11 septembre 2006
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Il existe encore un léger doute sur une candidature de Jacques Chirac aux prochaines élections présidentielles. Certains, même au sein de l’UMP, rêvent d’un retour fulgurant de celui qui aura 74 ans dans quelques semaines, pour damer le pion à Nicolas Sarkozy. Ses fans cherchent, dans chacun de ses gestes, de ses déclarations, de ses déplacements, des indications sur ce que fera, probablement lors de la prochaine allocution des vœux, le 22° Président de la République Française. Il faut donc entreprendre une analyse précise de ces réalités pour trouver, avant les autres, le contenu du message qu’il délivrera. Voici plusieurs pistes de réflexion.
Actuellement, par exemple, il tente d’abandonner bizarrement les "matches à domicile" où il faut faire le jeu, pour aller "jouer à l’extérieur" où il ne peut que briller. Un signe doublement interprétable. Soit il ne veut pas apparaître comme responsable des déboires intérieurs éventuels du gouvernement, et donc il serait candidat. Soit il ne repartira plus, et il sait que c’est sur le terrain international qu’il peut encore espérer récupérer quelques lambeaux de gloire, pour entrer dans l’Histoire. Ce dernier comportement annoncerait alors son retrait. Entre les deux options les exégètes hésitent, puisque aucun ne paraît décisif. Au contraire, Chirac s’évertue à brouiller les cartes, même si les dramatiques événements du Liban lui ont donné l’occasion d’accentuer sa présence sur le scène mondiale.
Par ailleurs, il a travaillé depuis de longues semaines à retrouver des appuis plus solides que celui que pouvait lui apporter Galouzeau de Villepin " grillé " par l’affaire " Courant clair ". Il ne pouvait donc absolument pas se priver d’Alain Juppé, son seul recours face à l’appétit de Sarkozy. L’Elysée a donc savamment calculé la manière dont il pourrait récupérer celui qui l’a, jusqu’à ce jour, toujours servi avec une louable fidélité. La manipulation est passée inaperçue en raison de son étalement dans le temps. Pour son retour dans la vie publique, " le meilleur d’entre nous " avait besoin du bain électoral, réputé laver plus blanc que blanc. Comme ce fut le cas pour la majorité des victimes de la justice, seul le suffrage universel lui restituera une nouvelle légitimité. Or il y avait un paramètre légal incontournable. On ne peut pas effectuer une élection partielle moins d’un an avant la fin normale d’un mandat.
TRIPATOUILLAGE DES ECHEANCES NORMALES
LE FILET DE PROTECTION
Comme je l’ai expliqué, il y a quelques mois, dans ces chroniques il n’y avait une fenêtre de tir potentielle qu’avant le 18 mars ou le 18 juin 2006 … pour respectivement les municipales ou les législatives. Impossible de monter, en l'état du calendrier, ce come-back, en raison de l’année canadienne sabbatique prise par Alain Juppé. Il lui aurait falludans les deux cas, en effet, rentrer par anticipation et risquer un affrontement délicat. Le choix s'est donc porté, il y a déjà longtemps, sur une réapparition via les municipales. Or là, la situation était, au départ, encore plus compliquée. L’échéance normale étant celle de la mi-mars 2007 il aurait fallu une "démission-expulsion" de l’équipe d’Hugues Martin avant le 18 mars 2006, et donc dans une période encore plus difficile, que le professeur émérite ait réintègré le bercail dès janvier…
Contre l’avis de Sarkozy, qui avait flairé le piège, on procéda, au nom du nombre trop grand d’élections en 2007, à un tripatouillage des échéances électorales, et le sénat, où les Chiraquiens sont les plus nombreux, repoussa donc les municipales à mars… 2008, de telle manière que le " sabordage dissolution " du conseil municipal bordelais puisse se réaliser sans date butoir, grâce à une loi de complaisance. Ainsi, le délai possible allait jusqu’en mars 2007 et Chirac pouvait récupérer sans trop d’aléas électoraux son " bras droit ". Pour les Chiraquiens, tapis dans l’ombre, le signe est interprété comme favorable à une nouvelle candidature du " patron ". " S’il veut tellement Juppé, c’est pour aller au carton ! " m’expliquait récemment un député UMP. Or, tout indique qu'effectivement Chirac a fait fort pour favoriser son retour !
Les commentaires sont en effet unanimes dans tous les milieux politiques de droite comme de gauche : aucun Président de la République quel qu’il soit ne prendra le risque d’attendre mars 2008 pour… perdre des élections locales aussi marquantes que sont les municipales et les conseils généraux. Un bruit identique circule même des deux cotés, venant de réunions discrètes de certains états-majors : certains stratèges préfèreraient perdre les présidentielles, et gagner la bataille des pouvoirs locaux que la décentralisation rend de plus en plus fondamentaux… la dernière déroute (régionales et conseils généraux) a été renforcée, paradoxalement pas le délestage de l'Etat vers ces collectivités. L'UMP ressent, par exemple, durement le non contrôle des régions françaises.
On a d’ailleurs donné discrètement à l’UMP la consigne d’être prêt pour des élections en 2007 dès la fin de cette année. Au P.S. on attendra d’avoir réglé toutes les querelles et d’être mis devant le fait accompli pour désigner, au dernier moment, les modestes candidats à ces échéances. Une nouvelle loi modifiera prestement, dès juin 2007, la date de ces élections, dont on sait déjà, parmi les gens informés, qu’elles seront remises à fin octobre 2007, et Alain Juppé aura été là pour les Présidentielles. Un véritable tour de passe passe électoral!
LE FILET DE PROTECTION
Un nouvel indice vient a contrario réfuter la thèse du retour de Chirac. Il sait que la justice l’attend pour lui demander des comptes lorsque son immunité présidentielle prendra fin. Selon les décisions envisagées pour se " couvrir " d’une convocation par un juge d’instruction pugnace, il est possible d’imaginer quelle décision prendra l’ex-Maire de Paris. Or, depuis quelques jours, on voit s’agiter les faiseurs de miracles judiciaires. C’est mauvais signe pour les Chiraquiens pur sucre !
La possible nomination de Laurent Le Mesle au poste sensible de procureur général de Paris constitue désormais une preuve que le clan Chirac prépare la retraite. Le choix du successeur d'Yves Bot, actuel procureur général de Paris, doit être annoncé le 6 octobre en… Conseil des ministres. Or, ce n’est plus un secret, Laurent Le Mesle, actuel directeur de cabinet du ministre de la Justice et surtout ancien conseiller judiciaire de Jacques Chirac, est pressenti pour cette fonction à la fois prestigieuse, influente et politiquement sensible.
Le Garde des Sceaux, Pascal Clément, a tenté de rassurer et de préparer le terrain en indiquant que "plusieurs candidats" étaient sur les rangs pour succéder à Yves Bot, tout en défendant la candidature de son directeur de cabinet. Laurent Le Mesle, avait-il affirmé, "n'est pas un magistrat engagé, il n'a pas de carte politique". Un argument extraordinaire et digne d’une véritable République bananière !
Le président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), peu suspecté d’avoir une carte à 20 € du PS, a dénoncé une nomination "choquante". Et d'expliquer: "Ce qui pose problème, c'est son extrême proximité avec le Garde des Sceaux et surtout avec le président de la République, car c'est le prochain procureur général de Paris "qui sera chargé de relancer et de suivre" la procédure des emplois fictifs du RPR (ex-UMP), une affaire qui pourrait atteindre Jacques Chirac, une fois que ce dernier ne sera plus protégé par son immunité présidentielle. Il n’est donc pas envisageable que cette provocation grossière soit montée si Chirac espérait rester à l’Elysée.
Le Garde des Sceaux, Pascal Clément, a tenté de rassurer et de préparer le terrain en indiquant que "plusieurs candidats" étaient sur les rangs pour succéder à Yves Bot, tout en défendant la candidature de son directeur de cabinet. Laurent Le Mesle, avait-il affirmé, "n'est pas un magistrat engagé, il n'a pas de carte politique". Un argument extraordinaire et digne d’une véritable République bananière !
Le président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), peu suspecté d’avoir une carte à 20 € du PS, a dénoncé une nomination "choquante". Et d'expliquer: "Ce qui pose problème, c'est son extrême proximité avec le Garde des Sceaux et surtout avec le président de la République, car c'est le prochain procureur général de Paris "qui sera chargé de relancer et de suivre" la procédure des emplois fictifs du RPR (ex-UMP), une affaire qui pourrait atteindre Jacques Chirac, une fois que ce dernier ne sera plus protégé par son immunité présidentielle. Il n’est donc pas envisageable que cette provocation grossière soit montée si Chirac espérait rester à l’Elysée.
BIZARRE CONJONCTION DES EVENEMENTS
La nouvelle sera officielle quelques jours à peine avant le premier (et sûrement le seul) tour des municipales bordelaises. Bizarre conjonction des événements qui fera que fin octobre, tout le système du filet de sécurité sera en place, alors qu’au PS on sera occupé à régler les comptes, et que Sarkozy ne saurait intervenir sans risque dans ces montages sophistiqués. Il en est spectateur.
Il attend probablement avec circonspection le retour de Juppé, même si par ailleurs on s’efforce de part et d’autre d’expliquer que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possible entre eux. Vous vous imaginez : ils auraient même mangé ensemble pour se couvrir de compliments sur leur avenir et parler de la famille ou des... Girondins!. Sarkozy ne fera par ailleurs aucune remarque sur la nomination de cet apolitique intégral que sera le nouveau procureur général de Paris. Il pourra, sereinement, début octobre avoir son idée sur les intentions réelles de celui qui est devenu son meilleur ami ! A 74 ans Chirac a poutant encore plus d'une malice dans son SAC. Normal, pour un héritier du Gaullisme!
Mais je déblogue…