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11 septembre 2006 1 11 /09 /septembre /2006 07:17
Il existe encore un léger doute sur une candidature de Jacques Chirac aux prochaines élections présidentielles. Certains, même au sein de l’UMP, rêvent d’un retour fulgurant de celui qui aura 74 ans dans quelques semaines, pour damer le pion à Nicolas Sarkozy. Ses fans cherchent, dans chacun de ses gestes, de ses déclarations, de ses déplacements, des indications sur ce que fera, probablement lors de la prochaine allocution des vœux, le 22° Président de la République Française. Il faut donc entreprendre une analyse précise de ces réalités pour trouver, avant les autres, le contenu du message qu’il délivrera. Voici plusieurs pistes de réflexion.
Actuellement, par exemple, il tente d’abandonner bizarrement les "matches à domicile" où il faut faire le jeu, pour aller "jouer à l’extérieur" où il ne peut que briller. Un signe doublement interprétable. Soit il ne veut pas apparaître comme responsable des déboires intérieurs éventuels du gouvernement, et donc il serait candidat. Soit il ne repartira plus, et il sait que c’est sur le terrain international qu’il peut encore espérer récupérer quelques lambeaux de gloire, pour entrer dans l’Histoire. Ce dernier comportement annoncerait alors son retrait. Entre les deux options les exégètes hésitent, puisque aucun ne paraît décisif. Au contraire, Chirac s’évertue à brouiller les cartes, même si les dramatiques événements du Liban lui ont donné l’occasion d’accentuer sa présence sur le scène mondiale.
Par ailleurs, il a travaillé depuis de longues semaines à retrouver des appuis plus solides que celui que pouvait lui apporter Galouzeau de Villepin " grillé " par l’affaire " Courant clair ". Il ne pouvait donc absolument pas se priver d’Alain Juppé, son seul recours face à l’appétit de Sarkozy. L’Elysée a donc savamment calculé la manière dont il pourrait récupérer celui qui l’a, jusqu’à ce jour, toujours servi avec une louable  fidélité. La manipulation est passée inaperçue en raison de son étalement dans le temps. Pour son retour dans la vie publique, " le meilleur d’entre nous " avait besoin du bain électoral, réputé laver plus blanc que blanc. Comme ce fut le cas pour la majorité des victimes de la justice, seul le suffrage universel lui restituera une nouvelle légitimité. Or il y avait un paramètre légal incontournable. On ne peut pas effectuer une élection partielle moins d’un an avant la fin normale d’un mandat.

TRIPATOUILLAGE DES ECHEANCES NORMALES
Comme je l’ai expliqué, il y a quelques mois, dans ces chroniques il n’y avait une fenêtre de tir potentielle qu’avant le 18 mars ou le 18 juin 2006 … pour respectivement les municipales ou les législatives. Impossible de monter, en l'état du calendrier, ce come-back, en raison de l’année canadienne sabbatique prise par Alain Juppé. Il lui aurait falludans les deux cas, en effet, rentrer par anticipation et risquer un affrontement délicat. Le choix s'est donc porté, il y a déjà longtemps, sur une réapparition via les municipales. Or là, la situation était, au départ, encore plus compliquée. L’échéance normale étant celle de la mi-mars 2007 il aurait fallu une "démission-expulsion" de l’équipe d’Hugues Martin avant le 18 mars 2006, et donc dans une période encore plus difficile, que le professeur émérite ait réintègré le bercail dès janvier…
Contre l’avis de Sarkozy, qui avait flairé le piège, on procéda, au nom du nombre trop grand d’élections en 2007, à un tripatouillage des échéances électorales, et le sénat, où les Chiraquiens sont les plus nombreux, repoussa donc les municipales à mars… 2008, de telle manière que le " sabordage dissolution " du conseil municipal bordelais puisse se réaliser sans date butoir, grâce à une loi de complaisance. Ainsi, le délai possible allait jusqu’en mars 2007 et Chirac pouvait récupérer sans trop d’aléas électoraux son " bras droit ". Pour les Chiraquiens, tapis dans l’ombre, le signe est interprété comme favorable à une nouvelle candidature du " patron ". " S’il veut tellement Juppé, c’est pour aller au carton ! " m’expliquait récemment un député UMP. Or, tout indique qu'effectivement Chirac a fait fort pour favoriser son retour !
Les commentaires sont en effet unanimes dans tous les milieux politiques de droite comme de gauche : aucun Président de la République quel qu’il soit ne prendra le risque d’attendre mars 2008 pour… perdre des élections locales aussi marquantes que sont les municipales et les conseils généraux. Un bruit identique circule même des deux cotés, venant de réunions discrètes de certains états-majors : certains stratèges préfèreraient perdre les présidentielles, et gagner la bataille des pouvoirs locaux que la décentralisation rend de plus en plus fondamentaux… la dernière déroute (régionales et conseils généraux) a été renforcée, paradoxalement pas le délestage de l'Etat vers ces collectivités. L'UMP ressent, par exemple, durement le non contrôle des régions françaises.
 On a d’ailleurs donné discrètement à l’UMP la consigne d’être prêt pour des élections en 2007 dès la fin de cette année. Au P.S. on attendra d’avoir réglé toutes les querelles et d’être mis devant le fait accompli pour désigner, au dernier moment, les modestes candidats à ces échéances. Une nouvelle loi modifiera prestement, dès juin 2007, la date de ces élections, dont on sait déjà, parmi les gens informés, qu’elles seront remises à fin octobre 2007, et Alain Juppé aura été là pour les Présidentielles. Un véritable tour de passe passe électoral!

LE FILET DE PROTECTION
Un nouvel indice vient a contrario réfuter la thèse du retour de Chirac. Il sait que la justice l’attend pour lui demander des comptes lorsque son immunité présidentielle prendra fin. Selon les décisions envisagées pour se " couvrir " d’une convocation par un juge d’instruction pugnace, il est possible d’imaginer quelle décision prendra l’ex-Maire de Paris. Or, depuis quelques jours, on voit s’agiter les faiseurs de miracles judiciaires. C’est mauvais signe pour les Chiraquiens pur sucre !
La possible nomination de Laurent Le Mesle au poste sensible de procureur général de Paris constitue désormais une preuve que le clan Chirac prépare la retraite. Le choix du successeur d'Yves Bot, actuel procureur général de Paris, doit être annoncé le 6 octobre en… Conseil des ministres. Or, ce n’est plus un secret, Laurent Le Mesle, actuel directeur de cabinet du ministre de la Justice et surtout ancien conseiller judiciaire de Jacques Chirac, est pressenti pour cette fonction à la fois prestigieuse, influente et politiquement sensible.
Le Garde des Sceaux, Pascal Clément, a tenté de rassurer et de préparer le terrain en indiquant que "plusieurs candidats" étaient sur les rangs pour succéder à Yves Bot, tout en défendant la candidature de son directeur de cabinet. Laurent Le Mesle, avait-il affirmé, "n'est pas un magistrat engagé, il n'a pas de carte politique". Un argument extraordinaire et digne d’une véritable République bananière !
Le président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), peu suspecté d’avoir une carte à 20 € du PS, a dénoncé une nomination "choquante". Et d'expliquer: "Ce qui pose problème, c'est son extrême proximité avec le Garde des Sceaux et surtout avec le président de la République, car c'est le prochain procureur général de Paris "qui sera chargé de relancer et de suivre" la procédure des emplois fictifs du RPR (ex-UMP), une affaire qui pourrait atteindre Jacques Chirac, une fois que ce dernier ne sera plus protégé par son immunité présidentielle. Il n’est donc pas envisageable que cette provocation grossière soit montée si Chirac espérait rester à l’Elysée.
BIZARRE CONJONCTION DES EVENEMENTS
La nouvelle sera officielle quelques jours à peine avant le premier (et sûrement le seul) tour des municipales bordelaises. Bizarre conjonction des événements qui fera que fin octobre, tout le système du filet de sécurité sera en place, alors qu’au PS on sera occupé à régler les comptes, et que Sarkozy ne saurait intervenir sans risque dans ces montages sophistiqués. Il en est spectateur.
Il attend probablement avec circonspection le retour de Juppé, même si par ailleurs on s’efforce de part et d’autre d’expliquer que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possible entre eux. Vous vous imaginez : ils auraient même mangé ensemble pour se couvrir de compliments sur leur avenir et parler de la famille ou des... Girondins!. Sarkozy ne fera par ailleurs aucune remarque sur la nomination de cet apolitique intégral que sera le nouveau procureur général de Paris. Il pourra, sereinement, début octobre avoir son idée sur les intentions réelles de celui qui est devenu son meilleur ami ! A 74 ans Chirac a poutant encore plus d'une malice dans son SAC. Normal, pour un héritier du Gaullisme!
Mais je déblogue…
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10 septembre 2006 7 10 /09 /septembre /2006 12:59
Mao Zedong ou Mao Tsé-toung (Máo Zédōng signifie " né pour diriger l'Est ") est né à Sháo Shān dans la province du Hunan le 26 décembre 1893 et est décédé à Pékin, il y a eu exactement 30 ans hier. Cet homme, qui s’est inscrit dans l’histoire du monde comme peu d’hommes ont réussi à le faire, depuis le début de l’Histoire sociale vérifiable, n’aura eu que peu d’hommages marquants pour cet anniversaire. Le peu qui a été fait, dans le style officiel chinois, n’a pas déchainé de ferveur populaire particulière. La preuve irréfutable que toutes les formes de pouvoir usent les meilleures intentions, et que l’on n’est pas nécessairement toujours plus grand quand on est mort.
Sa vie fut en revanche exceptionnelle et, même si l’aveu paraît désuet, a marqué la mienne. Cependant, malgré la croissance économique fulgurante du pays, on entend des voix qui soutiennent que, du temps de Mao, le système social était beaucoup plus égalitaire que dans la jungle du libéralisme triomphant  actuel.
Son père, paysan pauvre, va, grâce à une solde militaire, finir par s'enrichir grâce au négoce, jusqu'à devenir un homme aisé. Il est d'une sévérité mal supportée par son fils, dont le caractère laisse peu à peu transparaître un tempérament rebelle. Resté jusqu'à 13 ans à l'école primaire, où il apprend Confucius et les classiques, Mao se passionne, en fait, pour l'histoire et les grands hommes, notamment Napoléon pour lequel il va nourrir une admiration particulière. Après avoir travaillé à la ferme de son père, il se rend en 1909 à Changsha, capitale de la province, pour faire ses études secondaires. Un incroyable parcours géographique et idéologique débute.
Durant six mois il s'engage dans l'armée révolutionnaire républicaine de Sun Yat-sen. Mais il va surtout apprendre beaucoup, en entrant….à l'Ecole Normale du Hunan en 1913. Bizarrement, on constate que ces lieux laïques et d’une absolue sévérité ont, dans tous les pays du monde, formé des personnages particuliers. Mao Zedong s’y "radicalise", et fonde une "Société des nouveaux citoyens" où l'on traite de sujets sociaux et philosophiques. A sa sortie de l'école, au printemps de 1918, Mao se considère comme étant un "idéaliste", un " utopiste ".
Socialiste réformiste, nationaliste, antimilitariste, il est également contre l'impérialisme des grandes puissances occidentales, qui "protègent" le gouvernement chinois de Pékin, gouvernement qui, de fait, laisse le nord du pays aux "seigneurs de la guerre", tandis que le sud est sous le contrô1e de la République de Sun Yat-sen et du Kuomintang, le parti qui le soutient. Mao Tsé Toung se rendra ensuite à Pékin, où il obtiendra un poste d'aide bibliothécaire à L'Université. Il y découvre la Révolution russe et le marxisme. Rentré au Hunan au printemps 1919, il organise des mouvements contre le "seigneur de la guerre" de la province et finit par adhérer au marxisme. Il participe en juillet 1921, à Shanghaï, au premier Congrès du Parti communiste chinois. Le troisième Congrès, en 1923, décide l'unité d'action avec le Kuomintang qui, après la mort de Sun Yat-sen en 1925, se scindera en deux tendances, la tendance modérée étant dirigée par Tchiang Kaï-chek.
Mao, de retour dans sa province natale, y crée des "Unions paysannes" et pratique l'agitation révolutionnaire. Il entend imposer son point de vue, qui repose sur une différence fondamentale de perception des méthodes d’action : la capacité révolutionnaire de la paysannerie est supérieure, selon lui, à celle de la classe ouvrière, contrairement à ce qu’a toujours prétendu Staline, persuadé que les paysans étaient toujours foncièrement anti-révolutionnaires ! Cette analyse va donner les succès les plus forts à Mao et inspirera, durant des décennies, toutes les révolutions d’Asie.
LA FAMEUSE LONGUE MARCHE
En 1927, il entre dans une seconde phase de sa réflexion révolutionnaire, et constitue alors une "base rouge " dans les montagnes que Tchiang Kaï-chek va essayer, par quatre fois, d'anéantir. La cinquième fois, à l'automne de 1934, Mao doit entreprendre une retraite générale vers le nord-ouest. C'est la fameuse "Longue Marche", de 10.000 kilomètres, qui durera d'octobre 1934 à octobre 1935. Partis 90.000, les communistes arrivent 15.000 ! Mao reprend, à l’issue de cette période, en janvier 1935, la tête de ce qui reste du Parti Communiste.
Après la défaite japonaise, en août 1945, la guerre civile reprend entre les communistes et le Kuomintang, et s'achève par la victoire des communistes, qui entrent dans Pékin le 1er octobre 1949. La construction du socialisme à la chinoise va se faire très difficilement, avec le soutien de l’URSS jusqu’au début des années 60. Mais les Soviétiques, ayant une certaine tendance à considérer la Chine comme un satellite sous-développé ordinaire, Mao rompt toutes relations et commence une guerre idéologique particulièrement rude, mais qui, à terme, sera sans effets notables.
En 1966, je suis donc à... l’Ecole Normale, parmi ceux qui achètent d’authentiques petits livres rouges qui arrivent d’une Chine qui s’éveille. Je suis, comme d’autres, attiré par cet homme qui a su toujours résister aux compromissions, et qui tourne résolument le dos à une forme de communisme qui paraît déjà à bout de souffle. Les débats sont vifs entre les courants qui parcourent l’internat. Le PCF y est fort, et nous sommes un groupe à prôner l' anti communisme stalinien. Et il faut bien en convenir, à 19 ans, Mao représente avec Tito les tenants d’une troisième voie qui, vue de loin, peut conduire vers d’autres horizons. D’ailleurs, un voyage de fin de promotion, quelques années avant nous, est allée en Yougoslavie pour constater les réalités "titistes". Le nôtre nous conduira, fait exceptionnel pour l’époque, en Allemagne de l’Est !
PAS DE LENDEMAINS QUI CHANTENT
Aujourd'hui, 40 ans plus tard, il est facile de constater que nous nous étions fourvoyés, que l’idéal, dont nous ne percevions que l’image, ne portait pas de lendemains qui chantent. Mais sincèrement, je ne ressens aucune gêne, aucun regret, et je n’effectuerai aucun acte de contrition idéologique pour avoir cru en un autre monde que celui que portaient Guy Mollet ou Maurice Thorez....
Mao, comme toutes les femmes ou les hommes qui bâtissent leur pouvoir sur le culte effréné de la personnalité, ne pouvait que décevoir et finir par devenir un tyran. Il n’admettait plus (et son entourage encore moins), dans un réflexe auto-protecteur, que l’on puisse le déposséder de ce qu’il avait eu tant de mal à conquérir. En examinant objectivement ses actes, similaires selon moi à ceux qu’accomplirent les Robespierre, Danton, Marat, Saint-Just durant la Révolution française, on trouve toujours une part minime d'action positive.
Pour la toucher du doigt, il suffit de partir de la situation antérieure et de vérifier que, parfois, nous sommes, de fait, les héritiers d’actes condamnables, ne méritant certes aucune indulgence, mais qui furent décisifs pour la construction d’une autre forme de société. Par principe, toute révolution populaire génère des excès comparables à ceux commis par les tenants du pouvoir en place. Le constater ce n’est pas l’admettre.
La campagne des "cent fleurs", qu’il voulut comme un symbole d’encouragement à la liberté d'expression de la population, exhorta en particulier les intellectuels à critiquer le Parti. Mais le mouvement prit rapidement une ampleur qu'il n'avait pas envisagée : les critiques explosèrent littéralement, échappant bien vite à son contrôle, et le menant à… une violente campagne de répression condamnable. La liberté ne s’use que si on ne s’en sert pas… Là on la fit mourir prématurément et on ne s’en servit plus !

LE GRAND BOND EN AVANT MANQUE
Mao Zedong mit aussi en oeuvre, plus tard,  un mouvement de réformes industrielles qui devait permettre de "rattraper le niveau de production d'acier de l'Angleterre" en seulement 15 ans. Des communes de production furent organisées au niveau local, et, conformément à la base même de son idéologie, tout le monde paysan fut contraint d’apporter sa contribution. Mao utopiste plaçait dans la force du peuple des espoirs démesurés. Et durant le "grand bond en avant", les paysans furent transformés en esclaves du pouvoir, puisqu'on exigera d’eux de tout faire en même temps, des récoltes à la production sidérurgique. Malgré les efforts surhumains déployés, c'est une catastrophe. La main d'œuvre, inexpérimentée, produit des biens d'une qualité exécrable, tandis que les récoltes, faute de temps, pourrissent sur pied. Le "grand bond en avant" se soldera donc par un échec cuisant, et une famine d'une ampleur désastreuse, peut-être la plus catastrophique que la terre ait jamais connue.
Tout ceci appartient à la triste réalité du basculement entre la théorie flamboyante et son application. Tout ceci permet de penser qu’il n’y a rien d’enthousiasmant dans le parcours de Mao Tsé-toung. Pourtant 30 ans après sa mort, malgré les violations des droits de l'Homme, symbolisées par les événements de la place Tien Anmen le 4 juin 1989, plus personne ne doute que la Chine sera le grand pays du XXI° siècle.
Avec l'aide des commerçants de la diaspora, puissants presque partout dans le monde, la Chine se développe en effet à une vitesse considérable. Ses dirigeants politiques ont abandonné le principe de l’autarcie et, en étroite collaboration avec les puissances occidentales, ils exploitent habilement leurs contradictions et le système libéral outrancier de la concurrence. Mao Tsé-Toung aurait été étonné de voir que le grand bond en avant de son pays a été réalisé grâce... aux ouvriers, à l’industrie, et que les paysans semblent les plus réfractaires à cette mutation. Un nouveau Mao se lèvera donc, un jour ou l’autre.
Mais je déblogue…
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9 septembre 2006 6 09 /09 /septembre /2006 14:06
L’extraordinaire supercherie de la société actuelle repose sur la pérennité sournoise d'une vision historique du monde. Chaque fois que se produit un événement désastreux sur la planète il faudrait, en effet, se référer à ce comportement hautain des pays dits "civilisés" en direction des pays que l’on a longtemps qualifié de "sous-développés". Dans l’époque moderne, la colonisation aura constitué la vitrine honteuse de cette propension à considérer que les civilisations occidentales avaient une supériorité culturelle sur toutes les autres. Nous sommes d’ailleurs en passe de payer chèrement cette arrogance historique, reprise avec davantage de brutalité dans tous les domaines par les Etats-Unis de fiston Bush.
Un excellent documentaire (1) évidemment réservé aux noctambules, jeudi soir, a dressé un effarant portrait vérité de celui qui se prend pour le maître du monde. Même avec la meilleure des bonnes volontés, il est totalement impossible d’avoir la moindre parcelle de confiance en celui qui prétend détenir un pouvoir d’inspiration divine. On ne peut pas, si on a la moindre lueur d’intelligence, ressortir intact de ce type d’analyse d’un comportement fait par des journalistes méritant respect et remerciements. Il faut pourtant convenir que le taux d’audience, vers 23 h 15, n’a pas dû affoler les responsables des chaînes concurrentes. Et pourtant, la leçon aurait été bonne à diffuser vers un peuple qui se laisse abuser par l’image et refuse de se laisser séduire par les idées. Ce film avait une valeur éducative exceptionnelle.
Cette supériorité orgueilleuse, honteuse, de la société du profit sur celle qui n’a même pas le minimum vital m’oppresse, car elle me ramène aux fondements mêmes de la vie politique. Il faut, alors, aller aux sources mêmes du dialogue, pour puiser dans la réalité, les forces permettant de résister à la tentation facile de ne pas voir ce qu’il y a à voir. En effet, chacun s’efforce désormais de ne pas se préoccuper de ce qui se déroule au-delà de son pas de porte, sous le fallacieux prétexte que ce n’est pas SON problème. Et, faute de véritable débat " politique " sur ces rapports anciennement " Nord-Sud ", un affrontement pseudo religieux a pris le pas sur tous les autres. Il dégénèrera car il ne repose pas sur la raison mais sur la croyance, pas sur l’Homme mais sur le capital, pas sur l’avenir mais sur le passé.
D’UNE ACTUALITE BRULANTE
Bien qu’il n’ait jamais été mis en œuvre, le fameux discours du 21 octobre 1981 prononcé à Cancun au Mexique par François Mitterrand devrait être édité et commenté, tant il a une actualité brûlante. Lors de ce fameux sommet il s’enflamma pour le tiers-monde, et plaida pour une plus juste répartition des richesses, pour un dialogue avec les pays pauvres et une stabilisation du cours des matières premières. C’était le temps des discours humanistes préparés par un de ses conseillers, Regis Debray, aujourd’hui pourfendeur du mitterrandisme… J’ai connu un certain Jean Pierre Cot dont plus personne ne se souvient, qui, pourtant, en bon disciple d’Egard Pisani, tenait une ligne dure sur les nouveaux liens à tisser entre par exemple la France et ses anciennes colonies africaines.
" De toute façon, tous les accords de coopération et de défense avec les pays africains seront renouvelés, renégociés, si nous arrivons au pouvoir : nous en avons pris l’engagement. Que nous puissions aider des régimes qui nous demandent d’intervenir, cela peut se concevoir. Mais aider ces régimes signifie aussi les aider à se développer, à s’épanouir socialement, à être démocratiques, et donc acceptés par leurs peuples : c’est une autre dimension de la politique des socialistes " avait déclaré un certain Lionel Jospin avant l’arrivée de ce Rocardien pur sucre qu’était Jean Pierre Cot !
Aucun accord ne sera renégocié, et le Ministre de la Coopération vérifiera assez rapidement la limite des " engagements " pris en la matière. Il sera… démissionné dès le 8 décembre 1982 pour incompatibilité croissante avec la majorité des chefs d’État africains - qui n’avaient, eux, surtout pas envie de changement, et rencontraient, à cet égard, le tempérament de François Mitterrand qui fit, comme tous ses prédécesseurs, des relations avec l’Afrique son " pré carré ". Désormais, ce ne sont pas,et même plus du tout, les responsables politiques qui gèrent ces rapports, mais les multinationales liées aux ressources énergétiques.
LE FAUX SOUTIEN ACCORDE
En allant, à mes frais, vivre le plus discrètement possible dans le village de Saponé au Burkina Faso avec lequel Créon entretient depuis plus de 20 ans des relations privilégiées, j’ai vécu, de l’intérieur, la pénible réalité de ces faux soutiens, accordés dans le cadre des grands programmes internationaux. D’abord, on est rapidement frappé par le décalage extraordinaire existant entre la perception que nous avons de leur vie quotidienne, et celle que l’on peut partager à leurs côtés. Ensuite, à l’inverse, on revient effaré de la manière dont ils appréhendent notre société, et plus encore, on est désolé de les voir envier, aduler un monde factice qu’ils rêvent de rejoindre. Enfin, vous rentrerez atterré par l’inutilité absolue de certaines politiques massives de coopération, qui se perdent dans les dédales d’une société qui ne pourra jamais se débarrasser de ses traditions. Je ne crois plus en rien d'autre qu'en des actions à taille humaine, gérées directement, et après une analyse précise des besoins spécifiques.
Hier soir, sous les étoiles, j’ai ainsi retrouvé deux jeunes femmes burkinabées capables de me parler, avec beaucoup de réserve, des évolutions perçues l’an passé sur place. Les organisations religieuses de toutes tendances (notamment les évangélistes canadiens) prennent une part de plus en plus importante dans la vie quotidienne. L’islam, malgré la méfiance qu’ils suscite, progresse grâce aux fonds venant des pays riches du Golfe persique : puits offerts, soutien social, envoi d’imams formés à l’extérieur… La privatisation éducative s’accélère sur le même rythme que le niveau de vie. Le religieux s’y engouffre avec délectation. Les tentatives de démocratisation du Burkina (élections locales) se sont traduites par des incidents, démontrant qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir.
Louise, professeur au lycée local, m’a appris qu’un fait incroyable s’est produit à Saponé : à l’issue de l’élection du Maire, des électeurs mécontents se sont rendus chez le Chef historique, le Padré Naba, tirant les ficelles, pour, fait incroyable, piétiner son chapeau qui ne doit jamais le quitter. Quand on connaît l’impact symbolique de tels actes vis à vis de celui qui tient son pouvoir, considérable, de l’Empereur des Mossis, il y a motif à être inquiet. Tôt ou tard, la mise à mal de traditions séculaires stables entraînera la déstabilisation d’un édifice de plus en plus fragile car sans aucunes ressources réelles.
ESPERANCE DE VIE EN BAISSE
Le Burkina se situant au 144 ° rang sur… 146 pays répertoriés pour les indicateurs économiques, il n’aura jamais les moyens de ses ambitions. L’indice de pauvreté en l’an 2000 était de 58% et l’espérance de vie, de 52 ans. En 2001, le taux d’alphabétisation était de 24.8 %, bien que la région subsaharienne affiche un taux d’alphabétisation de 62.4 %. L’espérance de vie était paradoxalement en baisse avec 45.8 ans, ce qui fait de lui l'un des cinq pays les moins développés au mondej en termes de développement humain. Quel a donc été l’efficacité des interventions des organismes internationaux ? Comme par représailles vis à vis des prises de position internationales du Burkinaj les USA viennent de retirer leur programme d'aide alimentaire à l'enfance, la situation se détériore rapidement. Les pluies très faibles de juillet inquiètent donc tout le monde!
Les activités agro-pastorales, fortement dépendantes d'une pluviométrie très irrégulière, occupent en effet encore 90% de la population. La pauvreté des sols entrave inexorablement tout développement durable de l'agriculture et de l'élevage. Il faudra donc au Burkina Faso, sans cesse osciller entre les contraintes imposées par des pays donateurs et ses réalités historiques. En brisant, par l’absurdité de frontières totalement artificielles, les ethnies, les Occidentaux ont transformé l’Afrique en poudrière permanente.
On le vérifie en Irak où, c’est quasiment une certitude, Kurdes, Sunnites et Chiites finiront par se séparer ou s’exterminer, la vision occidentale du fonctionnement social aura du mal à s’imposer comme étant celle qui sauvera le pays. La colonisation de fait des Occidentaux produira les mêmes résultats que toutes les précédentes initiatives historiques  : une révolte non maîtrisable et le chaos ultérieur ! Tout ira mieux le jour où les réserves pétrolières de l’Irak seront épuisées… C’est dans le fond la seule chance actuelle du Burkina Faso d’échapper à des guerres d’un autre âge. Belle satisfaction.
Mais je déblogue…
 
(1) "Le monde selon Bush" de William Karel
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8 septembre 2006 5 08 /09 /septembre /2006 07:17
Hier, après plusieurs semaines consécutives de travail quotidien ininterrompu, j’avais décidé de me ménager une "coupure" afin de penser à autre chose. Dans le fond, on s’aperçoit que ce n’est pas forcément la durée du repos qui compte mais plutôt son intensité. Désormais, nous sommes en effet entrés dans le culte de la… rupture plus ou moins forte ! Elle a toujours existé dans certaines sociétés pour être même sanctuarisée.
En Espagne, par exemple, la rupture s’affiche quotidiennement avec la tradition de la sieste. Dans une journée s’étirant en longueur, elle marque le souhait de se relâcher, de se préparer à un rythme de vie plus adapté à la physiologie humaine. Elle conduit forcément dans un ailleurs plus paisible, mais aussi parfois peuplé de rêves ou de cauchemars. Quand on pense qu’il est possible que ce moment ancré dans la tradition ibérique soit prochainement supprimé, on imagine quelle sera la nouvelle… rupture de l’autre coté des Pyrénées.
La mienne avait des allures qui correspondent à ce que je crois indispensable à la création du vide : une escapade dans un milieu vaste avec des relations totalement étrangères à mon univers habituel. Le partage d’opinions différentes, de méthodes de penser différentes, de manière de vivre différentes, d’origines sociales différentes constitue, pour moi, le meilleur moyen d’échapper à la pesanteur des responsabilités. Il ne saurait en effet y avoir de rupture sans que l’esprit soit déconnecté de sa manière traditionnelle de fonctionner. Dans le fond, le quotidien génère sa propre pesanteur. Il conduit inexorablement à la diminution de l’esprit critique, seul régénérant possible des forces indispensables à la prise de responsabilités. Un bain de doute, hors de son territoire, apporte une autre perception des réalités et prépare à revenir sur " terre " avec une nouveau moral. Ce besoin de rupture n’est donc pas uniquement matériel mais aussi nécessairement intellectuel.
Pour y répondre, il peut y avoir, pour beaucoup, la lecture mais aussi, pour moi, l’écriture. J’entre alors dans une bulle ressemblant à celle de la cellule du moine, ou à la grotte de l’ermite. Malheureusement, il existe maintenant de multiples outils dangereux pour… rompre l’isolement bénéfique dont le plus redoutable demeure le téléphone mobile ou plus prosaïquement… les autres, qui savent justement que je me suis retiré face à l’écran noir pouvant meubler mes nuits blanches.
 
UN PARC A HUITRES
Hier j’ai retrouvé, un banquier retraité, le directeur financier d’un grand constructeur de maisons individuelles ou de bâtiments collectifs, un ancien cadre d’EDF, un conducteur de travaux publics néo-retraité, un homme d’affaires… pour aller manger sur un parc à huîtres au coeur du Bassin d’Arcachon ! Un bateau de 42 ans d’âge, les vivres pour des agapes sur le pont, quelques bouteilles à découvrir et un voyage au long court sur des flots débarrassés des navigateurs de l’été.
Le milieu aquatique n’appartient absolument pas à ma culture. Je m’y sens donc réellement ailleurs, ne serait-ce qu’en raison de l’impossibilité matérielle de choisir le moment de…rupture. Une fois à bord on ne peut plus quitter le lieu et revenir en arrière. La variabilité du contexte, malgré son apparente monotonie, incite à ne plus envisager autre chose que se laisser porter par le choix que l’on a fait. Concrètement, on quitte la terre pour un ailleurs forcément inconnu. Avancer, sans certitudes sur la destination, en laissant un autre assumer la responsabilité du cap et de la gestion de l’avenir, appartient au premier bonheur d’une telle journée.
Le nôtre se trouvait au beau milieu du Bassin d’Arcachon, loin de tout. Deux homme âgés nous y attendaient pourtant. L’un de 72 ans et l’autre de 63 ans… se sont immédiatement annoncés comme des " paysans de la mer". Ils " jardinaient " avec philosophie un "champ d'huîtres" que la marée basse dénudait. Avec leurs râteaux et leurs fourches ils récoltaient des huître largement arrivées à maturité. En amarrant le bateau aux piquets limitant leur exploitation, et en échangeant les premières plaisanteries, j’amorçais la rupture consistant à ne plus être au centre d’un monde étriqué, pour devenir demandeur d’explications et de repères. Je ne donne plus enfin. Je souhaite seulement recevoir.

LE PLAISIR D'APPRENDRE DES AUTRES
La simple explication de leurs gestes, une promenade au milieu des parcs, leur avis destructeurs sur la crise actuelle, leur philosophie détachée de la vie, leur merveilleuse simplicité constituent les fondements d’une rupture totale avec le quotidien, ce que l’on y entend, ce que l’on y voit, ce que l’on y pense ! Il n’y a pas plus agréable pour moi que le plaisir d’apprendre des autres. Avoir enfin le temps d’écouter me ramène à ces moments que j’ai tant aimés de mon passage dans le temps du journalisme. Ecouter les autres constitue pour moi le meilleur relaxant. Les entendre critiquer leur propre milieu, avec une évidente lucidité, me permet de rompre allègrement avec les sempiternelles jérémiades que souhaitent les JT sur le test de la souris. Ils en rient, alors que d’autres en pleurent. Ils remettent vite le sujet sur ses rails de la réalité. Sous leur humour il y a les pavés de la sincérité. Je suis heureux. Je suis avec eux, ailleurs, sur une île du refus de l’opinion dominante.
Quand, au hasard d’un dialogue vite amical, je découvre que le plus âgé, lors de la précédente crise ostréicole de 1978, a eu le courage de partir sur un navire allant traquer, durant trois mois, par – 20°, la morue dans la mer de Barens, ma curiosité renaît. Je m'engouffre dans la brèche, en entrant dans ce monde terrible. Il en est revenu persuadé qu’il y avait toujours un avenir dans son environnement proche et qu’un mauvais moment ne se surmonte toujours que par un travail passionné, et pas nécessairement par la fuite. Je découvre en leur compagnie, pendant que le reste du groupe pêche à pied, quelques aspects d’une nature toujours surprenante. La marée qui était partie revient lentement, comme pour rappeler que les ruptures ne sont jamais définitives.

IMPOSSIBLE D'ACHAPPER AUX QUERELLES
Sur le bateau, l’apéritif et le repas accentuent ce constat. Impossible d’échapper aux querelles du monde politique. Chacun y va de son avis. Je suis vite minoritaire. Normal, car les effets médiatiques sont bien là au rendez-vous. Impossible justement de les effacer par des mots, par des analyses, par des débats. Chacun arrive avec son "prêt à porter idéologique" qui tourne autour de la nullité générale des élus, de leurs rivalités indécentes, de leur incapacité à prendre en compte les véritables problèmes du Pays. Les " paysans de la mer " en rajoutent évidemment une couche dans le genre : " de droite ou de gauche : tous pareils ! " ce qui ne me facilite pas la tâche, puisque je suis le seul à détenir un mandat électif. Le plateau d’huîtres sauvages circule, celui des moules mordorées suit. Les moins fragiles y vont de leur dégustation sous les plaisanteries diverses. L'opinion dominante en prend un coup! Enfin presque !
Ségolène n'a comme mérite que celui d'être la plus… " belle ", celle pour qui on aurait fait une place sur la pinasse. Fabius a des mérites, mais il traîne les boulets de son passé, comme un bagnard expédié au bagne de la politique. Sarkozy, l'agité estival du Bassin, ne donne pas paradoxalement une impression de sécurité, et génère l'impression de trop en faire, ce qui ne convient à personne.  Les autres n’apparaissent même pas dans les conversations avec seulement des propos revanchards envers " Marie-Hélène " (1) et d’autres plus indulgents envers Yves Foulon (2). Toute la politique y passe, avec une prolixité croissante grâce au rosé frais et aux Côtes de Castillon.

J'AI TOUT OUBLIE
Le repas, à l’autre bout d’un monde déserté par ses " jardiniers ", repartis chez eux avec le bateau chargé d’huîtres et de poissons capturés dans les filets. J’ai tout oublié. Le temps ne me poursuit plus. Le soleil tape dur et j’éprouve le sentiment de celui qui laisse tomber de la nacelle de son ballon les sacs de sables gris pour quitter le sol. Une sorte d’apesanteur similaire à celle du voyageur dans l’espace s’installe. Aucune sophistication dans les choix matériels, mais justement la simplicité précieuse qui permet d’oublier la complexité habituelle de la vie. Que c’est bon de ne pas se poser de questions ! Que c’est bon de devenir un idiot relax !  Que c'est bénéfique de n'être que le passager des autres! Que c’est agréable de ne plus se sentir épié ! Que c’est chouette de pouvoir se confronter à d’autres visons du monde !
Je vous propose donc de cultiver le goût de la rupture, de l’instituer comme une philosophie sociale afin que vous preniez le temps de, justement, repousser celle que propose Sarkozy. Il vous faudra des forces neuves, un esprit libre, une volonté intacte et l’inventivité des Robinson, afin de combattre son écrasante présence.
Mais je déblogue...
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7 septembre 2006 4 07 /09 /septembre /2006 07:17
Il ne faut pas être extrêmement spécialisé ou être ingénieur chez EADS, pour savoir que, pour mettre un satellite en orbite, il est indispensable de posséder la technique de la fusée à 3 étages. C’est ce qu’Ariane, depuis la base de Kourou, réussit désormais à la quasi-perfection. La technique est simple : le premier réservoir doit apporter la poussée principale, celle qui fait quitter la pesanteur terrestre. En général, après un méticuleux compte à rebours, cette phase est nettement la plus longue et la plus importante. Le moindre incident, une erreur minuscule, une… tuile imprévue, et la catastrophe menace. Ensuite le second " réservoir " entre en lice, pour faire passer à la vitesse supérieure, et terminer l’opération grâce à une ultime accélération, beaucoup plus courte mais aussi plus dangereuse. Le reste est une autre affaire, quand on est là-haut, parmi les étoiles.
La fusée Ariane a sûrement inspiré Ségolène, qui a eu le talent d’avoir savamment programmé son envol et qui, désormais, s’évertue à appliquer méthodiquement les différentes phases de sa montée vers les sommets. Elle effectue, par exemple, lentement mais sûrement, le remplissage du premier étage de son lancement. Elle a su réaliser un inimaginable mélange détonnant en raccrochant à sa base " normale " plutôt traditionnelle, un produit extrêmement volatile appelé " le Montebourg ". Afin de ne pas s’exposer en des moments délicats, elle l’a même désigné comme porte parole.
Puis, en début de semaine, elle a accentué le volume de son " carburant ", en annonçant que, pour favoriser son " décollage ",  elle musclait son potentiel initial avec des " produits " sûrs : présidents de conseils régionaux, présidents de conseils généraux, sénateurs, députés, cadres… L’astuce consiste à produire une liste, la plus longue possible, afin de démontrer que l’on a les moyens de son ambition, et que les forces sont suffisantes pour réussir à quitter le sol du premier coup, sans problème. Quelques ajustements seront certainement opérés mais, sur le pas de tir, la fusée a pris ses aises. Il faut éviter, coûte que coûte, qu’il y ait un second compte à rebours !
VERIFICATION PERMANENTE
Toutes les éventualités sont donc régulièrement examinées par la technique des sondages successifs. Une vérification permanente de l’état de confiance envers le " satellite de communication " à placer en orbite, rassure en permanence le staff. On en définit des fenêtres de tir très précises, successives, minutées, pour des réglages importants. Pas question de remettre au second tour ce qui doit être, à l’interne, pour impressionner, obtenu dès le premier !
En fait, un examen attentif de la situation permet d’énoncer un principe clair pour la réussite de la fusée Ségolène : la solution idéale réside dans la perfection de cet étage initial, pour la conquête du ciel. C’est à quoi travaille ardemment l’entreprise de mise en orbite " ségoléniste ". Elle sait pertinemment que, si tout est réglé d’entrée, les accidents éventuels sur la mise à feu du second étage pourront être évités. Car c’est là que l’incertitude règne.
Tous les efforts portent donc sur l’élimination du "nombre de risques" afin de limiter la fuite par dispersion des ressources internes. Un duel constituerait, dans cette perspective, une solution idéale et un succès assuré ! On va tout faire pour le réaliser. Maladroitement, un ingénieur de Dijon, en réclamant le retrait de Lang et de DSK, a dévoilé le plan prévu. Son propos a eu provisoirement l’effet contraire, mais a servi de test. Il n’a pas été neutre car il aura permis d’entamer des discussions secrètes.

CRAINTES DANS LA FIABILITE DU SECOND ETAGE
Les craintes des concepteurs du plan de tir résident donc dans la fiabilité du second étage de la fusée. Il faut bien convenir que si, par hasard, la " poussée " interne se révélait de qualité, mais seulement aux alentours de 40 %, il faudrait obligatoirement avoir recours à un " réservoir " de secours en cas de conjonction de forces contraires. La négociation doit se faire avant, car au tout dernier moment, le risque sera grand de payer très cher le renfort. Alors, on a mis au point une tactique nouvelle.
Comme le risque d’un déséquilibre de l’ensemble de la fusée sur la droite menace, et fait mauvais effet chez les gens chargés de monter la fusée, on ne va  pas  aller chercher les forces supplémentaires dans cette direction. Inévitablement, face à ceux qui prônent le salut par  le " redressement à gauche " il est indispensable de ne pas apparaître comme penchant encore plus à droite. Il faut redresser le tir. Un supplétif avait pourtant effectué des offres de service pour renforcer le libéralisme ambiant. Jean-Marie Bockel, maire de Mulhouse et le plus social démocrate des leaders du PS, aurait bien aimé figurer dans le " carburant " de départ de Ségolène.  On a soigneusement ignoré son concours pour ne pas détériorer l’image de la fusée en cours d'installation. On ne l’a pourtant pas renvoyé dans ses foyers… mais on lui a conseillé de se préparer pour, indirectement, apporter son soutien. Une négociation globale a été menée. La preuve ?…La voici!
SEGOLENE ROYAL DEMEURE SA FAVORITE
J’ai obtenu la note confidentielle de Jean-François Pascal, membre fondateur de R2 (courant le plus à droite du PS), conseiller politique de Jean-Marie Bockel, délégué national du PS pour la Lutte contre les discriminations, qui ne souffre aucune ambiguïté sur les accords négociés en douce. En voici le contenu secret, adressé à tous les soutiens français de Bockel. " Vous lirez ci-dessous le communiqué de presse rendant public le  ralliement de JMB (NDLR : Jean-Marie Bockel) à DSK. Ségolène Royal demeure sa favorite pour la désignation, et sa préférée sur de nombreux aspects. Néanmoins, n'ayant pas reçu d'invitation formelle à rejoindre son comité d'animation politique, JMB pense qu'il n'est pas encore à  cette heure suffisamment le bienvenu. Ses prises de position iconoclastes et surtout sa réputation (droitière et blairiste) gênent sans doute une partie de l'entourage  de la candidate dans ce processus de "pré-désignation". Elles n'aident pas non plus Ségolène Royal à se défaire de ses  propres étiquettes (sic).. A titre personnel, j'ai reçu l'assurance que nos idées sont très proches du centre de gravité de Ségolène Royal et qu'elles ont  vocation, après la désignation, à être largement portées.
Mon engagement dans l'équipe de campagne, et celui d'autres membres de ce réseau, demeure valide et validé. Tout en soutenant pour l'instant DSK, JMB souhaite préparer un futur ticket entre les deux prétendants. Aussi? nos différentes démarches lui paraissent compatibles. Voilà qui parait justifier le fait que chacun s'engage  individuellement au sein du réseau. R2 pourrait par contre travailler collectivement à la réunion des  réformistes qui s'imposera à un moment ou à un autre… "
Pour être clair le " second étage " se prépare déjà. Les troupes de Bockel vont aller chez DSK, pour le faire basculer, le moment venu, vers Ségolène. Le coup du cheval de Troie est prêt. Ségolène n’aura rien demandé. Montebourg se retrouvera piégé dans le même camp que celui qu’il a taillé en pièces et, un front hétéroclite " TSRAG " (Tout Sauf Rassembler A Gauche) sera constitué. Le document en ma possession le prouve…
A la place de DSK je me méfierais de celles et ceux qui vont arriver ces prochains jours dans mon entourage. A moins qu’il ne soit complice, et que ce ralliement augure d’un alliance arrivant dans les prochaines semaines. Si c’est le cas, lectrices et lecteurs, vous ne pourrez pas dire que je ne vous l’avais pas annoncé.
Mais je déblogue…
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6 septembre 2006 3 06 /09 /septembre /2006 07:24
La phrase péremptoire a fait le bonheur des humoristes d’une époque. Elle a été prononcée lors d’un interview télévisé mémorable ayant mis face à face Jean-Pierre Elkabach et l’inimitable Georges Marchais. Elle constitua, d'ailleurs, le moment clé de l'avant 1981, et résonna d’une certaine manière comme une contestation, certes simpliste mais au moins franche, du système médiatique hérité du gaullisme triomphant. L’extraordinaire " Taisez-vous Elkabach ! ", lancé comme un pavé vers les forces de l’ordre médiatique, avait choqué les journalistes bien pensants, et ravi celles et ceux qui pensaient que l’animateur de " Cartes sur table ", ce 1° février 1978 avait outrepassé les règles élémentaires de la neutralité politique. Certes, chacun sait que Georges Marchais n’était pas un parangon de vertu démocratique, et n’avait pas un sens inné de l’interview télévisé. Chacun connaissait sa propension à livrer une réponse apprise par cœur, et qui ne correspondait pas obligatoirement à la question posée. Mais, dans le fond, il avait eu le courage physique de se rebeller, face à la suffisance méprisante d’un homme sûr de lui et de son pouvoir. Et cet incident resta dans la légende d’une télé aux ordres… sans modifier fondamentalement les comportements ultérieurs.
Tenez, lundi soir, après un reportage évoquant la crise de l’ostréiculture sur le Bassin d’Arcachon, lors du JT de 20 heures présenté par "l’immaculé" PPDA, on a assisté, en une fraction de seconde, à un exemple de la malhonnêteté de celui que plusieurs millions de gogos regardent les yeux dans les yeux. Alors que le Maire socialiste de La Teste de Buch venait d’être interrogé sur la crise, et que le sujet était terminé, il a lancé avec un sourire convenu : "Yves Foulon, maire d’Arcachon, s’est aussi préoccupé de défendre les ostréiculteurs ! " Un renvoi d’ascenseur aussi inutile que complice à celui, Sarkoziste bon teint, qui le reçoit souvent dans sa ville avec les honneurs dus à son rang… Cette petite phrase complaisante publicitaire, démontre comment fonctionne le système. Un " Taisez-vous PPDA ! " pourrait être lancé, 28 ans plus tard, par un citoyen un tant soit peu soucieux d’éthique journalistique. Ce ne serait que justice si un homme politique ayant un brin d’audace se rebellait en direct comme l’avait fait, maladroitement mais avec beaucoup de sincérité, Georges Marchais !
BAYROU ENVOIE DU BOIS
Dans son discours de clôture de l’université d’été de l’UDF, François Bayrou a craqué à son tour, et justement, il a eu le courage de charger les moulins à paroles médiatiques. Il n'a pas manqué d'épingler la médiatisation, selon lui outrancière, du tandem Nicolas Sarkozy-Ségolène Royal. Le président de l'UDF a de nouveau expliqué cette médiatisation par les liens "d'intimité et d'intérêt, unissant le pouvoir politique aux grands groupes de médias détenus par des puissances industrielles.
Nicolas Sarkozy assume cette intimité, j'estime pour ma part que pour sauvegarder la démocratie, il faut garantir l'indépendance du capital des entreprises de presse", a-t-il ajouté, laissant entendre qu'il légiférerait sur ce point si son parti était élu… Pauvre François, il a visé juste et sa claque a justement fait sursauter Elkabach… Car, figurez vous que le patron d’Europe 1 s’est senti visé et concerné. Pourquoi diable a-t-il éprouvé le besoin de répliquer à cette généralité ?
Le président d'Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach, a donc conseillé hier à François Bayrou "de tourner sept fois la langue dans la bouche", après la mise en cause par ce dernier de l'indépendance des médias détenus par des groupes industriels… "Il est arrivé à François Bayrou d'être mieux inspiré. "Même François Bayrou, qui est d'une grande intelligence, doit tourner sept fois la langue dans la bouche avant de tenir de tels propos", a estimé Jean Pierre Elkabbach, au cours de la présentation de la grille de rentrée de la station de radio qu'il dirige. "Aujourd'hui, tout média qui essaierait de tricher, de maquiller la vérité, se tirerait une balle et disparaîtrait. Ce n'est pas possible", a ajouté le président d'Europe 1. Vous pouvez le croire, c’est un spécialiste de la déontologie professionnelle.
"Les Lagardère, croyez-moi, François Bayrou les connaît bien : ils ont toujours eu des relations d'indépendance à l'égard des pouvoirs. Les sympathies personnelles peuvent exister mais n'interfèrent jamais. C'est un principe", a assuré Jean-Pierre Elkabbach. "L'efficacité et l'honnêteté sont les meilleurs garants du professionnalisme et de l'indépendance (...) Heureusement que certains grands groupes sont là pour aider la presse à se développer, à se maintenir et à survivre dans toute son indépendance alors qu'elle est en crise profonde" a-t-il ajouté.  Il a assuré, entouré de nombreux journalistes et collaborateurs d'Europe 1 : "Nous ne pourrions jamais être fiers d'être inféodés aux ordres de tel ou tel. Cette station est le fleuron du groupe. Je vous rassure : Arnaud Lagardère n'a jamais cherché à intervenir".
 Il suffit, pour lui faire confiance et s’en persuader, de simplement rappeler que, sur l’incitation de son copain Nicolas Sarkozy, il a simplement licencié Alain Genestar, suite à la parution d'une couverture gênante pour Nicolas Sarkozy dans Paris Match. Elkabach vous l’affirme : les Lagardère n’interfèrent jamais dans les choix éditoriaux de leur immense groupe de presse. Et Bayrou n’a plus qu’à bien se tenir, autrement ce sera sa fête !
MOTION DE DEFIANCE A LA TRIBUNE
Croire que ces faits et ces déclarations ne sont que des élucubrations d’un illuminé du blog serait d’une profonde naïveté. Ainsi, hier aussi, lors de l'assemblée générale qui s'est tenue dans les locaux de La Tribune (journal révolutionnaire s’il en est !) la rédaction du quotidien économique a voté une motion de défiance avec demande de démission de la direction de la rédaction, à 90 voix pour, 8 contre et 2 abstentions. Ce vote intervient après qu'une partie des résultats d'un sondage favorable à Ségolène Royal, publié lundi dans le quotidien, a été volontairement retiré du journal par le directeur de la rédaction du quotidien économique, François-Xavier Pietri.
Il est vrai que le sondage posait un problème déontologique fort et inacceptable : il plaçait Ségolène Royal en tête des candidats à la présidentielle pour les questions économiques et sociales. On a donc tronçonné le résultat, en enlevant la partie déplaisante pour le Ministre de l’Intérieur... garant, dans ses attributions, de la liberté de la presse !
Ce n’est que la troisième fois que cette rédaction vote une motion de défiance pour des faits aussi précis à l’égard de son directeur ! Mais on vous le répète, afin que vous en soyez persuadé : Bayrou se trompe sur toute la ligne et ce n’est que par inadvertance, qu’au montage, ce résultat a disparu. Comme on avait vu les journalistes de Paris Match faire la première grève de leur histoire, et comme Serge July a été débarqué sans ménagement de Libé, comme c’est Bernadette Chirac qui a choisi personnellement De Carolis comme PDG de France Télévision. On devrait rappeler Georges Marchais pour qu’il hurle à nouveau, en tapant sur la table comme le veut la légende, car il ne l'a jamais dit : " Taisez-vous Elkabach ! "
UNE BELLE SURPRISE
Remarquez que hier aussi, en fin d’après-midi, sur le quai du tram à Bordeaux j’ai eu une belle surprise. Au dos d’une feuille blanche plaquée au sol j’ai lu cet extrait d'un éditorial : "Faire démissionner quarante-neuf élus pour le bon plaisir du cinquantième, qui a purgé sa peine d'inéligibilité : la méthode, abrupte, semble d'un autre âge. Provoquer avant l'échéance normale, des élections qui ne se justifient que pour retrouver son fauteuil: le prétexte est bien mince…A priori, Alain Juppé ne prend pas le risque d'être désavoué, dans une ville qui vote à droite depuis soixante ans. Mais il s'expose, ce qui est bien plus à craindre, à être reconduit a minima, avec une abstention record. La démocratie n'y aura rien gagné. La politique non plus..."
En parcourant ces lignes assassines et libres je me suis dit qu’il y avait enfin à Bordeaux un journaliste ayant un brin de courage. D’autant que dessous un autre paragraphe m’a encore plus donné le sourire et m'a moralement réconforté!
 " Faire démissionner tout un conseil municipal pour retrouver son fauteuil de maire, comme un propriétaire demandant à un fidèle locataire de libérer la place, voilà bien un caprice d'enfant gâté qui peut sembler bien désinvolte dans une démocratie adulte. Un usage cavalier de vieux baron du gaullisme. Un petit luxe coûteux à moins de deux ans de la prochaine échéance municipale… ". Ils étaient deux à oser dire, à Bordeaux, la vérité ! Il y avait donc un second éditorialiste " couillu " dans un journal girondin digne de ce nom. De quoi me réconcilier avec la presse, me faire oublier ma méfiance naturelle, m'empêcher de renouer avec le "Taisez-vous Elbabach!".
Une lecture plus attentive m’a vite conduit à constater que le premier extrait était de Michel Vagner de... " l’Est républicain "… et l’autre d’Olivier Picard des... " Dernières Nouvelles d’Alsace ".
Ouf! Sauvé! heureusement, ce n’etaient pas des extraits d'un article ou d'un édito de notre grand quotidien régional d’information...
" Tais-toi Darmian ! ". Mais qui a bien pu me dire ça?.. Et quand?
Mais je déblogue…
 
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5 septembre 2006 2 05 /09 /septembre /2006 07:17
La France est un pays drôlement tordu dans lequel il faut, si l'on arrive de Sirius, un décodeur spécial pour comprendre ce qu’il s’y passe. Il est vrai que, si l'on se contente de l’écume des jours, il n’y a pas matière à s’étonner de la réalité profonde. Malheureusement, c’est une tendance extrêmement forte ! En revanche si vous osez ne pas vous satisfaire de l'opinion dominante, vous avez vite des doutes.
Par exemple, hier soir, avez-vous rapproché des faits extrêmement médiatisés que peu de monde aura pourtant mis en parallèle : la condamnation de Alstom à  75.000 € d'amende pour avoir exposé ses salariés à l’amiante, l’arrestation de 3 faucheurs de maïs OGM à Marmande, et l’interdiction de la vente des huîtres du Bassin d’Arcachon? Dans un cas on a condamné des gens pour ne pas avoir appliqué le… principe de précaution. Dans l’autre on va le faire pour des gens qui réclament que l’on applique ce principe. Et, dans le troisième cas, on applique le principe de précaution sévèrement sur des critères dont on n’est absolument pas sûr, mais qui va condamner toute une filière. Comprenne qui pourra!

MISE EN DANGER DE LA VIE D'AUTRUI
Le tribunal correctionnel de Lille a en effet lourdement sanctionné la société Alstom Power Boilers en lui infligeant cette amende de 75 000 € pour avoir exposé ses salariés à l'amiante à Lys-lez-Lannoy, dans le Nord, de 1998 à 2001. Un ex-directeur a par ailleurs été condamné à 9 mois de prison avec sursis. Cette peine maximale avait été requise le 22 mai à l'encontre de l'entreprise nordiste qui était jugée pour "mise en danger de la vie d'autrui" et un an de prison avec sursis avait été demandé contre l'ancien directeur du site, Bernard Gomez, qui a été condamné à 9 mois avec sursis et 3.000 € d'amende pour le même chef et pour non-respect des règles... d'hygiène et de sécurité…
La société devra également verser 10.000 € à chacun de ses 150 salariés et chacune des associations parties civiles au procès. Elle devra afficher le jugement pendant deux mois au siège d'Alstom, et le publier dans plusieurs quotidiens nationaux et régionaux. L’un des ouvriers est mort à 49 ans des suites de cette exposition à un danger patent que les responsables de tous bords on nié durant des années. On annonce 100 000 morts dans les années à venir, et des centaines de procès qui coûteront des milliards d’€ à notre société en raison de l’absence totale de respect de la santé des hommes par d’autres hommes, soumis à la seule règle du profit. Aucun Ministre ne s’est élevé contre ce comportement dramatique de dizaines de responsables d’entreprises qui ont sciemment joué avec la vie de leurs employés ! Il est vrai que ce serait électoralement maladroit !

TROIS OTAGES ARRETES POUR L’EXEMPLE
De l’autre coté, trois pauvres malheureux faucheurs "otages" ont été arrêtés parmi 200 à 300 samedi lors de la destruction de 15 hectares d'un champ de maïs OGM. A leurs cotés, se trouvait José Bové, qui réclame, avec de plus en plus de citoyens, au minimum un moratoire sur l’implantation de maïs OGM en plein champ comme celui de Grézet-Cavagnan, près de Marmande (Lot-et-Garonne).,
Le ministre de l'Agriculture, Dominique Bussereau, a illico condamné "avec la plus grande vigueur" l'arrachage de plants de maïs transgénique. Il "réaffirme son soutien aux agriculteurs victimes de fauchages illégaux" et rappelle que "les auteurs de destructions d'OGM seront systématiquement poursuivis".
Le ministre a dénoncé, de la part des militants anti-OGM, une "provocation délibérée" et des "actes de vandalisme irresponsables, contraires à l'Etat de droit, et au respect de la propriété privée et de l'outil de travail". Ce brave Bussereau assure que "les expérimentations et les cultures commerciales d'OGM sont pratiquées dans un cadre étroitement réglementé, fondé sur une évaluation scientifique, qui a pour objet d'assurer que la dissémination d'un OGM ne présente aucun risque tant pour la santé humaine que pour l'environnement". Le même cadre que celui mis en place dans les usines contre l'amiante?
Les trois hommes, dont les identités n'ont pas été révélées, n'ont eu accès à leurs avocats que dimanche après-midi, à la fin de la première période de 24 heures de garde vue, a précisé le procureur de la République de Marmande. C'est rassurant, compte tenu de  l’importance de leurs délit qui nécessitait quasiment une mise au secret totale. Réunis à l'appel des Faucheurs volontaires, les militants anti-OGM étaient venus de plusieurs départements du Sud-Ouest et ils se sont attaqués à un champ de maïs OGM... d'une centaine d'hectares qui a fait récemment l'objet d'une étude scientifique tendant à montrer la réalité de la dissémination des OGM dans un rayon de 300 mètres pour les autres maïs semés autour et de 1.200 mètres pour les ruches.
José Bové a expliqué que des apiculteurs et des agriculteurs biologiques du Lot-et-Garonne avaient mené des tests sur ce champ, mettant en évidence une "pollution génétique" et un "risque de contamination" jusqu'à plusieurs centaines de mètres, via les pollens du maïs OGM. En l’occurrence, ces militants pacifistes ne réclament que l’application du principe de précaution que les patrons d’Alstom ont refusé à leurs ouvriers à une époque où il prétendaient pourtant avoir pris… toutes les mesures pour les protéger. On a vu, et on a pas fini de voir, le résultat. Il est vrai que les tests de la souris n’existaient pas pour l'amiante et les OGM ! 
DES HUITRES TERRORISTES POUR LES SOURIS
L’Etat peut pourtant se montrer intransigeant quand il s’agit de préserver la santé de la population. L’amiante n’était pas dangereux, les OGM ne le sont pas (croix de bois, croix de fer, si je meurs…) mais, en revanche, les huîtres terroristes du Bassin d’Arcachon sont, elles, tellement dangereuses qu’elles sont suspectées de décimer les souris qui dévorent massivement des produits de la... réserve naturelle du Banc d’Arguin. Dans ce cas dramatique, les pouvoirs publics se retranchent derrière… le principe de précaution qu’ils n’ont jamais appliqué pour l’amiante, et qu’ils refusent de mettre en œuvre pour les OGM. Selon les cas les positions des scientifiques deviennent alliées ou adversaires du milieu économique.
Le Préfet de la Gironde a donc pris un arrêté interdisant à nouveau la pêche, le ramassage, le transport, le stockage, l'expédition et la vente des huîtres du Bassin d'Arcachon à la suite d'analyses biologiques qui dépassent "les seuils sanitaires d'interdiction". En revanche, il casserait un arrêté d’un maire qui interdirait la culture de maïs OGM sur sa commune, alors que son prédécesseur a été ignorant de l'utilisation de l'amiante dans les usines de Bassens ou sur le Port Autonome.
On peut supposer que si José Bové et ses amis allaient jeter à la mer des sacs d’huîtres, ils seraient expédiés dans une cellule du commissariat d’Arcachon, poursuivis en justice, et condamnés pour atteinte à la propriété privée. M. Bussereau se fendrait alors d’un communiqué de soutien aux ostréiculteurs, qu’il conduit par ailleurs, sous sa tutelle, à la ruine. Rassurez-vous, il les recevra, dans quelques jours, pour leur annoncer (je prends les paris) qu’il va changer les règles des examens scientifiques de mesure de la nocivité des algues.
Jamais la situation n’a été aussi ubuesque : on a laissé condamner sciemment à une mort lente, des ouvriers, alors que l’amiante était reconnu nocif depuis des décennies, on "emprisonne" ces mêmes ouvriers ou paysans qui tentent d’empêcher une diffusion des OGM dont on ne connaît pas véritablement les conséquences à long terme sur la nature et la santé, on interdit en revanche à des producteurs ou à des salariés de vendre leur seule ressource, au prétexte que les souris meurent d’indigestions inexplicables… (1)
Si vous comprenez, merci de m’expliquer où se trouve l’égalité  de la justice dans ce pataquès, qui révèle en fait une seule vérité : le profit domine toutes les autres considérations ! Pour le reste, circulez! Vite, car si les forces de l'ordre vous cueillent près d'un champ d'OGM, mangeant des huitres sur une nappe en amiante,  vous risquez de finir en prison!
Mais je déblogue…
(1) Quelques heures après l'envoi de cette chronique 3 ostréiculteurs de La Teste ont ete arrêtés...Pas ceux de Gujan et d'Arcachon. Cherchez pourquoi...
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4 septembre 2006 1 04 /09 /septembre /2006 07:31
Il n’y a jamais eu autant " d’universités " d’été. Jamais autant de militants se sont précipités dans ces lieux exceptionnels d’où doit jaillir la lumière. Ils viennent y entendre les bonnes paroles et y prendre les consignes. Or, depuis des siècles, c'est dans ces enceintes que ce sont jouées, bizarrement, les révolutions les plus dévastatrices pour l’ordre établi. Sur les campus, on a fomenté les plus fortes révoltes et bon nombre d’étudiants sont même morts pour une certaine idée de la société dans laquelle ils voulaient vivre. On en est bien loin, avec ces colonies de vacances forcées pour militants motivés.
Les " universités " des grands partis politiques paraissent en effet  très éloignées de cette histoire du mouvement estudiantin. De révolte,  point. De doutes,  jamais. Des interrogations, rarement. Des ovations délirantes, souvent. Des "petites phrases", toujours. Des déclarations fracassantes, en pagaille. On vient plutôt dans les " amphithéâtres " pour assister à un spectacle, parfois mis en scène avec un déluge de moyens financiers, auquels justement... les véritables universités ne sont guère habituées. On ne s'y rend surtout pas pour y chercher des idées, mais pour s'y montrer, car tout l’art de la politique passe désormais par le spectacle. Il y a fort à parier que des metteurs en scène seront vite recrutés, pour " monter " ces opérations de marketing qui ne convainquent que… des convaincus, mais servent surtout à magnifier des images dont se serviront les télés.
On a eu un exemple frappant de ces réalités après celle du PS, avec les rassemblements " universitaires " de l’UDF, de l’UMP et du FN, qui ont eu l’excellente idée de se succéder ou de se chevaucher ce week-end. Chacun illustrait à sa manière l’état du parti organisateur, à un an du grand examen de 2007.

UNIVERSITAIRES PS, UDF, UMP, FN
Au P.S. on n’était simplement, à La Rochelle, que de passage, pour se rendre à des travaux pratiques dans des lieux séparés. On y a affiné les techniques concrètes. On y a testé des raisonnements. On y a bâti des stratégies individuelles. Si le " prof " s’est exprimé en fin de cycle, il n’a pas témoigné d’une autorité suffisante pour calmer les velléités séparatistes. Le PS a inventé les sous-universités dans l'université, et les Instituts Universitaires de Trahison (IUT), qui ont foisonné durant plusieurs jours. Tout se passait ailleurs que sur le campus officiel! Le PS est en miettes, et ce n'est pas le Jospinien Manuel Vals  qui me contredira !
A l’UDF, on avait choisi la Grande Motte pour faire peuple, et il ne s’agissait que d’exister dans un univers impitoyable. Toutes les déclarations, toutes les actions, visaient à se frayer un chemin dans l’embouteillage actuel des candidatures. On a tout tenté pour démontrer que, comme la gare de Perpignan était le centre du monde pour Dali, le chapiteau de toile sous lequel s’exprimait François Bayrou recevait… le monde du centre ! Peine perdue, dans les universités, le Père François n’a pas pu renouveler le coup qui l’a rendu célèbre : celui de la claque ! On n’en distribue plus depuis des siècles.
A l’UMP, on a redonné du lustre au fameux culte de la personnalité que les Staliniens aimaient tant. Vous savez, celui que les démocrates de tous bords critiquaient tellement quand, dans un Plénum du Soviet suprême, les délégués debout ovationnaient à tout rompre un discours-programme au Peuple, lui promettant le bonheur malgré lui par la rupture sociale. Avec un bon millier de policiers réquisitionnés, les limousines préfectorales mobilisées pour déplacer les Ministres et jouer Taxi 1, 2, 3, la ville de Marseille compréhensive…on n'était pas loin des grands rendez-vous de cette époque révolue. Le décorum superbe ou le bleu remplaçait le rouge, les artistes officiels au premier rang, les hymnes populistes en ouverture et en clôture, confirmaient que l’on avait seulement américanisé le principe vieux comme le monde du candidat officiel. Depuis Louis Napoléon, on avait oublié, en France, ce principe démocratique voulant que l’Etat ait son candidat qui a, en même temps, la charge d’organiser le scrutin auquel il se présente.
Au F.N. on n’a jamais aimé les étudiants, et encore moins les universités, qui ne pratiquent pas le révisionnisme. Alors, peu importe l’impact de ces retrouvailles placées opportunément à quelques kilomètres de celles de l’UMP, histoire de bénéficier de la même protection. Jean-Marie Le Pen a conclu en effet, à Saint-Martin de Crau, le rendez-vous des élus du Front national qui s'était tenue à Avignon. Discret, mais présent dans le jeu, il sait simplement que ce ne sont pas les adhésions de Doc Gyneco et de Johnny qui risquent de lui faire perdre ses espoirs de passer l’écrit du premier tour en 2007, et de se retrouver une fois encore à l’oral quelques jours plus tard. Il attend sagement que les autres s'épuisent !

PENSER PLUS AUX INFORMATIONS QU’A LA FORMATION
Il serait sain, pour le système éducatif, que l’on n'utilise plus le terme " d’université " pour ces rassemblements très diversifiés au cours desquels on essaie surtout de penser plus aux " informations télévisées " qu’à la formation. Il est vrai que nombreux sont les femmes et les hommes politiques qui sont justement passés sur les bancs de ces établissements plus ou moins célèbres. Et les autres, qui ne les ont jamais fréquentés, ne rechignent pas à se parer du titre d’universitaires occasionnels. Ca fait bien! Ils savent que, comme dans les "vraies", on repère plus vite les absents que les présents. En effet, pour être crédible, il est désormais indispensable de passer, ne serait-ce que l’espace du cours dispensé par le maître référent, dans un amphithéâtre. Si vous n’avez pas de " certificat médical " ou une " excuse valable " vous vous exposez en effet à des sanctions ultérieures.
Impossible de se contenter de se blottir contre un radiateur,  car le " prof " (et surtout ses assistants ou ses appariteurs idéologiquement musclés) notent soigneusement celles et ceux qui se battent pour se placer au premier rang. L’important consiste à démontrer son intérêt personnel pour le sujet du jour. Vous n’aurez pas le temps de poser des questions car, comme dans bon nombre de réunions de ce type, quand les intervenants ont délivré leur message, il n’y a plus beaucoup de place pour le débat. On y vient chercher le savoir, la vérité révélée, la science infuse et on repart avec ses " notes " à travailler pour les semaines à venir.
SE NOURRIR D’AUTRE CHOSE QUE D’IDEES
 Le "restaurant universitaire politique d'été" prend une importance particulière. Selon vos copains et le niveau de la table où vous déjeunez,  vous pouvez indiscutablement faire un bond notable dans la hiérarchie. Le menu doit être frugal (le plateau repas tient la corde) afin de donner l’impression que l’on n’est pas venu pour se nourrir d’autre chose que d’idées. Le contenu de l’assiette s’efface devant la composition du groupe qui vous accompagne.
Avec un peu de chance, vous pourrez approcher celle ou celui qui connaît celle ou celui qui peut parler de vous à celle ou celui qui côtoie l’idole. Et, quand vous rentrerez à la maison, vous aurez ainsi un motif d’espérer devenir un jour un " étudiant " privilégié appelé aux fonctions de maître assistant en province. Signalons, pour les débutants, que les repas du soir, plus conviviaux et confidentiels, sont ceux qu’il faut rechercher.
D’ailleurs, si vous examinez les cursus " universitaires " des candidats actuels aux présidentielles, vous n’aurez aucune peine à trouver une phrase du genre " Elle (il) a été remarqué par Valery Giscard D’Estaing, François Mitterrand ou Jacques Chirac… lors de telle ou telle intervention dans une université des jeunes… ". Ca se sait, et ça se prépare.
Il faut donc souvent deux ou trois ans avant de trouver une ouverture. Il n'est pas mal vu, bien au contraire, de redoubler pour bien se montrer auprès des " pros " des universités d’été. En général ce sont les mêmes que pour les Congrès, les colloques, les symposiums ou les journées d’études. Ils ont compris que pour faire une carrière en politique, il ne faut surtout pas manquer de tels rendez-vous, où les Parisiens viennent faire leurs emplettes de têtes formatées et adaptables. Pour cette année, c’est trop tard pour l’été. Mais vous avez encore un espoir : choisissez le bon comité de soutien et attendez la prochaine université… d’hiver ! C'est plus intime, et surtout vous verrez, on y retrouve encore plus de monde sur les planches.
Mais je déblogue… 
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3 septembre 2006 7 03 /09 /septembre /2006 10:44
C’était il y a un an jour pour jour. A la suite d’une discussion avec mon fils Silvain et Julien son collègue d’Empreintes graphiques je relevais le défi de publier, sur un blog autonome, une chronique quotidienne. J’aurai tenu sans défaillance une année, avec parfois un léger retard dans la journée, mais jamais un envoi absent. L’engagement que j’avais pris moralement, vis à vis uniquement de moi même, aura donc été respecté avec plus ou moins de talent ou de bonheur. Ce texte sera donc le trois cent soixante quatrième de l’aventure de L'AUTRE QUOTIDIEN. L’exercice est, je l’avoue, extrêmement exigeant et a considérablement raccourci mes nuits. Mais il n’y a rien de plus agréable que le sentiment d’avoir respecté sa parole.
Je relisais, avec recul et émotion (faites-le ça me ferait plaisir) le premier, où j’annonçais me lancer dans cette publication (" Mais je déblogue… "). Nous étions, il y a un an, seulement 1436 dans la rubrique " politique " d’over-blog, alors que douze mois plus tard, il faut se débattre dans une jungle de… 4218 titres différents. Face aux initiatives individuelles, sont en effet apparus des commandos collectifs spécialisés, commandés par les "grands" de ce monde, qui occupent avec vigueur et hargne l’espace encore libre. Les ténors de l’opinion dominante ont également investi dans ces supports de dialogue direct entre les citoyens et avec eux. Certes, il arrive qu’ils abandonnent, pour convenances personnelles, leur " outil de com " après usage, au bord de la route de la vie publique (voir Juppé), mais la plupart ont bien compris que le lien créé devenait impossible à couper. Ils se contentent souvent de " pipoleries " affligeantes, mais qui satisfont leur électorat admiratif. Il y a aussi les retardataires, comme Jospin, qui arrivent quand la bataille est lancée sans eux! 
Peu d’entre eux prennent le risque de se fâcher avec les lectrices et les lecteurs potentiels, ou d’alimenter le débat. Ils demeurent sur le concept très lisse du " magazine sur papier glacé ", porteur de leur image. Leur blog devient une sorte de " Voici " ou de " Gala " peu coûteux, qui " nombrilise " à chaque parution. Il faut aussi reconnaître que, sur la quantité des adresses, des milliers sont quasiment en sommeil ou mort-nées (on évalue à seulement 40 % ceux qui ont une activité régulière), avec parfois l’idée de les réactiver au bon moment.
Il semble pourtant que l’on a acquis la certitude que les présidentielles se joueront, en partie, sur ce nouveau vecteur d’information pour l’instant encore libre. En effet le blog permet de contourner, par son effet boule de neige, la montagne médiatique quasiment uniforme qui obstrue l’horizon des gens épris de dialogue, de débat et de confrontation des idées. Par sa rapidité de transmission, par l’importance des réseaux désormais constitués, par les liens de sympathie découlant des échanges, un message peut être réellement lu par davantage d’électrices et d’électeurs potentiels que ceux qui regardent d’un œil distrait TF1. En définitive, l’individu lambda, porteur d’une information, d’un commentaire, d’une proposition, peut prendre de vitesse un système lourd, lent et sous contrôle.

L
E PLAISIR DE RENCONTRER LES AUTRES
En ce qui me concerne, j’avoue que, si je ne suis pas certain de toujours apporter ce que je voudrais vous apporter, j’ai eu le véritable plaisir de rencontrer les autres. C’était mon idée : aller vers eux, susciter des rencontres, des échanges, du partage démocratique. J’ai, grâce au blog, dans la proximité ou dans le lointain atteint partiellement mon but. J’ai noué des liens amicaux avec certains d’entre vous. Les chroniques ont suscité près de 1000 commentaires, auxquels je m’abstiens de répondre en ligne car je les accepte tous comme une contribution souhaitée et donc respectable.
 
L’AUTRE QUOTIDIEN n’a pas besoin de fans, mais simplement de lectrices et de lecteurs libres et désireux de peut-être voir autrement une actualité formatée, aseptisée, préfabriquée, déclinée par certains professionnels à l'égard  desquels il faut nourrir une grande naïveté pour avoir confiance. Il ne porte pas la vérité, mais mes doutes. Il ne décline pas des certitudes, mais mes interrogations. Il ne pratique pas le cirage de pompes, mais mes coups de gueule. Il n’a pas de prétention à porter des désirs d’avenir, mais tout simplement à parler de mon présent. Il ne traduit pas les prédictions d’un gourou, mais mes instantanés critiquables, sur une parcelle concrète de la vie. Il ne transpire pas la philosophie ésotérique ou la sociologie de bazar, mais se veut mon reflet partial et partiel du quotidien. Il ne se soucie guère des convenances, mais davantage de ma vision du parler vrai. Du moins, c’est ainsi que je voudrais qu’il soit perçu. Et, comme personne n’est obligé de payer pour le lire, que personne n’est obligé de croire en son impact, que je ne tente pas de l’imposer comme une référence idéologique, je ne pense pas accomplir une œuvre quotidienne néfaste. Pour ne pas être choqué par son contenu : il suffit de ne pas le lire!

UNE ANIMOSITE PARTICULIEREMENT VIVE
Il n’en reste pas moins vrai que si L’AUTRE QUOTIDIEN m’a valu des rencontres agréables, il a aussi généré, à mon égard, une animosité particulièrement vive. Jamais je n’aurais imaginé que la libre expression soit aussi peu reconnue, dans une société qui réclame pourtant, à cors et à cris, le droit à exister. Jamais je n’aurais pensé que vouloir éditer, hors des circuits institutionnels, un support d’information strictement personnel générerait autant de haine. J’ai découvert que le monde réactionnaire n’est pas toujours où on le croit!
Le milieu politique et surtout celui de gauche n’a visiblement pas encore évolué. Pire, il n’a rien compris à la mutation médiatique qu’il critique, car c’est bien vu, mais avec lequel il se comporte comme un "drogué dépendant" n'osant pas dénoncer son fournisseur. Il confond journaliste et serviteur, il confond information et valorisation, il reste sur l’idée que la consigne s’impose à la conscience. J’ai reçu des courriers comminatoires extraordinairement staliniens, des lettres "d’amis se plaisant à souligner les dangers que j’encourrais en maintenant mon blog. J’ai eu des coups de téléphone menaçants, et j’ai même eu une prise à distance de contrôle de mon ordinateur. Inimaginable, mais pourtant bel et bien exact ! L'année écoulée m'a beaucoup appris sur la liberté des militants! 
On ne me salue plus. On me fait la gueule ! On se détourne quand j’arrive ! On évoque mon sort en réunion de rédaction ! On discute de la manière de me faire taire, en réunion de cabinets noirs ! Bref j’emmerde beaucoup trop de monde, car je transgresse le fameux silence complice, et surtout je suis réputé incontrôlable. Mes amis se sont parfois évanouis, mais ils finiront par revenir.

LE PRISME DU CARRIERISME
Je confesse (et ce n’est pas dans ma culture) que ce doit être pénible pour ceux qui aiment bien dispenser des prébendes, des avantages, des postes, des louanges éphémères à ceux qu’ils peuvent ainsi mettre à leur service. Ils cherchent, avec leur prisme habituel du carriérisme (et croyez-moi il sert et servira de plus en plus de filtre à idées), à expliquer les motivations qui me poussent.
Pour eux, je nourris un objectif particulier qu’ils cherchent à déceler. Ils scrutent mes écrits pour y voir le type d’arrière-pensée qu’ils ont eux-mêmes en permanence… Ils ne peuvent même pas comprendre, car leur décodeur ne fonctionne pas sur des initiatives totalement désintéressées. Je ne sers personne. Je ne vante même pas les mérites de ceux que je soutiens. Je me contente d’essayer d’être sincère dans mes écrits et mes actes… Et je n’ai donc pas de prix à payer, puisque je ne revendique plus rien ! je me contenterai de ce que l’on voudra bien me demander de faire au service de mes convictions. Et même, si ça ne me convient pas, je suis sûr d'avoir aussi la force morale de pouvoir le refuser. Et je l'ai déjà fait!
Merci donc à vous qui, depuis un an ou depuis moins, me rejoignez chaque jour ou plus irrégulièrement. L’AUTRE QUOTIDIEN évoluera, mais demeurera grâce à vous encore durant quelques temps. Tant que j’aurai plaisir à m’exprimer librement et que je sentirai que j’apporte quelque chose au débat… qui nous attend, je serai au rendez-vous quotidien ! Pour le reste, il suffit que je supporte encore mon image, le matin, en me rasant.
Mais je déblogue…
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2 septembre 2006 6 02 /09 /septembre /2006 07:17
Démago de droite, Michel Sardou avait fait un tube avec une chanson qui reprenait en refrain " Ne m'appelez plus jamais France ", à propos du célèbre paquebot désarmé des années 70. Cette chanson, qui ressort de temps en temps, pour évoquer les turpitudes de la grandeur française, mériterait d'être relookée avant les échéances électorales prochaines. Elle pourrait tourner autour d'un autre concept, qui serait le suivant " ne m'appelez plus la Gauche ".
Il paraît, selon les nouveaux concepts des conseillers en communication qui prennent le pouvoir auprès des gens qui comptent, que c'est très mal vu et qu'il vaut mieux éviter le mot dans ses déclarations. D'ailleurs, soyez donc attentifs, et vous verrez que le nombre de fois où cette affirmation, qui concerne un principe ou une action apparaît, se réduit à vue d'oeil. Il n'existerait pas, Contrairement à ce que les maîtresses s'évertuent à inculquer à nos chères têtes blondes en maternelle, il n'y aurait pas véritablement de droite et de gauche. C'est là un principe aussi ringard que la méthode globale de lecture! Il y aurait des "orientations gestionnaires divergeantes", mais plus aucun repère clair en la matière. Ainsi, vous le savez, il fut une époque coercitive où l'on fabriquait des...gauchers contrariés, preuve, s'il en fallait une, de la nocivité de cette obligation de choix.
Ces derniers temps ne m'ont pas encore convaincu qu'il fallait se faire une raison, c'est-à-dire abandonner l'utopie pour la réalité. Les symptômes du "mal bleu" paraissent inquiétants. Si vous vous munissez du stéthoscope médiatique et que vous écoutez bien les discours ambiants, vous distinguerez vite des paroles fortes de dérive, alors, vous noterez des silences assourdissants, ou mieux des notions floues impossibles à retenir. Si, ensuite, vous regardez dans l'oeil de vos interlocuteurs huppés, vous observerez qu'ils sont atteints de strabisme  plus ou moins fort, les conduisant à regarder vers leur droite, en arguant du fait que, de l'autre coté, il n'y a rien de bien intéressant à voir.
Peu d'entre eux se maintiennent droit dans leurs bottes et, de plus en plus, ils aspirent à se poser sur un fauteuil rembourré, plus rassurant pour leur avenir. Enfin, il semble que l'épidémie gagne du terrain au nom du principe de réalisme. Le coma du 21 avril 2002 n'a pas encore été perçu comme un événement inquiétant pouvant se reproduire, et même les aveux douloureux de celui qui avait commis "l'erreur médicale" l'ayant provoqué, n'a pas encore changé le cours des choses.

LE FRINGANT CHEVALIER BAYARD
D'abord il y a eu le plus fringant chevalier Bayard de la VI ° République, qui a brutalement été piqué par la mouche de la "langue bleue". Il a oublié ses chevauchées endiablées, son enthousiasme dévastateur, son charisme prometteur. Il n'y avait pas pire pourfendeur de... la langue de bois, pas plus intransigeant dans l'honnêteté intellectuelle, plus performant dans la diatribe vengeresse. Et, qui plus est, il était allé voir l'un des ses anciens potes, désormais sénateur, pour lui faire une offre honnête : "toi et tes copains du conseil national du PS, vous me soutenez et vous allez voir ce que vous allez voir! Je fais faire un malheur !"
En fait, dès qu'il est descendu de son fier destrier idéologique, qu'il a quitté son armure, il a illico été infecté par la fièvre catarrhale, dite maladie de la "langue bleue", dont on sait qu'elle a, à toutes les époques, frappé les moutons de Panurges se rendant à l'abreuvoir de la notoriété. Cette épizootie se manifeste par une forte fièvre incontrôlable, qui fait monter en flèche les thermomètres, et donne l'illusion d'une guérison à court terme. En fait, elle se propage par moucherons interposés, insaisissables, et compromet durablement l'avenir.
Les plus éminents et anciens spécialistes ne savent pas véritablement comment l'éradiquer, d'autant qu'ils ont du mal à combattre un virus insaisissable. Les antidotes qu'ils puisaient d'ordinaire à gauche n'ont plus aucun effet sur une dérive collective irraisonnée. Le pragmatisme domine, et le débat sur le traitement à adopter est considéré comme une agression artificielle illicite. On a donc chargé l'ex-chevalier Bayard de répondre coup pour coup, et d'administrer quelques traitements de choc, si le besoin s'en fait sentir.

UNE SORTE DE FANTOME AUTOGESTIONNAIRE
Ensuite, on a vu une ombre se promener du coté de La Grande Motte, une sorte de fantôme autogestionnaire, venu de la nuit des temps qui, lui aussi, a perdu tout repère. Il erre dans le monde politique après une série cuisante d'échecs. Il va d'un lieu à un autre, désespéré de constater que son virage à droite n'a pas entraîné de séisme. Au contraire, celui qui "rêve" de dépasser les clivages politiques, a accueilli avec un grand plaisir ce nouveau compagnon potentiel de route. "Vous avez fait un coup fumant en m'invitant ici parce que ça nous donne l'occasion de faire réfléchir au refus de la guerre civile" entre camps politiques, s'est amusé l'ex-champion du PSU.
"Il vous faut, vous par rapport à vos électeurs, comme nous par rapport aux nôtres, créer les conditions d'une rencontre un peu plus dynamique", a-t-il dit." Ce n'est pas facile. Mais, après tout, si c'est cela que vous avez dans la tête, je suis bien d'accord avec l'idée que nos électeurs doivent devenir moins sectaires et que nous devons les y aider. Je voulais vous le dire par loyauté: je reste chez moi avec mes bagages", a cependant pris soin d'ajouter l'invité. "Mon arrivée ici est un geste d'amitié vers vous, mais pas l'annonce de mon adhésion." Ouf ! On est soulagé car les apparences étaient trompeuses. Vous pouvez me rétorquer que ce ne sont que des apparences et pas des réalités, mais en entendant certains propos, on peut en douter. D'autant qu'ils n'ont pas été tenus à La Rochelle devant un parterre mouvant, aux réactions parfois incontrôlables. Il est vrai que quand on a vu la "patronne des patrons" faire la bise et tutoyer son nouvel ami du centre comme elle l'avait fait avec son copain de droite, on ne saurait douter du cap pris.

DISSOLUTION ET SATURATION
Enfin, l'une de mes premières leçons de sciences naturelles, comme on disait bêtement alors, avait pour thème " dissolution et saturation ". Elle consistait à démontrer au 37 élèves d'un CM2 de l'école de Fieffé, à Bordeaux, que l'on peut lentement faire disparaître dans un liquide incolore, inodore et sans saveur un corps solide. Il suffit d'agiter un peu le tout dans un récipient pour que, lentement mais sûrement, la magie de la dissolution opère. Les enfants adoraient prendre conscience de ce phénomène.
On assiste, depuis quelques semaines, au même processus lent mais inexorable. Dans un flot de paroles, se dissolvent les éléments fondamentaux de la Gauche. On touille un peu. On tourne autour du pot avec méthode. On triture, et hop ! Tout disparaît dans le liquide standard dit opinion dominante supposée Et on attend les ralliements pour déguster, en groupe, ce breuvage insipide.
Il arrive aussi qu'à force de mettre des cuillerées en douce, on finisse par saturer le contenu. Il n'accepte plus d'absorber les apports massifs qu'on lui impose et on retrouve, au fond, les résidus du dépôt originel. Et l'on va inévitablement vers un rejet massif du produit fini. On l'a vu : pour un oui ou pour un non, les consignes sont mises en pièce par les consciences.
La tactique actuelle tourne pourtant davantage à la dissolution discrète, par petites doses, par annonces mesurées, par petits paquets glissés au coeur d'un support aussi neutre que possible. On essaie d'expliquer que cette tactique est la meilleure, qu'il ne faut absolument pas affoler les " buveurs de bonnes paroles ", qu'il ne faut pas choquer les âmes sensibles, qu'il n'y a de vérité que dans le mélange des genres, savamment répartis. On le déguste ensuite, bien évidemment, de la main droite!
Mais je déblogue? 
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