Il est certain que les adversaires du fichier Edvige n'avaient aucune raison valable de demander le retrait (ce n'est d'ailleurs toujours pas fait) d'un décret liberticide surtout pour les acteurs de la vie sociale. Politiques , élus locaux, animateurs de la vie syndicale ou associative, fichés de tous bords, devaient se sentir en sécurité : aucun policier de feu les ex-RG n'utiliserait ces renseignements liés à la vie privée pour s'attaquer à l'action de l'un d'entre eux. On a essayé de nous le faire croire, à une époque où l'Etat se préoccupe d'un écolo hostile à une autoroute, d'un représentant du personnel prêt à lutter contre la fermeture de son entreprise, ou à un élu refusant d'appliquer le service minimum pour remplacer des enseignants, fonctionnaires d'Etat défaillants... Il a oublié en revanche de surveiller les agissements des dirigeants des grandes banques qui, eux, peuvent se prévaloir du secret économique, et faire n'importe quoi avec l'argent... des autres, ou de l'Etat. Ah ! s'il y avait eu un fichier Edvige des banquiers, combien aurions nous économisé de deniers publics. Bercy ne savait rien de leurs pratiques. Bercy n'a rien vu venir. Bercy n'a rien pu faire. Bercy n'a pas de recours possible. C'est une immense surprise pour tous les spécialistes du monde opaque de l'économie spéculative. L'Elysée n'était pas au courant !
C'est comme Place Beauvau au Ministère de l'Intérieur : on ne savait absolument rien de ce qui se passait autour d'Olivier Besancenot. Incroyable : pas une seule ligne des RG sur le bureau de la Ministre alors que l'on sait que chaque matin elle a un rapport détaillé qui est même transmis à l'Elysée ! Il faut croire que les services concernés fonctionnaient très mal car il a fallu que Besancenot lui-même s'en aperçoive pour que la police s'en mêle. Mais il n'y a aucune arrière pensée dans une telle absence de réaction. D'ailleurs MAM n'a pas éprouvé le besoin de publier la moindre mise au point sur le rôle joué par certains membres de son ministère. Une information judiciaire a été ouverte, et un juge désigné pour enquêter sur l'espionnage dont a été victime le porte-parole de la LCR, Olivier Besancenot. Elle vise les chefs de « violation du secret professionnel », « détournement de finalités de données », « divulgation intentionnelle de données confidentielles » et « accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données ».
Quand certains élus, dont j'étais, prétendaient qu'Edvige ne serait qu'une passoire à usage politicienne, j'étais suspecté d'anti sarkozysme primaire ! Deux policiers et un douanier, qui figurent parmi les sept personnes déférées dans cette affaire, sont en effet visés par ces chefs, et peut-être étaient-ils spécialisés, comme certains de leurs collègues, dans l'approvisionnement accéléré du fichier, non supprimé dans les faits. Encore une fois un problème économique menace la démocratie puisque, derrière toute cette affaire, on sait qu'il s'agit de la vente aux maires sécuritaires et à l'Etat de milliers de pistolets, dont personne ne connaît réellement l'impact sur l'intégrité physique des personnes qui en sont victimes. Le profit d'un importateur peut être pris en compte par des fonctionnaires placés sous l'autorité d'un ministre de la République, et ça n'inquiète guère dans les chaumières. On se doute bien que sur des enjeux encore plus colossaux, les procédés de ce type ne doivent pas manquer mais... ils sont probablement mieux montés, et plus discrets.
UNE VRAIE BARBOUZERIE
Les quatre autres personnes, dont Antoine Di Zazzo, le directeur de SMP Technologies, la société qui diffuse le pistolet à impulsion électrique Taser en France, sont visées par les chefs de « complicité par instruction » et « recel », a-t-on précisé de source judiciaire. Le directeur du "cabinet de détectives Dussaucy", et une de ses collaboratrices, figurent également parmi ces quatre personnes. Le parquet a requis le placement sous contrôle judiciaire des sept personnes déférées dans cette affaire.
Le maximum des peines encourues est de... cinq ans d'emprisonnement et de 375.000 euros d'amende, a précisé le parquet. Des perquisitions, menées cette semaine au siège de SMP Technologies et chez Dussaucy, ont permis aux enquêteurs de mettre la main sur plusieurs éléments qui semblent montrer un lien entre les deux sociétés, dont des traces de versements de sommes assez coquettes. Le rapport d'espionnage sur le porte-parole de la LCR a dans le même temps, été saisi chez SMP Technologies. Deux virements de SMP Technologies vers le cabinet Dussaucy ont également été identifiés. S'il y a une procédure de marché public pour la fourniture de ces engins particuliers, je suis certain, comme vous, qu'elles seront annulées, et que les commandes en cours seront au minimum différées, en attendant le verdict judiciaire. Tenez, il faudrait qu'un journaliste enquête sur le montant des contrats signés entre le Ministère de l'intérieur et la société SMP Technologies... et le Ministère, en toute transparence, devrait le publier avec sa position sur le rôle joué par ses fonctionnaires dans cette lamentable « barbouzerie » ! En attendant, le premier prévenu sera en fait Olivier Besancenot lui-même !
Le porte-parole de la LCR est poursuivi par la société SMP technologies, qui distribue en France le pistolet à impulsion électrique Taser, et comparaîtra devant la 17ème chambre correctionnelle, pour avoir affirmé que le Taser avait causé la mort de 150 personnes aux Etats-Unis.
Noël Mamère, qui a prêté serment d'avocat devant le barreau de Paris le 7 mai 2008, avait plaidé pour la première fois, début septembre à Montpellier, à l'occasion du procès de trois militants anti-OGM, faucheurs volontaires, qui avaient refusé de se soumettre à des prélèvements ADN. Il sera son avocat, et il est certain que ses arguments seront écoutés par le tribunal...Par ailleurs, selon lui, cela « pose un problème politique et démocratique que d'armer des polices, y compris des polices municipales, d'engins qui peuvent tuer, comme le rapport d'Amnesty international le prouve ».
LE CONTRIBUABLE VA PAYER
Les méthodes utilisées par le PDG de SMP Technologies auraient pourtant pu éveiller quelques soupçons. Le criminologue Alain Bauer se défend, par exemple, selon le Monde.fr, d'être devenu un ambassadeur du Taser. Mais il reconnaît volontiers qu'il a suggéré au Haut Comité français pour la défense civile (HCFDC) d'organiser, en avril, un débat au... Sénat, sur ce type d'arme. Un débat que le délégué général du HCFDC, Christian Sommade, qualifie de « moyen », et qui a vite tourné à l'avantage de Taser, faute de concurrents. Parmi les intervenants figurait... Jo Masanet, ancien secrétaire général de l'UNSA-Police, premier syndicat des gardiens de la paix. Antoine Di Zazzo est allé le voir très tôt, il y a six ans, dans son bureau, avec une brochure sous le bras. Depuis, le syndicat apporte son indéfectible concours au Taser, comme en témoignent les six pages qu'il consacre à cette « arme du troisième millénaire » dans son magazine de septembre. Antoine Di Zazzo n'hésite pas à fréquenter des stars du show-biz ou des personnalités politiques. Il pose en photo avec le député UMP Thierry Mariani dans un récent numéro du magazine pour hommes « Balthazar » ; ou bien s'affiche, dans un grand hôtel parisien, aux côtés de Caroline Barclay, la veuve d'Eddie Barclay, pour la soirée de lancement du Stoper C2, le 29 mars 2007. Avec ce « Taser light », selon sa propre expression, qui ne nécessite pas une autorisation de port d'arme, le distributeur français vise de nouvelles cibles : médecins, vétérinaires, agents de sécurité. Et, bien sûr, les femmes, « pour se défendre ». Toutes ces démarches, auxquelles il faudrait en ajouter bien d'autres, illustrent à merveille un système qui tourne autour d'une manière d'imposer dans la vie publique une « arme » discutable. De toutes les façons, ce sera le contribuable qui finira par payer ces largesses, puisque dans le prix de vente, elles sont incluses, au titre des frais de communication de l'entreprise venderesse ! Comme elle est, dans les faits, en situation de monopole, il n'y a aucun risque.
TOUT LE MONDE EST CONCERNE
Le fichier Edvige, même s'il remplace de vieilles fiches en carton, mériterait que les citoyennes et les citoyens s'en émeuvent. Anesthésiés par la crise économique, ils oublient que les « coupables » ne sont pas toujours, nécessairement, ceux qui critiquent, qui s'opposent, qui résistent, mais bel et bien ceux qui agissent et ont le pouvoir de le faire. La crise va se terminer dans deux ou trois ans, avec une indulgence générale accordée à celles et ceux qui en portent la responsabilité. Les pyromanes sont souvent les plus actifs pour lutter contre l'incendie qu'ils ont allumé. Ils ont été identifiés, mais ils préparent tranquillement leur alibi, en cherchant des Kerviel partout. Là, Besancenot sera certainement exonéré de peine pour avoir dénoncé un problème réel, que le Ministère de l'Intérieur n'a pas, encore une fois, vu ou entendu.
On va aboyer dans les commissariats, pour expliquer que le Taser est indispensable à la sécurité des bonnes gens qui vont chercher un peu d'argent à la Caisse d'Epargne, et que les bandits des banlieues guettent à la sortie de la banque... Pour le reste, circulez, il n'y a rien à voir. Et fermez là... car autrement, on va mandater quelques sbires pour vous espionner, et effectuer un état, comme pour le patron de la LCR, un bilan... de votre compte en banque. Attention, si vous avez touché des heures supplémentaires exonérées de charges sociales, parce que vous avez travaillé plus pour gagner moins, vous risquez une enquête fiscale ! Il ne vous reste plus qu'à acheter un Taser chez un armurier pour vous défendre contre les détectives privés qui vont vous suivre. D'ailleurs, un petit conseil : désabonnez-vous vite, comme viennent de le faire une demi-douzaine de fonctionnaires, de L'AUTRE QUOTIDIEN, car c'est déjà trop tard, ce comportement suspect est porté sur votre fiche Edvige !
Mais je déblogue...