J’avais été respecté, voire craint, pour mes capacités à jouer au petit rapporteur " morpion ". Je m’étais suffisamment fâché avec mes " amis " pour savoir combien il était difficile de ne pas, tôt ou tard, entrer en conflit avec celles et ceux que j’abandonnais en entrant en politique. Mes anciens confrères savent que je sais, et ce n’est pas forcément rassurant pour eux… et, sachant ce que je sais, il m’est difficile de ne pas devenir méfiant à leur égard… Je me suis retrouvé dans la position du chat devenu souris ou du chasseur devenu lapin. Une position pourtant extraordinairement démoralisante, car elle permet de mesurer, en permanence, tout ce que ma conscience a oublié sur les chemins du troisième pouvoir. Elle ne renforce pas ma confiance en tout ce que vous lisez, vous écoutez, vous entendez et me plonge donc dans le doute permanent.

Imaginez, un instant, que vous soyez un excellent prestidigitateur et que vous regardiez, en connaissant toutes les astuces, les tours de passe-passe d’un confrère. Que feriez vous ? Faire semblant de vous extasier en vous sentant coupable de cette lâcheté, ou révéler à tout le monde les subterfuges utilisés et devenir un traître ?

En rangeant mon stylo, je me suis senti soulagé. J’ai constaté que les regards changeaient. Les conversations se débridaient. Les confidences sincères revenaient. Je pouvais davantage croire en des signes d’amitié moins intéressés. Je n’avais plus cette étrange sensation de trahir mon idéal. Libéré en quelque sorte de cet extraordinaire face à face entre les " politiques " jamais satisfaits des " journalistes ", et des " journalistes " toujours méprisants pour les " politiques ". En fait, il faut être honnête, et reconnaître que personne ne fait véritablement son travail lorsqu’il n’en est pas ainsi. Mais c’est de plus en plus rare, car les interférences deviennent monnaie courante. Mariages officiels ou officieux entre hommes politiques influents et journalistes (Kouchner, Strauss-Kahn, Borloo et... dans quelques jours Sarko), travail procuré aux épouses, mutation de journalistes vers les postes de cabinets, incapacité financière des journaux à assurer leur indépendance, création par les institutions politiques de médias qu’elles contrôlent… La confusion grandit, renforçant la méfiance.

En publiant ce blog, j’ai réussi à me brouiller avec les journalistes et à provoquer les inquiétudes de quelques politiques. " Mais que veut-il ? Que cherche-t-il ? " demandent à mes amis les premiers et les seconds.

Ils ne peuvent pas comprendre. J’ai simplement retrouvé grâce à ce blog, " l’Autre quotidien ", la liberté d’expression personnelle que j’ai toujours recherchée. Liberté de ton journalistique, puisque je ne dois de comptes à personne, et surtout pas à un chef sourcilleux de sa carrière. Liberté de penser, car je ne suis redevable de rien, comme citoyen, à un référent partisan…

A la place des penseurs de la presse, à la place des penseurs politiques, je serais très inquiet, car demain les citoyens peuvent prendre la bastille des médias avec leurs seules petites mains tapant sur un clavier, si l’on continue à les prendre pour des cons. " La liberté d’expression est une emmerdeuse. Elle n’est jamais tendance. La liberté d’expression, en somme, est pari solitaire. Aucun d’entre nous n’est assez présomptueux pour imaginer qu’il est capable de gager ce pari-là à tous les coups. Ainsi arrive-t-il qu’on perde, et qu’on ne soit pas à la hauteur. D’où l’utilité des critiques et des lecteurs… "

Pourvu que tous les journalistes, et notamment les patrons des journaux en perdition, aient lu, découpé et encadré sur leur bureau cet article de Jean-Claude Guillebaud.

Mais je déblogue…

(1) contact@empreintes.graphiques.fr

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8 octobre 2005 6 08 /10 /octobre /2005 00:00

Le " Roquet de Neuilly " semble avoir eu peur, mercredi dernier, de se retrouver, un soir de 2007, à la Société Protectrice des Animaux Politiques (SPAP). Cette association, filiale de la Fondation Brigitte Bardot, recueille en effet, dans son refuge de Saint-Tropez, aux cotés des ânes, des chèvres et des cabots, les délaissés du suffrage universel. Elle se préoccupe aussi fortement des conditions d’abattage des plus âgés d’entre eux par des tueurs peu scrupuleux. Tout un programme politique d’un intérêt supérieur.

Elle avait donc sollicité le privilège de rencontrer, un mercredi matin, pourtant jour chargé, le plus qualifié des Ministres, pour évoquer, en tête à tête, ces perspectives douloureuses. Victime d’une violente prise de tête, cet homme providentiel, n’a accepté, selon la version officielle, que vers midi, de confier ses états d’âme à BB alors qu’il n’avait pas eu assez de forces pour se rendre au conseil de classe hebdomadaire de l’Elysée.

Brice Hortefeux, fidèle des fidèles, à sa sortie de la salle des " Profs en Sciences politiques ", a tenu à préciser que son mentor était " souffrant ". "Il est couché", a-t-il ajouté, comme un bon copain tentant d’excuser une absence douteuse d’un pote à une interrogation écrite. Il espérait ainsi obtenir un billet d’absence justifiée du " surgé " Droopy, sûrement très suspicieux en entendant cette excuse éculée de potache . Certains fourbes avaient en effet, immédiatement, transformé la migraine…en bouderie car il était improbable que Brigitte ait accepté d’être reçue dans une antichambre et encore moins, désormais, dans une chambre !

Le Roquet, qui prône la "rupture" dans la perspective de l'élection présidentielle de 2007, avait récolté, la veille, un zéro pointé de la part de " Crin Blanc ", excédé des commentaires proférés alors qu’il était en plein cours de " politique friction " à la télé. De là à penser qu’il refusait de s’asseoir à la même table que de honteux " libéraux réformistes ", il n’y avait qu’un pas que ces foutus journalistes avaient allègrement franchi. La migraine devenait alors l’arme politique suprême, consacrant un terrible et retentissant " je vous aime, moi non plus ! ". Le prétexte pour un divorce spectaculaire, le jour où, malencontreusement, deux de ses amis, occupaient la une de l’actualité. Alain Delon allait passer des examens… médicaux, et le toujours fin Depardieu, avait proprement assommé un paparazzi indélicat. Le coup d’éclat ayant peu de chance d’éclipser ces deux infos retentissantes, il semble que la prise de tête médiatique fut vite résolue par deux Doliprane 500 encore remboursés (pour peu de temps) par la sécurité sociale. Une tempête dans un verre d’eau effervescente.

En fait j’ai pensé, à ce moment là, aux matins où j’ai bien du mal à décoller, où je me réveille miné par un pan ou un autre de la vie publique, tourné et retourné, dans ma tête, durant une bonne partie de la nuit, où je suis tenté par le renoncement. Les gens ne supposent pas combien je doute de moi-même de mes décisions, de mes choix, de mes intuitions ; combien j’envie ceux qui n’ont que des certitudes, que de la confiance dans leurs qualités personnelles, que des ambitions. Alors, beaucoup plus que la fameuse tentation de Venise, c’est celle de la migraine qui pointe.

Elle me permettrait de tourner le dos, durant quelques heures, aux responsabilités, aux obligations, aux inévitables confrontations. La grippe n’est pas mal non plus, et la gastro constitue aussi un recours possible car moins durable. Prisonnier du respect des engagements pris, je finis par repousser l’idée même de la fausse vraie excuse pour traverser la Place et aller au contact des problèmes. Car forcément, ce ne sont que des problèmes qui affluent en quelques instants. Et, il faut le reconnaître, la migraine, la vraie, est tellement terrible qu’il vaut mieux ne pas l’appeler de ses vœux.

Chaque jour, dimanche compris, je préfère aller chercher l’énergie d’affronter la réalité les mains nues, sans filet, sans autre soutien réel que celui que peut vous procurer l’amitié, la vraie, celle qui vous rassure. Elle devient cependant d’autant plus rare que vous demeurez authentique. Dans la vie publique actuelle il ne faut ni innover, ni exister, ni afficher ses faiblesses, ni surtout aller contre les idées dominantes. Il est indispensable de paraître avant d’être.

La proximité, tellement souhaitée par les électrices et les électeurs, les a transformés en vampires de la vie personnelle de leurs élus de la France d’en bas. Je ne songe absolument pas à le leur reprocher car je ne peux concevoir autrement mes mandats, mais ils ne se rendent pas compte que le cumul de toutes les ponctions énergétiques qu’ils font à leur seul profit, affaiblit les forces que je peux consacrer à l’intérêt général. Mais nul ne peut se plaindre. Les annonces de renoncement programmé se succèdent donc chez mes collègues. Ils préfèrent la fuite à la pression! 

Je comprends donc que la migraine puisse constituer un refuge pour le " Roquet ". Il a le droit de n’être qu’un homme. Il a le droit de ne pas supporter le regard inquisiteur de ses copains de classe. Il a le droit de bouder dans son coin ministériel. Il a le droit de chercher à se soustraire à la pression de sa pesante ambition. Il a le droit, lui aussi, à certains moments, de se retirer du monde.Je le comprends car je suis certain que, sous sa couette, sans son épouse, avec de la glace sur la tête, osant à peine ouvrir les yeux dans une chambre aux volets mi-clos, il a pensé à ces pauvres gens qu’il fait expulser d’un squat lamentable pour les expédier dans l’incertitude, à ces immigrés ayant cru en notre pseudo Eldorado et qu’il met de force dans l’avion du retour, à Jean-Louis Debré, son ami de trente ans, qui a ironisé en déclarant : "J'espère qu'il va mieux mais ça se soigne, la migraine". C'est sympa...On se croirait revenu à l'époque de Chirac et Balladur !

C’est probablement ce qui lui a redonné le courage de se lever vers midi pour retrouver BB, qui défend avec vigueur ces pauvres animaux de compagnie, sans toit, sans nouriture, séparés de leurs petits, et plus encore sans amis, alors qu’ils seraient 30 millions. Quant aux femmes et aux hommes... C'est une autre histoire!

Mais je déblogue…

BLOG SUP  : Aujourd'hui je vous autorise à lire autre chose que ce blog (je plaisante). Amis de tous horizons, lisez "Qu'est-ce que la liberté d'expression?" le blog hebdomadaire de Jean Claude Guillebaud dans Sud Ouest Dimanche. Remarquable. Splendide. Exceptionnel moment de vrai éditorialiste!

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