24 février 2008
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Le niveau du débat politique dépend surtout de la volonté des élus à le mettre en œuvre. Les idées, les projets, les oppositions fondamentales n’émergent plus dans un contexte où l’on se tue à coups d’insultes tenant lieu d’argumentaires décisifs. Il est de plus en plus difficile de demeurer dans le raisonnable quand les gens ne veulent que des combats aussi sincères que ceux qui se déroulaient sur les aires de catch. Plus on s’approche d’une échéance électorale il faut obligatoirement pratiquer l’invective véhémente, la critique outrancière, la petite phrase se voulant assassine. On se jette l’anathème à la figure de par le monde avec une étonnante cohérence comme si la bêtise politique était partout plus rentable que la réflexion. En fait la démocratie est devenu un défouloir qui par une simplification outrancière des discours relève désormais du théâtre de Guignols. L’intrusion de la vie privée présentée comme indispensable pour l’image, la synthétisation épouvantable demandée par une télé pressée et oppressive, le refus de la différenciation idéologique voulant que la lutte politique soit archaïque transforme de fait le citoyen en spectateur d’un spectacle cherchant à captiver plutôt qu’à convaincre.
Le 6 novembre, une autre algarade avait déjà suscité de nombreuses réactions chez les internautes : elle avait opposé le président à un marin-pêcheur du Guilvinec, "Juju", Julien Guillamet, 21 ans qui, perché sur une terrasse de la criée de ce port breton, l'avait invectivé. Nicolas Sarkozy lui avait demandé de descendre s'expliquer. "Si je descends, je te mets un coup de boule", avait répliqué le jeune homme, sautant une barrière avant d'être arrêté par les services de sécurité. Deux exemples qui ont fait progressé le dialogue social !
Hier, par exemple la vie politique française a effectué un grand pas en avant puisque Nicolas Sarkozy qui en porte désormais l’image dans le monde affranchi un pas supplémentaire dans l’argumentation de fond. D’abord on avait été abondamment prévenu : ce serait une rupture totale avec le passé, une véritable modernisation de la vie publique, une transformation essentielle. Pas question que la Président d’une république transformée fasse longuement le cul des vaches lors du salon de l’Agriculture.
Etre député de Neuilly et député de Corrèze ce n’est véritablement pas la même vision de la France ! Celle des moutons, des veaux, des vaches et des cochons devait se contenter d’un discours fondateur de la nouvelle politique agricole européenne. On le sait la France est de retour en Europe grâce à l’entourloupe scandaleuse du Traîté européen volé au Peuple et qui devait résoudre tous les pannes européennes antérieures. Sauf que Nicolas Sarkozy peut dire ce qu’il veut, vitupérer sur ce qu’il veut, la réalité est toute autre : l’Europe se fout bien de la position de la France devenue désormais non plus un pays de Résistance mais un pays dans l’orbite américaine. Et elle ne sera pas plus entendue que l’Allemagne, la Pologne ou l’Espagne… en Europe et encore moins au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce ! Alors on retrouve le discours habituel, vieux comme le monde politique : " faites nous confiance on va proposer tout ce que vous souhaitez à Bruxelles " de telle manière que nous n’ayons pas la responsabilité des refus inévitables car contraire aux directives européennes adoptées mais que l’on feint d’ignorer !
CASSE TOI PAUVRE CON
L’autre modification fondatrice de l’ère politique actuelle réside dans la tolérance dont fait preuve le Président de tous les Français. Samedi matin un échange d'invectives entre un visiteur et Nicolas Sarkozy illustre le niveau du débat. Très entouré, souriant, le chef de l'Etat prenait un bain de foule et serrait des mains quand un visiteur d'un certain âge et portant des lunettes lui a lancé: "ah non, touche-moi pas".
"Casse-toi, alors",
L’Ump aux abois n’est pas en reste. C’est un florilège d’insultes en tous genres qui fleurissent au sommet de l’état. " Charognards " pour qualifier les journalistes cités à comparaître devant l’opinion publique par Rama Yade ! Selon l’hebdomadaire " L’Express ", le chef de l’état a tenu à féliciter la secrétaire d’état aux droits de l’homme après sa déclaration sur les " journalistes charognards. "
a répondu Nicolas Sarkozy. "Tu me salis", a enchaîné le badaud. "Casse-toi alors, pauvre con", a merveilleusement répliqué le président. Digne du porteur de l’idéologie libérale. Rama Yade peut donc continuer à dire n’importe quoi : plus elle en fait, plus Sarkozy adore. Après avoir traité les journalistes de " charognards ", accusé la gauche de la " détester parce qu’elle était noire ", elle va pouvoir tranquillement continuer ses provocations sous l’œil approbateur de Nicolas Sarkozy. Elle a donc donné le signal : allons y gaiement dans l’outrance. Plus c’est d’ailleurs énorme et plus ça à des chances d’être entendu. Alors la plus fine mouche de l’Ump a aussitôt emboîté le pas.
HITLER CITE A COMPARAITRE
Nadine Morano, porte-parole de l'UMP, a accusé, hier, le Parti socialiste de " se ranger du côté des assassins ", à la suite des déclarations de ses ténors (et notamment de Robert Badinter) qui ont condamné la saisine par Nicolas Sarkozy du président de la Cour de cassation sur la rétention de sûreté. " Je laisse le soin aux Français de juger le Parti Socialiste qui se met clairement du côté des assassins et oublie toutes les victimes. C'est irresponsable de jouer avec la sécurité des Français ", a-t-elle dit. Ce n’est pas si involontaire qu’on le croît car il y a eu aussi les déclarations sur le même sujet de l’un de ses collègues Ump Georges Fenech qui, comme l’explique le Canard, avait notamment cité le " dispositif allemand ", et explicité : " La mesure de 'détention sûreté' a été introduite dans le Code pénal allemand en 1933, sous la République de Weimar ". Ce gars là à ses références… historiques et il est certainement un pur produit des meilleurs écoles. Il a juste oublié un détail comme aurait dit Le Pen qui, s’il avait tenu le même discours aurait été médiatiquement laminé !
Devant l'Assemblée, Elisabeth Guigou (PS), ancienne garde des Sceaux, avait condamné cette " philosophie positiviste qui a conduit aux pires débordements en Allemagne ". Que n’avait-elle dit alors qu’il se s’agissait que d’un constat. Cette déclaration avait en effet soulevé un tollé à droite. Rachida Dati s'était même dite " profondément choquée ". Pour une fois elle avait raison d’être chqouée par les propos de Fenech.
Le Canard explique que ce texte si ressemblant avec le dispositif français et d’ailleurs présenté comme exemplaire a été signée… du chancelier du Reich de l'époque : Adolf Hitler ! La première mouture de la loi allemande, qui, depuis, a été modifiée à plusieurs reprises, régissait la " rétention de sûreté " après la fin de la peine " si la sécurité publique l'exige ". Cherchez qui a parlé plus vite que son ombre d’extrême droite ?
Devant une assistance imperturbable, le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement n’avait pas hésité à assimiler les " attaques " contre Nicolas Sarkozy à celles subies par Jean Zay " mi juif, mi protestant " (sic) cible de la presse d'extrême-droite sous le gouvernement de Vichy. " Cela a contribué au fait qu'il soit assassiné ", avait-il même tenu à préciser. Dans son élan, Roger Karoutchi s’en est ensuite pris à la pétition dans laquelle 17 personnalités dénoncent les " dérives de pouvoir personnel " du président de la République. " Il y a des types qui n'ont toujours pas accepté que Sarkozy gagne les élections. C'est du déni de démocratie "…et " du fascisme rampant ". Mais de qui parlait-il ?
LA STASI ET LE TOCARD
Pierre Lellouche, candidat dans le VIIIe arrondissement à Paris, y a été aussi de son assaut totalement absurde quand il a accusé la gauche de chercher à éviter les questions de fond… " Je suis frappé de voir que le débat politique est dominé par des méthodes qui relèvent de la Stasi, des micros cachés, des caméras cachés ", a regretté le député sur i-télé et France Info. Il a dénoncé " une gauche qui n'a rien à dire aux Français sauf à se raccrocher aux petites phrases. On se raccroche là-dessus et on fait autant de procès de Moscou que nécessaire un jour contre Françoise de Panafieu, un autre jour contre Rama Yade, un troisième jour contre quelqu'un d'autre, et pendant ce temps-là on ne parle pas du fond ", a-t-il ajouté. Il est certain que Lellouche, sait de quoi il cause à propos de la Stasi car les méthodes utilisées dans, par exemple l’affaire Clearstream ne relève bien évidemment pas des pratiques des barbouzes d’antan… Le tout est de savoir qui dirige la manœuvre sur ce dossier comme sur bien d’autres. La Stasi. Rien que ça !
La banalisation des injures va finir par tuer le débat démocratique.
D’ailleurs c’est l’avis de Mme de Panafieu qui a traité son rival, inaccessible pour elle, de " tocard ". Elle a pourtant fait donc un mea culpa, un peu spécial : "C'est une insulte, 'tocard' ?", demande-t-elle innocemment au journaliste de LCI. "Ca va là, ça suffit, on est trop murés, (...) 'tocard', c'est sympa !", affirme-t-elle. "'Cette salope', ça vous avait choqué?", lui a demandé le journaliste, évoquant l'insulte dite par Patrick Devedjan (UMP) à l'encontre de Anne-Marie Comparini (alors à l'UDF). "Oui, c'est grossier, il ne faut pas aller jusqu'à la grossièreté". "Mais 'tocard', c'est sympa", persiste Françoise de Panafieu. Le journaliste tente alors de lui faire prononcer des excuses: "Surtout que vous savez qu'il ne l'est pas..." Mais c'est raté. "Je m'en fous, surtout", répond Françoise de Panafieu.
D’ailleurs c’est l’avis de Mme de Panafieu qui a traité son rival, inaccessible pour elle, de " tocard ". Elle a pourtant fait donc un mea culpa, un peu spécial : "C'est une insulte, 'tocard' ?", demande-t-elle innocemment au journaliste de LCI. "Ca va là, ça suffit, on est trop murés, (...) 'tocard', c'est sympa !", affirme-t-elle. "'Cette salope', ça vous avait choqué?", lui a demandé le journaliste, évoquant l'insulte dite par Patrick Devedjan (UMP) à l'encontre de Anne-Marie Comparini (alors à l'UDF). "Oui, c'est grossier, il ne faut pas aller jusqu'à la grossièreté". "Mais 'tocard', c'est sympa", persiste Françoise de Panafieu. Le journaliste tente alors de lui faire prononcer des excuses: "Surtout que vous savez qu'il ne l'est pas..." Mais c'est raté. "Je m'en fous, surtout", répond Françoise de Panafieu.
C’est vraiment con mais je ne pas du tout envie de croiser ces gens là sur ma route. Le débat politique mériterait autre chose que ce florilège de… personnes sectaires qui se débattent face à une opinion publique qui ne se fie qu’aux grandes gueules des plateaux télévisés pour juger de leur avenir.
Mais je déblogue…
Le 6 novembre, une autre algarade avait déjà suscité de nombreuses réactions chez les internautes : elle avait opposé le président à un marin-pêcheur du Guilvinec, "Juju", Julien Guillamet, 21 ans qui, perché sur une terrasse de la criée de ce port breton, l'avait invectivé. Nicolas Sarkozy lui avait demandé de descendre s'expliquer. "Si je descends, je te mets un coup de boule", avait répliqué le jeune homme, sautant une barrière avant d'être arrêté par les services de sécurité. Deux exemples qui ont fait progressé le dialogue social !