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17 septembre 2008 3 17 /09 /septembre /2008 07:17

Le métier de charcutier électoral appartient à l'histoire de la République. Même s'il s'est modernisé avec l'arrivée d'ordinateurs surpuissants qui peuvent triturer, extrapoler, découper au laser des circonscriptions électorales, le savoir faire doit rester le même. Il faut à la fois préserver ce que l'on a de meilleur et de breveté sans risques, tout en effectuant des frappes chirurgicales susceptibles de faire basculer ce dont on a besoin pour conforter son assise territoriale. Prétendre le contraire relève simplement du déploiement d'un réseau de fumée ou de la prestidigitation pure et simple, permettant de transformer un œuf en poule dans un chapeau réputé neutre.
Surtout lorsque la personne qui est à la manœuvre cumule la responsabilité de charcutier avec celle de revendeur auprès de ses copains.
Le projet de redécoupage des circonscriptions législatives sera présenté ce matin au conseil des ministres, et une vingtaine de départements devraient à terme perdre ou gagner des députés, selon Alain Marleix, secrétaire d'Etat à l'Intérieur et... secrétaire aux élections à l'Ump. On considèrerait, dans la vie publique de base, qu'il y a délit d'initié ou même gestion de fait. Comment concilier les deux fonctions, et clamer partout que rien ne justifiera un charcutage propice. « On ne peut pas nous accuser de charcutage électoral », assure l'artisan de la réforme potentielle. « Je reçois tous les députés concernés, qu'ils soient de la majorité ou de l'opposition, et j'ai vu tous les responsables de l'opposition », comme si une visite de courtoisie constituait une garantie d'objectivité dans les décisions ultérieures.
Le conseil des ministres examinera, ce matin, « un paquet législatif global », comprenant des ordonnances sur le découpage électoral, le projet de loi d'accompagnement pour créer une commission de contrôle de ce découpage, pour le Sénat comme pour l'Assemblée nationale, une loi organique sur la création de postes de députés des Français de l'étranger, et une loi organique sur le retour au Parlement des députés qui ont été ministres, ce qui permettra de remanier, sans état d'âme, puisqu'il n'y aura pas de partielles. « La loi nous fait obligation de pratiquer le découpage électoral, en particulier l'article 3 de la Constitution qui dit qu'il faut qu'il y ait équité devant le suffrage universel»,  a relevé le spécialiste, au sein de l'Ump, des désignations les plus appropriées.
« Il y a eu le redécoupage Pasqua qui a suivi le recensement de 1982, quand la France avait 55 millions d'habitants, et sur lequel on vit toujours. Or, elle en 64 millions aujourd'hui, et on vit dans un système qui a 23 ans. C'est pour cela que nous procédons à ce redécoupage ». On ne peut pas véritablement dire que le « redécoupage Pasqua fut véritablement un exemple de concertation et de transparence, et donc le « charcutier » actuel ne peut pas faire pire.

PLUS ET MOINS
Le Conseil constitutionnel avait en effet souligné, après les dernières législatives de 2007, l'urgence de procéder à ces ajustements, et donc, pour une fois, on essaiera de lui faire plaisir. Relevant que la réforme constitutionnelle ne permet pas d'ajouter une seule circonscriptions aux 577 existantes, il a souligné que le boulot se ferait avec une clé de répartition des sièges par tranche et fraction de tranche de population. Cette clé était de 108.000 habitants pour un député, elle va approcher les 125.000 habitants, avec toujours un minimum de deux sièges par département quelle que soit sa population. Ces paramètres incontournables seront donc déclinés département pas département. Ils paraissent objectifs, mais comme les territoires sur lesquels ils s'appliquent ne sont pas socialement identiques, il y aura quelques ajustements subjectifs.
On va donc forcément couper des têtes à Paris qui en perdra deux, mais aussi dans le Nord, le Pas de Calais, la Marne, la Somme, la Seine-maritime, et le Jura. Tous ces départements ont actuellement une majorité de députés de... gauche sur leur territoire mais c'est certainement un hasard des statistiques. En revanche, il y aura plus de députés dans la Seine-et-Marne, le Val d'Oise, l'Hérault, la Haute-Garonne, la Gironde, le Gard, le Vaucluse, le Var, les deux Savoies, l'Isère, et l'Ain qui détiennent, pour la majorité d'entre eux, plus d'élus de droite que de gauche (sauf en Gironde et en Haute-Garonne, dans lesquels un siège en plus pourrait bouleverser les équilibres territoriaux actuels) mais là encore on ne doute pas de la nécessité de rééquilibrer la représentation nationale.
Il faut aussi savoir que dans les Bouches-du-Rhône, par exemple, où il n'y aura pas de création de siège mais où il y a des disparités démographiques, il faudra effectuer des
« remodelages », et le nombre de circonscriptions qui seront créées pour les Français de l'étranger n'est pas encore fixé. Si l'on considère que ces gens là sont parfois partis pour ne plus payer les impôts qu'ils doivent à la solidarité nationale en France, il faut s'attendre à ce qu'ils soient... récompensés à la hauteur de leur citoyenneté !

VOUS AVEZ DIT CONTROLE ?
Une commission de contrôle supervisera le processus, mais pas encore le résultat. Elle sera composée de trois personnalités qualifiées : une nommée par le président de la République (Ump), une nommée par le président de l'Assemblée (Ump), une nommée par le président du Sénat (Ump) et trois magistrats sous l'œil du Conseil supérieur de la Magistrature. Il faudra que les personnalités choisies reçoivent l'agrément des deux commissions des Lois de l'Assemblée nationale et du Sénat majoritairement... Ump. Si ce n'est pas donner des gages de neutralité absolue, c'est à désespérer de tout. Pourquoi ne pas avoir, par exemple, constitué une commission avec des personnes non élues, désignées par tous les partis représentés à l'assemblée sur la base de la proportionnelle ? Pourquoi ne pas avoir demandé au Conseil d'Etat de désigner trois des siens dans ce groupe de contrôle, plutôt que des magistrats ?
Il est vrai que, dans le cadre de « l'ouverture », le Président de la République peut encore désigner Claude Allègre ou Hubert Védrine; que celui de l'Assemblée Nationale a le loisir d'aller chercher Patrick Poivre d'Arvor ou Bigard ; que celui du Sénat pourrait créer la sensation en désignant Edouard Balladur ou Dominique Baudis... tout est désormais possible dans cette société du vedettariat permanent. D'ailleurs, on ne voit pas très bien ce que va venir faire la dite commission, quand on sait que ce sont les ordinateurs du ministère de l'intérieur qui ont déjà fait tout le travail. Le reste, ce ne sera que pour le décorum démocratique. En fait, Marleix va utiliser la technique Sarkozy : aller, d'entrée, le plus loin possible, pour ensuite faire éventuellement machine arrière, sauf si personne ne se manifeste.

LA CHASSE AUX SORCIERES
Le seul véritable espoir que peuvent donc caresser les gens de gauche, c'est que le charcutage proposé soit extrêmement sarkozyste, et que la chasse aux « dissidents » de l'Ump provoque des remous. Par exemple, sur le site Bakchich-info on trouve une première victime potentielle : Jean-Pierre Grand, député UMP de l'Hérault, et notoirement villepiniste, a du mouron à se faire. Nicolas Sarkozy et Alain Marleix, secrétaire d'Etat à l'Intérieur et aux Collectivités territoriales, auraient décidé de casser sa circonscription, pour lui apprendre à respecter le président. Au profit de Stéphan Rossignol, ex-collaborateur de Jacques Blanc et maire sarkozyste de La Grande-Motte, qui s'apprête à accueillir le groupe Partouche pour créer un futur Las Vegas. Et ça, ça plait.
En haut lieu, on reproche à Jean-Pierre Grand d'être très critique à l'égard de Sarkozy. Pour ses différentes prises de position, il avait été, fin 2007, suspendu du bureau politique de l'UMP, et il a, plus récemment, défendu Chirac, lorsque Sarko l'a critiqué lors de son récent souper élyséen avec les députés : « Jacques Chirac et la presse en ont pris plein la gueule », avait dit le député de l'Hérault. « Je regrette que le président de la République ait été aussi dur avec son prédécesseur Jacques Chirac, c'est très injuste ». Cerise sur le gâteau, Grand avait proposé à... Dominique de Villepin de reprendre sa circonscription après l'élection de Sarko. On verra ce que la commission dira quand sera évoquée la situation dans l'Hérault, et si elle tiendra compte de ce type de vengeance masquée. L'Elysée veille en effet sur la marmite à soupe parlementaire.
Tenez hier Marseille a été désignée comme ville européenne de la culture pour 2013. On le savait depuis plusieurs jours dans les milieux parisiens généralement bien informés : Nicolas Sarkozy ne souhaite pas un retour d'Alain Juppé aux affaires, et surtout en 2013, alors que ce brave "César" Gaudin n'est guère inquiétant pour l'avenir. Il sera content avec son hochet culturel, et il ne se précipitera pas sur le fauteuil de Président du Sénat dans quelques jours. Quant à Juppé (on va tenter de privilégier l'ami personnel du président, Yves Foulon, maire d'Arcachon, en lui taillant un fief sur mesures pour des années), on va lui compliquer un peu la vie, en tripatouillant les circonscriptions bordelaises trop exiguës. Les paris sont pris. Rendez-vous dans quelques mois pour vérifier que Charles Pasqua a transmis la recette du pâté d'alouette électoral : une alouette socialiste, et un cheval UMP, pour faire un mélange équilibré.
Mais je déblogue...

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16 septembre 2008 2 16 /09 /septembre /2008 07:17

Certain renard gascon, d'autres disent normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille
Des raisins mûrs apparemment,
Et couverts d'une peau vermeille.
Le galant en eut fait volontiers un repas;
Mais comme il n'y pouvait point atteindre:
«Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats.»
Fit-il pas mieux que de se plaindre?
Cette fable, la plus courte de toutes celles de La Fontaine, mérite de devenir une contribution pour le Congrès du Parti Socialiste. Elle pourrait figurer dans l'anthologie des textes révélateurs des comportements actuels. Les renards qui se placent au pied de la treille pour espérer décrocher la grappe exceptionnelle qui leur permettrait de se régaler durant quelques temps, commencent à se poser la question de savoir s'ils pourront aller au bout de leurs ambitions. Par exemple, le 3 janvier dernier Ségolène Royal, ex-candidate socialiste à la présidentielle, avait indiqué : « Si je suis capable de rassembler les socialistes sur cette offre politique, j'irai jusqu'au bout de cette démarche ». Mais avait-elle la capacité de « faire une offre politique »? Elle avait ajouté, à la mi-mai, avant que Bertrand Delanoé se manifeste «Si les militants partagent les orientations que nous proposerons, j'assumerai les responsabilités qui en découlent (...)» devant 4 à 500 militants réunis dans le XXe arrondissement, le plus populaire de la capitale, pour « un atelier citoyen ».
«Si les militants en décident ainsi et l'estiment utile pour le parti socialiste, j'accepterai avec joie et détermination d'assumer cette belle mission de chef du parti », avait ajouté Ségolène Royal, qui entendait «porter une conception du renouveau du socialisme en France et dans le monde». Il semble que, depuis hier soir et son passage sur TF1 devant beaucoup plus de monde que lors de sa déclaration de candidature, elle ait tiré un trait sur un poste qu'elle n'a aucune chance d'occuper. Cette marque de lucidité sur un avenir qu'elle n'a véritablement pas désiré, mais qui s'impose à elle, est honorable. La voici revenue à la case départ, depuis que les sondages ne sont plus à la hauteur des ambitions. Les autres vont suivre, mais il est à peu près certain qu'ils n'iront pas sur le plateau de Laurence Ferrari (il est en chute libre en terme d'audience) pour annoncer qu'ils se retirent sur la pointe des pieds, mais qu'ils le feront avec la certitude qu'une bonne retraite est parfois plus profitable qu' une mauvaise défaite.
En fait, quand on connaît les habitudes du PS, on sait qu'il faut se porter candidat pour mobiliser des troupes permettant de négocier un retrait honorable. Il est vrai que, depuis quelques jours, certains caciques songent essentiellement à protéger leur poste au niveau national, synonyme de médiatisation permanente. Selon les propos d'un élu girondin :
« pour faire carrière en Province, il faut être reconnu à Paris ! » et pour exister dans la capitale, il est indispensable de rester dans les 5 ou 6 personnes qui peuvent s'exprimer au nom de celles et de ceux qui bossent sur le terrain, sans accéder à ce statut de porte parole. D'autant que les listes des Européennes vont être constituées sur la base des résultats obtenus par les motions, et qu'il faut jouer « gagnant-gagnant ». De toutes parts, les ralliements se multiplient : secrètement ou ostensiblement, selon les nécessités du moment et l'objectif visé.

DES DECLARATIONS OUBLIEES
Ségolène Royal était pourtant partie pour grimper à la treille. Elle avait défendu sa candidature à la tête du Parti socialiste, vivement critiquée au sein du PS au nom de... l'unité du parti. « Je l'ai fait par transparence, par sincérité, par clarté, par cohérence », avait-elle imprudemment annoncé dans un moment de bravitude. « Je pense qu'aujourd'hui le monde a changé, et que le Parti socialiste doit changer, que les socialistes doivent changer pour répondre aux nouveaux défis du temps présent » avait-elle ajouté. On n'en parle plus désormais, car la donne a changé avec l'entrée en lice de Bertrand Delanoé.
« J'ai beaucoup réfléchi avant de dire une chose comme celle-ci. J'ai réfléchi aussi avec ceux qui m'entourent, les équipes. Il y a encore beaucoup de travail à faire, de clarifications politiques à apporter », avait précisé celle qui a, semble-t-il, oublié ces principes hier soir dans le Jité du 20 heures, bien meilleur tremplin qu'un Congrès. L'ancienne candidate socialiste à la présidence de la République avait jugé péremptoirement que le texte publié par Bertrand Delanoë, dans lequel le maire de Paris, son rival potentiel dans la succession, développe sa philosophie politique, relevait « d'une certaine conception de la politique ». Elle avait bien insisté sur le fait que ce texte avait également été signé par l'ancien Premier ministre Lionel Jospin. « C'est important que cela soit dit, parce que c'est une certaine identité politique qu'on retrouve d'ailleurs dans ce texte ». Merci pour lui ! Elle avait noté les "différences" existantes avec ses positions, notamment sur la démocratie participative, critiquée par le Maire de Paris. Il faut pourtant reconnaître que, désormais, ce sont les thèses de ce dernier qui sont majoritaires dans un Parti échaudé par les coups médiatiques éphémères donnant la sensation que les certitudes volent trop facilement en éclats.

UNE DIVERSITE PRODUCTIVE
Bizarrement, le PS n'a jamais été aussi solide. C'est forcément paradoxal d'oser ce constat, puisqu'il va à l'encontre des milliers de commentaires faits par les éditorialistes de tous poils, qui ne cessent de rabâcher que la guerre des chefs tue la crédibilité socialiste. Or, depuis les élections présidentielles, les socialistes ont effectué un nouveau bond en avant, avec la conquête de dizaines de villes importantes et de multiples départements. Jamais la Droite au pouvoir n'avait essuyé pareil désastre. Personne n'a souligné que des centaines d'élus locaux sont venus grossir les sections socialistes de leur canton ou de leur ville. Ce sont des militants nouveaux, engagés, conscients des nécessités d'une élection, et rassemblant autour d'eux des groupes moins volatiles que ceux qui étaient arrivés pour le vote interne des présidentielles.
Ces nouveaux arrivants ne se laissent pas influencer par les médias, dont ils se méfient naturellement. Ils ne voteront pas nécessairement sur les mêmes bases que les arrivants de 2006. Par ailleurs, on sent bien que, lentement, émerge le véritable débat, qui dépassera vite les éléphants, habitués à être suivis par des « troupeaux » dociles. Il tournera en fait autour des alliances possibles pour les échéances électorales futures : aller vers le Modem qui s'affiche parfois plus motivé que des socialistes du consensus mou, ou revenir à une forme d'union de la Gauche encore hésitante. Cet affrontement n'a jamais véritablement été rencontré depuis des années, puisque le Centre n'existait qu'au sein de la droite.
Celle ou celui qui s'installera dans le fauteuil de François Hollande aura au moins un mandat clair, même si c'est au prix d'une explication préalable confuse et parfois médiocre. Jamais le PS n'a été aussi fort que quand Mitterrand et Rocard mobilisaient tous deux des forces éparpillées dans la nature. On débouchera, n'en déplaise à Pierre Moscovici, qui va finir par devenir capitaine du radeau de la Méduse, sur un duel ou au pire, une triangulaire. En fait, l'idéal pour les socialistes c'est qu'il n'y ait point de fusion alibi, car elle ne fait que donner aux électrices et électeurs l'impression d'insincérité des positions qui a tant fait mal lors des présidentielles de 2002. L'existence de divergences n'a rien de déshonorant, avant l'élaboration d'un programme présidentiel qui devra justement constituer une plate-forme acceptable par le maximum de progressistes. Avant 1981 combien y avait-il de courants à l'intérieur du PS ? A-t-il été empêché de se mettre d'accord sur un candidat, et ensuite de rassembler le maximum d'électrices et d'électeurs ? Jamais le spectre de la gauche n'avait été aussi large... et ce fut, par voie de conséquence, son seul véritable succès.

UN DUEL PAS ENCORE ANNONCE
En fait il y aura un duel (et encore, ce n'est pas certain) entre Bertrand Delanoé qui, dès le lendemain des sénatoriales, recevra des appuis nouveaux, venus des départements mobilisés provisoirement sur d'autres enjeux que ceux du Congrès. Ils seront décisifs, car Martine Aubry semble avoir fait le plein des soutiens potentiels. Si personne d'autre ne vient véritablement à sa rencontre, elle pourrait, elle aussi, se mettre en retrait. Il ne resterait alors que quelques irréductibles pour entrer en résistance. Cette hypothèse mettrait un terme à toutes les querelles actuelles, et il ne restera aux médias qu'à critiquer une... unité qui les dérangera, puisqu'ils auront du mal à trouver un angle d'attaque négatif. Ils enclencheront la bagarre sur les... présidentielles dès le lendemain du Congrès de Reims, s'estimant « volés » sur le spectacle.
La droite insistera fortement sur une union de façade, et se dépêchera de charcuter les circonscriptions, de modifier le système électoral des régionales, et de tenter de dissoudre les conseils généraux.
Le seul véritable problème reste la mobilisation de l'électorat de Gauche, qui semble être anesthésié ou désabusé : il n'a ni vedette, ni chef ! Et c'est insupportable pour une partie de celles et ceux qui n'ont pas encore compris que le réveil sera douloureux, et surtout irrécupérable, s'ils ne prennent pas eux-mêmes en mains leur destin. Le Congrès se résumera en une autre fable de La Fontaine :
Le lion tint conseil, et dit: "Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux;
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements:
Ne nous flattons donc point, voyons sans indulgence
L'état de notre conscience... »
Il reste à connaître les noms des sacrifiés, et surtout de celles ou ceux qui sont prêts à effectuer l'état de leur conscience de gauche. Le reste sera aussi vite oublié, car il n'aura aucune conséquence tangible sur le quotidien des gens. Les mémoires flanchent tellement vite !
Mais je déblogue...

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15 septembre 2008 1 15 /09 /septembre /2008 07:17

Il y a parfois des événements qui permettraient à des politiques motivés de démontrer la qualité de leur argumentation, surtout quand elle vise à préserver les libertés individuelles de chacune et chacun d'entre nous. Le privilège de la réalité, c'est de constituer la meilleure preuve pour conforter les craintes que peuvent avoir les uns ou les autres sur une proposition fallacieuse. Ainsi, il semble que la mise en place du fichier edvige, beaucoup plus dangereux que tout ce qui existait avant, n'affole pas tant que cela les citoyens ne jouant pas un rôle social particulier. L'argument qui voudrait que ce recensement de tout ce qui bouge soit indispensable pour la sécurité de notre République fait son petit bonhomme de chemin. De quoi se plaignent ces femmes et ces hommes qui savent depuis belle lurette que les Renseignements généraux tiennent déjà des fiches en bristol avec une foultitude de précisions permettant, le moment venu, d'organiser une petite manipulation par médias interposés. Une petite fuite généreuse pour le sort d'un adversaire, mieux, une confidence faite à son adversaire, un petit rapport transmis à une autorité de tutelle, restent des méthodes d'actualité.
Le fichier edvige institutionnalise et industrialise ce qui se pratique déjà ! Depuis l'origine, les Renseignements Généraux avaient pour but de surveiller et d'enquêter sur les mouvements sociaux, terroristes, extrémistes, et sur les violences urbaines. Ce travail d'analyse permettait d'alerter les autorités sur l'Etat de la société. La Direction de la Surveillance du Territoire (DST) était spécialisée dans le contre-espionnage et la lutte contre le terrorisme. Historiquement, ces organismes avaient des missions différentes, mais avec les redécoupages successifs de leurs compétences, la DST et les RG ont fini par faire doublon dans certains domaines.
Le pouvoir exécutif a donc décidé, récemment, de fusionner les RG et la DST pour créer un service de Renseignement plus efficace... et de le doter d'un « outil » digne de celui de la Stasi aux plus grands moments de l'Allemagne de l'Est. Il est vrai que les terroristes, les racistes, les vandales, les assassins d'enfants se recrutent chez les élus locaux, les syndicalistes, les militants associatifs, les responsables politiques, les fonctionnaires d'autorité, les cadres d'entreprises... et qu'il y a lieu de les recenser, de les surveiller, de les filer, de les écouter, afin que leur fiche informatique soit aussi complète que possible. La fusion RG/DST donne lieu à un « redécoupage » des services de renseignement. Désormais, la nouvelle DCRI, composée de 5000 fonctionnaires, comprend quatre départements : le contre-espionnage (effectué auparavant par la DST), la lutte contre le terrorisme (DST et RG s'en occupaient sans véritable coordination), l'intelligence économique (veille assurée par les RG auparavant), la contestation sociale (manifestations, mouvements sociaux, sectes)... et chaque secteur alimentera edvige ou s'approvisionnera sur edvige le moment venu. Rappelons que la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, n'était pas favorable à cette fusion, considérant que les fonctionnaires de ces différents services de Renseignement avaient des cultures de travail trop différentes. Mais cette fusion était souhaitée (on se demande vraiment pourquoi) par... Nicolas Sarkozy au nom de l'efficacité. C'est donc Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, qui en a dessiné les contours pour rationaliser ces services et en confier la direction à un « proche ».

UNE ATTAQUE ANGOISSANTE
L'un des problèmes essentiels réside, matériellement, dans les garanties que pourra fournir l'Etat sur la confidentialité de ce fichier et donc de l'usage qui en serait fait par des gens bien intentionnés. Un fichier informatique réputé inviolable finit toujours par parler à l'insu de son plein gré. Hier, on en a eu un exemple terriblement significatif. Le Cern a beau rassembler la crème des scientifiques mondiaux, son réseau ne semble pas à la pointe de la sécurité informatique. Selon la presse britannique, des hackers ont réussi à pirater le serveur Web du Centre le jour même de la mise en route du fameux Grand collisionneur de hadrons LHC.
Les pirates n'auraient pas cherché à faire des dégâts, juste laisser une trace. Et quelle trace ! Ils ont réussi à insérer une page Web signée "The Greek Security Team" sur laquelle on peut lire que ses concepteurs du site sont des "écoliers". Les plaisantins, selon les termes rapportés par le Times et le Daily Telegraph, se moquent également de la sécurité informatique du site du Cern ! Si l'incident semble mineur, il prouve que l'accès au réseau du Cern, lieu ultra-secret et réputé ultra-protégé, est un jeu d'enfant. Inquiétant, vu les expériences menées par les scientifiques, même si pirater le site Web du Cern ne veut pas dire pénétrer les arcanes du LHC !...
Rappelons que l'accélérateur devrait permettre aux physiciens de reproduire des conditions proches de celles du Big Bang en faisant entrer en collision des protons, faisant jaillir des particules élémentaires encore jamais observées. Côté informatique, le LHC bat donc tous les records.
Le nouveau réseau, conçu par les ingénieurs du Centre, baptisé tout simplement "grid", explose toutes les vitesses de connexion connues à ce jour. Pas moins de 55.000 serveurs sont déjà au service de ce réseau. Dans deux ans, leur nombre devrait avoir atteint 200.000. Un réseau de fibres optiques relie les 11 centres de recherches du CERN répartis entre les Etats-Unis, le Canada, l'Europe et le reste du monde, et il semble que la carapace ne soit pas aussi solide qu'on pourrait le croire. Alors, notre pauvre fichier edvige, garanti à l'abri de toute intrusion, top-secret absolu, mais accessible à des centaines de personnes, devient vulnérable aux hackers professionnels que possède désormais toute structure institutionnelle. Ce n'est un mystère pour personne : le petit jeu de l'espionnage se pratique à une grande échelle dans tous les secteurs de la vie économique, publique ou professionnelle.

PIRATAGE PERMANENT

Au Canada, cette semaine, un étudiant de 20 ans de l'Université Carleton, Mansour Moufid, a été accusé de méfait, à la suite d'un piratage informatique survenu la semaine dernière. Il aurait utilisé différents procédés pour se procurer des informations personnelles sur 37 étudiants de l'établissement. Il aurait, par la suite, envoyé un document anonyme aux dirigeants de l'Université pour les aviser du piratage. A la police, Mansour Moufid a dit vouloir prouver qu'il y avait des brèches dans le système informatique de l'établissement... et il l'a prouvé. Toujours au Canada, le pirate informatique israélien Ehud Tenenbaum, connu dans les années 90 sous le pseudonyme de Analyzer, a été arrêté, avec trois autres personnes, pour escroquerie et piratage bancaire. Il est accusé, avec ses amis, d'avoir pénétré une société de Calgary, Direct Cash Management, et d'avoir réussi a retirer 1.8 millions de dollars canadiens (1.184.694 euros). « Analyser » et ses petits camarades semblent avoir joué avec une base de données, afin de détourner l'argent de cette société proposant des cartes bancaires prépayées. L'enquête, qui aura duré 7 mois, a été orchestrée par la police canadienne et les services secrets américains. Tenenbaum et les trois autres suspects auraient inséré de fausses informations dans la base de données de DCM, pour créditer des comptes factices. Les quatre hommes auraient ensuite retiré l'argent ainsi crédité, dans des distributeurs automatiques de Montréal et d'autres villes canadiennes. Là encore, le fichier était inviolable !
La Cour européenne des droits de l'homme a autorisé jeudi la Grande-Bretagne à extrader vers les Etats-Unis Gary McKinnon, un britannique accusé d'avoir pénétré illégalement... 97 systèmes informatiques du gouvernement américain, dont ceux du Pentagone et de la Nasa. Cet informaticien de 42 ans, dont les intrusions sur une période de douze mois en 2002 auraient causé 700.000 dollars de dégâts, risque jusqu'à 1,75 millions de dollars d'amende, et 70 ans de prison, pour être allé dans des sanctuaires des services secrets des USA. Et les exemples se multiplient, sans que personne ne se pose la véritable question : plus on multiplie les fichiers, et plus on suscite des risques de déviance de leur utilisation !

MEFIEZ VOUS DE MOI
On pourra certainement déceler plus que de la maladresse dans l'amalgame touchant les individus visés par ce fichier. Voir réunis au sein d'une même base de données des « personnes physiques ou morales ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique, ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif » (titre 1 de l'article 1) et des « individus, groupes, organisations et personnes morales qui, en raison de leur activité, individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l'ordre public » (titre 2 de l'article 1) pourrait soulever, chez des observateur mal intentionnés, quelques interrogations politiquement incorrectes. Un candidat, heureux ou malheureux, à une élection, une personne jouant un « rôle économique, social ou religieux significatif » seraient-ils potentiellement « susceptibles de porter atteinte à l'ordre public » ?...
J'en suis arrivé à me poser naïvement cette question : un modeste élu de base qui tiendrait un blog, serait-il susceptible de troubler l'ordre public ? L'interrogation mérite d'être posée. Il est vrai que dans ce domaine là comme dans beaucoup d'autres, il existe déjà des fiches soigneusement garnies. La durée de conservation des fiches, la nécessité absolue d'une traçabilité des accès aux données, la question de l'extension du fichage « à l'environnement de la personne, notamment à celles entretenant ou ayant entretenu des relations directes et non fortuites avec elle » posent des problèmes fondamentaux. Méfiez- vous donc en mettant des commentaires sur ce blog. Ils pourraient vous conduire chez edvige malgré vous ! D'ailleurs, au moins cinq personnes se sont déjà désabonnées, en m'indiquant qu'ils ne voulaient plus, professionnellement, recevoir les chroniques sur leur mail professionnel ! Elles ont au moins le sens de l'anticipation !
Mais je déblogue...

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14 septembre 2008 7 14 /09 /septembre /2008 07:17

Il devient totalement impossible de critiquer la moindre mesure gouvernementale quand on se positionne à gauche. L’argument qui surgit inévitablement dans les débats tourne autour des dissensions au sein du… parti socialiste. Si bien des gens reconnaissent que le sarkozysme ne leur convient pas, ils se montrent indulgents avec celui qui le porte car… la Gauche est inaudible. Elle l’est souvent par son incapacité à proposer une opposition claire, nette, sans bavure, permanente, pédagogique et citoyenne en raison de ses déchirements actuels. Aucune réaction solidaire institutionnelle au fichier Edvige. Aucune position solidaire concrète sur le service minimum dans les écoles. Aucun appel commun de protestation sur la mise à mal de la laïcité. Aucune réaction à des mesures dont la perversité n’est jamais démontrée au grand public. Tout le monde la ferme. Par peur ? Par connivence ? Par faiblesse ? Par désintérêt ? Par souci de ne pas être ciblé par les médias ? Par exemple aucune consigne politique n’a été donnée aux élus locaux sur Edvige, pas de motion commune, pas de demande de prise de position. Rien non plus sur le refus d’application du service minimum dans les écoles… On ne résiste pas, on se contente de courber l’échine et de protester contre les coups de bâtons distribués, sans même les remettre en cause.

Le constat devient préoccupant, puisque qu’il n’y a pourtant plus aucune profondeur dans les analyses effectuées par des citoyens, qui rangent ainsi tout le monde dans le même sac . Il suffirait de démonter, au sens mécanique, des réformes avec effets spéciaux virtuels masquant des réalités désastreuses. Prenons un exemple concret : la prime aux enseignants débutants ! Sous l’or d’une mesure mirifique, on trouve toujours le plomb d’une véritable escroquerie morale. Il suffit, pas exemple, de prendre un exemple, de le poser sur la table des discussions et de le disséquer sous les yeux de quelques personnes attentives, pour dénicher les véritables intentions. Citons le nouveau phénomène des primes de Darcos dans l’Education nationale. Elles sont révélatrices d’une supercherie permanente, mais jamais démontrée ! D’abord on affirme, encore une fois, que dans ce pays tout peut s’acheter, en cette période de l’argent roi, même le silence et la passivité arrangeante. Ensuite on ne souligne absolument pas les effets collatéraux d’un apport de 1500 € ou de 550 € destinés à endormir des consciences. Enfin cette mesure, apparemment valorisante, repositionnée dans un contexte plus global, prend une tout autre importance.

Le principe même de la prime place les syndicats dans une situation intenable, puisque tout versement de ce type n’entrera pas dans le calcul de la retraite, alors qu’il sera pris en compte dans l’imposition sur le revenu et pour les cotisations sociales. Personne ne souligne qu’il s’agit d’une somme brute qui ne sera pas en totalité une réalité sur le compte en banque. Mais peu importe, l’effet d’annonce suffit au bonheur des intéressés !

PAS ENCORE LE TOTAL

" Il est institué une prime d’entrée dans le métier attribuée aux personnes qui, à l’occasion de leur première titularisation dans un corps de fonctionnaires enseignants du premier ou du second degré, dans le corps des conseillers principaux d’éducation ou dans le corps des conseillers d’orientation-psychologues, sont affectées dans une école, un établissement ou un service relevant du ministre chargé de l’éducation nationale " affirme le décret d' hier, mais d’exonération des contributions sociales ou fiscales il n’est point question. A l’arrivée les 1500 euros n’existeront donc pas sur cette base-là. Pas question non plus, contrairement aux premières annonces, d’un règlement unique et global, puisqu’il faudra attendre novembre, et ensuite février, pour en voir la couleur ! Comment expliquer à un débutant sous-payé que ce qui lui arrive constitue une supercherie financière basée sur une confusion voulue entre un montant brut et un résultat net, sur un " donné-repris ", car forcément, pour celles et ceux qui dépasseront le seuil de l’imposition sur le revenu dès 2009, il faudra restituer une part supplémentaire à l’Etat providence (surtout s’ils sont célibataires). Les rémunérations dans la fonction publique finissent par ressembler à ces vieilles chambres à air, dont les primes deviennent des rustines permanentes à un pouvoir d’achat percé. Il n’y aura plus aucun soutien aux actions syndicales sur la revalorisation de salaires promises avec la disparition des emplois… Mais qui le dénonce ?

En fait, l’opinion publique se contente de l’écume des réformes, mais sans jamais vérifier ce que contient la réalité des textes les définissant. Elle a avalé les franchises médicales, et ne se souvient déjà plus qu’elles devaient servir au plan Alzheimer ou au plan cancer. Où sont passés les fonds collectés auprès de malades anesthésiés ? Peu importe. Qui se soucie de connaître les causes de l’augmentation de sa feuille d’impôts locaux, alors qu’il ingurgite tous les jours un euphorisant prescrit par des annonces répétées de désengagement de l’Etat. Pédagogiquement, on ne lui explique rien. On ne prend jamais le temps de peser les véritables conséquences de décisions apparemment bénéfiques, mais qui conduisent à l’effroi lorsqu’elles sont démaquillées.

UN PANSEMENT AUX CONSCIENCES

Les enseignants ont avalé une rentrée sans problèmes, et il y a fort à parier qu’ils ne seront pas nombreux lors des prochains mouvements de protestation annoncés. Une prime suffira à panser les éventuelles plaies qu’ils pourraient avoir à leur conscience. Quand tombera le pourcentage d’entre eux ayant accepté d’effectuer le maximum d’heures supplémentaires, permettant à leur Ministre de préparer paisiblement pour l’an prochain une diminution drastique des postes mis en concours au CAPES, ce sera tout bénéfice pour le gouvernement, car… puisqu’il n’y aura plus, à terme, qu’un recrutement très réduit d’enseignants débutants, il économisera vers 2011 sur sa généreuse prime de rentrée ! Plus d’heures supplémentaires, moins de postes, moins de débutants, moins de primes et, à l’arrivée, plus d’élèves par classe, moins d’options, moins d’encadrement, moins de jours de classe, plus de jours de garde pour les familles…Mais qui en a véritablement mesuré les conséquences ? Qui a eu connaissance d’une autre vague de primes, comme celles que se sont accordé les plus grands dirigeants des entreprises françaises ? On avait dit beaucoup de mal, il y a quelques temps, d'une étude plus ou moins confidentielle publiée par la Tribune, sur la hausse des revenus des patrons. Ce n'est pas le cas de l'enquête réalisée par l'Expansion, année après année, qui se focalise notamment sur les stock-options. La dernière vague calcule, en effet, pour la première fois, le revenu total des patrons, en prenant en compte le salaire fixe, le variable, et les stock-options, ainsi que les dividendes issus des actions de la société qu'ils dirigent et les jetons de présence alloués par d'autres sociétés du CAC 40. Allez allons faire un petit tour dans le privé libéral et ultra efficace pour gérer le développement économique (cf le milieu bancaire) car le résultat est atterrant et relativise les primes Darcos...

DE + 2312 % à + 27 %

L'augmentation totale des avantages annexes atteint les 58%! Très exactement, le total des revenus cumulés était de 102 millions en 2006, il passe à 161 millions en 2007. Voici le classement des dix patrons les plus payés selon les calculs de l'Expansion:
1. Pierre Verluca, Vallourec: 18,12 millions (+ 2312 %)
2. Gérard Mestrallet, Suez: 15,54 millions (+ 364 %)
3. Xavier Huillard, Vinci: 13,10 millions (+ 552 %)
4. Henri Proglio, Veolia Environnement: 7,33 millions (+ 207 %)
5. Henri de Castries, Axa: 5,53 millions (+ 22 %)
6. Jean-Bernard Lévy, Vivendi: 5,42 millions (+ 129 %)
7. Daniel Bouton, Société générale: 5,24 millions (– 52 %)
8. Jean-Paul Agon, L’Oréal: 5,03 millions (+ 27 %)
9. Martin Bouygues, Bouygues: 4,99 millions (+ 69 %) (hors dividendes)
10. Benoît Potier, Air liquide: 4,37 millions (+ 52 %)
On ne fera pas de commentaires, si ce n'est reproduire ceux de l'Expansion: "Attention, les rémunérations ici révélées sont susceptibles de heurter la sensibilité d’un public non averti." Mais surtout pas celle de cette opinion dominante, ravie de voir les enseignants dont le salaire de début est une véritable misère, recevoir une aumône idéologique d’un ministre qui les condamne au silence, alors qu’ils deviennent, de fait, les actrices et les acteurs de leur propre disparition dans leur statut actuel. Mais que ne ferait-on pas pour une prime ?

Mais je déblogue…

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13 septembre 2008 6 13 /09 /septembre /2008 07:17

Même si aucune des chroniques publiées depuis 3 ans n'a trouvé une place de choix dans le système médiatique verrouillé par les « gens qui comptent », il faut oser affirmer ses jugements sur l'actualité pour avoir encore un peu le sentiment d'exister. Ainsi, je peux affirmer, avec la certitude de ne pas être démenti par les faits ultérieurs, que le verbe clé de ce début de XXI° siècle est : « croire ». Toute la vie sociale tourne désormais autour de ce principe totalement irrationnel : pour exister, il faut croire ! Vous devez « croire » dans les affirmations gouvernementales ; vous devez croire dans l'union du parti socialiste ; vous devez croire en l'augmentation de votre pouvoir d'achat ; vous devez croire à votre bonne fortune aux jeux de hasard ; vous devez croire dans un bonheur virtuel ; vous devez croire dans des idoles provisoires de pacotille ; vous devez surtout croire dans des principes religieux qui s'appliquent au Peuple, mais surtout pas à celles et ceux qui en prônent la vertu... Plus de jugement rationnel de la réalité, mais une simple croyance qui vous sauvera des vicissitudes d'un quotidien de plus en plus désastreux.
Si vous êtes en mauvaise santé, croyez dans les bienfaits des franchises médicales qui vont sauver la recherche et vous préserver du cancer et de la maladie d'Alzheimer. Si vous doutez de la réussite scolaire de votre enfant, croyez que le service minimum va améliorer ses résultats. Si vous êtes chômeur, croyez dans les statistiques du chômage qui sont miraculeusement fastes. Si vous êtes devenu un gogo « téléphage », croyez dans l'éthique médiatique des journaux télévisés. Si vous aimez les exploits, croyez dans l'eau claire des bidons des sportifs installés sur l'Olympe. Si vous aimez le célébrité, croyez qu'un jour vous passerez à la télé. Si vous voulez gagner les élections présidentielles, croyez dans les sondages qui choisissent pour vous. Surtout ne doutez pas : croyez pour mourir heureux, croyez pour continuer votre chemin de croix, croyez que le progrès est derrière vous, croyez que la justice sociale, la lutte des classes, l'équité républicaine, ne sont que des valeurs n'ayant plus aucune actualité, puisque l'essentiel demeure de survivre en croyant. Braves gens, croyez où vous voulez, comme vous pouvez, mais aussi longtemps que possible.
Entrez parmi les ouailles pieuses du sarkozysme, et admettez que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel ! Ne restez pas indifférent aux bienfaits d'un acte de contrition vous permettant de ressasser : « tout ce qui m'arrive est de ma faute, de ma très grande faute », puisque les dieux de ce monde font tout ce qu'ils peuvent pour me sauver !

MODIFICATION DES METHODES
Durant tout le week-end, la France a lancé un formidable « croyanton », sous le patronage engagé du Président de la République et de son épouse, du Premier Ministre et même, si on se fie aux images télévisées, de... celui de l'éducation nationale. Croyez en tous les Dieux, ceux de l'au-delà et ceux qui estomperont tous les maux de la Terre, et donc forcément les vôtres.
Croire... Croire... Croire... Tout sera fait pour vous démontrer que les hérétiques sont encore de ce monde, et qu'il faut les faire brûler au nom des vérités de la croyance ! Nous sommes de plain pied dans un système, voulant que les non-croyants osant protester soient classés parmi les sorciers d'un monde rassuré par ses certitudes approximatives. La croyance est le fait de tenir quelque chose pour vrai, et ceci indépendamment des preuves éventuelles de son existence, réalité, ou possibilité : il va falloir s'y habituer !
Regardez bien autour de vous l'extraordinaire promotion de la « croyance » qui a été faite depuis 24 heures et qui se poursuivra demain. Qui peut résister à ces célébrations de masse ? Quel esprit ne douterait pas de sa capacité à résister, quand des heures entières, des milliers de pages, sont consacrées (au sens propre) à mettre en scène tous les fastes d'actes reposant exclusivement sur l'irréalité de la vie quotidienne.
La vie sociale ne cherche plus à vous convaincre, mais à vous séduire. Elle ne vous propose plus des arguments, mais des sentiments. Elle ne vous demandera plus d'analyser, mais d'admettre ! Pour bien des responsables politiques actuels, la religion et la république ne peuvent pas exister en tant que telles, séparément. Il faut de la religion pour donner du sens à la république. C'est pour cela que dans son discours de Chanoine de Latran, Nicolas Sarkozy a pu opposer l'instituteur et le curé. L'instituteur enseigne certes les valeurs morales et civiques, mais c'est le curé qui a les clés de la vérité éternelle... On retire le droit de grève au premier, pour lui démontrer son inutilité puisqu'il peut être remplacé à tout moment par une « gardienne de troupeau », alors que l'on déroule le tapis rouge pavé de bonnes intentions pour le second : la symbolique est sans ambages.

EXPLOITER UN BESOIN
Au niveau de l'individu, la particularité d'une croyance est qu'elle est ajustée, par celui qui y adhère, à sa propre réalité (cf certains commentaires sur ce blog). Elle est considérée comme vraie, et projetée sur notre représentation conceptuelle de la réalité. Elle est investie d'un dynamisme par le biais d'un ensemble de principes simples, auto-construits, pour sentir, penser, agir... sans trop se poser de questions.
Si l'expérience permet à chacun de valider ou d'invalider les croyances, celles qui s'avèrent erronées ne sont pas éliminées, mais ajustées. De nouveaux liens seront testés, afin de jamais se débarrasser des certitudes inspirées par une croyance.
Les manipulateurs savent bien que la croyance répond à un besoin qui semble s'ancrer profondément dans l'individu, et ne peut être gérée aussi librement que la notion de libre- arbitre le laisserait imaginer. La croyance étant consécutive au fonctionnement d'un ensemble de manières de penser, qui se sont ancrées à un niveau de fonctionnement automatisé dans l'esprit, la difficulté de les faire évoluer s'explique. Elle trouve autant de moyens d'expression que nécessaire, même dans l'empirisme scientifique. Il n'est pas envisageable de la dissocier, ne serait-ce que d'une seule activité humaine, et donc de notre quotidien. Il suffit de la réveiller par des rites, des images, des principes , des discours, des actes symboliques... et ensuite de l'exploiter !
Certains peuvent avoir besoin de certitudes, c'est-à-dire de croyances suffisamment fermes pour s'engager conceptuellement et physiquement dans tel ou tel système théorique de pensée. Depuis plusieurs heures, il est quasiment impossible de se débarrasser de cette pression voulant que le non-croyant se sente coupable de sa position. Le sarkozysme n'est rien d'autre que la déclinaison du système américain se prétendant démocratique.

DES PRINCIPES RELIGIEUX
Le bien et le mal, l'utile et le néfaste, le positif supposé et le négatif affirmé, le visionnaire et le rétrograde, l'irrationnel et le doute, s'inscrivent derrière chaque acte, chaque déclaration, chaque manipulation médiatique. Le Président de ce qui commence à ne plus ressembler à une République s'aventure dans des rapports anciens entre l'Etat et la religion. Il veut s'inscrire dans une « coopération » entre la religion (croire) et la politique (agir). Son attitude ressemble à son admiration et à celle de ses principaux collaborateurs pour la politique américaine, où Dieu est omniprésent, où il est le grand patron (« God bless America »).
Un exemple récent vient confirmer ce mimétisme, quand la co-lisitière de John McCain, Sarah Palin prétend que l'envoi de troupes US en Irak est « l'œuvre de Dieu ». Sarkozy est très imbibé, très admiratif de cette culture. Il est persuadé que tant qu'il exploitera le filon de la croyance, il sauvera sa tête. Il essaie donc de tracer un chemin similaire à celui des ses mentors d'outre atlantique. Il ne prononce donc plus des discours, mais des « homélies ». Il ne se déplace plus, mais part en province pour évangéliser celles et ceux qui doutent. Il ne se montre plus, mais effectue des apparitions soigneusement préparées. Il ne soigne plus avec des médicaments traditionnels une France malade, mais il se contente de la réconforter par de bonnes paroles, et de la guérir par imposition des mains, avec difficulté, car il reste un brin de raison chez des citoyens ayant appris que seul le doute sauve de lendemains qui déchantent.
Mais je déblogue...

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12 septembre 2008 5 12 /09 /septembre /2008 07:17

La venue du pape Benoît XVI au collège des Bernardins aujourd'hui, à l'occasion de sa visite à Paris, ne provoque pas seulement le déploiement d'un important dispositif policier, car tout le monde sait que ce type de déplacement s'effectue indirectement aux frais du contribuable. On estime en effet que plus de 9 000 policiers, gendarmes, spécialistes de la sécurité seront mobilisés lors de ce déplacement purement et strictement religieux. Difficile d'affirmer que la Dalaï Lama, même considéré, comme son homologue catholique, comme un « chef d'état » ait suscité pareil remue-ménage. Le Président de la République, fidèle à ses déclarations antérieures sur le curé et l'instituteur, illustrant parfaitement l'abandon de la laïcité, se déplacera, contrairement à tous les principes républicains, et se rendra à l'aéroport pour accueillir lui-même, avec son épouse en tailleur « Kennedy » soigneusement choisi, le Pape à sa descente d'avion. Il donne un signe fort sur son positionnement et sur celui des gens qui le soutiennent, sur son indépendance à l'égard de toutes les formes de croyances individuelles. La tâche des rédacteurs du fichier Edvige en sera facilitée quand ils arriveront la case religion, pour le chef de l'Etat. Et, en ce qui concerne le choix entre l'instit' et le prêtre, il n'y a pas de doute. Même si c'est un détail, le gouvernement en a apporté la preuve formelle : l'école maternelle publique de la rue de Poissy, située 27, rue de Poissy, juste en face du collège des Bernardins (un édifice du XIIe siècle, ancien lieu d'étude et de recherche chrétien, qu'a souhaité visiter le Pape), sera fermée, aujourd'hui, à partir de 13h30.
« Aucun enfant et aucun personnel ne seront présents dans l'établissement », vendredi après-midi, a-t-on appris auprès de l'administration de l'école de... la mairie de Paris.  «Seule la gardienne sera présente afin d'ouvrir aux policiers, si nécessaire », a-t-il été précisé sans que, dans le fond, on s'étonne d'une telle mesure. Le plus navrant, c'est qu'aucun service minimum n'est prévu pour les enfants, et les parents devront donc les prendre en charge eux-mêmes. Une preuve supplémentaire de l'absurdité de ce service qui prévoit, dans son article 2, qu'il s'applique en cas d'absence imprévisible de l'enseignant, mais pas quand le Pape vient faire un tour dans une rue de Paris. Ce fait est révélateur de la réalité de la France, qui considère que l'école n'a plus aucune importance face à des faits ponctuels de la vie collective.
Nicolas Sarkozy a souvent abordé le sujet de la valeur de la religion en ce début de siècle, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'à chaque fois, il a jeté de l'huile sur le feu : «les racines chrétiennes de la France», la «redoutable absence» de Dieu, la «laïcité positive» ou la religion «comme un atout». Notre président se sent en mission comme son ami George W. Bush. Il cherche à substituer à une culture politique laïque, une culture de « croisade » permanente contre les forces du mal représentées par celles et ceux qui doutent de la valeur du libéralisme. Cette visite va, une fois encore, être exploitée médiatiquement pour que l'image présidentielle d'un président soit sanctifiée par les valeurs ancestrales portées par un homme dont on connaît le passé et les positions. Benoît XVI est certes celui qui encourage des pratiques liturgiques surannées et fait revenir le latin à la messe, mais son message est plus complexe que la manière dont il est présenté. Gageons qu'il sera certainement plus surprenant et nuancé que notre président, qui ne saura pas se retenir et qui en fera forcément beaucoup trop, puisque depuis quelques semaines il s'évertue à multiplier les actes en faveur du « sabre » (Afghanistan) et du «goupillon» (visite papale).

LES VEPRES REVIENNENT
En fait, ce voyage pontifical sera l'occasion de « renvoyer l'ascenseur » après le déplacement à Rome, en décembre 2007, d'un chef de l'Etat ayant volontairement déclenché la polémique en prenant ses distances avec la « laïcité à la française », plaidant pour une « laïcité positive » dont on sait en fait qu'elle correspond à un abandon de la neutralité de l'Etat. Ces propos, critiqués, avaient loué à plusieurs reprises ce concept, qui arrange bien les affaires d'une religion catholique de moins en moins présente en France. Paradoxalement, Benoît XVI risque d'être plus modéré que son hôte lors d'une intervention d'une quarantaine de minutes devant 700 invités du monde de la culture au collège des Bernardins, un magnifique édifice cistercien, racheté et restauré par le diocèse de Paris, qui vient de rouvrir ses portes après cinq ans de travaux. Cette première journée s'achèvera par la célébration des vêpres à Notre-Dame (on ne pratiquait plus la tradition des vêpres depuis des lustres), suivie d'une adresse aux jeunes. Tandis qu'une veillée précédera une procession aux Invalides, où sera célébrée la messe demain.
Les télés, les micros, attendront quelques paroles chaleureuses à l'égard de celui qui a déjà beaucoup donné en faveur des religions. Et bien évidemment, Président, Premier Ministre, et ministres seront aux rendez-vous qu'ils avaient parfois soigneusement évités lors du séjour, beaucoup plus long, du Dalaï Lama, afin de ne pas contrarier les Chinois...Ce comportement à géométrie variable illustre parfaitement la sincérité des comportements, et leur adaptabilité aux contingences nationales ou internationales. Dans une tribune publiée hier par "Le Monde", Jean-Luc Mélenchon dénonçait « un mélange des genres entre religion et politique très significatif » avec « la débauche ostentatoire des moyens officiels mis à disposition, l'occupation agressive de l'espace public, le harcèlement médiatique télévisuel ». Pour lui, « le pape et le président ont en commun une stratégie de reconfessionnalisation institutionnelle de la société française ». Il suffira de regarder la télévision publique ce week-end pour s'en convaincre.

DANS LA CONTINUITE
En fait, c'est bel et bien le Chanoine de Latran qui sera l'hôte de son supérieur  «hiérarchique » durant 72 heures. Il sait ce qu'il fait, et d'ailleurs ce ne sera une surprise pour personne. Reprenant des thèmes "rôdés" dans un livre publié en 2004, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, le chef de l'Etat a pris officiellement ses distances avec la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, qu'il juge « épuisée » et menacée par « le fanatisme » (sic).
Insistant sur les « racines chrétiennes de la France » (on avait déjà eu droit à cette référence dans le débat sur le Traité constitutionnel européen) , il lui préfère une laïcité qui, « tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas les religions comme un danger, mais un atout », allant jusqu'à juger de l'intérêt de la République d'avoir « beaucoup d'hommes et de femmes » qui « croient ». En Arabie saoudite, Nicolas Sarkozy en avait remis une couche, exaltant l'héritage « civilisateur » des religions, avant d'évoquer « Dieu qui n'asservit pas l'homme mais qui le libère », « Dieu transcendant (tiens donc, d'autres lui ont piqué l'idée), qui est dans la pensée et dans le cœur de chaque homme », ou encore « Dieu qui est le rempart contre l'orgueil démesuré et la folie des hommes" (cf Bush ou Poutine !). Il juge aussi que « le drame du XXe siècle n'est pas né d'un excès de l'idée de Dieu, mais de sa redoutable absence ». Préparez vous donc à déguster des tartines de Pape, de courbettes de la France durant ce week-end, qui placera la croyance au-dessus de la raison. Mais ne sommes nous pas toutes et tous coupables, en acceptant que la République se dissolve quotidiennement pour transformer les citoyens en consommateurs, convertis et passifs, avec la bénédiction muette d'un monde politique ayant peur de son ombre !
Mais je déblogue...

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11 septembre 2008 4 11 /09 /septembre /2008 07:17

Les élus de tous bords craignent particulièrement la Cour des Comptes car elle peut, à partir d'analyses strictement comptables, mettre à mal leur gestion en décelant des failles dans leurs décisions. En général, un « rapport » est au moins pris au sérieux par celles et ceux qui le reçoivent même si, souvent, son contenu ne révèle pas d'erreurs manifestes. En fait, souvent, il s'agit globalement d'une appréciation comptable d'une politique qui oblige les élus à s'interroger sur des pans entiers du fonctionnement de leur collectivité. Il faut bien admettre que le seul qui ne se soucie pas trop des observations qui lui sont adressées, c'est... l'Etat. Chaque année, les remarques pleuvent mais n'impressionnent guère le gouvernement, qui se contente de les entendre, mais qui n'en tient aucun compte.
Philippe Seguin peut raconter ce qu'il veut, ses ex-collègues de l'Ump n'ont cure des publications qu'il vient commenter devant les médias. La Cour des comptes presse, par exemple hier, le gouvernement de  "réduire sensiblement "  les exonérations de cotisations patronales qui grèvent le budget de la Sécurité sociale, et d' "encadrer" plus fermement les tarifs des professions de santé. Heureusement que ce n'est pas un... socialiste qui prononce pareil réquisitoire. Remarquez bien que, dans ces chroniques, vous aviez déjà eu, en primeur, le contenu de ces analyses, puisqu' il a été maintes fois signalé que les « réductions » accordées pour toute contribution à la solidarité collective conduirait à la ruine d'un système que tout le monde veut conserver... sans payer ! Le rapport est aussi très critique envers le dispositif de garde des jeunes enfants. Mais, là encore, il suffisait de vivre sur le terrain le désengagement de la CAF depuis août 2006 pour devenir aussi fort en analyse de gestion qu'un conseiller à la cour des comptes.
La catastrophe menace les structures d'accueil mais... dans le fond, ce n'est que la conséquence d'une folie éxonératrice qui n'a rien renforcé d'autre que les inégalités ! Le fameux travailler plus pour gagner plus, oublié depuis quelques mois dans la communication gouvernementale, n'a pas la cote auprès de ceux qui deviendront vite des « gauchistes cégétistes » de la Cour des Comptes !

EXONERATIONS NEFASTES

Jugeant nécessaire d'augmenter les ressources et de réduire les dépenses de la Sécurité sociale pour se rapprocher au plus vite de l'équilibre, la Cour souligne la « complexité » d'un système d'exonérations de charges qui se voit assigner des objectifs « multiples et conflictuels ». Une manière de dire que le processus est totalement inefficace alors qu'il est onéreux pour le budget social. Alors qu'elles doivent représenter 32,3 milliards d'euros en 2008, dont 4 milliards pour la seule loi Tepa (travail, emploi, pouvoir d'achat) en faveur du pouvoir d'achat, les exonérations dites « générales » devraient être « réduites sensiblement », préconise la Cour. Réserver le bénéfice de ces exonérations aux salaires allant jusqu'à 1,3 le Smic, au lieu de 1,6 actuellement, permettrait ainsi de dégager quelque sept milliards d'euros de ressources supplémentaires pour la Sécurité sociale, a souligné devant la presse son président, Philippe Séguin. Mais qui entendra cette logique inexorable voulant que pour recevoir il faille d'abord donner sur des bases équitables ?
Ce serait se désavouer publiquement, et donner raison aux analystes qui prétendaient et prétendent encore que la politique gouvernementale va conduire au précipice l'édifice de la protection sociale sous tous ses aspects. D'ailleurs, beaucoup se demandent si ce n'est pas une volonté cachée, que celle de détruire les fondements de cette Sécurité sociale qui empoisonne Bercy avec ses déficits. Au moment où le gouvernement a prévu de développer les transferts de prise en charge de l'assurance maladie vers les complémentaires santé, la Cour rappelle que ces couvertures, assurées par les mutuelles et les assurances privées, sont « facultatives et concurrentielles », ce qui conduit à accentuer les inégalités face à la maladie. Il est certain que ce ne peut être qu'un dangereux gauchiste qui a pondu ce constat que personne ne veut ou ne peut entendre.
« Il » a même précisé qu'il s'agit d'une couverture « coûteuse » et « inégalitaire », en raison de la variabilité des contrats proposés, tant en termes de garanties que de primes. "Un transfert de charges (...) produit donc mécaniquement des effets anti-redistributifs", met en garde le rapport. Ce rédacteur est socialiste (pas social-démocrate mou), car il prend le contre pied exact de tous les discours de Xavier Bertrand, qui aurait pu devenir la mascotte de « Chaussée aux Moines » tellement il est mou à l'intérieur sous la fine croûte de ses idées préconçues.

CADEAUX NON COMPENSES
Les conseillers s'en prennent également au clientélisme sarkozyste. Il est vrai que, parfois, les décisions prises ressemblent à ces cadeaux faits aux amis quand ils vous ont donné un petit coup de pouce. Ainsi, au chapitre des tarifs médicaux, le rapport déplore les marges de manœuvres « excessives » accordées à l'assurance maladie et aux syndicats des professions médicales dans leurs négociations.
Il appelle l'Etat à « encadrer » les revalorisations tarifaires et à « tenir compte des résultats» en matière de réduction des dépenses de santé, avant d'accorder toute nouvelle hausse de tarifs. Combien de fois avons nous entendu Chamalo Bertrand ou Roseline Bachelot expliquer doctement qu'en contre-partie de l'augmentation de leurs honoraires, les médecins allaient contribuer efficacement à la résorption du déficit... Le constat est implacable : ça ne sert à rien, et le service n'est absolument pas amélioré. Au contraire : plus aucun service de garde de nuit en zones périurbaines, plus de visites à domicile alors que parfois les malades le demandent, de moins en moins d'efforts en faveur de la participation à la vie sociale collective.
« Actuellement, l'Etat approuve les accords sans toujours en connaître l'impact financier. Parfois même il intervient dans le domaine des partenaires conventionnels (les syndicats de médecins libéraux et l'assurance-maladie, ndlr) pour inciter les caisses à accorder des majorations d'honoraires », a regretté M. Séguin. Au passage, la Cour épingle la réforme de l'assurance maladie de 2004 (mais qui était aux manettes à cette époque ?) qui visait notamment à « infléchir la croissance de la consommation de soins en augmentant la charge directe des ménages ». Elle évalue cette augmentation à plus de trois milliards en année pleine (sur les médicaments, les participations forfaitaires comme l'euro versé à chaque consultation médicale, etc) tout en constatant que ces transferts « ne semblent pas infléchir la tendance à la consommation ».

BAISSER LES RECETTES
La Cour des comptes appelle à redresser d'urgence les comptes de la Sécurité sociale, recommandant notamment au gouvernement de réviser les exonérations de cotisations et de fixer avec plus de « sincérité » les objectifs de la branche maladie, ce qui revient à écrire que les bilans sont truqués. Mais chut, c'est un secret : pour tromper l'Europe, et ramener nos déficits à des proportions convenues, on falsifie les résultats.
Dans son analyse, «  la Cour insiste sur l'urgence d'adopter des mesures de redressement volontaristes »,  avec comme priorité de « revenir rapidement à un équilibre annuel pérenne ». La Cour, qui a évalué le déficit du régime général (salariés du privé) de la Sécurité sociale en 2007 à 10,5 milliards d'euros (et non pas à 9,5 milliards comme le gouvernement l'a annoncé), exhorte à des « efforts » aussi bien en matière de... recettes que de dépenses. C'est en effet là l'essentiel de ce document qui bat en brèche la politique sarkozyste dans sa globalité. Tout est en effet décidé, au nom de la réforme, dans un sens unique : diminuer sans cesse les dépenses ce qui se traduit par une baisse des prestations, la casse les droits sociaux, l'instauration d'une précarité dans le système de solidarité, pour pouvoir atténuer les recettes et promettre faussement une augmentation du pouvoir d'achat. Réagissant aux critiques formulées par le rapport, la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) a défendu son bilan en matière de maîtrise des dépenses de la branche maladie, rappelant que son déficit est passé de « 11,6 milliards d'euros en 2004 à 4,6 milliards d'euros en 2007 ».
« Cette amélioration a été rendue possible par la réduction continue du rythme d'évolution des dépenses de soins de ville », ajoute-t-elle, y voyant le résultat de la « maîtrise des revalorisations tarifaires » et des « réformes structurelles mises en œuvre ces dernières années ». La Cour des Comptes est donc parfaitement inutile, car elle n'a rien compris. Alors, autant économiser et donc supprimer une institution qui contredit le gouvernement et qui, en plus, ne sait pas où se trouve la vérité. A quoi peut-elle bien servir, si ce n'est à pensionner quelques déçus du suffrage universel?
Mais je déblogue...

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10 septembre 2008 3 10 /09 /septembre /2008 07:17

La récession économique n'est qu'une vue d'esprits pervers anti Sarkozy, comme l'écrirait dans un de ses commentaires inutiles un croyant extrémiste dans le Dieu élyséen. Il faut véritablement avoir une foi sans faille dans la soupe gouvernementale populaire, vendue tous les jours sur TF1, pour accepter de croire que le menu est aussi brillant que le prétendent les suppôts d'une majorité minée par le doute. Chritsine Lagarde, la maîtresse bon chic, bon genre, de la boutique de Bercy a même véritablement pris son auditoire pour una ramassis d'idiots déconnectés des réalités. Elle avait estimé début septembre (le 9 exactement) qu'il serait « totalement inexact de parler de récession car toute personne qui crierait au loup à la récession aurait un trimestre d'avance", a estimé la ministre interrogée sur France Inter, rappelant qu'une récession correspond à une contraction du PIB durant deux trimestres consécutifs. L'ex-Reine Christine avait souligné : "qu'au-delà d'un environnement international dégradé, sur le passé récent, les fondamentaux de l'économie française sont sains." Selon elle, "seules les réformes permettront à l'économie française (...) de relever le défi de la croissance." Confiante, elle avait également tablé sur une baisse de l'inflation dans les mois à venir. Elle atteint les sommets de la gouvernance par prédictions à l'eau de rose. Rien, absolument rien ne permettait de soutenir une thèse aussi fallacieuse, en laquelle personne de sensé ne peut croire.
La ministre de l'Economie avait, par ailleurs, estimé qu'il fallait s'attendre à « moins de créations d'emplois en 2008" » qu'en 2007. « On est aujourd'hui à 7,2% de chômage. L'emploi n'est pas la première variable d'ajustement très clairement, même si on doit s'attendre à moins de créations d'emplois en 2008". Elle avait même osé expliquer que le croissance se situerait entre 1,7 et 2 %... avant d'être sévèrement ramenée à la réalité par un François Fillon obsédé par ses « caisses vides ». Brutalement, on en est arrivé à un taux de moins de 1 %, car ce taux constituerait un objectif de qualité ! C'est dire si la machine à transformer les vessies des déclarations ministérielles en lanternes pour Soubise cherchant une armée efficace fonctionne depuis des semaines à plein régime.
Personne, absolument personne dans le milieu économique « réel » ne se hasarderait à prédire une disparition prochaine du spectre de la récession. Elle est là, derrière le rideau des rodomontades gouvernementales ou présidentielles, et il suffirait de faire un journal de 20 heures parlant de la véritable situation du pays pour s'en convaincre. Pour connaître l'avenir, sans le lire dans le marc de café du petit matin pris dans le bureau du Ministre de l'Economie, il suffit... de faire confiance à Carlos Ghosn le président de Renault. Il avait promis monts et merveilles, et finalement il ne proposera que des larmes et des déceptions. Impossible de ne pas admettre que ses arguments pour entasser dans une charrette sociale plus de 3 000 personnes en France, relèvent de la seule volonté de maîtriser les dépenses dans une période... de ralentissement des achats. Il ne s'agit que d'une anticipation sur un krach économique masqué par le pouvoir Ump, mais dont les analystes voient poindre le bout du nez fin 2008 et surtout au printemps 2009 !

UN APPEL OUBLIE
Il faut bien avouer que les décisions prises par le sauveteur de Nissan prennent une dimension particulière, car elles démentent totalement la politique des autruches « fillonnesques » et « sarkozystes ». Les salariés de Renault, en France, sont appelés par la CGT, à faire grève jeudi. Ils protestent contre le plan de... 3.000 départs volontaires voulus par le constructeur automobile, et le millier de suppressions d'emplois supplémentaires prévu à Sandouville. La CGT, premier syndicat représenté chez Renault, appelle à un « mouvement de grève national jeudi », sur tous les sites français du groupe, a déclaré mardi à la presse Fabien Gâche, délégué syndical central CGT du groupe, avant le début d'un comité central d'entreprise (CCE) consacré au plan de départs volontaires. C'est, il faut bien l'admettre, une grande première, car ce sera depuis très longtemps une tentative de mobilisation de ce secteur privé, tétanisé par les conséquences d'un arrêt de travail sur ce qu'il lui reste comme pouvoir d'achat. Il faut remonter bien en arrière pour que les usines Renault soient appelées à la grève générale !
Le 24 juillet dernier Renault avait annoncé un sévère plan d'économies, comportant la suppression de 5.000 emplois en Europe, en insistant sur « la dégradation de la situation économique » (sic). C'est Christine qui va être contente !
Touchée par la récession et les difficultés du marché  automobile européen, l'entreprise a révisé sérieusement à la baisse ses prévisions de ventes pour 2009. Mais, bien évidemment, cette attitude de Renault ne relevait que de l'anti-sarkozysme primaire ! Le premier septembre dernier, une porte-parole de Renault avait indiqué que « des filiales de Renault » allaient « faire l'objet d'autres mesures qui seront présentées courant septembre au comité de Groupe Renault » et qui pourraient concerner encore « un millier de personnes en France et en Europe ». Mais elle n'avait pas, à l'époque, donné la ventilation entre les pays concernés... mais maintenant c'est clair, la France ne sera pas épargnée !
Renault admet également que « l'objectif de croissance est hors de portée ». En juillet, Carlos Ghosn avait évoqué un déficit de 300 000 véhicules par rapport aux 3,3 millions annuels visés. Le document parle maintenant d'"un écart probablement supérieur", notamment en Europe, une zone dont les résultats commerciaux devraient se situer 62 % en dessous des objectifs. Il ne lui reste plus qu'à céder son fauteuil à... Christine Lagarde car, elle, au moins elle sait ce qu'est la croissance !

LA BRECHE OUVERTE
Carlos Ghosn a ouvert la brèche, et il y a fort à parier que Peugeot suivra, sous une autre forme, l'exemple de son confrère français. Aux Etats-Unis, la situation conforte cet avis de tempête. La grève des ouvriers mécaniciens de Boeing, entamée samedi, paralyse la production sur les sites de l'avionneur dans la région de Seattle, ce qui risque d'avoir des répercussions sur les sous-traitants du groupe aux Etats-Unis et à l'étranger.
Le mouvement a été lancé par l'International association of machinists and aerospace workers (IAM), qui représente 27.000 ouvriers mécaniciens de Boeing, après l'échec des négociations sur un nouvel accord d'entreprise triennal. Les grévistes réclament des augmentations de salaires supérieures à celles proposées par la direction du groupe, et s'opposent à un projet de Boeing dans lequel ils voient une tentative pour délocaliser plus d'emplois vers des sites non syndiqués, et recourir davantage à des sociétés étrangères.
Le syndicat affirme que Boeing s'est débarrassé de 16.000 membres de l'IAM depuis 1990 en recourant de plus en plus à la sous-traitance. Le phénomène, notamment pour le 787, signifie que la grève aura des répercussions à l'étranger, des fournisseurs asiatiques et européens étant chargés de la construction du corps de l'appareil. C'est l'engrenage permanent qui conduit à la récession généralisée, car les dégâts collatéraux sont imprévisibles. En France, le plan de 4 000 départs, discuté lors d'un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire, concerne un potentiel de 26 224 salariés de Renault SAS. La direction voulant « préserver l'appareil industriel » pour « positionner l'entreprise parmi les constructeurs européens les plus compétitifs », a exclu du périmètre de la restructuration 14 687 salariés. En dehors des 1 000 départs envisagés à l'usine de Sandouville, le plan ne concerne que les personnes « non directement liées à la fabrication » c'est à dire le tertiaire, secteur pour lequel on sait pertinemment qu'il est bien difficile de trouver des solutions de reclassement.

L'OFFRE PLUTOT QUE LA DEMANDE
La supercherie réside dans ce décalage entre la présentation faite par le gouvernement et les mesures prises par le milieu économique. Dans un camp, on pratique l'incantation permanente et répétée à la « Sainte Réforme », dans l'autre on applique une recette immuable : le licenciement déguisé ! « Le marché européen est saturé, les marchés de croissance sont au grand international, donc c'est en fonction de ces marchés-là qu'on prend ces décisions », a-t-on expliqué chez Renault. « En France, on produit plus d'un million de véhicules par an, alors qu'on n'en vend que 650.000, donc notre production est déséquilibrée par rapport au marché ». Au total, le plan devrait permettre au constructeur automobile d'économiser 350 millions d'euros dès 2009 et 500 millions en 2010.
« Aujourd'hui, c'est l'inquiétude qui domine chez les salariés devant la surcharge de travail immédiate et les forts moments de stress à venir, ainsi que l'arrêt de certains projets », dit un syndicaliste CGT.
Les élus normands ont vivement réagi mardi à l'annonce qui touche l'usine de Sandouville (Seine Maritime), où 1.000 emplois doivent disparaître. Ceci constitue « un coup grave porté aux salariés de l'entreprise et de ses sous-traitants », a déclaré Laurent Fabius, qui doit se sentir un peu seul quand il entend François Hollande déclarer, triomphant, chez les Gracques : « On ne peut plus laisser penser que simplement par une stimulation des revenus la croissance pourrait revenir d'elle même (...) les socialistes doivent faire prévaloir l'offre plutôt que la demande ». De quoi faire plaisir aux plus libéraux du parti socialiste... et à bien des gouvernants actuels. Il lui restera à convaincre les ouvriers de Flins et de Sandouville, et ce sera véritablement plus difficile que de s'intégrer dans une majorité au sein du Parti. Mais c'est peut-être la raison de la récession de son parti.
Mais je déblogue

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9 septembre 2008 2 09 /09 /septembre /2008 07:17

Dès que l'on rappelle dans une chronique de L'AUTRE QUOTIDIEN combien les « religions de toutes tendances » ont envahi la vie sociale hexagonale, on se heurte au minimum au scepticisme ambiant sur les prétendus dangers qu'elles génèrent, et au mieux à un intérêt prudent qui se réfugie derrière la liberté de pensée. Or, il n'est jamais inutile de souligner qu'elles ont patiemment réussi à s'infiltrer dans les organes décisionnels et que, plus la vie associative est dynamique, plus elle sert d'espace de recrutement à toutes les variantes des « religions » officieuses mais structurées. Il est certain que les ex-Renseignements généraux ont planché sur ce thème, sans toutefois parvenir à mettre à jour l'intégralité des ramifications, tellement nombreuses qu'on en arrive à douter de tout et de tout le monde. Par exemple, il existe au minimum un doute sur la position de Nicolas Sarkozy et de certains membres du gouvernement sur ce sujet des « religions parallèles », qui ne valent d'ailleurs pas mieux que celles que le minstère de l'intérieur, tuteur des cultes, reconnaît officiellement. Au cœur du problème, on retrouve souvent l'Eglise de scientologie, dont on sait combien elle pèse directement ou indirectement dans les services d'un Etat de moins en moins laïque.
Le 30 aôut 2004, Nicolas Sarkozy est, par exemple, en poste à Bercy. Ce jour là, il reçoit en grande pompe Tom Cruise, membre actif de l'Eglise de scientologie depuis plus de vingt ans. Alors que la visite provoque une petite polémique, le ministère assure que les deux hommes ont parlé « cinéma et relations franco-américaines » et de rien d'autre. Quelques jours plus tard, l'acteur, qui se présente comme « l'ami » du ministre de l'Economie et des Finances, affirme : « Nous avons parlé de tout, de scientologie, de cinéma, de vie familiale ». Quelques jours avant cette sortie, l'émission d'investigation de Canal + "90 Minutes" (aujourd'hui envoyée aux oubliettes) avait proposé une enquête sur les relations entre Nicolas Sarkozy et la scientologie. Et le magazine de raconter comment, sous son règne, le ministère de l'Intérieur a curieusement relâché sa surveillance autour de cette Eglise, écartant même un policier spécialement chargé de ce dossier. Une accusation que l'entourage du ministre a toujours formellement démentie.
Les scientologues ne sont pas tous sur des fichiers du Ministère de l'Intérieur, puisque ce sont parfois des fonctionnaires, adeptes de cette mouvance, qui les gèrent. On sait que d'autres sont tapis dans l'enseignement, la justice, les représentants de l'Etat à tous les niveaux. ils ne peuvent pas toujours museler les plaintes portées contre cette « église », dont le dieu principal demeure le profit.

DES CONDAMNATIONS MULTIPLES
En 1978, son fondateur Lafayette Ron Hubbard, décédé en 1986, est condamné par défaut par le tribunal de Paris à quatre ans d'emprisonnement et 35.000 francs d'amende pour escroquerie. Le 28 juillet 1997, la cour d'appel de Lyon condamne l'ancien président de la scientologie à Lyon, Jean-Jacques Mazier, à trois ans d'emprisonnement avec sursis et 500.000 francs d'amende, pour homicide involontaire et escroquerie, en raison de sa responsabilité dans le suicide d'un adepte. Huit mois à un an d'emprisonnement avec sursis, et 10.000 à 20.000 francs d'amende sont infligés à cinq autres adeptes, mais neuf autres, poursuivis pour complicité, sont relaxés. Le 15 novembre 1999, cinq membres ou ex-membres sont condamnés pour escroquerie à Marseille, pour avoir usé de méthodes frauduleuses entre 1987 et 1990, à Marseille et à Nice, afin de recruter de nouveaux adeptes et de leur vendre des services très coûteux fournis par la secte. Un ancien cadre régional est condamné pour escroquerie à 2 ans d'emprisonnement, dont 18 mois avec sursis, et 100.000 francs d'amende.
Quatre autres scientologues sont condamnés à des peines de prison avec sursis de six mois à un an. Le 13 octobre 2003, la cour d'appel de Paris condamne l'association spirituelle de l'Eglise de scientologie d'Ile-de-France (Asesif) à 5.000 euros d'amende avec sursis, pour avoir conservé des fichiers informatiques sur d'anciens membres de la secte. Elle inflige la même peine au président de l'association Marc Walter pour violation de la loi informatique et libertés, et entrave aux fonctions des agents de la Commission nationale de l'informatique et des libertés. Le palmarès parait impressionnant, mais il faut le tempérer par des dizaines d'autres plaintes classées sans suite, et surtout par une mansuétude dont bien d'autres structures ne bénéficient pas.

PAS TOUJOURS POURSUIVIS
Cette nouvelle affaire avait débuté en décembre 1998 par la plainte, avec constitution de partie civile, d'une femme estimant avoir été escroquée par l'Eglise de Scientologie. Abordée par des scientologues quelques mois plus tôt, à la sortie du métro à Paris, elle avait passé un test de personnalité gratuit. Les dépenses se sont par la suite enchaînées pour la jeune femme, âgée de 33 ans : plus de 200.000 francs ont été engloutis dans des cours, dans l'achat de livres, de médicaments , ainsi que d'un "électromètre", appareil électrique destiné à mesurer les variations de l'état mental de la personne, par les modifications importantes de la résistance électrique. Une autre plaignante et l'ordre des pharmaciens, se sont par la suite constitués partie civile dans ce dossier qui a pris, hier, une tournure judiciaire au forceps. « C'est une grande victoire, le magistrat a eu le courage de balayer l'attitude complaisante du parquet à l'égard de la Scientologie », s'est félicité Me Olivier Morice, avocat de plaignantes.
« L'attitude du parquet ne peut que nous interpeller sur l'éventuelle prise en considération de motivations politiques dans le traitement judiciaire parisien des dossiers relatifs à la Scientologie », a-t-il ajouté. Il faut en effet noter que, sur le sujet d' hier, le magistrat est allé à l'encontre des réquisitions du parquet, qui avait requis le 4 septembre 2006, un... non lieu pour l'ensemble des mis en cause, estimant qu'il ne résultait pas de l'information judiciaire des charges suffisantes. Il y avait des inquiétudes à avoir, puisque des précédents existent : le 12 octobre 2007, au terme de vingt-cinq années de procédure, une ordonnance de non-lieu en faveur de membres de cette organisation avait été rendue par le juge Jean-Christophe Hullin. Mais les plaignants ont saisi la cour d'appel. La date d'audience n'est pas encore fixée.
Ouverte en 1989, cette enquête judiciaire visait des faits « d'escroquerie, d'extorsion de fonds et d'exercice illégal de la médecine », mais elle traîne, comme s'il était urgent d'attendre. Une vingtaine de personnes, dont l'ancien président de l'Eglise de Scientologie Jean-Paul Chapellet, ont été mises en examen dans cette affaire  qui a éé instruite successivement par ....quatre juges et a été marquée par des incidents de procédure, comme la perte « providentielle » de certaines des pièces du dossier. Dans ses réquisitions aux fins de non-lieu, le parquet avait estimé que l'instruction n'avait pas permis de mettre en évidence que les mis en examen aient « frauduleusement opéré des manœuvres ou extorqué des fonds ». Ceci dans la mesure où ces personnes paraissaient « avoir été convaincues de l'efficacité des prestations proposées et animées d'une foi authentique dans leurs démarches » (sic). Le plaignant à l'origine de la procédure, Juan Estaban Cordero, un jeune pianiste aux parents fortunés, avait versé en 1988 plus d'un million de francs (150.000 euros) à l'Eglise de Scientologie pour participer, avec son amie, à un cycle initiatique pour être « purifié », avoir un « corps pur » et « un esprit clair », selon les termes de l'association.
Un troisième dossier, ouvert en 2002 pour « escroquerie et extorsion » à l'encontre d'un ancien adepte, Alain Stoffen, est instruit au cabinet du juge Hullin, après que l'église de Scientologie eût bénéficié en 2006 d'un non-lieu prononcé par un autre juge, mais infirmé en 2007 par la cour d'appel de Paris. Professeur et compositeur de musique, Alain Stoffen dit avoir subi une manipulation mentale, du chantage, et avoir été escroqué durant quinze ans par l'Eglise de scientologie, à laquelle il a versé plus de 300.000 francs (46.000 euros) pour un programme de purification censé lui apporter un équilibre personnel et professionnel. Cette succession suspecte contraste avec la décision prise hier.

UNE SUPERCHERIE ROMANESQUE
En fait, les scientologues possèdent des bataillons d'avocats qui épluchent tous les écrits les concernant et qui sautent sur tout ce qui peut être exploitable en terme de révélations sur leur comportement. Par exemple, il faut éviter de ramener leurs pratiques religieuses à une dimension de profits financiers. Tout est truqué : en réalité, Ron Hubbard avait surtout le don d'inventer sur son compte des histoires extraordinaires. Ce fut son principal talent. Son enfance est bien plus banale qu'il ne le faisait croire. Il n'a obtenu aucun diplôme d'université et n'a jamais brillé en physique nucléaire.
Les expéditions maritimes du grand explorateur ont tourné court, par manque de préparation. Il a passé la majorité de la seconde guerre mondiale en retrait du front ; et mené à 2 reprises des combats absurdes, révélateurs de son manque de jugement. Ses hospitalisations n'étaient pas la conséquence de glorieuses blessures de guerre, mais de divers motifs, allant de la malaria à un ulcère et à des douleurs dans le dos. Auteur, il a vécu de ses romans de science-fiction dans des conditions précaires pendant les premières années.
Ses premiers livres explorent déjà des idées qu'il reprendra ultérieurement dans la scientologie. De nombreux documents de la secte révèlent ses tendances schizophréniques et paranoïaques. Les thérapies et la religion qu'il a créées reposent sur une fiction calamiteuse, présentée comme une vérité historique, signe que Ron Hubbard avait manifestement perdu la notion de frontière entre la réalité et l'imaginaire. Les psychiatres sont les principaux adversaires désignés par Ron Hubbard, ce dernier étant persuadé de leur noire conspiration pour anéantir la scientologie et avec elle, l'humanité tout entière.
Il est mort en 1986, à l'âge de 75 ans. Mais ses disciples sévissent toujours. Normal ! On n'arrête pas une affaire qui rapporte une fortune à ses héritiers... peu spirituels mais très intéressés. A quand une interdiction pure et simple de ce qui ressemble simplement à une exploitation de l'homme par l'homme, avec la bénédiction de ceux qui prétendent que la marge entre la liberté et l'aliénation est trop mince pour être définie ?
Mais je déblogue...

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8 septembre 2008 1 08 /09 /septembre /2008 07:17

S'il y avait un brin de débat politique de fond en France on pourrait avoir quelques moments assez intéressants. En effet, depuis quelques semaines, les opportunités ne manquent pas puisque tout le monde marche à contre courant comme s'il s'agissait de démontrer au camp adverse que plus rien ne sert de mener un combat idéologique en raison de la gravité de la situation. Les tenants de la loi du marché nationalisent ou taxent le capital, alors que certains partisans de la régulation étatique se réfugient derrière une conception moderniste de la société, leur faisant abandonner la lutte des classes. A ce rythme là, il sera bientôt totalement impossible de reconnaître sa droite et sa gauche, pour se contenter d'un brouillard idéologique estompant les « couleurs », comme s'il était devenu indécent de les afficher.
Si l'on se réfère aux plus récentes décisions, il faut constater que la crise du système bancaire, beaucoup plus profonde qu'on veut bien le dire, va conduire les Etats à replâtrer un système en perdition. Et, comble de l'ironie, on va présenter les « nationalisations » bancaires comme des solutions pouvant éviter un effondrement général du marché des profits. Ainsi, on a appris que les sociétés de crédit hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac pourraient être rachetées par le gouvernement américain, pour sauver le marché immobilier du risque de faillite de ces deux géants. Extraordinaire : voici l'Etat providence américain qui « nationalise », alors que chez nous, on est en passe de privatiser La poste, après avoir vendu ou bradé tous les réseaux bancaires d'Etat et  les grandes entreprises qui dégageaient des profits, et garantissaient la pérennité de ce que l'on appelait les services au public.
Tous les détails de l'opération, qui va coûter des milliards aux contribuables, ne sont pas connus, mais le départ des dirigeants des deux sociétés est prévu, selon la même source informée. Ils auront droit à quelques bonifications de fin de carrière, ou à des stocks options rémunératrices, pour leurs bons et loyaux services antérieurs en faveur des bénéfices restitués aux actionnaires. Le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, le secrétaire au Trésor Henry Paulson et le principal régulateur des deux organismes, James Lockhart, ont rencontré les dirigeants des deux sociétés, et les ont informé du projet qu'avait le gouvernement de prendre, à titre conservatoire, le contrôle des deux entités.
La nouvelle, d'abord donnée par le site Web du Wall Street Journal, est parue après la fermeture des marchés. Elle fait suite à un rapport de l'association des banquiers du crédit hypothécaire qui estimait qu'à la fin juin, plus de 4 millions de propriétaires ayant contracté une hypothèque sur leur bien immobilier, soit 9% du total, étaient en retard dans leurs paiements ou incapables de rembourser. Cela vient confirmer les soupçons des investisseurs. Les difficultés du marché hypothécaire sont passeés aux propriétaires de logements, qui disposaient d'un crédit solide, mais ont réalisé des prêts hasardeux, sans qu'on leur ait demandé de prouver leur capacité à rembourser. Freddie Mac et Fannie Mae garantissent ensemble quelques 5000 milliards de dollars (3504 milliards d'euros) de prêts immobiliers. Une catastrophe menace, et ce n'est ni la faute des grévistes, ni celle des 35 heures, ni celle des lois sociales, et encore moins celle des « socialo-communistes »...

L'EXEMPLE SUR LES RAILS
Le système économique régulé par le pouvoir politique ne valait plus rien. Depuis des décennies, accablés par l'échec retentissant du communisme et par l'abandon de l'autogestion, les partisans de cette méthode de gestion sociale se trouvent marginalisés partout. On ne croit plus dans leurs solutions qui coûtent aux contribuables. D'ailleurs on le voit bien avec le Crédit Lyonnais dont on n'en finit plus d'apurer les erreurs de gestion publique. On oublie le reste, tout le reste, avec notamment la situation de plus en plus préoccupante des fleurons des ex-services publics ! Prenons par exemple la SNCF qui, après s'être désengagée des contraintes techniques du passage de ses trains, sur Réseau Ferré de France, constate que, si la commercialisation dégage quelques bénéfices, limités, les investissements pour la modernisation ou simplement l'entretien des voies empruntées ne sont plus réalisés, exactement comme ce fut le cas en pareilles circonstances, en grande Bretagne, après le passage de la « Dame de fer » Margaret Tatcher !
La SNCF va inspecter à partir de mercredi ses caténaires, les câbles électriques qui alimentent les voies ferrées, après des incidents sur ces câbles qui ont fortement perturbé le trafic ces dernières semaines. Elle ne devrait pas inspecter les 15.000 kilomètres de caténaires, mais seulement « les points sensibles, là où la circulation est particulièrement forte ou bien là où il y a des entrées et des sorties de gare »,  bien que le trafic d'une quarantaine de TGV, transportant quelque 20.000 voyageurs, ait été très perturbé en direction et en provenance de la gare Montparnasse à Paris, après l'arrachement d'une caténaire par un TGV à Montrouge en fin d'après-midi. En fait, on a dégagé davantage de profits en réduisant les frais d'entretien, en supprimant des milliers d'emplois, en sous traitant les travaux indispensables au maintien de la sécurité.
« Je ne peux pas penser que ces dernières années on a supprimé des milliers d'emplois, on a réduit les coût d'exploitation et de maintenance, et qu'il n'y a pas de lien de cause à effet avec ces incidents à répétition », a déclaré le délégué CGT des cheminots. Mais qui l'entendra, car il est syndicaliste (une tare irrémédiable) et anti-libéral (un archaïsme débridé). Il en va de même partout : télécommunications, production d'énergie, constructions navales, militaires, spatiales... et l'indifférence permet même de s'attaquer dorénavant à l'éducation !

PRIVATISATIONS CIRCONSTANCIELLES
Pour certains, la privatisation est une phase normale de la vie de certaines structures pourtant pertinentes ne pouvant pas naître dans un système concurrentiel. Donc, l'État les crée et, quand elles sont organisées et rentables, les vend afin que des entreprises privées puissent générer des bénéfices. Ce qui permet à l'État de créer les entreprises utiles sans avoir à les gérer. Ce qui pose tout de même le problème de voir des structures construites avec de l'argent public (qui est la somme de contributions de citoyens contribuables), du bien public, devenir du bien privé. À noter qu'en contrepartie, le prix de ces cessions alimente le budget de l'État pour de nouvelles opérations utiles, ou pour alléger la dette publique... Or actuellement, on a oublié ce principe libéral pour transformer les dénationalisations positives en moyens de boucher les trous béants d'un Etat ruiné, et on nationalise pour sauver des entreprises ruinées par une volonté de réaliser des profits exorbitants souvent au détriment de l'intérêt collectif.
Le pire c'est que ceux qui se sont les mieux adaptés à cette révolution culturelle sont les Russes. Certaines privatisations ont pu permettre aux amis du pouvoir de faire fortune rapidement. Les nouveaux capitalistes émergent triomphalement à l'Est et les déconfits du capitalisme triomphant s'amoncellent à l'Ouest ! Comprenne qui pourra. Quand au Venezuela ou en Equateur les nationalisations des productions interviennent ce sont des mesures absurdes, mais quand les Anglais sauvent la banque Northern Rock, spécialiste du prêt immobilier, en difficulté depuis plusieurs mois, c'est une mesure salutaire. En fait, on applique encore au gré des fluctuations économiques un seul principe clair : privatiser les bénéfices et nationaliser les pertes ! En dehors de ce système, il n'y a aucune compréhension possible de la vie sociale. On n'en diverge que sur des détails.

LE CRASH GARANTI
Entre Nord et Sud, les ressemblances sont frappantes. Au Sud, la crise de la dette, survenue au début des années 1980, a été provoquée par l'augmentation unilatérale des taux d'intérêt par les Etats-Unis, entraînant une explosion des remboursements demandés aux pays du tiers-monde que les banques avaient incité à emprunter à taux variables. Une sorte de crise des subprimes étatiques provoquée. Dans le même temps, l'effondrement des cours des matières premières empêchait ces économies précaires de pouvoir faire face à leurs besoins, les plongeant de manière brutale dans la crise. Le Fonds monétaire international (FMI), téléguidé par les Etats-Unis et les autres grandes puissances, a alors imposé aux pays en développement des programmes d'ajustement structurel drastiques.
Au menu, comme dans les pays du Nord, réduction des budgets sociaux, libéralisation totale et immédiate de l'économie, abandon du contrôle des mouvements de capitaux, ouverture complète des marchés, privatisations massives. Mais contrairement à ce qui se passe aujourd'hui au Nord, l'Etat du Sud s'est vu interdire de baisser les taux d'intérêts et de fournir des liquidités aux banques, ce qui a provoqué des faillites en cascade, et de très fortes récessions. Finalement, comme aujourd'hui, l'Etat a été contraint de renflouer les banques en difficulté avant de les privatiser, souvent au profit des grandes sociétés bancaires nord-américaines ou européennes. Au Mexique, le coût du sauvetage des banques dans la deuxième moitié des années 1990 a représenté 15% du produit intérieur brut (PIB). En Equateur, une opération identique réalisée en 2000 a coûté 25% du PIB. Dans tous les cas, la dette publique interne a grimpé fortement, car le coût du sauvetage des banques a été supporté par l'Etat. Maintenant, la crise atteint ceux qui avaient cru en profiter via les particuliers. La déréglementation économique de toutes ces dernières années tourne au fiasco. La seule issue valable est un renversement total des priorités : des contraintes très strictes pour les entreprises privées, des investissements publics massifs dans des secteurs permettant de garantir les droits humains fondamentaux et de protéger l'environnement, la récupération par les pouvoirs publics des leviers de décision pour favoriser, sans exception, l'intérêt général.
Si le train libéral continue sa course folle, le crash est garanti, car plus aucun rail idéologique ne le guidera vers l'horizon. En France, le gouvernement tente de masquer cette tendance avec le financement impossible du RSA, mais tôt ou tard on reviendra vers le toujours plus pour les uns, qui conduit au toujours moins pour les autres.
Mais je déblogue...

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