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23 avril 2009 4 23 /04 /avril /2009 07:17

Il y a les grandes déclarations sur l'immigration. Elles occupent l'essentiel des espaces médiatiques puisqu'elles correspondent à l'opinion dominante qu'il faut absolument flatter pour obtenir de l'audimat et du lectorat. Quel que soit le pays européen, on trouve « son » immigré venu de l'autre côté de la frontière, celui qui vient perturber le bon fonctionnement d'une société qui aime bien dormir sur ses certitudes. Les Roms, les Albanais, les Ethiopiens, les Moldaves, les Ukrainiens, les Africains de toutes origines... les Afghans, les Turcs, les Kurdes, les Ouzbeks, et que sais-je encore, sont forcément les cauchemars des gouvernements, qui les ballotent sans jamais régler le moindre problème. Les bateaux, les radeaux, les camions, les remorques... déversent chaque jour la misère de la terre sur une autre terre ne pouvant ou ne voulant pas les accueillir. Il arrive même parfois qu'ils échappent aux camps, qui se veulent de rétention plutôt que de concentration, pour trainer dans les villes, se réfugier dans des lieux que bien des mémères refuseraient pour que leur toutou fasse ses besoins naturels ! Dramatique, ce comportement qui, selon la formule célèbre, conduit tôt ou tard certains hommes à devenir des loups pour les autres hommes.
D'ailleurs, plus la pénurie menace et plus les meutes hurlent avec les loups, au prétexte que l'insupportable est atteint. Parfois, il arrive que certains principes soient plus forts que le tsunami des certitudes, mais c'est de plus en plus rare. N'empêche que les plus terribles sont souvent celles et ceux qui, après avoir défendu une position, virent de bord pour adopter la position inverse. Les transfuges voulant absolument démontrer leur reconnaissance au chef sont les plus redoutables, car ils sont capables de justifier l'injustifiable ! Eric Besson est le parfait exemple de cette attitude détestable, consistant à se renier en permanence, laissant l'impression que l'on ne doit surtout pas croire en une position politique quelconque. Ou bien ce que ce transfuge de la Gauche caviar affirmait hier était empreint de la plus grande hypocrisie, ou bien il ne croit pas un mot de ce qu'il affirme maintenant. La métamorphose n'existe pas dans la vie publique à ce point là ! Par exemple, ce grand démocrate joue aux mimes empressés : quand Sarkozy passe, les aspérités sociales gênantes doivent être rabotées. Plus la peine de passer des consignes aux Préfets de tous grades : ils devancent les volontés présidentielles ou ministérielles. Alors, quand Eric Besson s'annonce, on rafle ! Des campements de fortune cernés par des centaines d'uniformes. Près de deux cents migrants interpellés et placés en garde à vue.
Plusieurs opérations coups de poing ont été menées à Calais, et sur des aires d'autoroute de la région, où affluent en permanence des centaines d'exilés qui cherchent à passer en Grande-Bretagne. Conduites sur réquisition judiciaire, mais à l'avant-veille d'une... visite du ministre de l'Immigration sur place, ces vagues d'arrestations ont suscité une volée de critiques. « Un coup de communication qui ne répond pas au besoin de protection de ces gens, dont la plupart viennent d'Afghanistan et d'Irak », juge France Terre d'asile. « Est-ce courir après les passeurs que de rafler ces réfugiés qui dormaient ? » interroge un abbé, du collectif « calaisien C'Sur ». En fait, il faut absolument faire du chiffre et donner raison au visiteur, qui a promis que... 5 000 passeurs seront arrêtés et jugés en 2009, comme si les passeurs, prévenus, allaient s'exposer à une rafle prévisible. Là, rien ne vaut un beau coup de jugulaire qui plaît tellement au défenseur de la Patrie en danger ! Aucun risque, ils ont fait la malle depuis belle lurette.

KARCHERISATION CALAISIENNE
« Il fallait réaffirmer, face à la dégradation de la situation, que force doit rester à la loi ! » a expliqué Eric Besson, qui se défend de toute corrélation entre la rafle et sa visite. Le ministre, qui a fait du dossier « Calais » une priorité, doit annoncer aujourd'hui une première série de mesures qui ne changeront absolument rien à rien.
« Rétablir l'Etat de droit dans cette ville, là est la question de fond, que ce soit deux jours avant ou trois jours après ma venue », insiste le ministre de l'immigration surtout pas clandestine, pour qui l'objectif est d'engager la guerre aux passeurs. « Ce type d'opération est nécessaire. Notre ville est prise en otage ! Il y a en ce moment huit cents migrants à Calais », souligne la maire (UMP) de la ville, Natacha Bouchart, qui s'emporte contre les Britanniques, non signataires des accords de Schengen, et dont les conditions d'accueil pour les étrangers, estime-t-elle, demeurent « trop attrayantes ».
Depuis la fin des années 1990, à l'unisson de l'Union européenne, la Grande-Bretagne a pourtant fermé ses portes de façon drastique : enfermement illimité des demandeurs d'asile dans des centres de rétention prisons, établissement de contrôles d'identité pour les étrangers et expulsions massives... Dans les réseaux qui leur font franchir les frontières, et qui vendent désormais le mirage des pays scandinaves, le bouche-à-oreille l'a depuis longtemps diffusé : hormis pour quelques « chanceux », l'eldorado anglais n'est plus le rêve espéré. Auparavant transitoire, le passage par Paris s'inscrit de plus en plus dans le temps. Et ceux qui parviennent encore à traverser la Manche n'ont désormais pour seule issue, lorsqu'ils s'extirpent des camions, que de se fondre dans la clandestinité. Encore et toujours la clandestinité, dont on sait qu'elle ne conduit qu'aux pires situations sociales et humaines. Elle renforce le sentiment d'insécurité des uns et des autres, mais ne change pas un iota aux flux migratoires intemporels.
L'opération Karchérisation de Calais n'aura aucun effet. On aura amusé la galerie durant une semaine avant les élections européennes, et avec l'espoir, dans le Pas de Calais, de voler quelques voix au FN, mais le problème se déplacera ailleurs.

RIEN DE CONCRET
« La garde à vue des neuf migrants est terminée, ils ont été libérés », sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux, a annoncé le parquet, sans autre précision. Hier matin, près de 200 migrants au total, essentiellement des Afghans, avaient été interpellés à Calais et sur des aires d'autoroute de la région, lors d'une importante opération qui avait mobilisé près de... 500 policiers et gendarmes. Qui a estimé le coût de ce type de rafle pour la collectivité ? Hier, Eric Besson a indiqué sur RMC que l'opération policière " visait à rechercher des passeurs, et je crois savoir qu'une dizaine d'entre eux sont en garde à vue ". La garde à vue des neuf Afghans avait été prolongée "pour des vérifications techniques (portables, répertoires...)", avait indiqué peu après le procureur de Boulogne-sur-Mer. Comme ces neuf Afghans, tous les interpellés de mardi ont été laissés libres, à l'exception de trois migrants qui ont été placés en centre de rétention administrative, et de huit mineurs conduits dans des foyers, selon la police. Enfin, six autres migrants ont fait l'objet d'un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière.
Depuis la fermeture en novembre 2002 du centre de la Croix-Rouge à Sangatte, des centaines de migrants (au moins 800, Afghans, Erythréens, Somaliens, Soudanais, Iraniens, Nigérians, Kurdes...) errent dans le Calaisis, dans l'espoir de gagner clandestinement l'Angleterre, notamment en montant à bord de camions embarquant dans des ferries. Ils ne vivent que de la plus dure des drogues : celle d'un avenir qu'ils croient logiquement meilleur que leur passé ou leur présent. Eux ne changeront pas d'avis !

LA LISTE DU GISTI
Personne n'a encore établi un simple comparatif : combien d'étrangers ont été reconduits aux frontières, et combien sont entrés dans le même temps en France ? Les statistiques non officielles seraient intéressantes. Tenez, il faudrait les demander à l'Insee. Mais Eric Besson y perdrait de sa superbe, et ce n'est pas envisageable. Alors, on hurle avec les loups ! Il a entamé le 8 avril dernier une polémique avec l'association Gisti, association sérieuse et fiable qui avait reçu, comme d'autres associations, une lettre affirmant que le délit de solidarité n'existait pas, et qu'en 65 années d'application de la loi, personne en France n'avait jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation irrégulière. Aussi, les juristes de Gisti ont publié mardi une liste "non exhaustive" de 32 personnes, condamnées pour avoir porté assistance à un sans-papiers.
C'est cette liste que conteste Eric Besson. « Ils avaient dit depuis deux mois qu'ils apporteraient la preuve que, contrairement à ce que j'affirmais, des bénévoles humanitaires avaient pu être inquiétés. Or dans leur propre liste, il n'y a aucun bénévole », a-t-il lancé mercredi. « Aucun des étrangers en situation irrégulière visés n'est d'ailleurs présenté comme relevant d'une situation de détresse », a aussi souligné Eric Besson, mardi. Le ministère n'a toujours pas expliqué comment il faisait la différence entre un « bénévole » et un « particulier ».
Selon l'association, elle « n'a recensé sur la liste que les cas où ne figurait aucune condamnation connexe ». C'est d'ailleurs pour cela que la liste est « relativement limitée, car nous aurions pu lister une centaine de cas ». C'est également pour cette raison « qu'il s'agit souvent de la condamnation d'un conjoint ou d'un membre de la même famille ». Cette liste ne tient compte que des poursuites ayant entraîné condamnation, y compris avec dispense de peine. Ne sont donc pas recensées ici les poursuites ayant abouti à un non-lieu, ou à une relaxe. Elles ont pourtant donné lieu, à chaque fois, à leur lot d'intimidations, de convocations (...), de gardes à vue, de mises en examen, de perquisitions..."Le ministre est en train d'ajouter la mauvaise foi au mensonge", insiste Claire Rodier du Gisti. Il dit : "personne n'a été condamné. Nous démontrons que si". Il est vrai que Besson ne risque rien, il a juste émigré du PS le plus ambigu, à l'Ump la plus dure. Un chemin qui ne nécessite pas un autre visa que celui de l'ambition personnelle au détriment des autres.
Mais je déblogue...

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15 avril 2009 3 15 /04 /avril /2009 07:17

Chère lectrice, cher lecteur,

Pour la première fois depuis septembre 2005, le propriétaire actionnaire unique de L'AUTRE QUOTIDIEN a accordé à son rédacteur quotidien une semaine de vacances. C'est une avancée sociale décisive qui se répercutera sur l'ensemble du personnel de ce blog, et qui a été obtenue de haute lutte, en cette période de crise sociale. La correctrice quotidienne des textes en a même profité pour s'offrir un séjour à Nice...
On ne se refuse plus rien dans les entreprises saines qui ne dépendent pas des banques pour leur survie.
Retour sur le net le jeudi 23 avril. Et ne râlez pas trop, car je ne vais pas vous dire que je suis malheureux de vous abandonner à l'opinion dominante durant 8 jours. Ça vous fera le plus grand bien !
Jean-Marie DARMIAN

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14 avril 2009 2 14 /04 /avril /2009 07:17

Le résultat du vote sur le piratage via internet de la musique et des films a défrayé la chronique, car il a mis en évidence l'état pitoyable de la majorité actuelle, incapable de défendre un texte réputé sarkozyste. Il a même failli priver la France d'un grand ministre, dont les mérites ne sont même pas reconnus par l'UMP. En effet, hier on apprenait que Roger Karoutchi avait eu la tentation de Venise et donc de coller sa démission. Heureusement pour la France, le Président de la République n'a pas été aussi sévère qu'il l'est habituellement avec un Préfet ou un commissaire de police : il ne lui a pas demandé de partir ! Ouf. En fait, la loi Hadopi ne règle pas les véritables problèmes d'internet, et on sait fort bien qu'elle ne sera même pas applicable quand elle sera promulguée, car il n'y aura aucun moyen humain et matériel de surveillance du piratage. Tous les postes de fonctionnaires étant réduits et même supprimés, on ne voit pas un service de dizaines de personnes fliquer le net alors que tant d'autres sujets plus graves envahissent quotidiennement la toile. Internet est en effet devenu le plus extraordinaire des supports, mais aussi le plus dangereux, tellement les perversions sont nombreuses. Il est certain que c'est devenu un enjeu majeur dans une société peu encline à vérifier ce qu'elle absorbe en matière d'information. Les rumeurs les plus folles peuvent désormais se transformer en vérités, grâce à ces chaînes qui se mettent en place et se diffusent en boucle. Cette réalité a attiré l'attention de toutes celles et tous ceux qui ont en charge une nouvelle spécialité : la manipulation médiatique ! Il serait véritablement d'une grande naïveté de croire que les responsables politiques de tous niveaux n'utilisent pas ce support pour détruire leurs adversaires, leurs rivaux ou même leurs ennemis intimes. Et l'événement qui vient de se produire chez les Anglais existe désormais dans tous les pays de la planète.
Accusé d'avoir voulu monter une campagne "obscène" pour calomnier l'opposition, le gouvernement britannique de Gordon Brown est éclaboussé par un nouveau scandale, quelques jours après les révélations sur les très généreuses notes de frais de ses ministres. « Smeargate »: la presse britannique se délecte, depuis plusieurs jours, d'un de ces « gate » qui la passionnent, en référence au scandale du "Watergate" qui avait fait chuter le président américain Richard Nixon en 1974. Celui-là concerne une campagne visant à calomnier (« smear » en anglais) l'opposition conservatrice et c'est un des plus proches conseillers du Premier Ministre Gordon Brown, Damian McBride, qui avait envisagé de le monter.

DESINFORMATION ORGANISEE
Un blog politique des Tories, Guido Fawkes, a révélé des courriels échangés entre M. McBride et Derek Draper, ancien responsable des communications du Labour qui gère actuellement un site de militants travaillistes.
M. McBride y proposait de créer un site pro-Labour, baptisé « Le chiffon rouge », qui aurait lâché dans la blogosphère des rumeurs totalement infondées sur la maladie sexuellement transmissible d'un haut responsable conservateur, sur l'existence de photos d'un autre en sous-vêtements féminins, ou sur la fragilité mentale de l'épouse d'un hiérarque tory. Les plus importants caciques du parti étaient visés, dont son leader, David Cameron, et son "ministre des Finances" George Osborne. Face au tollé suscité, M. McBride, qui était porte-parole de Brown jusqu'en octobre, a immédiatement démissionné, tout en minimisant la portée de ses mails, qualifiés d' « enfantins ». C'est une première, mais certainement pas une...dernière, car les initiatives de ce type existent absolument partout. On ne le sait pas assez, mais la CIA a une cellule de désinformation extrêmement puissante qui travaille sur le net !
Dans une lettre datée de lundi, et adressée au chef de la fonction publique, explique l'AFP dans une édifiante dépêche, Gordon Brown se dit « certain qu'aucun ministre ni conseiller politique autre que la personne impliquée n'avait connaissance des courriels ». Le Premier ministre dit avoir écrit « personnellement » à chacune des victimes de calomnies, et demande un renforcement des règles régissant les conseillers du gouvernement, afin de faire en sorte qu'un « tel comportement ne se reproduise pas » (sic). Mais ces déclarations risquent de ne pas satisfaire les conservateurs, qui réclament des excuses en bonne et due forme de M. Brown, à l'instar du porte-parole des Tories pour les affaires étrangères, William Hague. « C'est survenu au cœur du gouvernement », a-t-il accusé.
Les messages contiennent des propos « obscènes » et « prouvent une opération de diffamation sur le long terme, orchestrée par Downing Street », a estimé l'animateur du blog Guido Fawkes, Paul Staines. Des critiques se sont élevées jusqu'au sein du Labour. Alastair Campbell, ancien responsable des relations presse de l'ex-Premier ministre Tony Blair, s'est dit « atterré ». Pour Tom Harris, ancien ministre travailliste des Transports, « les normes de la politique (sont) tombées bien en deçà de l'acceptable ». Le scandale jette une lumière crue sur le petit monde des « spin doctors » (experts en communication) et son « côté sordide », comme l'écrit l'Independent (centre-gauche). Ils existent chez nous aussi, et ils se réfugient systématiquement dans le confortable anonymat que leur offre internet. En fait, tout est possible pour quelqu'un qui veut lancer une campagne tordue et qui sait parfaitement dissimuler son origine.

DE PLUS EN PLUS DE COM
« En arrivant au pouvoir, Gordon Brown avait dit qu'il voulait débarrasser le gouvernement de la culture de la communication » chère à son prédécesseur Tony Blair, rappelle le Guardian, proche des travaillistes. Et là, il est impossible, totalement impossible de croire à une telle promesse, puisque la politique n'est devenue qu'une affaire de... communication, transformée en propagande ou en publicité mais rarement en information ! Les médias sont en passe de muter sur les mêmes bases, car ils sont dépassés par les outrances du net. Quelques jours seulement après le scandale des notes de frais, qui a révélé comment des ministres ont entretenu trois domiciles aux frais du contribuable, voilà le gouvernement Brown à nouveau touché, à environ un an des élections générales. Et là encore, on peut être assuré qu'il n'y a aucun gouvernant français qui a plus de trois domiciles payés par la République ! Internet joue un rôle tellement important que les services de renseignements cherchent par tous les moyens à surveiller ces diffuseurs incontrôlés et souvent jugés incontrôlables par des moyens légaux. Il y a quelques jours la France a donné un exemple fort intéressant de ces pratiques... quotidiennes, mais rarement révélées. La société EDF a annoncé, après diverses révélations, avoir découvert (sic) « qu'un contrat de veille avec la société Securewyse » avait été « signé en dérogation aux règles du Groupe » et qu'il « vient d'être résilié ». Le Réseau « Sortir du nucléaire » estime que EDF se moque du monde en prétendant découvrir aujourd'hui ce contrat, mais aussi en prétendant qu'il s'agit d'un simple contrat « de veille ». En effet, le Canard enchaîné a révélé dans son édition du 8 avril que, pour le compte d'EDF, la société Securewyse a « espionné » Stéphane Lhomme, le Girondin porte-parole du Réseau « Sortir du nucléaire », comme d'autres avaient fait espionner Olivier Besancenot. Le Réseau demande donc à EDF de lui adresser une copie de ce « contrat de veille » dont elle estime qu'il a été « signé en dérogation aux règles du Groupe ». De quelles règles s'agit-il ? Quel dirigeant d'EDF a donc signé ce fameux contrat ? Comment ne pas croire que c'est sur ordre des plus hauts dirigeants d'EDF  qu'il l'a fait? Comment imaginer que le PDG Pierre Gadonneix n'ait pas été tenu au courant de l'ensemble de l'affaire ?

L'OBSESSION DES SOURCES
En effet, depuis 2003, une source interne à EDF a fait parvenir au Réseau « Sortir du nucléaire » plusieurs documents sensibles, dont un qui concerne l'inadaptation des centrales EDF au risque sismique, et un qui n'est autre que le fameux document « Confidentiel défense « qui reconnaît la vulnérabilité du réacteur EPR en cas de crash d'avion de ligne. Et internet joue un rôle essentiel dans ces contacts, il a donc fallu prendre, à distance, le contrôle des ordinateurs. C'est facile et sans grands risques.
La DST, malgré tous ses efforts, a échoué à remonter jusqu'à la « source » interne à EDF, malgré deux mises en garde à vue de Stéphane Lhomme en mai 2006 et mars 2008. Il est donc légitime de penser que EDF a utilisé des méthodes illégales, pour essayer de retrouver cette « source ». Une autre question se pose : la DST a-t-elle coopéré dans l'illégalité avec la société commerciale EDF pour arriver à ses fins ? Si c'est le cas, cette affaire d'Etat est encore plus explosive. Au moins autant que celle du conseiller de Gordon Brown ! En effet l'obsession de tous les manipulateurs, c'est d'abord d'identifier les sources qui ravitaillent le net. Des dizaines de fonctionnaires travaillent sur ce sujet et tentent d'intercepter tout ce qui peut avoir trait à une campagne ou à une autre.
On a bien vu que même le Ministère de... l'Education s'offre, comme EDF, des entreprises dites de « veille ». L'appel d'offres a été publié au Journal officiel, le 4 novembre dernier. Il comportait deux lots: n°1, «Veille de l'opinion pour le compte du ministère de l'Éducation nationale, 100 000 € H.T. »; n°2, veille pour l'Enseignement supérieur, 120 000 € H.T. La société qui a emporté le marché doit surveiller, durant l'année 2009, toutes les publications, mais plus particulièrement les sites... Internet, les blogs, les forums. Selon le cahier des charges, il s'agit notamment de « repérer les lanceurs d'alerte », de « décrypter les sources de débat et leurs modes de propagation » ou « d'anticiper les risques de contagion et de crises ». Les blogueurs les plus virulents seront-ils « fichés »? « Hors de question, répond un porte-parole de la rue de Grenelle. Aucun nom ne remonte, évidemment. Il s'agit juste de connaître les grandes lignes de l'opinion... »
Le ministère avait précisé que cette veille existait depuis 2006. Pour 2008, c'est la société de stratégie d'opinion « I et E » qui détient le marché. Elle travaille aussi pour les ministères de la Justice, de la Santé ou de l'Intérieur. On peut être heureux : ce n'est pas la même que celle qu'avait choisi EDF. C'est au moins ça ! Mais comme personne ne semble outré par ces faits, les espions et les manipulateurs ont encore un beau marché devant eux ! D'ailleurs, je vous conseille de ne plus lire L'AUTRE QUOTIDIEN !
Mais je déblogue...

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13 avril 2009 1 13 /04 /avril /2009 07:17

Les vacances inquiètent déjà tout le monde. Elles sont dans toutes les conversations, puisque celles et ceux qui espèrent en prendre sont censés être dans la période où ils choisissent leur destination, ou même la manière de les prendre. En fait, plus personne n'a véritablement de certitudes sur ces deux points. Une seule approche est commune à l'ensemble des foyers : chercher à faire des économies pour espérer partir ! Cette tendance, si elle se généralise, va peser sur l'économie en 2009, car on sait combien la fréquentation estivale pèse sur les résultats de centaines d'entreprises, et plus encore sur des milliers d'emplois. Les premiers indicateurs laissent présager une modification profonde des anciens repères. Il va falloir vite s'adapter sous peine de voir des dizaines de faillites dans le secteur de l'hôtellerie ou de la restauration, et il n'y a pas une grande marge de manœuvre pour redresser une situation préoccupante.
Pour 2009, le secrétaire d'Etat chargé du Tourisme a évoqué des « perspectives incertaines », tout en notant une « excellente » saison de sports d'hiver. Les statistiques de 2008 constituaient une véritable alerte ! Les arrivées de touristes étrangers avaient en effet diminué de 3% l'an dernier, avec un retournement de tendance marqué au second semestre, et une baisse significative du nombre de personnes transitant par l'Hexagone. Les Européens, clientèle la plus importante, ont été 4% moins nombreux à visiter la France. Le recul est de 16% pour les Japonais, mais le nombre d'Australiens est en hausse. Le tourisme des Français est en recul de 3,4% par rapport à l'année précédente, alors que la crise ne battait pas son plein comme ce sera le cas probablement au début de l'été !
Pour 2009, le secrétaire d'Etat s'est dit « conscient qu'il y a des difficultés lourdes, que le ralentissement économique frappe aussi les activités touristiques même si celles-ci sont beaucoup plus résistantes que d'autres activités ». Quand on sait que le tourisme représente 6% du Produit intérieur brut (PIB) en France, contre 3% pour l'automobile, on ne peut que se montrer inquiet, et demander quelles mesures ont été prévues dans le plan de relance pour tenter d'enrayer ce phénomène inquiétant.
« Tout va se jouer cet été », a-t-il estimé. « Certes, 40% ou 45% des Français indiquent ne pas pouvoir partir en vacances. Nous verrons bien. L'année dernière, il y avait une proportion à peine inférieure qui déclarait ne pas pouvoir partir et nous avons enregistré une belle saison touristique ». Si ça ce n'est pas la politique de l'autruche, qu'est-ce que c'est ! Le projet de loi de développement et de modernisation des services touristiques prévoit notamment de faciliter la diffusion des « chèques vacances » dans les entreprises de moins de 50 salariés. De quoi encourager certains Français hésitants à prendre finalement des congés, espère le gouvernement, mais sans se rendre compte des difficultés qu'auront les entreprises à accorder cette aide financière en période de crise.

PAS DE COMPENSATION
Le secteur des cafés, hôtels, restaurants et de l'hôtellerie a continué de créer des emplois l'an dernier, avec un effectif en hausse de 1,2% (contre 2,7% en 2007) à 889.000 personnes. Du côté des tarifs, le rapport du secrétariat d'Etat note une hausse de 4,2% des prix à la consommation des activités touristiques en glissement annuel, un chiffre bien supérieur à celui de l'indice des prix à la consommation (1,0%). Autant d'éléments qui devraient nourrir les discussions en cours entre le gouvernement et les professionnels de la restauration, en vue d'une baisse du taux de TVA dans le secteur, comme Bruxelles l'a récemment autorisé. Quel sera l'impact de cette mesure, quand on sait que les restaurateurs ont annoncé maintes et maintes fois qu'ils ne baisseraient pas pour autant les prix ?
Le gouvernement demande des contreparties à la profession, qui réclame une TVA ramenée de 19,6% à 5,5%... mais il n'obtiendra que de bonnes intentions, qui ne résisteront pas à la conjoncture. Comment, en effet, espérer qu'un restaurateur embauche, alors que son nombre de couverts est en baisse de manière importante.
« La France, les Français, les contribuables vont faire un geste fort en direction des restaurateurs », a dit Hervé Novelli. « Il reste aux professionnels à saisir cette chance, à faire en sorte qu'en matière de prix, d'emploi, d'embauche des jeunes, ils soient au rendez-vous ». On peut toujours rêver, car pour compenser une chute de leur chiffre d'affaires, les restaurateurs se garderont la marge nouvelle obtenue à prix constants. Il semble que le gouvernement autiste continue à considérer que la non revalorisation du pouvoir d'achat ne constitue pas dans ce secteur comme dans d'autres la clé de la relance. Que l'on continue à penser que des entreprises ne licencieront pas et embaucheront alors que la demande n'existe pas, relève de l'aberration idéologique !
Dans le tourisme, comme dans tous les services, s'il n'y a pas de clients, il n'y a pas de travail ! Le principe est simple, et Hervé Novelli devrait en tirer les conclusions qui s'imposent : les Françaises et les Français peuvent éventuellement sauver la saison en se tournant vers des vacances de proximité ! Exit les rêves de charters japonais, de contingents américains, de bataillons allemands ou anglais : les réservations le démontrent dans tous les secteurs, hormis l'hôtellerie de plein air qui semble préservée !

RESTRICTIONS GENERALES
Ce secteur jusqu'alors relativement épargné (croissance forte, taux de départ en progression...), montre aujourd'hui que les français font des arbitrages très nets. Ils se traduisent par des baisses de demande sur de nombreux types de séjours et de prestations. Le Baromètre annuel Opodo1 2008 (réalisé par le Cabinet Raffour Interactif), fait ressortir 4 points essentiels. Le tourisme de loisirs s'installe dans une crise structurelle. Le taux de départ des français en vacances poursuit son érosion (58% des français sont partis en 2008 en tourisme de loisir, contre 64% en 2003). Cette observation est plutôt surprenante au regard des données diffusées par la Direction du tourisme, qui affiche un maintien du taux de départ en vacances.
Les français économisent pour préserver leurs vacances principales : le taux de départ pour les séjours en hébergement non marchand est de 29% (28% en 2007), alors que celui pour les séjours marchands passe de 32% en 2007 à 28% en 2008. Le succès de l'e-tourisme se confirme : 31% des vacanciers ont acheté leurs voyages en ligne ! Les classes moyennes sont les principales victimes de la crise des vacances : le décrochage est sévère en 2008 avec un taux de départ de 66%, contre 71% en 2007. Si l'on regarde 2009, les vacances demeureront une priorité, mais la consommation sera plus raisonnée.
En mars, la plupart des centrales de réservation et distributeurs indiquaient une nette baisse des réservations pour cet été, comparativement à l'an dernier, à la même date. Ce mois marque pourtant traditionnellement les engagements pour les vacances d'été : réservation des colos pour les enfants, location de gîte ou d'appartement et, pour les plus prévoyants, réservation des vacances en tout compris qui sont toujours moins chères 3 ou 4 mois avant le départ. Les familles vont manifestement attendre la dernière minute pour se décider, quitte à partir... chez mamie, ou rester finalement à la maison ...55 % des français ont manifesté l'intention de partir en vacances en 2009 selon le Baromètre annuel OPODO. L'enquête montre que l'arbitrage budgétaire se fera au profit des vacances principales. Selon l'enquête récente Ipsos-France Bleu, 51% des Français ne partiront pas en vacances cet été. Ce taux grimpe à 82% pour les foyers les plus modestes. Outre les 40% de Français qui disent ne jamais partir en vacances d'été, 11% déclarent que s'ils partent habituellement en vacances d'été, ce ne sera pas le cas cette année. Le pouvoir d'achat, vous dis-je !

UN IMPACT TRES FORT
En fait, ce sont 894 000 emplois salariés, en moyenne annuelle, qui sont générés localement par la présence de touristes (de 686 000 en janvier à 1 184 000 en août), ce qui équivaut à 661 000 équivalents temps plein sur l'année. Dans les hôtels, cafés, restaurants, au 31 décembre 2007, on dénombrait 880 400 salariés , et environ 170 000 non salariés. Fin 2007, le secteur comptait 28 600 emplois salariés de plus qu'à la fin de l'année 2006. C'est révolu !
En fait, le gouvernement, malgré son agitation permanente (profitez-en la semaine prochaine, car Nicolas Sarkozy est en vacances) ne prend pas en compte les réalités économiques. Il a choisi la méthode Coué comme axe de sa politique. Il se contente de jouer au pompier pyromane. Il allume les incendies dans de multiples secteurs d'activités tributaires du seul pouvoir d'achat, pour ensuite proposer des solutions de raccroc pour les éteindre. Dans le tourisme, ce sera de la même veine...
Les jeunes vont traverser une année terrible, car c'est ce secteur qui, essentiellement, leur permet de trouver ces jobs durant l'été, qui mettent du beurre dans les épinards du quotidien.  Cette année, les opportunités d'embauche sont déjà extrêmement rares. Les contrats saisonniers sont en stand-by dans de nombreuses stations qui s'attendent à des chiffres d'affaires en baisse. Le problème, c'est que cette activité économique non-délocalisable, ne se voit pas, car elle est parsemée sur le territoire. On ne verra donc pas les licenciements, les non-embauches et les défaillances en fin de saison ! Il faut déjà envisager une rentrée extrêmement difficile, quoi que disent les Ministres ou les Sous ministres, car l'industrie touristique apporte toujours un bonus positif, avec 834 millions de nuitées (2007) et surtout un bilan positif pour la balance commerciale, puisque si les Français dépensaient 26, 8 milliards à l'extérieur, les étrangers apportaient un pactole de 39,6 milliards (2007). Il va falloir tirer un trait sur plus de 12 milliards d'excédents, ce qui va arranger le déficit actuel !
Mais je déblogue...

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12 avril 2009 7 12 /04 /avril /2009 07:17

Alors que débute la campagne pour les élections européennes, il devient extrêmement difficile de défendre la vision d'un échelon international, apparaissant toujours dans le dialogue social français comme l'empêcheur de tourner en rond. Pas un jour sans que l'Europe actuelle, territoire sur lequel doit jouer une concurrence libre, exacerbée au nom des vertus supposées égalitaires de la loi du marché, apparaisse comme « dangereuse ». Il n'y a aucune valeur ajoutée dans les décisions venues, non pas du Parlement européen, mais de la commission et de ses affidés. Cette perception d'une instance ne rendant absolument pas compte de décisions apparemment techniques va lourdement peser sur la prochaine échéance électorale. Il faut craindre que le vote de rejet du fameux traité constitutionnel s'amplifie, tellement les aspects démocratiques et solidaires ont été absents de toutes les prescriptions émanant de Bruxelles. Mieux, durant la crise et malgré l'agitation sarkozyste reposant sur une « guerre des images », il a fallu constater que les égoïsmes nationaux prenaient souvent le pas sur la volonté d'une réponse massive et coordonnée aux exigences du temps présent.
Tous les milieux professionnels sont impactés par des textes qui instaurent des contraintes nouvelles ou au contraire détruisent des principes spécifiques à chaque nation. Comme en plus, ces prises de position touchent le plus souvent des secteurs en difficulté, l'Europe est devenue l'exutoire de toutes les contestations. D'ailleurs, le gouvernement utilise à son profit cette tendance, en promettant sur le terrain ou dans les négociations des aides, des soutiens, des aménagements, en sachant fort bien qu'ils seront refusés par les commissaires européens. Les meilleurs exemples sont ceux de la réduction de la TVA sur la restauration, ou la Politique Agricole Commune, la disparition de la notion de services publics, la désagrégation des droits sociaux nationaux, l'absence de défense commune... La seule véritable constante politique reste la libéralisation outrancière, via des règlements qui obligent à, justement, ne plus protéger des spécificités ancrées dans les cultures nationales.
Il suffit de se référer à la dernière mesure publiée depuis Bruxelles et qui concerne le vin rosé ! Un épiphénomène à l'échelle européenne, mais la révélation d'une méthode dangereuse pour des pans entiers des économies installées sur les traditions. Dans le cadre européen de la politique agricole commune (PAC), la filière vin fait en effet l'objet d'une organisation commune de marché (OCM vin). Toutes les règles sont négociées par les États membres au niveau bruxellois. Une partie de la nouvelle OCM, actée fin 2007, est rentrée en application l'an dernier, le solde étant prévu pour le 1er août prochain. Avec deux gros morceaux : l'étiquetage et les pratiques œnologiques. C'est évidemment très mince à l'échelle des pays membres, car tous ne sont pas d'abord producteurs de vins, et l'impact économique reste très réduit pour leur très grande majorité.
L'aspect "pratique oenologique" comprend de multiples volets : utilisation des copeaux de chêne, édulcoration, désalcoolisation, limites de sulfitage, vins expérimentaux... et coupage pour obtenir du rosé. Il faut expliquer que le Ministère français de l'Agriculture a été beaucoup plus préoccupé par l'avenir des aides aux céréaliers de l'Ile de France (cherchez pourquoi Barnier était passionné par ce sujet !) que par le rosé !

PRATIQUE COURANTE
À ce jour, les états membres peuvent concevoir du rosé en mélangeant du vin blanc et du rouge, dès qu'il s'agit de vins d'appellation. En revanche, la pratique est interdite pour les vins de table, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas d'encrage local valorisant (AOC...). En clair, des vins moins contraignants à produire et globalement meilleur marché pour le client, et donc, en période de crise, les plus aisément vendables.
Un paradoxe qui ne s'explique pas du tout pour des raisons qualitatives - ce n'est pas ici le sujet - mais pour des raisons réglementaires. En effet, les vins de table ayant bénéficié pendant longtemps d'aides européennes variables en fonction de la couleur rouge ou blanche du produit, la conception de rosé en les mélangeant, a été interdite, essentiellement pour éviter les risques de fraudes. On peut, en effet gagner, en jouant sur les dosages et en écoulant des stocks invendables autrement.
Donc, logiquement, ces aides disparaissant avec la nouvelle OCM, aucune raison de maintenir cette interdiction, alors que partout dans le monde, la pratique est courante. Voilà comment le paquet des pratiques œnologiques, où d'autres réformes étaient bien plus stratégiques pour la France, se retrouve presque acté en décembre, après des mois de négociations... et que le vin rosé surgit dans le débat, alors qu'il n'est qu'un paragraphe d'un accord global beaucoup plus inquiétant. Cette décision anodine met en cause l'image globale d'un produit dans lequel plus personne n'aura véritablement confiance, et c'est de là que vient la contestation, partie de Provence, et étendue désormais à toute la profession française.
Qu'on le veuille ou non il y aura deux conceptions du produit : le « bon » rosé, élaboré par pressurage direct de raisin rouge ou par saignée (toujours de raisin rouge) ; bichonné et donc « vrai » vin, comme de tradition dans l'Hexagone. En face, le bas de gamme de « coupage », qui pourrait être appelé par un technicien « assemblage » pour rendre l'opération plus acceptable par les professionnels. L'enjeu est économique avant tout, et non pas œnologique.

MEDIOCRITE VALORISEE
Pendant longtemps, le rosé a été, en effet, une affaire purement franco-française. Même les pays limitrophes n'en voulaient pas, tant son image était celle d'un vin médiocre, une sorte de poubelle de la cave, un sous-produit de vignerons ayant manqué leur vinification, une survivance de goûts d'antan pour ce qu'à Bordeaux, dans les campagnes, on appelait la « piquette » (c'est désormais interdit !). Sans que personne ne s'en rende compte vraiment, la part du rosé a commencé à croître en France dès les années 80 avec un changement de la consommation vers des produits festifs moins chers, et plus agréables en période estivale. Cette croissance était passée inaperçue car, comme il n'existe pas de définition légale d'un vin rosé, rouges et rosés cohabitaient dans les statistiques. Par contre, sur les propriétés, malgré la complexité de la production on avait bien senti que le créneau était porteur. Aujourd'hui, le rosé représente 24 % de la consommation française, il croît à raison de 2 % par an, il s'est diffusé depuis une dizaine d'années dans les pays voisins et même dans le monde entier.
Les Etats-Unis, l'Australie ou l'Afrique du Sud n'hésitent pas à recourir au dosage savant pour faire du rosé démocratique avec des reliquats de récolte non écoulés. C'est d'ailleurs pour permettre aux Européens de jouer à jeu égal que Bruxelles veut actualiser les pratiques œnologiques du continent. Fin janvier, lors d'un vote indicatif, le projet est passé haut la main au sein du... Comité de gestion des vins où sont représentés les Etats membres. Le vote définitif aura lieu le 27 avril prochain, mais il y a fort à parier que la France sera isolée et mise en minorité. Pour le premier producteur mondial de rosé, c'est un coup dur. « Le vin rosé ce n'est pas qu'une couleur, c'est un procédé de fabrication qui lui donne un goût spécifique », rappelle la Confédération des coopératives viticoles. Et d'ajouter : « Economiquement, c'est un marché porteur, ce serait dommage de le casser avec des quantités trop importantes et à bas prix .» Le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, vient d'envoyer une lettre à la commissaire en charge de l'Agriculture... pour sauver les apparences, avant les élections européennes, car le combat est perdu d'avance.

LES SPECIFICITES OUBLIEES
Il restera en Bordelais un cas spécifique, celui du Clairet ! En janvier 1949, étant donné la mévente des vins, une vingtaine de propriétaires viticulteurs avait constaté combien était apprécié par les consommateurs parisiens, après les sévères restrictions subies pendant l'occupation, un vin de primeur servi à la mi-novembre dans les bistrots, cafés et restaurants de la capitale : le beaujolais nouveau. Une cave coopérative a donc mis sur le marché, outre le vin rouge traditionnel, un vin jeune et gouleyant, assez rapidement consommable.
C'est dès les vendanges de 1950 que le Clairet apparut : l'appellation "Bordeaux Clairet " a été créée par le décret du 21 janvier 1950, modifié ensuite par le décret du 1er septembre 1977. Le Clairet n'est pas un véritable rosé, mais un rouge très peu coloré, peu chargé en tanins, souple, fruité, pouvant être consommé jeune et froid. Il est obtenu avec des raisins bien mûrs, de Merlot principalement, après une macération de 24 à 36 heures. La durée de macération est fonction de la coloration des baies, et il est toujours très délicat de saisir la couleur recherchée car elle évolue par la suite. Il s'agit donc d'un produit élaboré, soigné, préparé comme le fait, dans le canton de Créon, la cave coopérative du petit village de Quinsac depuis plus de 50 ans. Dès les premières années, le Clairet fut un succès, c'est ainsi que la production déclarée dépassait en moyenne 1900 hectolitres par an entre les années 1951 et 1960 et représentait plus du quart de la production de la Cave.
L'Europe est incapable de prendre en compte ces spécificités véritablement culturelles. Elle se préoccupe de masses globales et d'équilibres concurrentiels mondiaux. Elle oublie de plus en plus les identités et donc se coupe des individus. Un rouleau compresseur écrase les particularismes, pour des raisons strictement économiques. Ce constat sera fait par les électrices et les électeurs qui plutôt que de choisir du « rosé » pâle et savamment dosé, se rabattront, c'est certain, sur du « rouge » parfaitement identifié. C'est probablement l'émergence d'une nouvelle donne, car elle prouvera que les Françaises et les Français préfèrent les appellations d'origine contrôlée, alors que l'Europe ne souhaite que des produits standardisés et aseptisés qui, selon elle, contribueront plus facilement à l'équilibre économique. Le Clairet n'a plus de beaux jours devant lui.
Mais je déblogue...

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11 avril 2009 6 11 /04 /avril /2009 07:17

Quand on examine avec un brin d'esprit critique les statistiques européennes sur les accidents de la route, on observe facilement que les usagers les plus dangereux du réseau routier sont les poids-lourds et pas nécessairement les... cyclistes, comme on essaie parfois de le faire croire. Le problème, c'est que le lobby du transport routier est infiniment plus puissant que celui du vélo. Il suffit qu'il éternue pour que tous les ministres tremblent. Une récente information laisse accroire que son efficacité n'a pas diminué.
Dans plusieurs pays européens, dont la France, la longueur maximale des poids lourds atteint 18,75 m pour un poids total de 40 tonnes. Sachant que ces véhicules sont adaptés pour un poids total allant jusqu'à 44 t, une dérogation existe pour circuler à ce niveau, dans un rayon de 100 km autour des ports maritimes, dès lors qu'il s'agit exclusivement de marchandises qui sont arrivées ou seront acheminées par la voie maritime. Or, dans le contexte économique que l'on connait, la pression exercée par les professionnels de la route, pour légaliser, sur l'ensemble du territoire, le poids total en charge à 44 tonnes est de plus en plus forte. A ce titre, l'inflexibilité gouvernementale qui prévalait sur le sujet jusqu'en janvier dernier, ne semble plus être de mise.
En effet, après s'être opposé, en janvier 2009 au Sénat, à un amendement sur l'expérimentation de poids lourds de 25,5 m de long pour un poids total de 60 tonnes, le secrétaire d'Etat aux transports, Dominique Bussereau, vient d'accepter le principe d'un test. Encore au stade de la définition du cadre d'expérimentation précis, le concept EMS (European Modular System) devrait donc être testé à l'automne 2009 en France, sachant que, déjà adopté par la Suède, la Finlande et les Pays-Bas, on peut avoir une idée du type de véhicule que l'on pourra rencontrer sur les routes françaises.
Par contre, pour le moment, et fort curieusement, la généralisation à 44 tonnes paraît avoir disparu du paysage, malgré le fait qu'elle présente plusieurs avantages. En effet, à matériel identique, ce dispositif permet de transporter 4 tonnes de marchandises supplémentaires, avec un rapport chargement/consommation/pollution revu légèrement à la baisse. A l'inverse, les "super poids lourds" de 60 tonnes nécessitent un véhicule tracteur spécifique, et interrogent quant au risque routier qu'ils peuvent représenter. Toutefois, leurs promoteurs mettent en avant 20 % de consommation de carburant en moins, à la tonne transportée, et un risque d'accident pas plus important grâce à la réduction possible du nombre de camions en circulation (en théorie, 2 EMS peuvent remplacer 3 semi-remorques actuels). Mais personne ne connaît l'impact réel d'un accident, par exemple dans un carambolage avec un tel convoi non exceptionnel.

MONSTRES ROUTIERS
Pour la fédération France Nature Environnement (FNE), qui milite en faveur des transports alternatifs à la route (fret ferroviaire, voies fluviales et maritimes), cette expérimentation est « un contre-sens total avec tous les engagements pris lors du Grenelle de l'environnement ». Le responsable Transports de FNE, estimant que les gains environnementaux promis par ces nouveaux camions « ... auront une seule et unique conséquence : un transport routier toujours moins cher par rapport aux modes de transport alternatifs comme le rail. Et au final, surtout, toujours plus de camions en circulation, toujours plus d'émissions de CO2 ». Il est vrai que le Grenelle de l'environnement n'aura été qu'un recueil de bonnes intentions, dont toutes les applications pratiques sont peu à peu différentes de celles qu'attendaient les participants, convaincus que tout allait devenir « vert ».
Jos Dings, directeur de la fédération européenne « T&E » précise : « les méga camions ne réduiront pas le nombre de poids lourds sur nos routes. Au contraire, ils vont devenir plus gros, plus bruyants, plus polluants. » Il ajoute : « Des taxes kilométriques pour les poids lourds, sur la base des modèles suisse, allemand, autrichien et tchèque sont une solution pratique pour améliorer l'efficacité de ce secteur et réduire les émissions. Nous avons besoin d'un transport routier plus respectueux de notre qualité de vie, mais pas des monstres routiers ». Cette réalité semble avoir échappé ou être ignorée par les décideurs gouvernementaux. A moins que leurs informations ne reposent que sur des considérations économiques conjoncturelles, mais en aucune manière des approches environnementales. Il est vrai que le Ministère des Transports et celui de l'Ecologie, du Développement Durable et de l'Aménagement du Territoire ne sont séparés que de quelques dizaines de mètres ! D'ailleurs, comme le téléphone a dû fonctionner, les mises au point ont été immédiatement diffusées.
Dominique Bussereau a souhaité préciser que le Gouvernement s'est opposé aux amendements favorables aux méga camions lors de la discussion parlementaire du projet de loi Grenelle I. Il a lui-même indiqué aux sénateurs qu'il était opposé à la circulation des méga camions. Le Gouvernement réfléchit à une... simple expérimentation de manière à pouvoir répondre aux questions qui se posent sur les conséquences de la circulation des méga camions. La FNE s'interroge à juste titre... sur les motifs d'une expérimentation, même ciblée, dès lors que le Gouvernement n'entend pas autoriser les méga camions sur les routes. Il est, en effet, pour le moins bizarre, d'autoriser un essai, alors que l'on prétend être... hostile à sa mise en œuvre, quel qu'en soit le résultat.

UN IMPACT ANGOISSANT
Premiers émetteurs de gaz à effet de serre en France, et deuxièmes dans l'Europe des 25, les transports seraient responsables de... 26 % des émissions de dioxyde de carbone en Europe, derrière l'agriculture (39 %) et devant l'habitat (19 %) et l'industrie (16 %). Le transport routier reste le mode de transport le plus émetteur : en France, la route serait responsable de 92 % des émissions de GES du secteur. Le transport routier est également le plus gros émetteur de polluants locaux.
Aujourd'hui, du fait du développement économique et du mode de vie dans l'Union européenne, les transports sont en augmentation constante, quels que soient leurs usages : marchandises, voyageurs... Néanmoins, si le transport ne cesse de croître sur le territoire européen, la pollution émise par ce secteur progresse de manière différente. Evolutions technologiques, nouvelles normes et nouveaux usages ont entraîné une baisse de la pollution des transports. Les indicateurs publiés fin 2008 par l'Agence européenne pour l'environnement montrent en effet que les émissions atmosphériques de polluants des transports sont en baisse en Europe. Cette diminution, hors gaz à effet de serre, serait particulièrement élevée pour les transports routiers.
En Europe, le volume de marchandises transportées et les distances n'ont cessé d'augmenter, du fait de l'élargissement européen, de la mondialisation des marchés et de l'accroissement des échanges et ce, quel que soit le mode de transport utilisé : transports routiers, maritimes et rail ont nettement progressé entre 1995 et 2005. Le transport routier domine encore, avec 44 % des tonnes-km transportées en 2005 dans l'Europe des 25, soit une augmentation de 38 % par rapport à 1995. Il représenterait 73 % du fret terrestre en Europe, 79 % en France. Si en Europe, entre 1995 et 2005, le fret par rail a augmenté de 10 %, en France celui-ci baissait de 15 %. Des statistiques révoltantes, mais qui n'affolent personne. Ou presque.
Les transports sont pourtant le deuxième contributeur de gaz à effet de serre d'origine humaine en Europe, après la production d'énergie. Le transport routier est de loin le mode le plus émetteur. Néanmoins, si l'aérien a consommé toujours plus d'énergie, la consommation des autres modes de transport a diminué ou s'est stabilisée cette dernière décennie. L'évolution des technologies et des usages a en effet mené à un gain d'efficience du transport routier. Néanmoins, si les progrès technologiques mènent à une baisse significative des émissions de CO2 et surtout des autres polluants (disparition du plomb et du soufre dans les carburants routiers, équipements de pots catalytiques, filtres à particules), l'augmentation du trafic routier, l'âge moyen des flottes de véhicules et le manque d'organisation du trafic routier freinent la progression de ce secteur. Ce n'est pas en augmentant l'impact des camions actuels que l'on va régler ces problèmes cruciaux.

UNE ECOVIGNETTE VARIABLE
Actuellement, la véritable préoccupation gouvernementale est toujours la même : afficher des principes mais les rendre inapplicables quand il s'agit de protéger des lobbies puissants. Dans le cadre du Grenelle de l'environnement, la décision avait été prise d'inciter les sociétés de transport routier à privilégier les modes de transport relais à la route, tels que le rail ou les canaux navigables, quand cela est possible, afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre des poids-lourds, mais aussi leur consommation de carburant. Ainsi, traduisant cette volonté écologique mais également la directive européenne sur l'eurovignette, une éco-redevance poids-lourds sera mise en œuvre sur tout le territoire national dans le courant de 2011, sans que cela « se traduise par un impact économique excessif sur les départements ».
L'article 10 du projet de loi de programme relatif à la mise en œuvre du Grenelle Environnement, encore en discussion au Parlement, prévoit dans ses parties I à V que « pour le transport des marchandises, le développement de l'usage du transport fluvial, ferroviaire, du transport maritime, et plus particulièrement du cabotage, revêt un caractère prioritaire (...) Un réseau d'autoroutes ferroviaires à haute fréquence et de transport combiné sera développé pour offrir une alternative performante aux transports routiers à longue distance. (...) Le réseau fluvial, dit magistral, et en particulier celui à grand gabarit, fera l'objet d'un plan de restauration et de modernisation ». Au point VI, il est prévu de prélever une éco-taxe « sur les poids lourds à compter de 2011 à raison du coût d'usage du réseau routier national métropolitain non concédé et des voies des collectivités territoriales susceptibles de subir un report de trafic. (...) Cette taxe sera répercutée par les transporteurs sur les bénéficiaires de la circulation des marchandises". Superbe sauf que la suite n'est pas du même acabit ! .
Le texte prévoit aussi que « l'Etat étudiera des mesures à destination des transporteurs permettant d'accompagner la mise en œuvre de la taxe et de prendre en compte son impact sur les entreprises." Par exception, des aménagements de la taxe, qu'ils soient tarifaires ou qu'ils portent sur la définition du réseau taxable, seront prévus aux fins d'éviter un impact économique excessif sur les différents départements au regard de leur éloignement des territoires de l'espace européen. L'article 153 de la loi de Finances pour 2009, concrétise les engagements du Grenelle de l'environnement, en instaurant une taxe carbone en Alsace, mais aussi, à son chapitre II, la taxe nationale sur les véhicules de transport de marchandises.
La loi précise son champ d'application ; les redevables ; le fait générateur et l'exigibilité de la taxe ; son assiette, son taux et le barème ; sa liquidation et son paiement ; et son affectation. Sont exclus du paiement de la taxe, les poids lourds qui emprunteront les itinéraires sur lesquels le niveau de trafic de poids-lourds est actuellement particulièrement bas, tels que la route nationale 164. Bel exemple, pour l'équité : les poids lourds sont invités à emprunter des réseaux secondaires, où ils auront moins à payer ! Les 60 tonnes pourront donc musarder sur les chemins qui sentaient encore bon la noisette il y a quelques années!
Mais je déblogue...

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10 avril 2009 5 10 /04 /avril /2009 07:17

Toutes celles et tous ceux qui ne cessent d'alerter l'opinion sur la diminution de l'espace des libertés publiques sont vertement accusés d'exagérer. Le cancer est en effet toujours une maladie invisible qui, pourtant, ronge les corps de bonne constitution. Une énorme majorité ne veut pas admettre que, chaque jour, le régime actuel est liberticide car, dans le fond, personne ne se rend véritablement compte que la surveillance omniprésente, la mise en cause virulente, l'inégalité de traitement médiatique, la pression extérieure, pèsent de plus en plus sur les vies individuelles. C'est pour l'instant indolore, mais extrêmement angoissant. Rares sont les gens qui veulent l'entendre, le voir ou le constater.
Le recul des droits et libertés en France s'est encore aggravé en 2008, confirmant une tendance, accélérée par l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, selon le tableau annuel sur l'état des droits de l'Homme dans le pays, rendu public hier par la LDH. Au cœur des inquiétudes de la Ligue des droits de l'Homme : la mise en place d'une « société de surveillance ». Encore un document qui, après beaucoup d'autres, tente de réveiller quelques consciences anesthésiées; mais on sait que la période est propice à l'indifférence absolue. « Que ce soit sur l'évolution de la législation, les pratiques administratives et policières ou sur la montée des fichages des citoyens, nous citons toute une série de faits très documentés et difficilement contestables », a déclaré le président de la LDH, qui signe l'introduction de ce rapport publié chaque année depuis 2004. Il a dit s'inquiéter de la montée des politiques sécuritaires : « Aujourd'hui, il y a deux fois plus de prisonniers en France qu'il y a 30 ans. De la même façon, le nombre de gardes à vue a doublé en huit ans. Que s'est-il passé en si peu de temps? Les Français sont-ils devenus fous, ou bien quelqu'un est-il arrivé au pouvoir? ». La question mériterait une réponse objective. Pourquoi, dans notre République, a-t-on brutalement basculé vers la délinquance de manière aussi angoissante ? Quelles sont les véritables causes de cette saturation des prisons ? Comment peut-elle être due à une montée des faits délictueux ou criminels que, par ailleurs, on se vante d'avoir fait baisser ? Mais pourquoi personne ne dénonce-t-il cette contradiction ?
En huit chapitres et 128 pages, l'édition 2009 intitulée « Une société de surveillance? » dresse un état des lieux assez noir de la situation des libertés en France. « En 2008 comme en 2007, c'est au rythme auquel l'Etat pénal avance que l'Etat social recule », écrit la LDH dans son introduction. « Ainsi les citoyens sont perdants sur le terrain des libertés, et sur celui des droits sociaux », note le président de la LDH, par ailleurs professeur de droit public à Paris XI. Les auteurs des chapitres qui suivent - avocats, professeurs, enseignants, communicants ou journalistes, membres de la LDH - traitent tous du thème de la « surveillance » et le déclinent pour leur sujet.

UNE MENACE PERMANENTE
Fichiers informatiques, caméras de sécurité, contrôle aux frontières, lutte contre le terrorisme , surveillance permanente, GPS, carte bleue, passage aux péages d'autoroute... La LDH recense tous les sujets qui posent problème et met en garde contre la « montée de la surveillance généralisée ». Interrogé sur le caractère pessimiste du rapport 2009, le Président de la Ligue des Droits de l'Homme s'est défendu de faire dans l'outrance. « Si vous voulez me faire dire que la France, ça n'est pas la Chine, je confirme: nous vivons bien dans une démocratie », s'est exclamé Jean-Pierre Dubois. « Mais c'est justement parce que la France est une démocratie qu'elle doit obéir à des standards élevés en matière de droits et de libertés », a-t-il ajouté, avant de conclure : « A la LDH, nous alertons les citoyens sur le fait que, sans qu'on s'en aperçoive, la société est en train de changer. » Le livre parle de faits concrets et indiscutables. « Que ce soit sur l'évolution de la législation, les pratiques administratives et policières ou sur la montée des fichages des citoyens, nous citons toute une série de faits très documentés et difficilement contestables », a déclaré d'ailleurs hier le président de la LDH.
Facile : chaque jour, un événement atteste de cette mutation de la République. Tenez, hier encore, Eric Hazan, directeur de la maison ayant édité "L'Insurrection qui vient", livre attribué par la police à Julien Coupat, a été entendu comme témoin, par la Sous-Direction de l'antiterrorisme (SDAT). Selon des sources policières et selon un communiqué de la maison "La fabrique", Eric Hazan a été entendu dans le cadre de l'enquête sur les faits qui sont reprochés à Julien Coupat, soupçonné avec huit autres jeunes du "groupe de Tarnac", d'appartenir à un mouvement d'ultragauche, à l'origine de dégradations contre des lignes TGV. « Cette tentative d'impliquer un livre et un éditeur dans une association de malfaiteurs terroristes constitue une grave atteinte à la liberté d'expression », a dénoncé la maison d'édition. Elle ne bougera pas les consciences, car personne n'y verra un acte contraire aux Droits de l'Homme. Néanmoins, quand on s'en prend à des journalistes (sources d'information), à des journaux (destitution de directeurs pour crimes de lèse-image de majesté, à des chaînes de télévision (affaires diverses autour de France 3), on finit par assassiner une liberté d'informer si dérangeante. Personne ne se souvient qu'il fut une époque où l'on brûlait les livres en place publique, et où on embastillait les auteurs de pamphlets.

INFORMATIQUE DANGEREUSE
La banalisation de l'informatique fait courir des risques à l'individu. En effet, il est facile, grâce à l'informatique, de créer des bases de données contenant des informations sur des personnes, et que celles-ci se diffusent. L'informatique doit être au service du citoyen, et ne doit le desservir ni en termes de libertés individuelles ou publiques, ni en terme de vie privée. Dans le cas d'une liste informatique d'une bibliothèque municipale, les informations contenues dans les fichiers ne sont pas de caractère à nuire aux personnes listées, par contre, dans le cas d'un hôpital par exemple, les données stockées sont beaucoup plus sensibles.
Ainsi, il existe un organisme chargé de la défense du droit des personnes vis-à-vis des informations les concernant : la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés, créée en janvier 1978), chargée de s'assurer que les traitements concernant des informations à caractère personnel sont conformes à la loi. En outre, il est formellement interdit de collecter des données nominatives faisant apparaître, de manière directe ou indirecte, les origines raciales, ou les convictions politiques et religieuses d'individus.
La loi informatique et libertés reconnait un droit d'accès et de rectification des données concernant les individus. Elle définit notamment les droits suivants :
Droit à l'information préalable : il concerne l'obligation d'informer toute personne de l'utilisation ou du stockage de données informatisées la concernant ;
Droit de curiosité : il concède à tout individu la possibilité d'interroger un organisme afin de déterminer s'il possède des données le concernant ;
Droit d'accès direct : il permet à tout individu d'accéder aux données le concernant ;
Droit d'accès indirect : il prévoit un intermédiaire pour l'accès à des données sensibles ;
Droit d'opposition : il permet de s'opposer à la collecte de données individuelles, dès lors que la collecte n'est pas rendue obligatoire par la loi ;
Droit de rectification : il autorise tout individu à demander la correction des données le concernant en cas d'erreur. Par ailleurs, l'organisme détenant les informations a l'obligation de les rectifier, dès lors qu'elle est informée qu'elles sont erronées ;
Droit à l'oubli : il prévoit que les données informatisées soient détruites au bout d'un certain temps, ce afin de protéger les individus.
Tout fichier contenant des informations sur des personnes physiques doit obligatoirement faire l'objet d'une déclaration à la CNIL. Les déclarations seront cependant beaucoup plus simples dans le cas d'une bibliothèque que dans le cas d'un hôpital. En cas de manquement à l'une de ces obligations, il est possible de porter plainte auprès de la CNIL, à l'aide d'un simple courrier postal, afin de faire appliquer les dispositions légales.
Essayez donc d'obtenir une réponse fiable à l'une ou l'autre de ces demandes et on en reparlera !

VIE PRIVEE... VIE PUBLIQUE
Aujourd'hui, un citoyen européen est susceptible d'être mis sur écoute, espionné, puis enlevé sur le sol européen, s'il est « susceptible » d'avoir des liens proches ou lointains avec des terroristes. Qui, d'ailleurs, n'a pas entendu parler de ces prisons secrètes, situées sur le sol européen, et où sont enfermés des terroristes présumés. Cette analyse sur la situation actuelle, dans des démocraties donneuses de leçons au reste du monde, est reprise par Jean-Claude Paye, sur le constat de la protection des libertés : « Dans ce cadre de surveillance, toutes vos données personnelles ne vous appartiennent plus ; elles appartiennent aux autorités administratives et aux entreprises privées. Elles sont automatiquement mises à la disposition des États. C'est la fin de l'habeas corpus, du droit de la personne à disposer d'elle-même et c'est aussi la fin de la propriété de soi. La vie privée n'existe plus de fait. » C'est non seulement un constat pour chacune et chacun d'entre nous, mais il ne faut pas se voiler la face , celles et ceux qui ont un rôle social ont encore plus de risques d'être espionnés ou fichés. Le nier, c'est tout simplement croire en un monde rousseauiste dans lequel tout le monde serait bon !
Il n'y a surtout pas, dans le rapport de la LDH, une vision partisane des réalités françaises. C'est tout simplement un constat. Le phénomène enfle et se répand dans tellement de domaines qu'il prend les allures d'une pieuvre. C'est sans effets immédiats, mais pourtant nous sommes en train de construire une société inquiétante, dans laquelle l'individu, numéroté, fiché, épié, catalogué, ne sera plus, à terme, qu'une ligne sur un tableau informatique. Nul ne peut savoir l'usage qui pourrait être fait un jour ou l'autre de cette « orwelisation » des vies privées. Le réveil n'en sera que plus dur.
Mais je déblogue...

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9 avril 2009 4 09 /04 /avril /2009 07:17

Si l'on veut connaître l'état moral et matériel d'un pays, il suffit d'examiner ses prisons. Un simple constat objectif permet de vérifier si les démocraties sont en adéquation, dans ce secteur, avec leurs principes, prônés pour les autres. En excluant de son quotidien des femmes et des hommes pour des fautes plus ou moins graves, la société révèle ses propres contradictions. Elle leur inflige des sanctions logiques ou illogiques, des conditions d'accomplissement de leur peine conformes ou non conformes à ce que l'on exige d'eux, des atteintes à l'intégrité humaine plus ou moins terribles. La France, qui se vante sur la scène internationale de son sens historique des droits qu'elle accorde depuis plus de deux siècles à ses citoyens, ne les respecte absolument pas, dès que la justice républicaine a tranché. Il arrive parfois que cette réalité soit mise en lumière, mais elle n'émeut pas grand monde, puisque l'on considère que celle ou celui qui a commis un acte répréhensible ne doit plus être considéré comme un citoyen. L'opinion dominante ressasse que prison ne doit pas rimer avec palace, et que les sanctions doivent absolument s'exécuter dans des conditions matérielles aussi mauvaises que possible. Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté a dressé hier un panorama sans concession de « l'arbitraire » que subit « la France captive » dans les 5.800 lieux d'enfermement de l'Hexagone.
Nommé en juin 2008 pour exercer un contrôle indépendant sur les prisons, locaux de garde à vue, dépôts de palais de justice ou hôpitaux psychiatriques, Jean-Marie Delarue a rendu public son premier rapport annuel. Ce conseiller d'Etat, connu pour ses engagements contre les abus de la détention provisoire, a pris d'emblée à cœur sa nouvelle mission, en multipliant les contrôles, inopinés pour certains. En tout, 52 établissements ont reçu la visite de contrôleurs sur les quatre derniers mois de 2008 : de quoi brosser le premier « portrait de la France captive » et « la description froide d'une réalité qui ne se laisse pas voir », selon les mots de ce fonctionnaire, réputé intègre et sérieux, au cours d'une conférence de presse à Paris.
Cet état des lieux, opéré par une équipe de vingt contrôleurs, a permis de constater « un déséquilibre entre les besoins de sécurité et les droits de la personne » enfermée, source de « tensions, souffrances, rapports de force et violences ». Ce simple constat ravale la France au rang de pays non respectueux des droits fondamentaux des hommes. Il est insupportable d'accepter ce résumé du fonctionnement des prisons françaises. Or il faut bien reconnaître que le simple fait de s'étonner d'une telle situation constitue un scandale pour une majorité de personnes qui confond justice et vengeance. Jean-Marie Delarue a comparé la sécurité à « un ogre jamais rassasié (qui) mange trop les droits de la personne ». Il pose dans cette formule le pire côté de la démocratie.
Le « sentiment d'arbitraire ? ». On le ressent en garde à vue, où on retire lunettes ou soutien-gorge de toute personne arrivant (578.000 en 2008), où aucun budget n'est prévu pour acheter des médicaments en cas de besoin, et où les locaux sont « exigus et mal entretenus ».
« Ce n'est pas digne de la France de 2009 », a jugé le Contrôleur Delarue. Ce gars-là doit être de l'ultra-gauche, pour émettre une telle appréciation. Dans les centres de rétention pour étrangers en situation irrégulière, « le port d'armes par les fonctionnaires (...) ne s'impose pas d'évidence » écrit-il. Plus ubuesque, « on vous retire tout instrument pour écrire ». En revanche, « quand on arrive en prison, on vous remet de quoi écrire »... Souvent à des gens qui ne savent même pas écrire !

ANGOISSE ET DESESPOIR
Dans les établissements pénitentiaires, justement, dominent « les tensions, les menaces, les rackets ». Un paradoxe dans des « lieux où la règle est omniprésente, où la puissance publique est sur votre dos 24 heures sur 24, mais où tout peut arriver ». Qui oserait, dans le monde politique actuel, aller aussi loin ? Peu de respnsables, car ce n'est pas porteur pour l'électorat que de prendre la défense de détenus qui « n'ont que ce qu'ils méritent ! »
Jean-Marie Delarue égrène les suicides (115 en 2008), les tentatives, dix fois plus nombreuses (1.200), les automutilations, « jamais décomptées, pas plus que l'angoisse ou le désespoir », qui saisissent les détenus entassés les uns sur les autres. Il y avait au 1er mars, 62.700 détenus pour 52.535 places dans les 200 prisons françaises. « Le surpeuplement, ce n'est pas seulement les matelas par terre », insiste le Contrôleur. C'est aussi « la croissance de la pauvreté », avec des accès aux activités et au travail « chichement mesurés ». C'est encore « la diminution des parloirs avec les familles », et enfin un accès difficile aux soins. Et aussi, les dépôts de tribunaux, les hôpitaux psychiatriques qui manquent de lits et de personnel... Aucun type de structure n'a échappé aux premiers contrôles. Ceux-ci vont s'intensifier, avec un objectif de 150 par an. Ils seront de plus en plus inopinés et le Contrôleur veillera à ce que soit préservée la sécurité des personnes qui se confient à lui.
C'est un révolutionnaire que ce fonctionnaire, dont on devrait sans doute ne pas prévoir le remplacement quand il partira à la retraite. Les droits des prisonniers ne sont envisageables que quand ils ne mettent pas en évidence les carences du système. Les surveillants se plaignent : c'est entendu. Les prisonniers eux, ne sont que des exclus devant expier leurs fautes. Pour le reste, leur sort est lié à notre conception d'une société juste et équitable.
Pour la CGT-Pénitentiaire, « ce nouveau rapport révèle bien les problématiques récurrentes liées au système pénitentiaire ». Le syndicat « ose espérer qu'il sensibilisera enfin les 'hautes sphères politiques' à la précarité extrême des conditions de détention. En effet, les gouvernements multiplient les lois répressives depuis de nombreuses années. Aussi, le tout carcéral en est l'accablant résultat », dénonce la CGT, mais c'est une vision corporatiste, expliquera le gouvernement, alors qu'elle n'est que le reflet d'un constat. Il reste à savoir ce que deviendra le rapport !

LE SUICIDE OMNIPRESENT
Le docteur Louis Albrand est, lui aussi, très remonté. Président de la commission sur la prévention du suicide en milieu carcéral, il a considéré que le rapport qu'il avait remis a été « modifié » par l'administration pénitentiaire. Depuis le début de l'année 2009, on déplore environ un mort par jour dans les prisons françaises. « Ce rapport est modifié, ce n'est pas le rapport de la commission Albrand ». Le Dr Albrand a déclaré qu'il ne rendra pas son rapport définitif, et qu'il n'assistera pas au déjeuner de travail prévu. Car selon lui, le texte présenté officiellement hier ne correspond pas aux conclusions du texte préparatoire qu'il a remis en décembre 2008. « Aucune des recommandations de mon pré-rapport n'ont été mises en œuvre après trois mois », estime-t-il. Il est temps maintenant que les politiques prennent leurs responsabilités et s'engagent, déclare-t-il encore.
L'administration pénitentiaire, avec laquelle les relations ont été distantes pendant la durée de son enquête, aurait édulcoré sa vingtaine de propositions, histoire de ne pas remettre en cause la surpopulation carcérale -62700 détenus pour environ 51000 places - qui, selon lui, est « venue aggraver les conditions de détention et contrarier les mesures de prévention ».
Ces propositions portent essentiellement sur la formation. Il s'agit pour le médecin d'améliorer ce volet. Deux tiers du personnel pénitentiaire doivent en bénéficier, ainsi que les travailleurs sociaux, le personnel médical, et même les codétenus. Il regrette notamment que « certaines préconisations, comme la durée du mitard, ne se retrouvent » plus dans le rapport final. L'Observatoire International des Prisons (OIP) rapporte qu'en France, depuis le 1er janvier 2009, sur les 38 suicides recensés dans les prisons, « huit d'entre eux sont survenus au quartier disciplinaire, soit une proportion de 21 % ». L'OIP exige « la constitution d'une commission d'enquête indépendante placée sous l'égide du contrôleur général des lieux de privation de liberté ». Sur son site, l'organisation constate une hausse de 31% des suicides de prisonniers en 2009 par rapport à l'an passé. Elle rappelle que l'année 2008 s'est terminée avec une augmentation de 20 % des suicides (115) par rapport à l'année 2007 (96). Le psychiatre Jean-Louis Terra avait produit, il y a cinq ans, un rapport qui avait permis une baisse notable du taux des suicides (de 21 pour 10 000 détenus en 2002 à 17 en 2008). Aujourd'hui encore, la France est, en Europe, un des pays les moins bien classés dans ce domaine.
Le Dr Albrand préconisait, afin de détecter le risque suicidaire, d'associer les proches du détenu, ainsi que d'autres acteurs du monde pénitentiaire, comme les aumôniers ou les enseignants. Il est indispensable que la prison transforme positivement les relations entre le personnel et les familles... Cause toujours!
Deux rapports aussi sévères, en quelques semaines, devraient interpeler les citoyens et mettre en évidence le décalage incroyable existant entre l'arrogance de la France en matière de Droits de l'Homme et les réalités sur son territoire. Il est vrai que si on réalisait un sondage, le sort des prisonniers ne paraitrait vraiment pas la priorité actuelle des Français. C'est là que se révèlent au grand jour les limites du principe voulant que la gouvernance doive nécessairement s'appuyer sur l'opinion dominante.
Mais je déblogue...

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8 avril 2009 3 08 /04 /avril /2009 07:17
La France n'a pas toujours été un pays dans lequel la solidarité constitue une valeur fondamentale. Les républicains espagnols s'en souviennent encore. La France, terre d'asile, a constitué pour eux, dans l'Histoire, un mirage selon les personnages qui assumaient le pouvoir. Lorsque, le 26 janvier 1939, les troupes nationalistes entrent à Barcelone, l'issue de la Guerre civile ne fait plus aucun doute. L'armée républicaine est vaincue. Partout en Catalogne, pendant les derniers jours de janvier, les massacres de civils et les exécutions sommaires de républicains se multiplient. La répression franquiste est sanglante et impitoyable. Pour les républicains et leurs familles, il n'est pas d'autre solution que la fuite et le passage en territoire français, au nord. C'est la terrible "retirada", immense exode de combattants, de femmes et d'enfants, qui touche près d'un demi-million de personnes et se déverse sur Port-Bou, le Perthus, Mollo et Puigcerda. Le 7 février, le président Azana lui-même s'exile en France, avec ce qu'il lui reste de gouvernement.
Les autorités françaises, qui étaient loin de soupçonner un tel déferlement de réfugiés, se montrent, au début, assez hospitalières, mais ne cachent pas leur inquiétude, d'ailleurs largement partagée par les... populations locales. L'aspect de cette armée en déroute, sale, en haillons, la sourde rumeur qui l'accompagne, où il est question de pillages, d'exécutions sommaires, d'attentats meurtriers, mettent en émoi le département des Pyrénées-Orientales. Fin janvier, l'administration française doit donc faire face à une situation d'autant plus préoccupante qu'elle n'avait pas prévu l'ampleur du phénomène. Il est vrai qu'un tel exode constitue alors quelque chose d'exceptionnel pour l'Europe occidentale, le plus fort exode de civils depuis la fin de la Grande Guerre. Dans un premier temps, le 9 février, le gouvernement français décide de fermer la frontière. Le plus gros des réfugiés est passé. D'autres passeront encore pendant les sept mois suivants, clandestinement surtout, mais leur nombre, comparé au précédent, est infime.
En toute hâte, des "centres d'accueil" sont aménagés à Argelès, à Prats-de-Mollo, à Bourg-Madame et à Saint-Cyprien, conformément au décret-loi du 12 novembre 1938, portant création de "centres" pour "l'accueil des indésirables soumis à des mesures de surveillance étroites". Mais ces camps n'ont de "centres d'accueil" que le nom : tout y manque, ou presque. On y couche à la belle étoile, dans des conditions d'hygiène lamentables, sur le sable ou sur les galets, au milieu des valises, des cartons et des habits, dans un désordre indescriptible. La tramontane, violente et glaciale en cette saison, rend le séjour épouvantable pour des réfugiés, souvent malades ou blessés, toujours affaiblis par les longues marches des jours précédents. La nourriture manque et on se dispute les miches de pain distribuées parcimonieusement par l'armée. Cet épisode précédait de quelques mois des événements plus dramatiques. Là encore, les actes de solidarité à l'égard de celles et ceux qui étaient poursuivis par des bourreaux potentiels furent beaucoup plus rares que ne l'affirme l'histoire de cette période ! Il y a toujours eu, dans le subconscient du pays des Droits de l'Homme, un clair-obscur inquiétant. C'est enraciné dans les esprits. Beaucoup plus profond qu'on le croit

DELIT DE SOLIDARITE
Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, a écrit hier aux associations qui organisent aujourd'hui des rassemblements pour demander la suppression du « délit de solidarité » avec les sans-papiers, en affirmant que « ce délit de solidarité n'existe pas ». Un courrier qui motivera bien des commentaires, car il rappelle une autre époque, celle où on demandait aux hommes d'être des loups pour d'autres hommes.
« Vous indiquez qu'aujourd'hui, en France, il est devenu criminel d'accueillir, d'accompagner ou seulement d'aider une personne en situation irrégulière'. Cette affirmation est mensongère », affirme le ministre, qui s'appuie non pas sur la valeur de la solidarité, mais sur celle de lois qui ont oublié le fondement de la constitution d'une nation. « L'article L622-1 prévoit que toute personne qui facilite ou tente de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irréguliers d'un étranger en France commet non pas un crime mais un délit et s'expose donc à un risque de poursuites, à l'exception, comme le précise l'article L622-4, des personnes qui ont aidé un membre de leur famille ou des personnes qui ont aidé quelqu'un en situation de détresse ». C'est d'un faux-cul absolu, car on sait bien qu'une personne abandonnée dans le froid et sans nourriture, au seul prétexte qu'elle  ne possède pas les papiers nécessaires, est en situation de détresse. " Toute personne bévole ou  association qui s'est limitée à accueillir, accompagner, héberger des clandestins en situation de détresse n'est donc pas concernée par ce délit », ajoute Eric Besson.
Il « observe qu'en 65 ans d'application de cette loi, personne en France n'a jamais été condamné pour avoir seulement accueilli, accompagné ou hébergé un étranger en situation irrégulière ». A voir, car il a bien été parfois assuré que même les parrainages républicains pouvaient donner lieu à des sanctions contre les élus qui en prenaient le risque. Il faudrait alors expliquer aux militants du Réseau Education sans Frontières les raisons qui ont parfois conduit à les menacer de sanctions légales.


DE 4 A 5000 CONDAMNATIONS
« Les 4 personnes qui ont été poursuivies ou condamnées en un demi-siècle au titre de l'article L622-1 sont allées beaucoup plus loin que l'action humanitaire, en participant au travail des passeurs en toute connaissance de cause ». Cette affirmation est beaucoup plus inquiétante que rassurante, car elle met en évidence que seulement... 4 complices d'exploiteurs de la misère humaine ont été pris et sanctionnés en 65 ans. Eric Besson rappelle par ailleurs que « les objectifs fixés par le président de la République pour 2009 sont de 27.000 reconduites à la frontière et de 5.000 interpellations d'aidants, c'est-à-dire de personnes participant activement aux filières d'immigration clandestine ». Bizarre que 4 condamnations aient été obtenues en 65 ans et que l'objectif de Besson soit... de 5000 interpellations sur une seule année. Si ce n'est pas le culte de la statistique, ça y ressemble ! « Vous demandez à être poursuivi pour ce prétendu 'délit de solidarité', poursuit le ministre. Je suis au regret de vous indiquer que de telles poursuites ne sont pas possibles parce que ce 'délit de solidarité' n'existe pas ». C'est vrai, puisque la solidarité existe de moins en moins, et que personne ne se soucie véritablement du sort des sans papiers qui sont en déshérence sur le territoire français. Londres est, par exemple, en négociations avec Paris pour établir un nouveau camp de détention dans les environs de Calais,  pour les migrants tentant de se rendre illégalement en Grande-Bretagne, a indiqué hier le ministre britannique de l'Immigration Phil Woolas. Les migrants devraient être détenus dans ce centre s'ils ne parviennent pas à satisfaire aux contrôles de l'immigration britannique, avant d'être renvoyés dans leur pays par des vols charters, organisés par le ministère britannique de l'Intérieur, a expliqué M. Woolas.
« Nous voulons donner plus de publicité aux expulsions parce nous voulons envoyer le message, jusqu'en Afghanistan et en Irak, que la Grande-Bretagne n'est pas la Terre promise », a-t-il déclaré. Le projet de centre de détention et de vols charters qui pourraient rapatrier des centaines de migrants illégaux vers Kaboul en Afghanistan et Erbil dans le nord de l'Irak, fait partie d'un ensemble de mesures étudiées par la France et la Grande-Bretagne et destinées à combattre l'immigration illégale à travers la Manche.
« Nous sommes dans une guerre 24h/24 avec les trafiquants » d'êtres humains (sic), a souligné le ministre anglais. Des centaines de candidats à l'immigration en Grande-Bretagne, pour la plupart des réfugiés irakiens et afghans, vivent dans des conditions très précaires dans les environs de Calais, dans l'espoir d'embarquer clandestinement sur un ferry pour la Grande-Bretagne. M. Woolas a souligné que ce camp ne ressemblerait pas au camp de réfugiés de Sangatte, où la Croix-Rouge offrait hébergement et alimentation aux migrants, et qui a été fermé en 2002. « Nous ne cherchons pas à obtenir une situation parallèle à celle de Sangatte », a-t-il déclaré, expliquant que c'était le renforcement des frontières britanniques qui était, avant tout, recherché. Revenons simplement en 1939 et on aura bouclé la boucle idéologique.

UNE LOGIQUE ANGOISSANTE
En 2004, des mouvements associatifs et syndicaux, et des membres de la société civile créent RESF, pour lutter contre l'expulsion d'enfants scolarisés en France dont les parents sont en situation irrégulière. « La loi garantit le droit à la scolarisation pour tous les enfants et les jeunes accueillis en France, quel que soit leur statut », a rappelé Jean-Michel Delarbre. « Les migrations sont un phénomène permanent de l'histoire des sociétés. Or les politiques répressives et restrictives mises en œuvre jusqu'à présent se révèlent parfois juteuses sur le plan politique, mais inefficaces (elles n'ont pas d'effet sur les causes de départ) et surtout injustes et inhumaines. Il serait donc temps de changer les lois, d'organiser une politique plus tolérante et accueillante, de faire en sorte de respecter les conventions internationales, de consacrer les sommes gaspillées pour pourchasser et expulser à améliorer l'intégration... », a-t-il expliqué. Qui peut être en désaccord idéologique avec ce constat ? Qui peut humainement nier que ces phénomènes sont les dures réalités d'un monde impitoyable ?
En janvier 2009, Eric Besson a remplacé Brice Hortefeux au Ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire. « Il parle et communique plus que son prédécesseur, mais tout démontre qu'il se situe dans la même logique. Il vient d'un autre horizon politique, mais comme d'autres avant lui, il se plie à la logique qui vise à instrumentaliser la question migratoire et à faire du migrant une soi-disant menace pour une supposée identité nationale », a analysé Jean-Michel Delarbre.
« On en arrive à expulser des personnes qui ont femme et enfants sur le territoire, ou des étrangers qui ont plus de 10 ans de présence, des conjoints de Français, des malades ou d'autres qui risquent leur vie en cas de retour. Bref : Besson-Hortefeux, mêmes horreurs, même combat ! » En ajoutant un zeste de discours sécuritaire, et en exploitant une base xénophobe en période de crise, on en arrive à des excès qui conduisent au gouffre. Il est vrai qu'en supprimant l'étude de l'histoire dans les lycées on évitera des comparaisons dangereuses pour le pouvoir actuel.
Mais je déblogue...
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7 avril 2009 2 07 /04 /avril /2009 07:17
Dans de nombreuses chroniques de l'AUTRE QUOTIDIEN, j'avais avancé la théorie que le gouvernement actuel ferait monter, au cours des semaines qui précèderaient les élections européennes, la peur de l'extrême gauche. L'Elysée, avec le soutien du Ministère de l'Intérieur, cherche absolument à persuader l'opinion dominante que nous courons le risque de l'instauration d'un climat permanent de violence. L'affaire Coupat a constitué une étape sur cette voie de l'instrumentalisation médiatique d'événements réputés dommageables pour une vie sociale paisible. La recette est toujours la même : faire monter un climat d'angoisse collective, grâce à des images spectaculaires, des faits réputés dramatiques, des descriptions apocalyptiques. L'épouvantail des révolutionnaires masqués, cagoulés, agressant les forces de l'ordre, détruisant tout ce qui peut l'être, et brûlant des symboles du capitalisme, reste le meilleur remède contre le rejet populaire d'une politique économique catastrophique. Des sanctions sévères témoignent de cette rigueur dont sait faire preuve la société libérale pour sanctionner celles et ceux qui la contestent. La diabolisation des contestataires qui séquestrent des patrons, qui manifestent en affichant un drapeau hostile ou qui veulent approcher des gens qui comptent, constitue simplement un investissement dans les urnes européennes.
Martine Aubry, première secrétaire du PS, a affirmé à cet égard partager « complètement » les propos de Ségolène Royal sur les séquestrations de patrons, jugeant qu' "en aucun cas ", les violences « ne peuvent être justifiées », mais qu' « il y a des moments où des gens n'en peuvent plus ». Cette réalité ne sera bien évidemment pas prise en compte par un système médiatique, avide de sensationnel, car la souffrance ne justifie pas la violence. Quand des millions de personnes défilent pacifiquement, elles n'ont aucune réponse à leur protestation, puisque le Premier Ministre leur répète qu'il n'a rien vu, rien entendu et que surtout il n'a plus rien à donner.
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MANIFESTANTS MEPRISES
« En aucun cas les violences quand on porte atteinte à la liberté de circulation des personnes ne peuvent être justifiées mais il y a des moments où la violence sociale, la brutalité expliquent qu'on peut en arriver à cela" , a dit Martine Aubry. « Nous ne comprenons pas, nous n'excusons pas, mais nous disons aussi qu'il y a des moments où des gens n'en peuvent plus », a affirmé la maire de Lille. « Quand on est trois millions dans la rue et que Nicolas Sarkozy dit qu'il n'y a rien à faire (...), je vous assure qu'il y a des moments où les gens se disent : qu'est-ce qu'il faut faire pour être entendu ? », a-t-elle ajouté à juste titre. Mais les Jités se contenteront de diffuser en boucle les graves événements de Strasbourg, en oubliant que la protestation ne revêt jamais une telle violence dans notre pays, car elle sait bien qu'elle conduit à un rejet massif de ses objectifs. Selon Martine Aubry, « quand la démocratie ne fonctionne plus, voilà ce à quoi on arrive ». Et c'est une certitude : la démocratie ne fonctionne plus, et surtout les spécialistes qui entourent le Président de la République, qui font en permanence dans la manipulation de l'opinion dominante s'arrangent pour que la cocotte minute explose le plus souvent possible.
Le maire socialiste de Strasbourg a exprimé hier la colère des habitants de la ville, après les incendies de samedi en marge du sommet de l'Otan, tandis que le Préfet a tant bien que mal tenté d'expliquer les raisons du retard dans l'intervention des forces de l'ordre. « La lumière doit être faite sur les raisons qui expliquent que les casseurs ont pu avoir le terrain libre pendant près d'une heure, leur permettant ainsi d'incendier le bâtiment des douanes, le bâtiment abritant la pharmacie et l'office du tourisme et l'hôtel Ibis », souligne le maire PS Roland Ries, dans une communication en conseil municipal. « J'ai demandé à ce que les décisions prises par la chaîne de commandement policière, sous l'autorité du préfet, puissent être expliquées aux habitants du quartier, évidemment choqués, traumatisés et en colère », a ajouté le maire. Roland Ries ajoute que « l'Etat devra intervenir fortement dans le cadre de modalités à préciser » pour les réparations dans ce quartier. Il sera reçu par le Michel Morin politique de l'Elysée qui sait tout, fait tout et solutionne tout. Nombreux sont les habitants de ce quartier déshérité qui déclaraient pourtant leur colère au lendemain des incendies, exprimant un sentiment d'abandon par les autorités. Une mère de famille de 40 ans, ne comprend pas les retards dans l'arrivée de la police. « Quand un poubelle brûle, la police et les pompiers sont là dans les cinq minutes. Et là, un hôtel brûle et pas de policier en vue pendant longtemps », a-t-elle dit à l'AFP.

RETARD A L'ALLUMAGE
« Les forces de l'ordre sont arrivées quand tout brûlait déjà. Elles étaient là pour notre protection, mais elles n'ont rien fait. C'est dégradant pour nous. Nous n'avons pas mérité d'être abandonnés comme ça », expliquait une dame citée par le quotidien l'Alsace. Et pour toute explication la Ministre de l'Intérieur a ajouté un peu d'huile sur le... feu ! Michèle Alliot-Marie, a estimé que les Black blocks qui ont incendié samedi l'hôtel Ibis de Strasbourg, en marge du sommet de l'Otan, visaient « certainement » des policiers qui y étaient hébergés.
« Ce qui était visé, c'était certainement les policiers », a-t-elle insisté sur... Europe 1, en soulignant que plusieurs messages sur internet appelaient à « casser des policiers ». Des policiers de la brigade anticriminalité (BAC), de la police judiciaire et de la brigade équestre étaient logés dans cet établissement et s'y trouvaient en repos après leur service de nuit.
" Nous pensons que c'est pour cela que les blacks-blocks ont mis le feu à l'hôtel " a-t-elle relevé. Mme Alliot-Marie a fait état d'un « phénomène nouveau, qui est celui de ces groupes extrêmement violents, avec une violence totale, qui veulent détruire l'Etat, c'est ce qu'ils disent, détruire la société qui ne leur convient pas et qui sont prêts à tout en la matière ».
Interrogée sur les critiques formulées par une partie de la gauche contre l'action de la police à Strasbourg, la ministre a bien évidemment déploré une « instrumentalisation politicienne scandaleuse ». A propos en particulier d'Olivier Besancenot, le porte-parole du NPA, elle s'est interrogée: « quand il demande la libération immédiate de tous les interpellés, est-ce que cela veut dire qu'il cautionne la violence, qu'il approuve les incendies volontaires? Je me demande de sa part si c'est un vrai-faux dérapage verbal ou si c'est une vraie dérive de son parti vers un extrémisme violent », a-t-elle ajouté. Enfin, la ministre de l'Intérieur a assuré ne pas avoir été informée d'un refus opposé, selon un syndicat de police allemand, par la police française, à une offre de soutien de la police allemande: cela n'est « pas venu jusqu'à moi », a-t-elle dit.

ETONNEMENT SURPRENANT
Remarquez que ce type d'événements aura un impact positif sur le nombre de fonctionnaires. Si les enseignants ne sont pas encore parvenus à obtenir la réduction drastique de leurs postes les... policiers ont bien compris qu'ils pouvaient se tirer d'affaire en exploitant les « émeutes » du week-end. L'Unsa-Police condamne des « émeutes d'une rare violence » après les affrontements en marge du sommet de l'Otan à Strasbourg et à l'issue d'une manifestation à Bastia, dénonçant hier dans un communiqué un « déchaînement à l'encontre des forces de l'ordre » qui « se banalise ». Ce ne sont pas les professeurs des écoles maternelles qui ont eu le plaisir d'influer sur le système médiatique pour être secourues quand elles sont agressées par la création des jardins d'éveil ! Là, on supprime sans violences et c'est donc normal. Ailleurs il y a des problèmes de fond mais personne n'est blessé et ce ne sont que des enfants dont on sacrifie l'avenir.
Le premier syndicat de gardiens de la paix lui est très net et « condamne les émeutes d'une rare violence commises par des groupes de casseurs en marge de la manifestation organisée à Strasbourg à l'occasion du sommet de l'Otan, ainsi qu'à l'issue du rassemblement de Bastia ». Il « s'élève » contre « le déchaînement de violences perpétrées à l'encontre des forces de l'ordre, contre les fonctionnaires de police et les gendarmes, et plus particulièrement envers les policiers grièvement blessés lors d'affrontements à Bastia ». Mais on pourrait bien se demander quel est leur métier. Personne ne leur a dit qu'ils pouvaient rencontrer des gens violents et se trouver confrontés à des bandes excitées ou agressives ?
L'Unsa-Police « alerte les autorités sur ces actes qui semblent se banalier après chaque manifestation » (si ce n'est pas de la stigmatisation globale, je n'y connais rien à la manipulation), soulignant « la difficulté d'exercer le métier de policier dans un climat de plus en plus tendu, et une nouvelle fois réclame... l'abandon des suppressions d'effectifs prévues jusqu'en 2012 ».
Tenez, je prends les paris : le 1er mai il y aura des incidents. C'est prévu et prévisible ! Ce serait bien, si une poignée de casseurs mettait le feu à une banque ou un hôtel, à un peu plus d'un mois des européennes. L'ultra gauche on vous dit... L'ultra gauche, vous dis-je !
Mais je déblogue...

 

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